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études-coloniales
1 décembre 2012

nos relations avec les harkis, en Algérie et en France, par le général Maurice Faivre

harkis départ Bône

 

Harkis, soldats abandonnés

général Maurice FAIVRE, "homme d'honneur", Paris, 85 ans


"Ses" harkis sont arrivés en France un jour de 1963, troupe misérable d’une trentaine d’hommes rescapés d’un massacre, traqués par les autorités algériennes, indésirables en France. Ils avaient réussi à traverser la Méditerranée et à le retrouver. Ces survivants, il les a aidés à se loger, à faire venir leurs familles ; eux ont trouvé du travail. Comme dans les contes de fées, les harkis eurent beaucoup d’enfants.

C’est pour ceux-ci, qui ignoraient l’histoire de leurs parents, que, depuis ce jour de 1963, le général Faivre a entamé une intense recherche historique qu’il poursuit encore aujourd’hui.

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Je suis né le 19 mars 1926, dans le Doubs, d’une famille très patriote. Mon père a fait la fin de la guerre de 1914-1918, à partir de 1918, et il s’est réengagé en 1939-1940. La défaite de 1940 m’a marqué. Je m’étais dit qu’il fallait absolument qu’on redresse la situation. Une autre expérience a sûrement joué, m’incitant à faire carrière dans l’armée : je me suis occupé de scoutisme, j’ai été chef de troupe en Franche-Comté. L’esprit d’équipe, le commandement des hommes m’attiraient.
J’étais saint-cyrien, major de promotion en 1947-1949. Ensuite, Saumur, en 1949-1950, puis la Légion au Maroc, de 1951 à 1953, et cinq ans de guerre en Algérie, en deux temps. Première période de 1955 à 1957, et deuxième période, de 1960 à 1962. J’ai donc une expérience du problème algérien. Lors de mon premier séjour, j’avais quelques appelés musulmans, mais pas de harkis. J’ai été sous les ordres du colonel Gribius, qui commandait le secteur de Constantine. Un homme éminent. Il avait été le chef du troisième bureau de Leclerc pendant la campagne de 1945. Gribius avait des tas d’idées. Il avait résolu de supprimer les bidonvilles, les bidonvilles de Constantine, et de reconstruire un village à l’extérieur de la ville, à une dizaine de kilomètres. Tous les matins, un de mes officiers allait dans les bidonvilles, ramassait les hommes et les amenait dans ce village, où ils construisaient leurs maisons. C’était une expérience de pacification passionnante.
Pour mon deuxième séjour, qui a commencé en août 1960, j’étais en Petite Kabylie, où j'ai trouvé une harka constituée de soixante harkis.

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massif des Babors



La vallée sauvage d’Oued Berd

L’Oued Berd, en Petite Kabylie, est un ensemble de six ou sept villages dans une très belle région, très escarpée, isolée, sauvage. Deux montagnes massives, les Babors, couvertes de forêts, culminent à 2 000 mètres. Au XIXe siècle, les tribus locales se sont opposées à la colonisation française. Elles ont longtemps résisté à la progression du régiment de Bourbaki. Le pays fut finalement administré par une commission municipale franco-kabyle, mais aucun colon ne s’est établi dans la vallée de l’Oued Berd.

Les Kabyles sont restés à l’écart de toute colonisation. Lors du soulèvement du 8 mai 1945 contre l’occupation française, un certain nombre sont allés manifester à Kerrata, où quelques manifestants ont tué huit Européens, dont le juge de paix, et ont pillé quelques boutiques.
En 1955, au moment de la guerre d’Algérie, ils ont pris parti pour le FLN. En particulier, parce que ce sont des fellaghas de Kabylie qui sont venus dans les villages, avec lesquels ils s’entendaient très bien. Des «moussebilines», sortes de commissaires politiques, ont été recrutés, chargés d’aider les soldats du FLN. De fin 1955 à début 1958, ils ont pleinement collaboré avec le FLN.

Mais, en novembre 1957, il y a eu un changement. Le FLN avait modifié ses frontières entre les wilayas, et les Kabyles ont été remplacés par des Arabes de Djidjelli, les Jouajel. Les habitants se sont très mal entendus avec ces fellaghas exigeants, qui avaient détruit l’école, tué le contremaître de l’usine où ils travaillaient, imposé le sabotage des routes, exigé un ravitaillement qui condamnait la population à la disette. Et surtout, ils avaient demandé que des femmes, des filles, viennent au maquis. Ça, ils ne l’ont pas supporté. C’était contraire à l’honneur kabyle.

Il s’opéra un revirement d’opinion très intéressant contre la violence du FLN. Un fils de harki, de 13-14 ans, Bouchaïd Kaci, qui circulait partout dans la montagne, a vu des horreurs. Il a trouvé dans les camps du FLN des centres de torture, témoin d’horribles massacres. Sept garçons ont alors décidé de s’enfuir pour rejoindre l’armée française à quelques kilomètres et se sont engagés comme harkis. Ils ont été rejoints par d’autres, accompagnés de leurs familles.

Dans la région du djebel Babor, ces harkis ont participé à de dures opérations, dans le froid et la neige, à la suite du plan Challe en septembre 1959. C’était le début des opérations «Pierres précieuses», dont la première s’appelait «Rubis». Elle a permis d’éliminer complètement les rebelles du Babor : 513 tués et 326 prisonniers pour l’ALN, 24 tués, 67 blessés de l’autre côté.
L’escadron de dragons a alors commencé la pacification.

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photo adressée par Maurice Faivre


Mon arrivée en août 1960


Quand je suis arrivé en août 1960, comme capitaine, à mon poste, un PC isolé dans le djebel, qui s’appelait la «cote 807», c’était calme. Je commandais un escadron du 20e dragons, une harka, des autodéfenses, et j’étais responsable de ce qu’on appelait un «sous-quartier», territoire d’environ cinq mille habitants. Il n’y avait plus aucun rebelle.

On circulait dans le djebel Babor avec une section, c’est-à-dire vingt hommes, alors qu’auparavant l’artillerie, les bataillons, les avions étaient souvent indispensables. La région était pacifiée. Mes soixante harkis étaient armés, c’était une harka «amalgamée» ; ils vivaient dans le poste militaire, mélangés aux soldats français. Les trois villages dont ils étaient originaires étaient «en autodéfense». Les harkis étaient jeunes, de 20 à 30 ans, et l’armée leur donnait une solde. Les autodéfenses étaient les vieux, les anciens combattants, mal armés de fusils de chasse et de vieilles pétoires de la guerre de 1939. Ils n’étaient pas rémunérés.


Peu de temps après mon arrivée, un jour d’octobre 1960, tous les hommes d’un village, Oued Ayed, sont venus à mon PC et m’ont dit : «Cette nuit, un de nos cousins a été tué par le FLN parce qu’il refusait de payer l’impôt révolutionnaire. On vous demande des armes. On doit se défendre maintenant contre le FLN.» J’ai dit que j’allais transmettre la demande à mon supérieur, qui a accepté. Ils sont restés à mon PC, jour et nuit, pendant deux jours, jusqu’à ce que je leur donne des fusils de chasse.

Dans ce village, j’ai recruté une nouvelle section de harkis. Ils m’ont envoyé une quarantaine de jeunes. Je ne pouvais en accueillir qu’une vingtaine. Alors, j’ai organisé une course de côte, et j’ai pris les vingt premiers. Ce qui faisait que j’avais désormais quatre-vingts harkis opérationnels. J’ai installé un nouveau poste de dragons dans leur village. Je leur ai demandé de me construire une piste parce qu’on ne pouvait pas arriver jusque-là en véhicule. Tout le village s’est mis au travail, ils se sont organisés, ont désigné un chef. Ça a été très démocratique.

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École, pèlerinage, récoltes

Mon épouse Monique, isolée à Kerrata, à une quinzaine de kilomètres, avait fait, à ma demande, un stage d’EMSI (Équipe médico-sociale itinérante) organisé par le cinquième bureau à Constantine et est venue vivre avec moi, à la cote 807. Elle s’est occupée des femmes et des enfants.

Accompagnée d’un jeune harki qui lui servait d’interprète en langue kabyle et de guide, elle allait visiter les villages, et prendre contact avec les femmes. Plus tard, elle a recruté une harkette. Elle a créé un cercle féminin et organisé une assistance médicale, avec un médecin qui venait de temps à autre pour soigner les femmes et les enfants. Une école avait été aménagée dans chacun des villages d’autodéfense, où un jeune dragon faisait la classe aux enfants. Ils n’étaient pas forcément instituteurs de métier, mais ils étaient volontaires et aimaient ça.

Il y avait une très bonne coopération, des deux côtés. On continuait à patrouiller et à mener des opérations. Mais c'était vraiment une région pacifiée. À tel point que, l'orsqu'il y a eu le putsch des généraux d’Alger, le 22 avril 1961, j’ai été très surpris. Personne ne m’a contacté. Je me suis dit : «Mais qu’est-ce qui se passe à Alger ? Ils sont fous ? Nous, on est en train de gagner sur le terrain, et ils se soulèvent à Alger…» On ne comprenait pas le sens de cette révolte. Dans le bled, on poursuivait notre travail de pacification

Je n’étais pas pour «l’Algérie de papa», parce que j’avais observé la situation algérienne dès 1955, lors de mon premier séjour. En connaissant le pays, on savait que ça ne pouvait pas marcher. Je m’étais rendu compte qu’il y avait de grandes injustices vis-à-vis des musulmans. Il n’y avait pas d’égalité sociale. Je n’ai jamais pris parti non plus pour l’indépendance, mais j’étais pour une Algérie autonome qui soit associée à la France. J’étais pour une Algérie nouvelle.

Lors de mon premier séjour, j’allais dans les villages, et je disais aux maires : «Il faut que la situation évolue, il faut qu’on fasse une Algérie nouvelle.» Lors de mon deuxième séjour, je n’ai jamais dit que l’armée allait rester en permanence en Algérie. Je leur ai dit : «Nous, on est là pour vous aider à faire la paix, pour rétablir la prospérité en Algérie, mais dès que ce sera rétabli, ce sera à vous de faire l’Algérie.» C’était en fait l’idée de la majorité des officiers français.

Au printemps 1961, les habitants m’ont demandé l’autorisation d’organiser un pèlerinage qui n’avait pas eu lieu depuis le début de la guerre. J’ai accepté. Dans un de ces villages se trouvait un marabout, un genre de temple consacré à une sainte femme, le marabout de Taftis pour lequel ils avaient une grande vénération. Le pèlerinage s’est déroulé du 16 au 19 mai 1961. Des centaines de gens sont venus de toute la région, qui ont été logés, nourris dans le village, et qui ont célébré la sainte. Mes harkis sont allés au pèlerinage, le fusil à l’épaule. Ils étaient au milieu du peuple kabyle, acceptés comme tels. Et nous, nous avions une grande confiance en eux. Mon prédécesseur avait pris l’habitude de les laisser partir en permission dans leur village avec leurs fusils, alors que c’était contraire au règlement. On aurait dû enchaîner les armes, n’ouvrir les chaînes qu’au moment des sorties, etc. Mais on avait confiance. L’entente avec les harkis a été parfaite.

Pour preuve, à l’été 1961, le chef du village d’Oued Ayed m’avait demandé l’autorisation d’aller faire les foins dans la montagne des Babors, où les habitants avaient leurs résidences d’été, mais déclarée zone interdite depuis le début de la guerre. Hommes et femmes, tout le village, sont partis de bon matin dans les pâturages où ils ne s’étaient pas rendus depuis plusieurs années. J’avais organisé une protection, harkis et dragons. Ils ont passé la journée dans la montagne, et le soir ils sont revenus en longue procession avec des ballots de foin sur le dos.

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photo adressée par Maurice Faivre




La «réorganisation»


Le 1er août 1961, mon régiment, le 20e dragons, a été dissous. C’était le début de la réorganisation, on commençait à préparer le dégagement. Mon escadron est déplacé de l’Oued Berd pour être affecté vers Oulad Ou Ameur, près de Sétif, à un régiment de chasseurs. Ce régiment n’était pas très engagé dans la guerre d’Algérie ; leurs officiers étaient plutôt habitués à circuler sur les routes et allaient peu voir ce qui se passait dans le bled.
Quand ils sont venus à la cote 807, les colonels et les officiers ont été horrifiés de constater que je vivais là, complètement isolé. Je leur ai dit que j’étais très heureux, que j’avais la confiance des populations, que je faisais un travail intéressant sans beaucoup de moyens. Je n’avais qu’une Jeep et un GMC. Ils n’ont eu de cesse que de me donner de nouveaux matériels, pour finalement me sortir de mon bled.

J’ai quitté la cote 807 en octobre 1961. Quand je suis parti, j’ai vu beaucoup de mes harkis pleurer parce qu’ils avaient confiance en moi. Des coloniaux sont venus ; ensuite, il y eut des tirailleurs, des gens de passage, pas attachés au pays. Après mon départ, je n’ai plus eu aucune liaison avec eux, plus aucune nouvelle. Je les ai perdus de vue. Ils étaient loin, et j’avais d’autres préoccupations.

Arrivé à Sétif, j’ai très vite demandé ma mutation. J’avais abandonné mon bled, j’avais abandonné les habitants qui me faisaient confiance, je n’avais plus aucun intérêt à rester à Sétif, et je ne m’entendais pas avec les officiers de ce nouveau régiment. Eux ne rêvaient qu’à la fin de la guerre d’Algérie, à repartir en France préparer la guerre contre les Soviétiques… J’avais un ami à l’état-major, à qui j’ai demandé de me faire affecter à Alger. Six mois plus tard, en février 1962, j’ai été affecté au deuxième bureau du commandant en chef, près d’Alger, à Reghaïa. Avant d’être rapatrié en France fin 1962. Je n’ai jamais eu l’occasion de revoir l’Oued Berd, et je n’aurai pas de nouvelles de mes harkis avant 1963, à Paris.



Coup de fil de la Préfecture

Un jour de 1963, je reçois un coup de fil de la Préfecture de police de Paris : «Des harkis vous réclament. Ils sont à Choisy-le-Roi, ils viennent d’arriver.» Le dimanche suivant, avec mon épouse, nous sommes allés à Choisy-le-Roi et nous les avons découverts, un peu plus d’une trentaine, installés dans des conditions épouvantables.

Ils m’ont appris que la moitié de la harka avait été massacrée. Le 12 août 1962, les harkis ont été emmenés à Beni Messali, où ils ont été suppliciés. Quarante-sept harkis et membres des autodéfenses ont été tués en trois jours. Les survivants avaient réussi à prendre le maquis et à s’exfiltrer par des filières familiales, des combines. Ils étaient passés par Alger ou Bône, et étaient arrivés à Choisy-le-Roi par tradition : il y avait toujours eu, au village, des émigrés qui travaillaient en France, et notamment à Choisy-le-Roi.

Ils étaient arrivés célibataires et ont été très mal reçus à Choisy-le-Roi. La municipalité était communiste, et l’importante immigration musulmane de la commune était pro-FLN. Les premiers arrivés avaient campé sur les bords de la Seine, certains allaient dormir la nuit dans des tuyauteries de béton des travaux publics. Ils s’étaient ensuite regroupés en centre-ville, où ils avaient vécu dans des caves, dans un hangar de chantier abandonné envahi par les rats, dans des conditions infectes.

Certains de leurs camarades réfugiés en Seine-Saint-Denis, apprenant leur présence à Choisy, sont venus les rejoindre. Ensuite, ils ont squatté une HLM dont la construction avait été abandonnée. L’immeuble n’avait ni porte ni fenêtre ; ils avaient bricolé des fenêtres en contreplaqué et récupéré des tuyaux d’arrosage pour avoir de l’eau. La harka avait été reconstituée !

Des bagarres ont éclaté avec les musulmans de Choisy-le-Roi. À tel point que certains se sont retrouvés à la prison de la Santé. Je suis allé les voir, puis j’ai témoigné en leur faveur au tribunal correctionnel, en tenue de capitaine. Le juge a absous mes harkis, il a prononcé un non-lieu, alors que je suis persuadé qu’ils avaient échangé des coups de couteau.


Cinquante-trois familles rapatriées

La première préoccupation des harkis était de rapatrier leurs familles restées dans leurs villages. Une seule famille avait réussi à gagner le camp de Saint-Maurice-l’Ardoise, en octobre 1962. Les autres étaient restées dans leurs bleds. Il fallait monter un dossier de rapatriement et fournir un certain nombre de documents : attestation de services, demande du chef de famille indiquant la composition de sa famille, certificat d’hébergement en métropole, etc. C’est moi qui me suis chargé, depuis Paris, de faire leurs dossiers, et qui les ai envoyés aux autorités d’Alger.

Le rapatriement n’était pas facile, parce que les garnisons françaises avaient été évacuées : Sétif, le 1er juillet 1963, Bougie, le 31 décembre. Il n’était pas possible aux épouses, aux enfants, aux vieux parents de rejoindre une caserne française, et d’y être accueillis.

Les harkis ont eux-mêmes trouvé la combine, digne de l’évasion de prisonniers. Le frère d’un harki, installé en France depuis longtemps, et qui était plutôt FLN, a accepté de faire plusieurs voyages en Petite Kabylie pour ramener les familles. Muni de tous les papiers exigés pour le transfert en métropole, il est allé voir un commerçant de Kerrata et lui a dit : «Ce soir je déménage ma famille, est-ce que tu me prêtes ton camion ?»
Il a chargé dix familles dans le véhicule, a roulé toute la nuit pour les amener à Bougie, où il y avait encore une garnison française, et un centre d’accueil de harkis. Le lendemain, les familles ont été embarquées en hélicoptère et déposées sur un navire de guerre au large. C’était une aventure extraordinaire pour ces femmes et ces enfants qui n’avaient jamais vu la mer, mais leur rapatriement était fait officiellement, avec un dossier par famille.

En 1964, la garnison de Bougie a été abandonnée. Il a fallu amener les familles près d’Alger au centre d’accueil du camp de Zeralda. On a continué suivant le même schéma, le camion de l’épicier roulant toute la nuit jusqu’à Alger. Un jour, le chef de centre de Zeralda a refusé des familles, parce qu’il a trouvé mon passeur suspect. J’étais alors en stage à Baden-Baden ; j’ai reçu un télégramme : les familles sont dans les bois à Zeralda, il faut venir à leur secours. J’avais un copain à Alger, au cabinet du général commandant le corps d’armée, qui a réglé le problème. La situation en Algérie s’étant un peu normalisée, les dernières familles ont été rapatriées par la Croix-Rouge, transférées au camp de Rivesaltes, avant de pouvoir rejoindre la HLM de Choisy.

En plusieurs voyages, on a rapatrié ainsi cinquante-trois familles.

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Le bled à Dreux

En décembre 1963, le maire de Dreux a écrit au ministère de l’Intérieur : «À Dreux, il y a quelques logements, il y a du travail, en particulier chez Renault à Flins, on peut accueillir des harkis.» Le 24 décembre, six familles s’installèrent à la cité Prodhomme, à Dreux. En janvier 1964, six autres arrivèrent à la cité Haricot. À partir du mois d’août, le regroupement familial a pu se faire grâce à la construction de logements Sonacotra rue Murger-Bardin. À Dreux, les harkis ont reconstitué leur village de Beni Dracene. Ils ont eu du travail. Ils étaient logés. Deux assistantes sociales s’occupaient d’eux à plein temps.

Moi, j’étais affecté à Saint-Germain, alors je leur rendais visite le dimanche avec mon épouse. Les femmes étaient ravies de la revoir. Je pense qu’on les a aidés à s’intégrer. Bien que l’accueil à Dreux n’ait pas été très chaleureux. Les harkis se sont retrouvés ignorés par la population, qui les considérait comme des Arabes, indésirables. Mais ça a été tout de même de bonnes années pour eux. Parce qu’ils étaient logés, qu’ils avaient du travail, qu’ils étaient soignés. Ils se sont mariés et ont eu beaucoup d’enfants.
J’ai fait une enquête démographique pour la revue Population en 1990 ; j’ai calculé que la moyenne des enfants par femme était de 9,5, avec des familles de douze, quatorze enfants. En Algérie, les familles étaient moins nombreuses en raison d’une mortalité infantile élevée. Les femmes étaient heureuses, elles accouchaient à la maternité, alors qu’en Algérie elles accouchaient à la maison, suspendues à une corde accrochée au plafond pour accélérer la descente du bébé.

Quand les familles ont été amenées à Dreux, la population totale était de deux cent dix-sept personnes. Quinze ans après, elle avoisinait les mille personnes. Beaucoup de harkis se sont mariés entre eux, comme au village. Il y a eu un repli sur soi, à cause de l’indifférence de la population française et de l’attachement à leur mode de vie.

En juin dernier, je suis allé à un mariage, qui a réuni quatre cents invités dans un local de la mairie de Vernouillet, commune voisine de Dreux. À chaque mariage, nous sommes conviés, mon épouse et moi. Hier matin encore, je suis retourné à Dreux assister à une cérémonie au monument aux morts. J’ai toujours gardé le contact avec mes harkis.


Mes recherches

Je me suis aperçu que les enfants des familles de Dreux, la deuxième génération, ignoraient tout de l’histoire de leurs parents, parce que les parents n’avaient jamais voulu raconter leurs malheurs, expliquer pourquoi ils s’étaient engagés du côté de la France, comment ils vivaient dans leurs villages. Je me suis dit qu’il fallait leur raconter d’où ils venaient.

Quand j’ai quitté l’Algérie, j’ai eu différentes affectations à Paris et en province, surtout au deuxième bureau, dans le renseignement militaire. J’ai commandé le deuxième bureau de Baden-Baden, puis celui de la 1ère armée à Strasbourg. Pendant quelques années, j’ai poursuivi des recherches sur la stratégie militaire, en particulier contre l’Union soviétique. Après avoir quitté l’armée, en 1980, j’ai soutenu une thèse de doctorat en Sorbonne, publiée en 1988, une thèse d’histoire sur la nation armée de Machiavel à nos jours. J’ai également tenu une chronique mensuelle dans la revue Défense nationale.

J’avais un réel penchant pour l’histoire et la stratégie militaires.

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Alors, pour les enfants de mes harkis, j’ai effectué des recherches en archives et publié mon premier livre Un village de harkis, des Babors au pays drouais, chez L’Harmattan en 1994 [compte rendu par Jacques Frémeaux] . J’y raconte l’histoire de ma harka, l’histoire de leur village. J’y dresse une liste des victimes. Il aurait fallu que tous les chefs de harkas fassent ce même travail de dénombrement, on aurait ainsi pu savoir combien de harkis avaient été tués après l’Indépendance. Je n’étais donc plus sur place quand les massacres ont eu lieu, mais, étant à l’état-major d’Alger, je savais qu’ils avaient été perpétrés dans toute l’Algérie.

Seulement, on était très mal renseignés, on n’avait plus les contacts avec les anciens harkis parce qu’on n’avait plus de troupes dans le bled, les régiments ayant été ramenés dans les grandes villes, à Alger, Oran, Bône, puis rapatriés en France. Voilà pourquoi certains témoignages sont très imprécis et sous-estimés. Lacouture a estimé à dix mille le nombre de harkis massacrés, dans un article du Monde en novembre 1962. Or, à mon avis, il y en a eu beaucoup plus, entre soixante mille et quatre-vingts mille. Mais on ne le saura jamais. Il aurait fallu enquêter dans toutes les harkas et dans tous les villages.

Pour écrire ce premier livre, j’avais recueilli tellement d’archives que j’avais suffisamment d’éléments pour un deuxième. J’ai élargi mon sujet à l’Algérie tout entière. Les Combattants musulmans de la guerre d’Algérie, édité en 1995 chez L’Harmattan, est consacré non seulement aux harkis, mais aux tirailleurs, méharistes, spahis, et tous les musulmans engagés dans l’armée française.

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En quinze ans, j’ai publié une dizaine d’ouvrages, et participé à autant d’autres, sur la guerre d’Algérie. Peu d’auteurs ont fait des recherches en archives sur les harkis. J’ai passé des jours et des jours à Vincennes, aux Archives nationales, aux Affaires étrangères, à la gendarmerie de Le Blanc, dans l’Indre, aux Archives d’outre-mer à Aix-en-Provence, à la Croix-Rouge à Genève. Personne n’avait ouvert avant moi les cartons que j’ai consultés. Et pour beaucoup de documents, j’ai dû demander des dérogations parce qu’ils ne sont pas accessibles au public je les ai d’ailleurs pratiquement toujours obtenues.

Je lis tout ce qui paraît sur les harkis. On continue à dire des choses fausses à leur sujet, contre lesquelles je me bats. Mais je me heurte à des problèmes. Par exemple, la directrice des Archives de France m’a accordé une dérogation pour consulter les archives de la Commission de sauvegarde du droit et des libertés, créée pendant la guerre d’Algérie, pour obtenir que les prisonniers ne soient pas maltraités, qu’il n’y ait plus de torture, qu’il n’y ait plus d’exécutions sommaires. Toutes ces archives m’ont été ouvertes, et elles sont passionnantes.
J’ai demandé à publier certaines conclusions, en particulier sur les avocats du FLN. Cela m’a été refusé, comme ç’aurait été refusé aux autres historiens qui auraient pu en faire la demande, parce que la direction des Archives considère que la publication de leurs noms, et des noms des victimes d’ailleurs, pourrait porter atteinte à leur notoriété et à leur vie privée.

Pour certains, je suis une référence. J’ai de bonnes relations avec des historiens reconnus, et je ne m’entends pas du tout avec d’autres. Actuellement, je suis mal vu de la DMPA, la Direction de la mémoire du patrimoine et des archives, qui dépend du ministère de la Défense, parce que j’ai été critique à son égard. J’ai participé à plusieurs de leurs travaux, notamment au moment où a été créé le Mémorial des combattants de la guerre d’Algérie, quai Branly.

L’année dernière, les responsables de la DMPA ont organisé une journée sur la guerre de 1939-1945, et je n’étais pas d’accord avec les conclusions. Je le leur ai dit, ça ne leur a pas plu. D’autant plus que j’avais organisé, la même année, un colloque sur l’armistice de 1940, où la conclusion était que cet armistice était indispensable, qu’on n’aurait pas pu faire autrement. Ce n’est pas la thèse officielle, actuellement, on dit : «De Gaulle avait raison…»

Quand j’étais encore à l’armée, mon action en faveur des harkis n’a jamais été mal considérée par mes supérieurs, qui ne m’ont ni sanctionné ni freiné. J’ai eu de bons rapports avec les généraux de Boissieu et Vanbremersch. J’ai été promu général. J’ai été reçu à l’Élysée plusieurs fois. Mais les harkis sont un sujet encore brûlant. Moi, je continue de chercher la vérité. Cependant, je n’irai pas en Algérie. Je n’y suis jamais retourné, et il n’est pas question que j’y retourne. Je ne peux pas supporter de rencontrer ces gens qui ont massacré mes harkis en 1962.

général Maurice Faivre
Pour ceux qui n'ont pas lu "Harkis, soldats abandonnés", publié par XO en 2012,
voici le témoignage publié dans l'album, recueilli par Brigitte X.
C'est le seul article où je raconte nos relations avec les harkis, en Algérie et en France.

 

 

Photos : docteur Sangline à Alger -harka Catinat - ilot K Rivesaltes - langes par des Emsi - camp de transit près de Bône.

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compte rendu des deux livres de Maurice Faivre

par Jacques Frémeaux (1996)

  • Faivre Maurice, général, Un village de harkis, des Babors au pays drouais, Paris , L'Harmattan, 1994, 259 p., 140 F.; Les combattants musulmans de la guerre d'Algérie, Paris, L'Harmattan, 1995, 270 p. (coll. «Histoire et perspectives méditerranéennes»), 140 F.

Le général Faivre a commandé une harka pendant la guerre d'Algérie. Il estime que les hommes qu'il commanda n'ont pas à se voir reprocher d'avoir combattu aux côtés des Français. Il n'est d'homme de bon sens ou d'homme de cœur qui ne jugera ces convictions non seulement parfaitement respectables, mais même nécessaires, pour qui veut mettre un peu d'apaisement dans une société française en devenir. L'engagement des harkis constitua en effet un acte fondateur par lequel une collectivité que rien ne destinait à s'implanter en France fut amenée à faire ce choix.

Le premier ouvrage montre comment la collectivité rurale de l'Oued Berd (Kabylie des Babors), qui avait pris part à l'insurrection nationaliste de 1945, puis fourni un support au FLN, passe au printemps 1959 du côté de l'armée française. Les motifs tiennent aux excès de l'ALN, et au caractère de ses groupes, étrangers au pays. Il faut aussi évoquer, chez ces paysans épris de paix, l'incapacité du FLN à les protéger des grandes offensives menées dans le cadre du plan Challe (opération Rubis).

Les engagements se font selon la vieille tradition des «supplétifs» de l'armée d'Afrique (contrats courts, enrôlements directs auprès des officiers). Ils représentent une centaine de harkis pour une population d'environ 3 000 personnes, soit un peu plus d'un homme adulte sur dix. 53 ex-supplétifs furent transportés en France (227 personnes, familles comprises), contre 42 assassinés. Le livre se termine sur les conditions de l'installation de ces familles à Dreux.

Le second livre reprend et élargit le précédent. Il s'agit d'abord d'un travail de recherche, fondé sur la consultation de nombreux documents d'archives. Le lecteur y trouvera une masse d'éléments et de renseignements qui constitueront pour longtemps une documentation de référence (citation des cartons d'archives dont sont extraits les renseignements). On doit cependant regretter une présentation foisonnante, combinant texte, documents et notes, qui rend la consultation quelquefois difficile.

De l'apport de ce livre, on retirera trois séries d'éléments. Tout d'abord, quantité de données sur les musulmans algériens employés dans l'armée française, troupes régulières (engagés et appelés), et supplétifs de toute sorte (les «harkis» n'en constituant qu'une partie), au total près de 250000 hommes en 1961.

Ces hommes étaient dangereusement exposés en cas de prise du pouvoir par le FLN. Les risques étaient particulièrement grands pour les supplétifs, volontaires ne jouissant pas des garanties données aux engagés de l'armée régulière, et ayant, dans l'ensemble, donné moins de gages au FLN, si l'on s'en tient aux taux de désertions relativement faibles. Il eût fallu sans doute ajouter que le comportement de ces troupes plongées dans une guerre atroce ne fut pas exempt de tout reproche. Il est dommage que cette question n'ait pas été abordée, étant bien entendu que la confirmation de tels débordements ne serait pas de nature à diminuer les responsabilités du camp adverse.

La seconde contribution importante de ce travail est la recherche faite sur le massacre des harkis. On doit d'abord condamner l'attitude des chefs de l'Algérie nouvelle, qui ne tinrent pas la parole donnée à Évian d'amnistier les actes commis avant mars 1962. Les massacres commencèrent à partir de l'indépendance, ce qui peut expliquer les lenteurs apportées par le gouvernement français à faciliter les départs sur la métropole. Ceux-ci ne furent cependant pas négligeables, en particulier ceux des familles, qui s'échelonnèrent jusqu'en 1964.

Toutefois, l'armée française se vit interdire d'intervenir en force pour aller au secours des victimes. Là réside sans doute la principale responsabilité du gouvernement français qui ne voulait pas recommencer la guerre. Le général Faivre situe entre 37000 et 66000 morts le bilan des massacres, chiffre bien en retrait sur celui de 100000 ou 150000 morts parfois avancé, mais infiniment supérieur aux estimations officielles françaises de 10000 morts. On a enfin beaucoup débattu des motivations de l'engagement des «harkis»: patriotes français ou traîtres à la patrie algérienne? Défenseurs de leurs familles, mercenaires ou seulement pauvres gens abusés ?

Il semble surtout que les harkis furent les principales victimes de l'échec de la constitution, sous l'égide de l'armée, et avec l'approbation plus ou moins réticente des pouvoirs publics d'un parti favorable au maintien français en Algérie. C'est sur un tableau nuancé, éloigné du misérabilisme trop souvent de rigueur sur cette question, que débouche l'ouvrage : l'installation des harkis en France a abouti à créer un groupe dynamique, tout à fait apte à s'intégrer à la nation française avec sa sensibilité propre.

Jacques Frémeaux
université Paris IV Sorbonne
revue Vingtième Siècle, n° 51, 1996.

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harkis à l'instruction (source)

 

 

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3 septembre 2012

l'honneur d'Hélie de Saint Marc

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déclaration du Commandant de Saint Marc

devant le Haut tribunal militaire,

le 5 juin 1961

 

Ce que j’ai à dire sera simple et sera court. Depuis mon âge d’homme, Monsieur le président, j’ai vécu pas mal d’épreuves : la Résistance, la Gestapo, Buchenwald, trois séjours en Indochine, la guerre d’Algérie, Suez, et puis encore la guerre d’Algérie…

En Algérie, après bien des équivoques, après bien des tâtonnements, nous avions reçu une mission claire : vaincre l’adversaire, maintenir l’intégrité du patrimoine national, y promouvoir la justice raciale, l’égalité politique.

On nous a fait faire tous les métiers, oui, tous les métiers, parce que personne ne pouvait ou ne voulait les faire. Nous avons mis dans l’accomplissement de notre mission, souvent ingrate, parfois amère, toute notre foi, toute notre jeunesse, tout notre enthousiasme. Nous y avons laissé le meilleur de nous-mêmes. Nous y avons gagné l’indifférence, l’incompréhension de beaucoup, les injures de certains. Des milliers de nos camarades sont morts en accomplissant cette mission. Des dizaines de milliers de musulmans se sont joints à nous comme camarades de combat, partageant nos peines, nos souffrances, nos espoirs, nos craintes. Nombreux sont ceux qui sont tombés à nos côtés. Le lien sacré du sang versé nous lie à eux pour toujours.

Et puis un jour, on nous a expliqué que cette mission était changée. Je ne parlerai pas de cette évolution incompréhensible pour nous. Tout le monde la connaît. Et un soir, pas tellement lointain, on nous a dit qu’il fallait apprendre à envisager l’abandon possible de l’Algérie, de cette terre si passionnément

aimée, et cela d’un coeur léger. Alors nous avons pleuré. L’angoisse a fait place en nos coeurs au désespoir.

Nous nous souvenions de quinze années de sacrifices inutiles, de quinze années d’abus de confiance et de reniement. Nous nous souvenions de l’évacuation de la Haute-Région, des villageois accrochés à nos camions, qui, à bout de forces, tombaient en pleurant dans la poussière de la route.

Nous nous souvenions de Diên Biên Phû, de l’entrée du Vietminh à Hanoï. Nous nous souvenions de la stupeur et du mépris de nos camarades de combat vietnamiens en apprenant notre départ du Tonkin. Nous nous souvenions des villages abandonnés par nous et dont les habitants avaient été massacrés. Nous nous souvenions des milliers de Tonkinois se jetant à la mer pour rejoindre les bateaux français.

Nous pensions à toutes ces promesses solennelles faites sur cette terre d’Afrique. Nous pensions à tous ces hommes, à toutes ces femmes, à tous ces jeunes qui avaient choisi la France à cause de nous et qui, à cause de nous, risquaient chaque jour, à chaque instant, une mort affreuse. Nous pensions à ces inscriptions qui recouvrent les murs de tous ces villages et mechtas d’Algérie :

«L’Armée nous protégera, l’armée restera ». Nous pensions à notre honneur perdu.

Alors le général Challe est arrivé, ce grand chef que nous aimions et que nous admirions et qui, comme le maréchal de Lattre en Indochine, avait su nous donner l’espoir et la victoire.

Le général Challe m’a vu. Il m’a rappelé la situation militaire. Il m’a dit qu’il fallait terminer une victoire presque entièrement acquise et qu’il était venu pour cela. Il m’a dit que nous devions rester fidèles aux combattants, aux populations européennes et musulmanes qui s’étaient engagées à nos côtés.

Que nous devions sauver notre honneur.

Alors j’ai suivi le général Challe. Et aujourd’hui, je suis devant vous pour répondre de mes actes et de ceux des officiers du 1er REP, car ils ont agi sur mes ordres.

Monsieur le président, on peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier. On ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer. Oh ! je sais, Monsieur le président, il y a l’obéissance, il y a la discipline. Ce drame de la discipline militaire a été douloureusement vécu par la génération d’officiers qui nous a précédés, par nos aînés.

Nous-mêmes l’avons connu, à notre petit échelon, jadis, comme élèves officiers ou comme jeunes garçons préparant Saint-Cyr. Croyez bien que ce drame de la discipline a pesé de nouveau lourdement et douloureusement sur nos épaules, devant le destin de l’Algérie, terre ardente et courageuse, à laquelle nous sommes attachés aussi passionnément que nos provinces natales.

Monsieur le président, j’ai sacrifié vingt années de ma vie à la France. Depuis quinze ans, je suis officier de Légion. Depuis quinze ans, je me bats. Depuis quinze ans j’ai vu mourir pour la France des légionnaires, étrangers peut-être par le sang reçu, mais français par le sang versé.

C’est en pensant à mes camarades, à mes sous-officiers, à mes légionnaires tombés au champ d’honneur, que le 21 avril, à treize heure trente, devant le général Challe, j’ai fait mon libre choix.

Terminé, Monsieur le président.

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Saint Marc en Algérie

 

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20 août 2012

répertorier les victimes du 20 août 1955

9782360130955

 

 

première réponse à Michel Mathiot sur

les victimes du 20 août 1955

Roger VÉTILLARD

 

Merci à Michel Mathiot de cette recension qu'il m'a d'ailleurs fait parvenir il y a plusieurs semaines avec plus de détails encore. Merci à lui d'attirer mon attention sur des points précis que j'ai commencé à vérifier. Il n'est pas le seul à m'avoir fait part de ses commentaires. J'ai reçu également de nouveaux documents.

Tout cela me conduit avec l'accord de mon éditeur à préparer une seconde édition revue et corrigée. Car un ouvrage d'histoire n'est jamais définitif, et l'historien doit sans cesse réviser ses publications.

Pour le 20 août 1955, les questions importantes auxquelles il reste à répondre sont au nombre de 3 au moins :

  1. Zighoud Youcef a-t-il, comme je le pense, programmé les assassinats de civils européens comme beaucoup le pensent ou ces morts sont-ils le fruit d'incidents collatéraux ? Les éléments que j'apporte au débat me paraissent assez clairs et notamment le fait qu'il y a eu des victimes dans plusieurs dizaines de localités d'une part, les témoignages des anciens de l'ALN d'autre part qui sont autant d'arguments en faveur de la première hypothèse.
  2. L'armée française était-elle informée de cette action et dans ce cas pourquoi n'a-t-elle anticipé ? Je pense que les arguments que je donne en faveur d'une réponse positive sont convaincants, en tous cas ils m'ont convaincu.
  3. Pourquoi donc en 1955 n'a-t-on pas publié un bilan humain précis ? Seul le bilan du 2ème bureau d'octobre 1955 parait avoir été établi sérieusement mais il reste difficile d'accès.

Le nombre de morts dans la communauté européenne continue à faire débat. Je pense qu'il ne sera jamais clos. Jusqu'à celui que je publie, 2 chiffres étaient avancés : 71 et 171 victimes européennes. Les plus grandes difficultés se retrouvent à El Halia.

Pour ma part j'ai additionné 174 noms et depuis la publication de mon livre on m'a signalé 3 oublis. Mais l'un d'entre eux ne peut être retenu car survenu à Jemmapes en août 1956. Un autre pose problème car si la disparition est bien survenue le 20 août 1955, je dois vérifier qu'elle s'est produite dans le territoire de la zone 2.

Mais les difficultés auxquelles je me heurte sont multiples : des morts identifiés, retrouvés dans les archives et confirmées par des témoins dignes de foi, ne sont consignées dans aucun document officiel, des femmes peuvent être portées sous leur nom de naissance ou celui d'épouse, les patronymes étrangers peuvent être notablement modifiés, etc.…

Pour ma part j'ai retenu tous les noms qui figurent dans au moins un document officiel, sinon ceux qui sont cités par au moins 3 sources différentes (presse, témoins, avis de décès ou de remerciements explicites, documents professionnels, documents de l'ALN, etc.). J'aurai l'occasion de revenir sur ce point dans quelques temps.

Enfin Michel Mathiot critique le texte de mon préfacier. Je lui rappelle que Guy Pervillé n'est pas le seul à avoir émis un avis réservé sur l'ouvrage de Claire Mauss Copeaux : Maurice Faivre, Gilbert Meynier et Jean-Charles Jauffret ont également été plutôt dubitatifs sur ses conclusions.

Roger Vétiilard

- Mon commentaire "à chaud" manque de précision. J'ai effectivement retrouvé 174 noms dans les sources consultées (documents officiels, articles de presse, témoignages, rapports de magistrats, de gendarmerie, de police....). Je n'en ai retenu que 133 en conservant tous les noms qui figuraient dans les rapports officiels et en soumettant les autres à un examen et une enquête. D'où les 41 noms supprimés pour diverses raisons. Ceci dit je reprends mon enquête à d'autres sources et je publierai son résultat.

Roger Vétillard
21 août 2012, 18 h 48

 

massacre

 

- vidéo : Roger Vétiilard, le 20 août 1955 en Algérie

 

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18 août 2012

à l’occasion de l’anniversaire du 20 août 1955

20aout

 

 

critique du livre de Roger Vétillard,

20 août 1955 dans le Nord-Constantinois

Michel MATHIOT

 

Ce livre (1) passe en revue l’ensemble des thématiques que peut inspirer au chercheur l’insurrection du 20 août 1955 ; à une exception près, par exemple, celle des origines sur une plus longue durée. On a le loisir de pouvoir cheminer assez facilement dans l’ouvrage, de par le plan adopté.

On pourrait bien sûr en imaginer d’autres, davantage problématisés historiquement, mais il me semble que le lecteur grand-public s’y retrouve plus aisément ; surtout s’il est néophyte ; ce qui est – il faut bien le dire – le cas de la quasi-totalité des lecteurs sur ce sujet.

J’ai apprécié des chapitres tels que, par exemple, celui sur la genèse de l’opération, ou "Séparer les différentes communautés", ainsi que celui sur les intellectuels et sur Camus. Il en va de même du travail sur les conséquences du 20 août. L’ensemble est de mon point de vue propice à éveiller l’intérêt du chercheur, ne serait-ce que pour sa propre remise en question. La partie consacrée à la presse internationale méritait, à mon avis, davantage d’analyses qui auraient d’ailleurs pu s’étendre à la presse en général (algérienne et métropolitaine).

Etant spécialisé sur Philippeville et les environs, je reste un peu sur ma faim devant les développements qui en ont été faits, faute de place sans doute, et faute d’approfondissement de certaines sources.

J’ai souvent regretté de voir reprises des hypothèses rebattues, sans pouvoir ni les démontrer ni les invalider. Peut-être n’est-ce effectivement pas possible.

En résumé sur le fond, je crois que ce livre est une bonne synthèse documentaire, qui devrait intéresser un public curieux, sans le lasser comme le font souvent des livres d’histoire érudits. Notamment, l’absence de nombreuses références et justifications qui alourdiraient la présentation, va dans ce sens même si elle peut décevoir le chercheur scientifique.

Cette synthèse se suffit-elle à elle-même ? Un livre n’a jamais suffi à traiter un sujet. Il faut alors se mettre en perspective et je pense que différents auteurs pourraient se compléter au lieu de s’opposer. J’apprécie d’ailleurs assez modérément à ce sujet la préface de M. Guy Pervillé que j’estime par ailleurs. Il y avait d’après moi d’autres choses à dire avant de se livrer à une attaque peu élégante de Mme Mauss-Copeaux (Algérie, 20 août 1955, Insurrection, répression, massacres, Payot, 2011). Avec elle, nous formons un trio improbable, le seul en France à travailler sur le sujet. Mieux vaudrait capitaliser et ne pas s’opposer, voire le faire avec élégance.

 

les décédés européens de Philipeville

Je me suis donc penché sur l’étude faite par R. Vétillard des décédés européens de Philippeville (et quartiers rattachés), puisque c’est le sujet que je connais le mieux. Le but étant de retenir les noms véritablement historiquement attestés et de reporter peut-être dans une deuxième liste ceux qui resteraient néanmoins possibles, mais non publiables. Soit pour El-Alia une diminution de 15 noms, ramenant le chiffre qui serait le plus sûr de 51 à 36 tués.

Pour Philippeville au sens large (il faut préciser que tout comme El-Alia, les petites agglomérations humaines de Filfila, Carrières romaines, ainsi que le Béni-Melek ne sont pas des localités, mais des quartiers de la commune de Philippeville, certes excentrés), la liste de noms passerait ainsi de 12 à 7. Sans préjuger de l’ensemble des tués du Nord-Constantinois, au sujet desquels R. Vétillard, son préfacier et quelques commentateurs annoncent avoir fait le tour de la question, le chiffre de tués de Philippeville et agglomérations rattachées passe de 63 à 43.

Peut-être R. Vétillard dispose-t-il de justificatifs probants et dont il n’a pas mentionné la méthode. Des noms apparaissent en doublon dans plusieurs listes, des fautes de typographies (bien compréhensibles à l’époque entre les journalistes, les opérateurs telex, les transmissions téléphonées, les pratiques coutumières, etc) n’ont pas été critiquées à leur juste mesure, une bonne connaissance du milieu familial d’El-Alia aurait pu éliminer des doublons, parmi les enfants notamment ou entre conjoints, beaucoup de noms ne sont pas justifiés autrement que par un témoignage ou un écrit unique non convainquant, des personnes blessées ne sont pas décédées, etc.

J’ai également signalé à l’auteur quelques erreurs ne touchant pas au fond (forme, références douteuses, citations illicites, typographie, orthographe, style, répétitions, etc.) à qui la localisation peut être utile.

Cette fiche de lecture ne peut être prolongée sans devenir trop lourde et ennuyeuse. Mes textes s’en feront l’écho dans le détail, mais – par souci d’éthique intellectuelle - je l’ai communiquée à l’auteur il y a deux mois et demi, accompagnée d’une lecture critique détaillée, patronyme par patronyme, concernant les tués d’El-Alia et de Philippeville, ainsi que quelques erreurs de forme qui peuvent être corrigées dans une édition ultérieure.

Je ne comptais pas rendre ce texte public pour le moment, mais une remarque suivie d’une suggestion de M. M. Renard vient de m’y conduire, à la veille de cet anniversaire. Pour autant je réserve – par discrétion, par respect et peut-être aussi par prudence – la publication d’une liste de morts pour une édition en bonne et due forme.

Michel Mathiot
18 août 2012

 

- (1) Roger Vétillard, 20 août 1955 dans le Nord-Constantinois, un tournant dans la guerre d’Algérie ? Riveneuve Editions, 2012.

_________________________________________

 

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enterrement des victimes européennes du 20 août 1955

 

- Michel Mathiot sur le site Skikda magazine

- article de Michel Mathiot sur Études Coloniales (30 décembre 2011)

- article de Michel Mathiot sur Études Coloniales (4 août 2011)

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Roger Vétillard

 

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22 juin 2011

biographie de Robert Lacoste

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une biographie non partisane de Robert Lacoste

Maurice FAIVRE

 

- Pierre Brana et Joëlle Dusseau, Robert Lacoste (1898-1989). De la Dordogne à l’Algérie. Un socialiste devant l’histoire, L’Harmattan, 2010, 317 pages dont 15 de photos, 25 €.

Dans le cadre de la Fondation Jean Jaurès et de l’Office universitaire de recherche socialiste, ces deux auteurs retracent le parcours de Robert Lacoste, antimunichois et antifasciste, permanent syndical en Dordogne avant de s’engager dans la Résistance politique, et de faire partie du Comité des experts de Jean Moulin, devenu le Comité général d’études.

Son père est fusillé par les Allemands en mars 1944. Limogé de l’administration en juillet 1942, Lacoste devient en mai 1944 Délégué provisoire puis Ministre de la production industrielle ; il applique à reculons les nationalisations des ressources énergétiques. Remplacé en novembre 1945 par Marcel Paul, il est élu député et préside la Commission des Finances de l’Assemblée et le Conseil général de Dordogne ; inscrit à la SFIO, il s’oppose aux communistes et aux gaullistes ; il se prononce pour la réduction  des crédits militaires.

politique de fermeté

Après son échec lors de la journée des tomates d’Alger, Guy Mollet le nomme le 9 février 1956 ministre résidant en Algérie. Décidé à combattre les colons («je les aurai»), il est cependant fasciné par son compatriote Bugeaud et reconnaît «tout ce que la France a fait en Algérie». Il veut faire de l’Algérie un État démocratique multiracial ; ferme dans la répression des nationalistes et des communistes, il décide l’exécution des terroristes, et crée les centres d’assignation à résidence ; il approuve les zones de pacification et d’opérations du général Beaufre, qui justifient les regroupements de population . En même temps, il appuie les «perspectives décennales de développement économique», bases du futur plan de Constantine, proposées par des planificateurs compétents (Maspetiol, Bouakouir, Tixier) et  récupère 100.000 hectares pour la réforme agraire de la CAPER.

Cette politique de fermeté, favorisée par les pouvoirs spéciaux, suscite l’opposition des intellectuels, y compris au sein  de la SFIO. Se basant sur des rapports du CICR, du Commissaire Mairey, de Beuve-Méry, et sur un rapport (mal interprété) de la Commission de Sauvegarde, les critiques lui reprochent de «couvrir l’armée» et estiment que Lacoste ne pouvait pas ignorer la pratique de la torture. À l’inverse la Commission Provo fait confiance à l’armée et le Comité international de David Rousset dément l’existence d’un régime concentrationnaire en Algérie.

Lacoste est un battant. Yves Guéna le voit en patriote, quelque peu colonialiste, la tête à gauche et le cœur à droite. Il riposte aux critiques en révèlant les «aspects véritables de la rébellion». Pour lui, il faut faire la guerre de 1957 ; une révolution se combat par une autre révolution, par la fondation d’une Algérie nouvelle, sans purification ethnique. La Loi-cadre votée au deuxième tour en novembre 1957 établit le collège unique, favorise la promotion des musulmans, crée 1100 communes de plein exercice et prépare le passage à l’indépendance.

Lacoste quitte Alger trois jours avant le 13 mai 1958 en exprimant la crainte d’un Dien Bien Phu diplomatique ; il observe le noyautage des cadres pratiqué par les gaullistes Delbecque et Neuwirth ; il prend contact avec le Comité de Vincennes sans y adhérer, signe en novembre 1960 un manifeste pour le maintien de l’Algérie, et témoigne en 1962 au procès du général Salan. Le gaulliste de 1940 déclare en 1980 : «j’ai compris que de Gaulle se servait trop du mensonge pour monter ses coups».

Réélu député, conseiller général puis sénateur, Robert Lacoste reste le maître de la Dordogne jusqu’à sa mort. Ses obsèques religieux attirent peu de responsables politiques. Cette biographie détaillée, honnête et non partisane, s’appuie sur les débats internes au parti socialiste, sur la presse et sur une bibliographie sélective. Elle reproduit cependant quelques interprétations partiales et de rares données inexactes.

Maurice Faivre
25 mai 2011

9782296120778FS

 

Observations critiques.

- p. 216. les DOP ne sont pas mis en place par Salan, mais par Ely en août 1956,

- p. 222.  il n’y a pas eu 100 morts au Khroubs le 22 mars 1956 (confusion probable avec le 20 août – Réf. "Mémoires d’un appelé" de Pierre Brana).

- p. 250. les 3.000 disparus de Teitgen sont mis en doute par G.Pervillé, et réfutés par Godard.

- p. 253. l’analyse des 400 rapports du CICR contredisent la généralisation de la torture ; la Commission de Sauvegarde Béteille conclut qu’on se trouve en présence d’actes perpétrés sporadiquement par des individus, en dépit des consignes qui les interdisaient, et que des sanctions ont été prises.

- p. 251 et 254. la loi-cadre de novembre  1957 aurait mérité une analyse approfondie ; un manuscrit inédit du colonel Schoen l’interprète comme une politique d’association avec une Algérie autonome ; Salan, qui l’avait approuvée, semble l’avoir oubliée ; elle aurait mérité d’être reprise par le projet gaulliste d’association.

- p. 256. les 69 morts dont 21 enfants de Sakiet Sidi Youssef sont déclarés par Bourguiba, mais démentis par le 2ème Bureau.

- p. 256. en janvier 1958, le général Ely approuve le principe d’une riposte automatique en Tunisie (dans les 3 heures suivant l’incident). Il est douteux qu’il n’ait pas l’accord du gouvernement (Réf. Fonds privé 1K 233).

- fautes de frappe : p. 204, divisions parachutistes, p. 255 : rébellion et non répression.


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27 juin 2012

rien ne peut excuser l'abandon...

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Rien ne peut excuser l’abandon

de ceux qui avaient fait le choix de notre pays

Nicolas SARKOZY, à Perpignan le 14 avril 2012

 

En fondant l’Association Secours de France, voici 50 ans, en plein drame algérien, Clara Lanzi s’était donné pour but de porter assistance à "toutes les victimes de leur foi en la Patrie, au premier rang desquelles figuraient les Harkis... Devoir de charité et de solidarité actives pour les survivants du génocide, leurs familles et leurs descendants. Devoir de vérité aussi, sur la trahison de la parole que la France leur avait donnée... Deux combats que le Secours de France n’a jamais abandonnés, et qui ont fini par porter leurs fruits. Le discours prononcé à Perpignan par le Président de la République Française ne laisse place à cet égard à aucune ambiguïté :

______________________

 

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"L’Algérie était devenue indépendante au terme d’une guerre qui avait duré plus de huit ans. C’était le choix de l’Histoire, ce n’était pas le choix des Harkis. La France se devait de les protéger de l’Histoire.
Elle ne l’a pas fait.
Elle porte désormais cette responsabilité devant l’Histoire.
C’est cette responsabilité que je suis venu reconnaître, ici à Perpignan, au nom de la République Française. Une responsabilité historique qui, à quelques jours du cinquantenaire de la directive du 12 mai 1962 (1), devait être enfin officiellement reconnue.
La France doit, comme elle l’a toujours fait, regarder son Histoire en face et assumer les erreurs qu’elle a pu commettre.
En l’occurrence rien ne peut expliquer, ni encore moins excuser l’abandon de ceux qui avaient fait le choix de notre pays."

Un moment historique

"C’est un moment historique, commente Jeannette Bougrad, car aucun chef de l’État n’était jusque-là venu visiter ces camps de la honte. On a regroupé ces familles de soldats musulmans qui se sont battus pour la France et qu’elle a abandonnés en Algérie. Et quand ils sont arrivés en France, on a très mal accueillis ces frères d’armes qui se sont battus pour la France et qui ont tout perdu. Plusieurs dizaines de milliers de harkis ont été massacrés au lendemain
des Accords d’Évian...


Aujourd’hui encore,
les harkis ne peuvent
toujours pas revenir
ou être enterrés en Algérie. Alors que les
anciens combattants
du FLN qui ont com
battu ou commis des
attentats peuvent ve
nir en France et y faire
des conférences expliquant leur «combat pour la liberté».
Les harkis croient en un idéal républicain. Ils sont Français. Ils sont patriotes. Et la France les a trop longtemps ignorés."

Un homme d’honneur

À Perpignan, le Président de la République est venu aussi rendre justice à un homme d’honneur, François Meyer, lieutenant de Harka au 23e Régiment de Spahis en 1962, qui a risqué la dégradation en contrevenant aux consignes officielles pour sauver ses hommes et leurs familles d’un massacre assuré. Jamais notre ami François Meyer ne regrettera d’avoir passé outre. Jamais non plus il ne cessera de se démultiplier, en France, pour aider à leur insertion, faire connaître leur histoire et plaider leur cause face aux autorités.

Secours de France

 

(1) La directive secrète du 12 mai 1962 fut signée par Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes et négociateur des “Accords d’Evian”. Elle disposait notamment : "Les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement seront renvoyés en Algérie. [...] Il conviendra d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure. [...] Les promoteurs et les complices de rapatriements pré- maturés seront l’objet de sanctions appropriées."

Ce qu’ont vécu les anciens supplétifs et les anciens engagés, tous soldats de la France, ne doit pas être éternellement caché, écrivait François Meyer. Les revendications des fils et des filles de harkis sont d’abord des exigences de considération et de dignité. Il n’y aura pas pour eux de paix sociale tant que l’opinion publique restera dans l’ignorance de ce qui s’est passé."

Actualités du Secours de France - Avril 2012

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______________________

 

- article de Mohammed Aissaoui dans le Figaro du 14 mars 2012

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Mohammed Aissaoui

 

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10 août 2012

le point de vue de Khalil Oudainia

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l'Algérie après 50 ans de l'indépendance

l'impact de l'histoire sur la relation complexe

et controversée avec la France

le point de vue de Khalil OUDAINIA

 

Dans le cadre d'une série d'articles d'histoire concernant l'Algérie colonisée, j'ai voulu commencer par la fin, analyser les résultats, avant de revenir aux origines, durant la présence française en Algérie, en essayant, le plus possible, d'écarter mes opinions politiques, pour faire une analyse, le moins politisée possible, en collaboration avec le site Études Coloniales, auquel j'ai choisi de participer, surtout, je dis bien surtout, puisqu'il contient un nombre d'analyses, que je considère d'esprit colonialiste.

Cela suscitera un débat, que j'espère constructif. Il sera un jour répandu à une plus grand échelle, sans dénigrement ni péjoration, mais aussi pour son ouverture d'esprit et l'ensemble d'avis variés qu'elle contient.

En tant que jeune algérien, j'ai grandi dans un esprit de doute envers tout ce qui vient de la France, je me suis habitué à être sceptique et même hostile aux politiciens français, en accusant les ministres et les hommes du pouvoir algérien d'être pro-français et de serviteurs de la France, avant mon repentir, si je puisse le nommer ainsi ou prise de conscience, tout étant en même temps, pour l'apprentissage de la langue française, un grand admirateur de la culture française. Pour la petite histoire, je regardais la plupart du temps les chaînes de télévision française, par rapport aux chaînes arabes et anglophones.

De plus si j'avais eu le choix entre l'étude dans une université algérienne ou française, j'aurais certainement choisi la française. On peut donc parler de relation controversée envers notre France bien-aimée.

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Pourquoi cette contradiction, qui trouve audience à mon avis chez une grande partie des jeunes algériens?

En fuyant librement dans l'histoire non officielle de l'Algérie, j'ai été stupéfié à la découverte de beaucoup de vérités qu'on nous a jamais dites. Et au contraire, desquelles on nous apprenait des falsifications. Je pense que beaucoup d'historiens qui se sont consacrés à l'histoire de l'Algérie ont pu bénéficier de leur existence dans les deux rives de la Méditerranée, Benjamin Stora, Henri Alleg, etc. ; je n'ai pas eu cette occasion.

Par contre, je pense qu'étant fils d'une école d'histoire officielle, révolté par la suite, me donne la possibilité d'une vision particulière à l'histoire de l'Algérie ; privilège que j'essaierai d'exploiter le plus utilement possible.

J'ai découvert combien de français, qui ont aidé le FLN, étaient emprisonnés, torturés et même tués pour l'indépendance de l'Algérie.

Comme j'ai découvert les atrocités faites par d'autres français, également, militaires surtout, et les tortures qui peuvent être traitées de toutes les qualifications, notamment dans les autobiographies si différentes de la grande histoire des évènements politiques.

J'ai compris que le FLN n'était pas seul à combattre l'armée française, mais que d'autres fractions le faisaient aussi (MNA, Communistes, …), desquelles on contestait la légitimité de le faire, pour des raisons qui peuvent être justifiées à l'époque, au nom de l'unité de l'action, et la guerre fratricide pour gagner le devant de la scène ! FLN-MNA.

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J'ai aussi découvert que durant l'invasion française en 1830 - sous le prétexte fallacieux du coup de l'éventail - il y avait des compagnies d'indigènes, ainsi qualifiées à ce moment, qui combattaient à côté de l'armée française au cours de la conquête.

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lors de la conquête de l’Algérie s’est formé le premier bataillon de zouaves
(500 hommes), majoritairement composé de kabyles

Les massacres des Harkis et des Européens d'Algérie après le 19 mars et le 5 juillet 1962.

Et également les écrits des historiens, notamment des Algérianistes de l'autre côté de la Méditerranée d'une autre histoire si différente et parfois raciste envers des indigènes à qui ils ont amené la civilisation et la prospérité !

J'étais impressionné par le fait que l'indication des massacres contre les indigènes passait toujours au deuxième plan, et par la contestation des chiffres, notamment des morts, chiffres dont j'admets qu'ils sont fortement à reconsidérer pour se libérer des exagérations faites, mais en même temps constater que la réduction des chiffres exclura toute thèse de crime ou de massacre !

Je ne serai d'aucune courtoisie pour cette part ou l'autre, on n'est pas ici pour faire plaire, ou juger, c'est pour ça il se pourrait bien que j'aie des adversaires intellectuellement parlons, algériens et français également, mais c'est un prix à payer.

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J'admets que le dicton "Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire" est très juste, mais seulement pour un moment et non pas éternellement comme on essaie de faire en Algérie. Après cinquante ans, je pense que nous avons atteint un certain niveau de maturité qui permet de relater l'histoire de "l'Algérie française" sans complexe, même si cela peut-être difficile, notamment la découverte que la révolution n'était pas si sainte comme on le faisait comprendre.

Je ne vais pas faire le procès des officiels algériens d'après l'indépendance ; ils ont opté pour un choix concernant la présentation de l'histoire algérienne, que je peux comprendre en partie, notamment avec les circonstances d'un pays dévasté par la guerre contre une force déterminée à anéantir la rébellion, même si cela conduisit à détruire le pays, et une courte guerre fratricide après 1962 (les vérités concernant l'histoire du Gouvernement Vichy en sont un exemple clairvoyant), mais je ne vois pas la raison pour laquelle les responsables d'aujourd'hui continuent à le faire!

Le fait historique est omniprésent dans la conscience algérienne, en ce qui concerne l'attitude vis-à-vis de la France, même chez les plus analphabètes qui ne connaissent même pas le groupe des 22 ou 23, selon la divergence des historiens, qui a déclenché l'insurrection.

Il est difficile à beaucoup d'algériens d'admettre que les indépendantistes étaient une minorité bien écartée et que c'est les évènements du Constantinois (1945) qui ont fait basculer beaucoup de partisans de l'assimilation (modérés), comme on les appelait à ce moment, vers l'approche de l'indépendance.

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Donc l'Algérie pouvait bien être  française pour plus de temps. C'est à peu près ce qu'a dit le ministre des affaires étrangères algérien, qui est l'objet d'une compagne de dénigrement à cause de ce que tout le monde ressent et ne peut le dire publiquement.

Ce n'est pas que l'Algérie n'allait pas vers l'indépendance, mais les choses pouvaient se dérouler autrement, comme c'est le cas dans toute histoire certainement. Mais il y eut ce code d'indigénat qui séparait la société en deux classes, supérieure et inférieure, les événements de mai 1945, la séparation entre ces deux communautés que peu de choses reliaient.

Personnellement, en écrivant sur ces sujets, je sais que je pourrai bien être, l'objet d'une campagne de qualifications de traître, serviteur de la France, et de francophile, mais cela ne me surprendra nullement, car l'Algérie est une jeune nation. N'oublions pas que la Suisse présentée comme modèle de liberté et de civilisation, a connu deux guerres civiles atroces avant d'atteindre ce stade, et nous avons beaucoup devant nous pour apprendre à s'accepter les uns et les autres.

Il va sans dire, que je ne me vois pas comme détenteur de la seule et unique vérité historique, car c'est clair qu'il y a beaucoup de ressources que je n'ai pas pu consulter ; d'où la critique de mes visions et analyses est très possible, et je suis prêt à en débattre.

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archives d'Outre-mer à Aix-en-Provence

Cette analyse ne contienne pas tant de faits historiques, mais j'ai considéré qu'elle est nécessaire pour la compréhension de la suite.

C'est pour dire que l'éclaircissement de certains points qui restent peu connus dans cette histoire, en Algérie notamment, influencera et pourra même modifier les relations franco-algériennes, de deux communautés liées à jamais par cette histoire commune, douloureuse et ambitieuse au même temps.

L'histoire en Algérie n'est pas une illusion, laissée pour des romanciers rêveurs ; bien qu'elle n'ait pas connue et ne fait pas l'actualité, en tant que faits substantiels, elle marque indirectement, en la pensée des nouvelles générations, les relations de l'Algérie avec le monde extérieur.

Le cas de la réaction, individuelle et populaire, dans le cas de l'intervention de l'OTAN en Libye est révélateur. Le fait historique est essentiel et ce n'est nullement à cause de quelconque soutien à l'ancien régime libyen.

Certainement la position du gouvernement s'appuie sur d'autres prétextes, que ce champs n'est pas approprié à les analyser.

Ainsi, loin d'une démarche de victimisation, qui peut être utilisée légitimement ailleurs, mais pas dans l'analyse historique, l'examen nous ouvrira des champs larges à exploiter.

Mon prochain article sera intitulé : ce qu'on ne dit pas à propos de la relation des chefs rebelles algériens avec l'administration française.

Khalil Oudainia
7 août 2012

 

 

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10 juillet 2012

les dérives du régime de Biya au Cameroun

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lente dégradation de l’État et de la société

au Cameroun

à propos du livre de Fanny Pigeaud

Marc MICHEL

 

Fanny PIGEAUD, Au Cameroun de Paul Biya, Paris, Karthala, coll. «Les terrains du siècle », 2012, 266  pages.

Voilà un livre passionnant, documenté et… désespérant. L’auteure a longtemps été correspondante de l’Agence France Presse au Cameroun, nous offre un livre «d’histoire immédiate» magistrale.

Après les travaux de Jean-François Bayart, voici un livre courageux. Certes, l’historien aurait souhaité que l’appareil documentaire soit plus référencé, que les faits dénoncés soient étayés de preuves écrites ou orales avérées ; mais on comprendra que le métier de journaliste d’investigation comporte une part de risque (et il est clair que Fanny Pigeaux ne saurait revenir au Cameroun de Paul Biya sans risque comme jadis Thierry Michel dans le Zaïre de Mobutu…) et qu’il suppose une part de discrétion sur les sources utilisées. Ces faits sont effectivement accablants. Malheureusement, la plupart d’entre eux sont avérés et de notoriété publique.

 

l’espérance trahie qui suivit le départ d’Ahidjo

On admirera d’abord l’intelligence de la mise en ordre de cette histoire immédiate. Elle s’ouvre par deux chapitres retraçant l’histoire de la période allant de l’indépendance en 1960 aux années 2010.

On peut ne pas partager certains jugements idées reçues sur la politique de la France avant 1960 qui nous paraissent relever des idées reçues, même parfois d’erreurs. On ne saurait s’y attacher cependant car l’objectif de l’auteur n’est pas de retracer la décolonisation dramatique du pays, mais de décrire l’évolution du pouvoir au Cameroun depuis 1983, date retour manqué au pouvoir d’Ahmadou Ahidjo.

On doit reconnaître également que le fort ressentiment de beaucoup de Camerounais à l’égard de la France s’enracine dans une décolonisation dramatique marquée par la répression de l’UPC puis la guerre civile.

Le récit de l’espérance trahie qui suivit le départ d’Ahidjo est convaincant, voire mesuré ; l’ancien président est même crédité d’avoir «permis de bâtir en partie le pays» et, il est vrai, que la tâche était colossale dans un pays encore en proie à la guerre civile, à des compétitions de personnes et de clans, aux haines d’ethnies et aux surenchères révolutionnaires.

Mais ce qui intéresse, et ce que veut dénoncer, Fanny Pigeaud ce sont, bien les dérives du régime de Biya après 1983 : le parti-État (L’Etat RDPC), les manipulations (Intrigues, manipulations et sorcellerie), l’ethnicisation du pouvoir (L’État ethnique), les collusions d’intérêts (Détournements et criminalité) , leurs effets pernicieux dans les mentalités (La mise à l’écart de la pensée), la société (La société délitée) et dans la politique (Démobilisation, fuites et résistances, Complicités).

À lire ces têtes de chapitres, on pourrait croire à une charge outrancière et systématique, un simple catalogue polémique. Malheureusement, il n’en est rien. L’analyse est minutieuse et fondée sur des preuves précises et très abondantes.

 

privatisation du pouvoir au profit d’une oligarchie

Fanny Pigeaud décrit impitoyablement les mécanismes de privatisation du pouvoir au profit d’une oligarchie et de son chef. Un véritable «système» prédateur a été  mis en place dont les prémisses remontent à Ahmadou Ahidjo. Mais, comme elle le souligne à plusieurs reprises, même sous Ahidjo, le pouvoir n’avait pas été si loin dans la prédation et  l’autoritarisme (par exemple en ce qui concerne la mise au pas de l’Université).

Ses composantes essentielles, parti (bien qu’en principe il n’existe plus de parti unique), État, administration, affaires sont, dans la réalité, tellement intriquées entre elles que ce sont souvent les mêmes hommes qui en cumulent les bénéfices (non sans risques de déplaire brusquement au roi, inquiet ou sourcilleux).

Bien sûr, il n’y a pas vraiment d’originalité dans cette dérive qui fut celle du Zaïre de Mobutu, du Gabon de Bongo et de bien d’autres États africains vers une sorte d’État totalitaire «à l’Africaine».

Au Cameroun, la personnalisation du pouvoir ne revêt pas le caractère caricatural qu’elle a revêtu au Zaïre, par exemple ; elle parait plus discrète, d’autant plus que le chef de l’État s’isole de plus en plus n’apparaissant à son peuple qu’une fois par an et passant parfois de longs séjours à l’étranger, sans que, parfois, ses propres ministres le sachent ! «L’énigmatique Biya» titre l’auteur dans un de ses développements (p. 61).

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Paul Biya

C’est à une lente dégradation de l’État et de la société au Cameroun qu’on assisterait. Une certaine périodisation apparait ; une tentative de libéralisation avortée en 1983 ; le choix d’une politique sécuritaire aboutissant au raidissement très brutal du régime au début des années 1990, que les Camerounais qualifièrent «d’années de braise»), et, depuis un immobilisme aggravé par les crises consécutives aux injonctions de la Banque mondiale en 1993, la dévaluation du franc CFA en 1994, la paralysie économique.

La classe moyenne a disparu dans une paupérisation globale (p. 61) au bénéfice d’une haute hiérarchie du pouvoir dont les profits sont redistribués périodiquement par le chef, avec une nette préférence pour les membres de sa propre ethnie.

La division des opposants en multiples clans, l’obligation souvent de s’exprimer à l’extérieur, sert évidemment, la propension de beaucoup à se laisser «récupérer» sert évidemment le dictateur qui peut laisser ouvertes quelque soupapes de sécurité et s’exprimer plus ou moins ouvertement la parole de la rue ; mais ni aucun journaliste, ni aucun universitaire ne peut les utiliser sans risques.

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émeutes de février 2008

À tous les niveaux de la société, la peur annihile l’action. L’auteur montre bien, comment, dans ces conditions, le regain des pratiques occultes (magie noire, sacrifices) et l’adhésion aux sectes (Rose Croix, loges franc-maçonnes), constituent à la fois des moyens du pouvoir et des refuges pour les individus.

Tous les paramètres du pourrissement sont examinés ; peut-être l’auteure néglige-t-elle l’un d’entre eux cependant, l’importance de l’antagonisme francophones/anglophones dans ce pays en principe bilingue en réalité lourdement francophone, ce qui est une exception dans le monde à souligner, mais n’empêche nullement les ressentiments à l’égard de la France

Pigeaud a terminé son livre en 2011 ; à l’époque, elle prédisait que le président Biya allait se représenter aux élections d’octobre. Sur ce point elle ne trompait pas ; elle appelait à un changement.

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Par contre, sur cet espoir, elle s’est trompée ; le président a été réélu par pratiquement 80,2% des voix contre un peu moins de 11% à son adversaire «historique» John Fru Ndi. La participation a diminué (65,8%), mais l’essentiel de ce qui aurait été souhaitable pour que le Cameroun cesse de «s’enfoncer dans le chaos» eût été «un changement complet de son système de gouvernement et des mentalités» ; des mentalités, cela est sûr, tant la «bonne gouvernance», pour employer un de ces poncifs à la mode, dépend des mentalités.

Ces maux ne sont pas spécifiques du Cameroun, loin s’en faut. Ils ne doivent pas non plus être généralisés au point d’en faire des caractéristiques de l’État en Afrique. Croire que l’abolition des «complicités» occidentales suffirait à les éradiquer serait bien illusoire. Ils sont suffisamment graves et habituels qu’on ne peut que saluer l’intérêt du démontage de ce «cas-type». Il est fascinant et profondément inquiétant.

 Marc MICHEL

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Fanny Pigeaud

___________________________

 

supplément

Dans l’introduction du livre Au Cameroun de Paul Biya, Fanny Pigeaud annonce la couleur du triste tableau qu’elle dresse sur le pays. « “Quand j’essaie d’expliquer à mes collègues ce qui se passe au Cameroun, j’ai toujours l’impression qu’on croit que je raconte des histoires, que je mens”, confie un journaliste camerounais travaillant au siège régional d’une agence de presse internationale installée dans un autre État africain.

Pourtant, le Cameroun est bien un pays où il peut se passer deux ans sans que le président de la République préside un conseil des ministres ; où le patron de la police peut faire emprisonner des innocents pour couvrir les coupables d’un meurtre ; où lorsqu’un citoyen téléphone en urgence à la police pour signaler l’agression d’une femme dont il vient d’être le témoin et donner la description des fautifs, il s’entend répondre : «Mais laissez la femme se plaindre elle-même! De quoi vous mêlez-vous ? », avant de se faire raccrocher au nez ; où le chef de l’État paie en valises de cash le ravitaillement en kérosène de l’avion qui le transporte ; où l’on peut louer, pour une somme dérisoire, l’arme d’un policier ; où l’on met deux jours à retrouver la carcasse d’un Boeing 737-800 qui s’est écrasé, avec ses 114 occupants, trente secondes après son décollage ; où moins de trois mois avant une élection présidentielle, personne ne sait à quelle date le scrutin aura précisément lieu et aucune des deux grandes formations politiques, le parti présidentiel et le principal parti d’opposition, n’a de candidat déclaré...

Dans ce Cameroun, qui semble naviguer sans tête et sans but, les jeunes, soit la moitié de la population, ne parviennent plus à s’imaginer un avenir. »

source

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28 décembre 2010

décolonisation de l'Indochine, témoignage

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Indochine, passion persistante

Jeannette ULMANN

 

Mon livre est un témoignage et une biographie. Contrairement à des écrivains qui ont de bonnes rhétoriques, habiles et certes très renseignées et qui pourraient faire une thèse, moi c'est mon témoignage et mon vécu que je livre. 

Je narre l'histoire de ma famille qui se trouve être au début de la colonisation de l'Algérie. J'évoque l'historique empereur Ham Nghi,  ami de ma famille, exilé par la France d'Indochine en Algérie en I888, connu sous le nom de prince d'Annam à Alger. Je parle aussi de moi qui me trouve bien malgré moi à l'autre bout de la chaîne de la décolonisation cette fois de l'Indochine, avant celle de l'Algérie. Ma famille a donc vécu toute la colonisation et la décolonisation de ces pays. Que voulez vous de plus vrai, de plus historique ?

Certes, je ne parle pas de conquêtes dominatrices, de victoires héroïques. Je parle de ma vie en Indochine, de la décolonisation, après que mes aïeux aient colonisé. Ils furent "pieds-noirs en Algérie", ils devinrent "pieds-jaunes en Indochine".

Je suis une fille de la colonisation et l'une des dernières rapatriées, nommée par le gouvernement comme "Ayant-droit", après la perte de Dien Bien Phù. J'ai été reléguée dans le fameux CARI, puis CAFI nommé le camp des oubliés à Sainte-Livrade sur Lot (47).

L'Indochine, comme l'Algérie ne sont plus qu'un souvenir, un regret, une douleur toujours présente, mais à l'heure Française, il n'y avait pas lieu de dissocier ces trois territoires, puisqu'ils étaient liés par une seule identité, un concept, la France.

Je ne fais pas l'apologie  d'une période définitivement révolue, car le colonialisme sera toujours perçu comme une infamie, non seulement par les colonisés, mais aussi pour tous ceux qui pensent que chaque peuple a le droit de disposer de sa liberté et de son autonomie, au même titre que chaque individu.

Lorsque la guerre décime votre famille, les êtres qui vous sont chers,vous avez un devoir de mémoire envers eux. J'ai fait ce livre pour mes six enfants et mes 15 petits enfants qui ne savent encore pas tous l'histoire de leur origine. Et aussi pour que les lecteurs sachent que ma vie mérite d'être narrée car elle comporte tous les ingrédients d'une vie peu ordinaire.

Xûan Lan, Jeannette Ulmann

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remise de la gerbe en hommage aux morts de la guerre d'Indochine
devant la stelle au CAFI de Sainte-Livrade sur Lot (47) ; Jeannette Ulmann est
la troisième en partant de la gauche

 

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28 juin 2012

l'exposition "Algérie 1830-1962" au Musée de l'Armée

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 intérêts et failles d'une exposition sur

l'Algérie de 1830 à 1962

général Maurice FAIVRE

 

 
J'ai parcouru hier [c'était le 31 mai 2012] avec intérêt l'exposition "Algérie 1830-1962" . Je n'ai pas écouté toutes les vidéos, mon C.R. est donc incomplet.

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Éléments positifs
dans le désordre :
- chronologie  bien suivie et  présentation muséographique remarquable,
- les tableaux de bataille, les tenues et les armes intéressants,
- la maquette d'Alger en 1830, remarquable,
- la fascination des officiers pour l'Algérie,
- esclaves européens reconnus, ainsi que mutilations par le FLN,
- harkis recrutés et abandonnés, routes et écoles construites, plan de Constantine, ralliements,
- réformes du 16 mars 1956, Melouza reconnu par Dalila Ait Djoudi,
- le 13 mai n'est pas un putsch militaire, Massu accepte de présider le Comité de Salut public,
- tract allemand de propagande anti-française,
- exposé du professeur Vaïsse sur la politique de Gaulle,
- exposé du général Delmas sur les réactions des colonels avant la bataille d'Alger ; il aurait pu en dire beaucoup plus et contredire Raphaëlle Branche.
 
Éléments négatifs
 
1. Le choix d'historiens connus pour leur idéologie marxiste ou tiers-mondiste :
On aurait pu consulter J. Frémeaux, G. Pervillé, D. Lefeuvre et surtout citer les recherches récentes de Vétillard, Jordi et Benmebarek ;
pour la bataille d'Alger, le colonel Allaire et le général Schmitt ; sur les harkis, le général Meyer et moi-même ;
- selon R.Branche la torture est destinée à terroriser la population et non à obtenir des renseignements ;
- S.Thénault multiplie le nombre  des disparus (contredit par Godard et Pervillé) ;
- d'autres historiens sont connus pour leur partialité. J.Roy est partisan ;
- les photos de Charbonnier sur un torturé ne sont pas claires.

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2. Erreurs numériques :
- il n'y a pas un million de morts lors de la conquête et des famines de 1860 (voir Frémeaux et Lefeuvre) ;
- il n'y a pas 20.000 tués en mai 1945 (voir Vétillard et Benmabarek) ;
-  40.000 djoundis en 1957 ? Ils n'ont que 20.000 armes de guerre ;
- 21.500 supplétifs ont été rapatriés, 66.000 avec les familles, et non 90.000 ;
- Il n'y a  pas 3.000 civils disparus après le 19 mars 1962, mais environ 1.600;
- le 17 octobre 1961, une trentaine de morts selon Brunet, et non des centaines ;
- moins de 300.000 Algériens tués pendant la guerre d'Algérie selon Yacono et Ageron, y compris les morts de l'ALN-FLN et les harkis.
3. Remarques diverses
- Abd el Kader présenté en début d'exposition (il est inconnu en 1830), au lieu du général de Bourmont et du Dey d'Alger,
- la régence d'Alger autonome (à nuancer) de l'empire ottoman ;
- l'opération Couronne du plan Challe se situe autour d'Alger et non en Oranie, elle fait partie de Courroie ;
- le schéma du barrage tunisien est incomplet, manquent la bretelle de Challe, la partie sud de Tébessa, et le dispositif de l'ALN en Tunisie (voir CFHM) ;
- les atrocités FLN et l'action des SAS sont présentés comme de la propagande française ;
- les regroupements de population ne sont pas des camps d'internement ;
- à Sétif, la répression est terminée avant midi par les gendarmes et les tirailleurs ;  il n'y a pas de milice civile ;
- la comparaison de Rouillon-Bollardière est discutable ; Ely dit à Bollardière qu'il a "fait le jeu de l'ennemi" ;
- les fours à chaux ne sont pas des  fours crématoires ;
- les films de Chassagne à Ain Abid sont des montages réalisés pour la Fox Movietone ;
le gendarme tireur (Geier) a bénéficié d'un non-lieu (archives gendarmerie et livre Vétillard).

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4. Non-dits ( à vérifier)
- la connaissance scientifique de l'Algérie par les officiers (ouvrages de Carette en 1848, Rinn, Coppolani..., etc) ;
- l'armée d'Afrique reconstituée par Weygand, Juin, Giraud et non de Gaulle ;
- les enlèvements de pieds noirs dès avril 1962 ;
- les tueries d'El Halia, rue d'Isly et 5 juillet Oran, à peine évoquées.
N.B. Je n'ai pas examiné les BD de J. Ferrandez ;  ayant quitté Alger à 4 mois, on ne peut le considérer comme un pied noir. Certains le considèrent comme un apôtre de la repentance. Il considère le terrorisme FLN comme réplique à l'attentat rue de Thèbes, ce qui est inexact.
Maurice Faivre
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- lien officiel et : autre lien

 

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26 juin 2012

à Perpignan, le 5 juillet 2012

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cliquer sur l'image pour l'agrandir

 

Oran, 5 juillet 1962 - Perpignan, 5 juillet 2012

une initiative du Cercle algérianiste des Pyrénes-Orientales

 

Le Cercle algérianiste, créé en 1973, a pour objectif de sauvegarder le patrimoine culturel né de la présence française en Algérie.
Il diffuse, par l'intermédiaire de ses Cercles locaux et de sa revue L'Algérianiste, les études, travaux, articles, textes littéraires permettant d'approfondir la connaissance de cette présence. Il rapporte les témoignages de ceux qui ont oeuvré en terre nord-africaine et met ainsi à la disposition de ceux qui s'intéressent au passé les éléments constitutifs de l'histoire de notre pays.

- Cercle algérianiste

 

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24 juin 2012

20 août 1955, par Roger Vétillard

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une étude historique minutieuse des massacres

du 20 août 1955 dans le Constantinois,

par Roger Vétillard

général Maurice FAIVRE

 

Originaire de Sétif, le docteur Vétillard, après avoir renouvelé l'histoire du 8 mai 1945, a fait une étude très approfondie sur les massacres du 20 août 1955, à partir de documents inédits de la ville de Philippeville, des archives de la gendarmerie et de l'armée, et des témoignages de 53 Français et 11 Algériens, dont 5 anciens de l'ALN.

Zighout Youssef, responsable FLN du Nord Constantinois, décide de lancer, le 20 août à midi, une attaque généralisée contre 40 localités, afin de venir en aide aux rebelles de l'Aurès qui sont aux prises avec les paras de Ducournau. Il dispose d'à peine 200 hommes armés qui devront soulever la population, laquelle ne s'engage pas dans la révolution.

12.000 musulmans sont mobilisés. Les objectifs de Zighout sont de récupérer de l'armement, d'éliminer les traîtres pro-français, et de provoquer des représailles irréparables. Ses propagandistes affirment que l'armée de Nasser et les Américains soutiennent ce soulèvement raciste. Dans la plupart des localités, les djounoud restent en retrait et poussent en avant les femmes et les enfants.

L'action la plus importante vise Philippeville, ville de 70.000 habitants, où des masses de civils, manifestement drogués, avancent dans les rues sans se soucier de lourdes pertes. L'armée et la police sont en effet alertées et bloquent brutalement les manifestants. En revanche, la mine d'El Halia et le village d'Ain Abid ne sont pas protégés, et les Européens y subissent d'horribles atrocités (1).

Le bilan, minutieusement vérifié, est de 133 Français d'Algérie (2), 53 militaires et policiers, et 36 Français-musulmans dont le neveu de Ferhat Abbas. La répression militaire aurait fait 700 morts le 20 août, et les vengeances de civils plus de 2.000 tués les jours suivants (et non les 12.000 revendiqués par le FLN).

Les conséquences de ce soulèvement sont tragiques :

- «C'est la guerre, il faut la faire», déclare le gouverneur Soustelle, qui abandonne l'idée d'une politique libérale (3) ;

- la fracture entre les communautés s'aggrave, elle donne naissance au contre-terrorisme de certains Européens (4) ;

- sans être exactement une répétition des massacres du 8 mai 1945, ces violences préfigurent celles de la guerre civile des années 1990.

Guy Pervillé met en lumière l'objectivité historique de l'auteur (5), qui met à mal les erreurs grossières de Claude Mauss-Copeaux, et la présentation tendancieuse des films de la Fox Moviétone. Cet ouvrage montre que des travaux rigoureux peuvent réviser des idées reçues.

Maurice Faivre
le 23 juin 2012

 

1 - On peut citer 21 enfants dont les têtes sont écrasées contre les murs, et le témoignage de ce rebelle, qui après avoir égorgé une femme, mange le poisson qu'elle avait préparé.

2 - Roger Vétillard publie les noms de 51 victimes européennes.

3 - Cette déclaration dément la légende de ceux qui prétendent qu'on a attendu la loi de 1999 pour reconnaître la réalité de la guerre d'Algérie. Un Comité de guerre interministériel s'est réuni à Constantine en juillet 1957.

4 - Le terrorisme FLN a précédé le contre-terrorisme. Il n'a pas attendu l'attentat de la rue de Thèbes en août 1956 pour utiliser les explosifs.

5 - dans Algérie, 20 août 1955 (Payot 2011) C. Mauss-Copeaux se référe à un faux témoin d'el Halia et attribue au général Faivre un curriculum fantaisiste. Les films de la Fox Movietone sont des montages que certains présentateurs situent en 1945, sans en montrer les incohérences.

 

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Roger Vétillard

 

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8 avril 2012

Histoire des Berbères, par Bernard Lugan (nouveau livre)

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Histoire des Berbères

Bernard LUGAN

 

Présentation de l'ouvrage

Les Berbères ou Imazighen (Amazigh au singulier) constituent le fond ancien de la population de l’Afrique du Nord. Ils formaient à l’origine un seul peuple peu à peu fragmenté par une histoire à la fois riche, complexe et mouvementée. Des dynasties berbères régnèrent sur le Maghreb jusqu’au XVIe siècle.

Les partisans de l’arabo-islamisme affirment que les Berbères sont sortis de l’histoire, leur conversion à l’Islam les ayant inscrits de façon irréversible dans l’aire politico-culturelle de l’arabité. Dans les années 1950, la revue Al Maghrib alla ainsi jusqu’à écrire qu’ils ne peuvent accéder au Paradis que s’ils se rattachent à des lignées arabes. Quant au ministre algérien de l’Éducation nationale, il déclara en 1962 qu’ils «sont une invention des Pères Blancs».

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Aujourd’hui, les dirigeants arabo-islamiques nord africains doivent faire face au réveil berbère si fortement exprimé en 2004 par Mohammed Chafik au travers de sa célèbre question réponse: «Au fait, pourquoi le Maghreb arabe n’arrive-t-il pas à se former ? C’est précisément parce qu’il n’est pas Arabe». Cette phrase était incluse dans un article dont le titre explosif était : «Et si l’on décolonisait l’Afrique du Nord pour de bon !», intitulé signifiant qu’après avoir chassé les Français, il convenait désormais pour les Berbères d’en faire de même avec les Arabes…

Qui sont donc les Berbères ? Quelle est leur origine ? Comment furent-ils islamisés ? Quelle est leur longue histoire ? Comment se fait aujourd’hui la renaissance de la berbérité ? Peut-elle être une alternative au fondamentalisme islamique ?

C’est à ces questions qu’est consacré ce livre qui n’a pas d’équivalent. Son approche est ethno-historique et couvre une période de 10 000 ans. Il est illustré par de nombreuses cartes en couleur et par des photographies.

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Table des matières

Première partie : La Berbérie jusqu’à la conquête arabe

Chapitre I : Une très longue histoire

A) L’état des connaissances
B) L’Égypte, une création berbère ?

Chapitre II : Les Berbères durant l’Antiquité classique
A) Les Peuples et les Etats
B) Les Berbères furent-ils romanisés ?

Chapitre III : Les Berbères, les Vandales et les Byzantins
A) L’intrusion vandale
B) L’échec de Byzance

Deuxième partie : Les Berbères se convertissent à l’islam mais ils résistent à l’arabisation (VIe-Xve siècle)

Chapitre I : Les Berbères face à la conquête et à l’islamisation
A) Les résistances à la conquête
B) La révolte berbère du VIII° siècle

Chapitre II : Le monde berbère du IXe au XIIe siècle
A) La Berbérie au IXe siècle
B) Le Maghreb berbéro-musulman du Xe au XIIe siècle

Chapitre III : Les  grandes mutations du monde berbère (XIIe-XVe siècle)
A) Les Berbères almohades et l’arabisation du Maghreb (XIIe-XIIIe)
B) La question arabe
C) Le tournant des XIIIe-XVe siècles

Troisième partie : Des Berbères dominés à la renaissance de la Tamazgha

Chapitre I : Les Berbères perdent la maîtrise de leur destin (XVIe-XIXe siècle)
A) Le Maroc entre Arabes et Berbères
B) Les Berbères et les Ottomans (XVIe-XIXe siècle)

Chapitre II : Les Berbères et la colonisation
A) Algérie : de la marginalisation à la prise de conscience
B) Maroc : les Berbères victimes du Protectorat ?

Chapitre III : La renaissance berbère aujourd’hui
A) Maroc : de la stigmatisation à la cohésion nationale
B) Algérie : entre berbérisme et jacobinisme arabo-musulman
C) Les autres composantes de la Tamazgha

- Bibliographie
- Index des noms de personnes
- Index des tribus et des peuples

 

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Sortie du nouveau livre de Bernard Lugan :
Histoire des Berbères, des origines à nos jours. Un combat identitaire pluri-millénaire.
 
IMPORTANT : Ce livre édité par l'Afrique Réelle n'est pas disponible dans les librairies ou sur les sites de commandes en ligne. Seule l'Afrique Réelle le distribue.
 
Prix (frais de port compris) :
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13 mai 2012

sur un livre de Mohammed Telhine

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une histoire malmenée de l'islam en France

Michel RENARD

 

Mohammed Telhine a mené depuis de longues années – certains entretiens, avec Hamza Boubakeur ou Abdelkader Barakrok, remontent à 1989 – un travail de recherches sur la présence de l'islam en France. Le résultat s'appelle L'islam et les musulmans en France. Une histoire de mosquées, L'Harmattan, 2010/2011).

Il a utilisé des études déjà publiées par des historiens et poursuivi ses propres investigations. Au sujet des premières, il est étrange qu'il n'ait cité l'ouvrage collectif paru en 2006, sous la direction de Mohammed Arkoun, Histoire de l'islam et des musulmans en France du Moyen Âge à nos jours (Albin Michel) que sous la référence d'un seul auteur alors qu'il comporte soixante-et-onze contributeurs… Sa dette à l'égard de cette publication monumentale aurait pu être reconnue plus généreusement : cinq citations seulement pour les périodes médiévales et modernes… mais aucune pour la période contemporaine !

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mosquées aux XIXe et XXe siècles en France

Il est vrai que l'ampleur du livre dirigé par Mohammed Arkoun dépassait la seule problématique de Telhine (les mosquées) mais, tout de même, plusieurs articles concernaient directement son sujet en évoquant notamment le projet de mosquée à Paris en 1846, la mosquée du Père-Lachaise, le projet de mosquée de 1895 (sur ce point, il commet une petite erreur chronologique (p. 18) en faisant présider le Comité pour la construction d’une mosquée à Paris par Jules Cambon dès le 7 mai 1895 alors que ce dernier n'en devint président que fin juin de la même année), l'histoire de la Mosquée de Paris, celle de Fréjus, les différents projets à Marseille…

Sur cette dernière ville, Mohammed Telhine ne dit strictement rien alors que j'y ai consacré un article de 27 pages publié dans Outre-Mers, revue d'histoire dès 2003 (n° 340-341, p. 269-286). D'une manière générale, la dimension provinciale a échappé à cet auteur. Et pourtant, de Marseille à Saint-Étienne, en passant par le Nord (Auby), Nice et Bordeaux…, il y avait beaucoup à dire. Le titre de l'ouvrage ne tient donc pas sa promesse. Mohammed Telhine ne retrace pas "l'histoire de l'islam en France à travers sa mosquée" (p. 20).

Mohammed Telhine répercute l'antienne misérabiliste au sujet des mosquées en France aujourd'hui en affirmant (p. 19) qu'une "vingtaine de mosquées dans l'ensemble du territoire national métropolitain sont architecturalement identifiables en tant que mosquées". Faux.

Il y a en au moins le double : Mosquées de Paris, Angers, Strasbourg, Compiègne, Saint-Quentin, Vigneux-sur-Seine, Bondy, Farébersviller, Orléans, Mons-en-Baroeul, Corbeil, Cholet, Vauréal, Béziers, Lyon, Auch, Istres, Évry, Creil, Nîmes, Mantes-la-Jolie, Villeurbanne, Le Mans, Dijon, Clermont-Ferrand, Rodez, Tarbes, Lunel, Auxerre, Gennevilliers, Saint-Prix, Trappes, Nantes, Créteil, Besançon, Argenteuil, Nantes-nord, Saint-Étienne, Nanterre, Carcassonne, Guéret…

Sans compter tous les projets en cours de construction, et pour certains quasiment achevés : Strasbourg, Maubeuge, Montreuil, Villeneuve d'Ascq, Decazeville, Ermont, Le Havre, Tremblay-en-France, Mérignac, Montbéliard, Cholet, Reims, Mer, Vénissieux, Ensisheim, Épinal, Hérouville-Saint-Clair, Toulouse (Empalot), Villeneuve-la Garenne, Poitiers…

Auxquels, il faut ajouter les projets en cours de financement et qui finiront pas aboutir comme leurs prédécesseurs  (tant mieux) : Bagnolet, Blois, La Seyne-sur-Mer, Hagueneau, Longwy, Salon-de-Provence, Annemasse, Saint-Denis, Angers, Roubaix, Strasbourg (Elsau), Villejuif, Hem, Maing, Bobigny (il y a une dizaine d'années on m'avait demandé d'en être le trésorier…), Charleville-Mézières, Conflans-Sainte-Honorine, Tours, Toulouse (Bellefontaine), Stains, Sevran, Annecy, Rochefort, Béthune, Boulogne-Billancourt, Canteleu, Les Ulis, Sin-le-Noble, La Roche-sur-Yon, Rosny, Toulouse (Le Mirail)… J'abrège, mais il y en a d'autres encore…

Sur ce point, donc Mohammed Telhine est sacrément en retard sur la réalité… Par ailleurs, une mosquée ne se définit pas "architecturalement" comme il le prétend. Deux seuls critères valident, islamiquement parlant, l'espace appelé mosquée : un espace préservé (haram) et une orientation (qibla). Le reste est fonction des traditions monumentales et culturelles des pays ou régions où l'islam s'est implanté (cf. Michel Renard, "France, terre de mosquées ?", revue Hommes et migrations, n° 1220, juillet-août 1999 : http://www.hommes-et-migrations.fr/index.php?id=2277).

Pour ma part, je n'ai quasiment rien appris à la lecture cet ouvrage, travaillant depuis plusieurs années sur le sujet. Pour des raisons personnelles, je n'ai pu publier tout le résultat de mes recherches en archives. Mais, en toute déontologie universitaire, Mohammed Telhine aurait pu le mentionner et notamment citer, outre ce que j'ai déjà évoqué ci-dessus, l'article «Gratitude, contrôle, accompagnement : le traitement du religieux islamique en métropole (1914-1950)», "Répression, contrôle et encadrement dans le monde colonial au XXe siècle", Bulletin de l'Institut d'histoire du temps présent, IHTP-Cnrs, n° 83, premier semestre 2004 (juin), p. 54-69. Ou encore tout ce qui figure sur le blog "Islam en France, 1830-1962" : http://islamenfrance.canalblog.com/.

Mais bon… il semble que certaine fierté d'auteur s'accompagne mal des redevances dues à leurs pairs…

Cependant, celui qui ignorerait le livre dirigé par Mohammed Arkoun (Histoire de l'islam et des musulmans en France…), paru quatre ans avant celui de Telhine et réédité en Pochothèque en 2010, celui qui ignorerait – je le dis en toute modestie – mes propres publications, et bien d'autres… apprendra un peu en lisant ce livre.

 

Mahomet 

 

le Moyen Âge et l'époque moderne

Il n'y a rien dans le récit de Telhine qui ne soit déjà présent dans les travaux antérieurs ou dans les articles de synthèse dus à Françoise Micheau, Philippe Sénac, François Clément, Dominique Iogna-Prat, Jean Flori, Yann Gautron, Fanny Caroff, John Tolan, Gilles Veinstein, Géraud Poumarède (dont le nom est mal orthographié, p. 84 et 85 notamment : Poumrède), Guy Le Thiec, etc… dans Histoire de l'islam et des musulmans en France...

Tout ce que dit Telhine de l'enclos musulman du Père-Lachaise (1856) figure pour l'essentiel dans ma contribution au livre cité ci-dessus. L'auteur aurait pu y faire référence… Et s'il avait lu jusqu'au bout cette étude, il aurait vu que l'histoire administrative de l'enclos musulman du Père-Lachaise et de sa mosquée ne s'arrête pas en 1914 mais dure jusqu'en 1927 au sein des discussions de la Commission interministérielle des affaires musulmanes.

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recueil contenant les photos
de la "mosquée" du cimetière
du Père-Lachaise,
aux Archives de Paris

 

le projet de mosquée de 1895

Les citations de presse, virulentes pour la plupart, à l'égard de ce projet, mené par le Comité de l'Afrique française, sont mentionnées par le titre du journal et la date – qu'entre autres j'ai en partie publiées – mais pas par leur référence archivistique où seule on peut les trouver… D'ailleurs Mohammed Telhine tire le projet de relance d'une mosquée à Paris en 1905 par Léon Lambert en faisant référence à Sadek Sellam et non en citant les archives. Toujours donc de la seconde main…

Comité Afrique française
Source : Arch. dép. de la Drôme, 6 M 542

Sa sociologie des membres du Comité pour la construction d'une mosquée à Paris (25 personnes à la date du 8 mai 1895) est fautive alors que j'en ai fournie une identification très précise (Histoire de l'islam et des musulmans en France…, éd. Pochothèque, avril 2010, p. 612).

 

la Mosquée de Paris

Antérieurement à la décision d'édifier une mosquée dans la capitale se manifesta une politique de gratitude à l'égard de la religion musulmane qui était la confession d'un certain nombre de combattants de l'armée française durant la Première Guerre mondiale.
Cette inclination prit notamment la forme d'une politique de respect religieux des défunts par l'institution militaire (services de Santé).
J'avais expliqué tout cela dans un article datant de 2004 avec référence des sources d'archives («Gratitude, contrôle, accompagnement : le traitement du religieux islamique en métropole (1914-1950)», "Répression, contrôle et encadrement dans le monde colonial au XXe siècle", Bulletin de l'Institut d'histoire du temps présent, IHTP-Cnrs, n° 83, premier semestre 2004 (juin), p. 54-69) et publication iconographique des dessins de stèles (visibles également sur mon blog : http://islamenfrance.canalblog.com/archives/2006/09/09/2653571.html.

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dessin de stèles devant servir à l'inhumation
de soldats français de confession musulmane, ministère de la Guerre,
automne 1914 (archives de Paris)
iconographie publiée en 2004 par Michel Renard

 

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texte arabe de l'épitaphe inscrite sur la stèle de tête :
hadhâ qabr al-mahrûm
, [ceci est la tombe du rappelé à Dieu]
(archives de Paris)
iconographie publiée en 2004 par Michel Renard

Mohammed Telhine n'a pas cru bon y faire référence… Je ne trouve pas cela correct. Et tout le reste est à l'avenant.

Telhine répercute l'erreur sur la date de naissance de Si Kaddour ben Ghabrit (p. 141 de son livre) en évoquant l'année 1873 alors que depuis 2007 j'ai publié sur mon blog qu'il était né en 1868 (http://islamenfrance.canalblog.com/archives/2007/02/10/4057434.html) puisqu'il est embauché comme interprète et adel en Algérie dès juillet 1887 : il aurait alors eu 14 ans (…!) si sa date de naissance avait été 1873. Mes sources proviennent de son dossier administratif consultable aux archives du ministère des Affaires étrangères dont il était l'un des "agents".

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à Vichy, Si Kaddour ben Ghabrit à droite (1911 ou 1912)

 

Paul Bourdarie

On se demande aussi comment le rôle de Paul Bourdarie (la plupart du temps mal orthographié en "Bourdrarie) dans la gestation du projet de Mosquée à Paris peut être aussi facilement relégué à l'insignifiance à partir du seul témoignage de Léopold Justinard ?

J'ai longuement cité les témoignages de Paul Bourdarie, issus de La Revue Indigène sans que Telhine ne puisse les contredire…

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Le récit de Bourdarie est instructif sur la paternité du projet : «En mai et juin 1915, j'entrais en relations suivies avec un architecte, élève de Girault, de l'Institut, M. E. Tronquois. Nos causeries roulant fréquemment sur l'Islam et le rôle des musulmans français sur les champs de bataille, M. Tronquois émit un jour l'opinion que le véritable monument commémoratif de leur héroïsme et de leurs sacrifices serait une Mosquée. J'expliquai à M. Tronquois les faits et les points de vue précédemment évoqués et nous résolûmes de nous mettre au travail aussitôt. Et ce fut dans l'été 1916 qu'un certain nombre de musulmans habitant Paris et d'amis des musulmans se rencontrèrent à plusieurs reprises au siège de La Revue Indigène  pour examiner et, au besoin, critiquer les esquisses de l'architecte. Je puis nommer : l'émir Khaled, venant du front et de passage à Paris ; le Dr Benthami ; le muphti Mokrani ; le Dr Tamzali et son frère ; Halil Bey ; Ziane ; le peintre Dinet ; la comtesse d'Aubigny ; Lavenarde ; Christian Cherfils, A. Prat, député, etc... À la suite de ces réunions, un Comité fut constitué, dont la présidence fut offerte à M. Ed. Herriot, maire de Lyon, sénateur, et la vice-présidence à MM. Lucien Hubert, sénateur, Bénazet Marin et Prat, députés et A. Brisson, directeur des Annales politiques et littéraires. La Commission interministérielle des Affaires musulmanes, saisie du projet par M. Gout, ayant donné son approbation, et M. Pichon, ancien ministre des Affaires étrangères, son patronage, le projet fut apporté directement à M. Briand, président du Conseil qui approuva» (Paul Bourdarie, «L'Institut musulman et la Mosquée de Paris», La Revue indigène, n° 130-132, octobre-décembre 1919).

Autre erreur. Mohammed Telhine reprend, en citant Sadek Sellam, l'affirmation selon laquelle Simone Veil (orthographiée Weil…!) aurait été accueillie et protégée par la Mosquée de Paris durant l'Occupation Cela est faux. Je le prouverai prochainement.

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Hamza Boubakeur

le reste du livre

L'ouvrage aborde ensuite quelques aspects de l'administration de la Mosquée de Paris par Hamza Boubakeur, dont il ignore les raisons pour lesquelles il fut nommé à la tête de l'Institut Musulman en 1957. Je le révélerai prochainement également. Puis il se consacre à l'actualité des conflits entre les différentes composantes du paysage associatif musulman en France. Cela relève plus du journalisme que de l'histoire. Mais enfin…, quand on n'a jamais rien lu sur la question on peut y apprendre quelque chose…

Au final, ce livre comporte des connaissances pour celui qui ne comprendrait rien à l'histoire de l'islam en France. Mais le braconnage informatif de Mohammed Telhine n'est pas de bonne moralité intellectuelle.

Michel Renard

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Telhine

 

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26 décembre 2010

services secrets, guerre d'Algérie

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dans le désordre des services secrets

général Maurice FAIVRE

Constantin Melnik, De Gaulle, les Services secrets et l’Algérie, avant-propos d’Olivier Forcade, entretien avec Sébastien Laurent, articles de presse, éd. Nouveau Monde, 2010, 464 pages dont 92 d’entretien et d'articles, 22 €.

D’origine russe, analyste stratégique de l’Union soviétique à la Rand Corporation, Constantin Melnik est appelé en avril 1959 par Michel Debré, en vue de cordonner à son cabinet les affaires de renseignement. Remercié en avril 1962, l’auteur fait un nouveau passage à la Rand, puis publie de 1988 à 2000 des essais et des romans qui se réfèrent à son expérience de Matignon. Il y revient  en 2010.

La réalité n’étant pas toujours facile à déchiffrer dans ses écrits, deux historiens s’efforcent de faire un nouvel inventaire, d’où il ressort que si le renseignement relève de l’art de gouverner, le Premier ministre, chargé de l’action, n’en domine pas tous les rouages et ne réussit pas la centralisation. Le SDECE n’est contrôlé ni par l’exécutif, ni par le législatif.

Quant au général de Gaulle, chargé de la parole, il considère les Services secrets comme des instruments de la violence d’État, vulgaires et subalternes ; son génie médiatique ne l’empêche pas, par ignorance, de commettre des erreurs, telles que des contacts suicidaires dans l’affaire si Salah ; il ne comprenait rien au renseignement moderne (sic). C’est en fait Foccard qui, deus ex machina, oriente l’action contre les trafiquants d’armes et coordonne le renseignement sur l’Afrique.

le rôle de Melnik dans ce désordre

Quel est le rôle de Melnik dans ce désordre ? Au milieu de réflexions stratégiques et  morales, sur les dérapages inacceptables du service Action et des camps d’internement, sur la république bananière des barons du gaullisme, sur la mythologie de la Main rouge, sur le pouvoir qui corrompt, sur les parachutistes exaltés et l’armée mise hors jeu lors des barricades, il révèle un certain nombre d’anecdotes et d’évènements dont il fut témoin : - l’affolement du Cabinet au moment du putsch – les appels de Malraux à bombarder Alger, et de Sanguinetti à flinguer d’abord – les clivages du Cabinet entre libéraux et ultras – l’incompatibilité entre les diplomates et le renseignement – le financement à perte du journal Candide - la restitution d’une cargaison d’armes à la Tunisie - l’aveu de Mourad Oussedik sur le coup mortel porté au FLN par les harkis de Paris - la répression de la manifestation FLN du 17 octobre 1961, acte de guerre ordonnée au plus haut niveau de l’État – la bombe du SDECE qui éclate au quai d’Orsay en janvier 1962. Il évoque également les orientations du plan de recherche gaullien de juillet 1958.

Debre_3Intime collaborateur de Michel Debré (avec lequel il rompt pour épouser sa secrétaire), considéré par certains médias comme un vice-premier ministre ou un Commandant en chef (sic), Melnik apparaît avant tout comme une courroie de transmission entre le Premier ministre, le général Grossin du SDECE et le Préfet Verdier chef de la Sûreté. Ses principales initiatives concernent la centralisation des écoutes (GCR), l’orientation des RG vers les extrémistes de gauche et de droite, la désignation du préfet Hacq pour la mission C, et l’ouverture de négociations confiée à Loquin en novembre 1960.

En fait il ignore que  des contacts ont été établis par Barakrok (1) en septembre 1958, sous le contrôle d’Edmond Michelet. C’est le colonel Mathon qui suit la situation en Algérie. Melnik n’intervient pas dans la mise sur pied de la Force de police auxiliaire et des SAT à Paris, dans les rapports avec la Commission de Sauvegarde des libertés, dans les entretiens de Médéa avec Si Salah, dans l’orientation des Services (CCI et DST) en Algérie.

Intelligent et retors selon Foccard, il semble manquer de discrétion avec le journaliste Jean Cau. Il aurait souhaité que l’on négocie (2) dès 1958 avec le GPRA, et préconise l’engagement de l’armée contre l’OAS à Alger. Il prend pour argent comptant la surestimation des pertes de Sétif, de Madagascar, du 17 octobre 1961, et du total de la guerre d’Algérie.

Enfin il ne fait pas la différence entre la recherche d’un renseignement partiel, assurée par les Services secrets, et la synthèse de toutes les sources qui est confiée au Centre d’exploitation du SGDN, qu’il semble ignorer.

Maurice Faivre
le 29 novembre 2010.

 

 

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Constantin Melnik

 

1) Maurice Faivre. Les archives inédites de la politique algérienne, L’Harmattan, 2000, p.99 et 326.
2) Il proposa aux Américains de négocier avec Ho Chi Minh, solution rejetée par la Rand.

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31 octobre 2008

connaissance de la langue arabe en situation coloniale

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les manuels d’apprentissage de l’arabe

à l’époque coloniale

séminaire de Michaël Chik, Sylvette Larzul

et Alain Messaoudi



séminaire - Histoire de la connaissance de la langue et de la culture arabes
Étude des manuels d’apprentissage de l’arabe à l’époque coloniale
(France et Maghreb, 1800-1960)

Michaël Chik, Sylvette Larzul et Alain Messaoudi

2e vendredi du mois de 15 h à 17 heures
Salle de réunion de l'IISMM 96 Bd Raspail,
du 12 décembre 2008 au 12 juin 2009

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Après la conquête d’Alger en 1830 se manifeste un intérêt sans précédent pour la langue arabe, et les ouvrages destinés à son apprentissage se multiplient, constituant un important corpus qui reste aujourd’hui méconnu. Destinés à un public diversifié (militaires, administrateurs civils, colons, voyageurs, élèves des écoles…), ces ouvrages reflètent des choix différents quant à la langue ciblée (arabe dialectal, arabe littéral, moyen arabe), au contenu véhiculé (littérature contique et sapientiale, actes administratifs authentiques, matériau ethnographique…) et aux méthodes mises en oeuvre (méthodes calquées sur celles de peres_poesie_rectol’apprentissage du latin, méthode directe…). Outre l’examen de ces spécificités, l’accent sera mis, dans une perspective historique, sur le contexte parfois polémique qui sous-tend cette production.

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12 décembre : Les ouvrages en usage dans les écoles arabes-françaises en Algérie (1850-1870)

9  janvier : Les manuels des professeurs de la Bouzaréa ou École Normale d’Alger (dernier tiers du XIXe s. -début du XXe s.)

13 février : L’œuvre de Desparmet (1904-1905) : orientation ethnologique et méthode directe

13 mars : Grammaires et cours d’arabe littéral : la grammaire de Silvestre de Sacy, modèle de référence

29 mai (4e vendredi de mai par exception) : L’enseignement de la littérature : une anthologie des XIXe et XXe siècles par Henri Pérès (1938) (exposé de Yahia Cheikh)

12 juin : Les manuels en usage au Maroc

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Sylvestre de Sacy

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7 avril 2012

une réaction aux émissions relatives à l'anniversaire de mars 1962 (Michel Lagrot)

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Les bombardements du cinquantenaire

le point de vue de Michel LAGROT

 

C’était prévu ! Après cinquante ans écoulés, l’offensive des media contre l’histoire de l’Algérie française est déclenchée, pour autant qu’elle ait jamais cessé…. Mais cette fois, c’est le carpet  bombing qui est activé ! Sans même parler de la presse écrite et de ses intérêts subits pour les évènements de 1962, belle occasion de vendre du papier aux «rapatriés» (sans trop se mouiller, et avec des collaborateurs triés sur le volet de la correction politique), on a eu droit à la douteuse sollicitude de la TV et des multiples stations de radio. Impossible d’analyser toutes ces productions, il y faudrait un volume…

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Les hostilités étaient ouvertes, après quelques préparations d’artillerie sur France Culture, par un film qui mérite l’examen, produit par France 2 : «La Déchirure», avec l’inévitable Benjamin Stora. La méthode, pour être classique, n’en est pas moins intéressante à étudier : le film s’ouvre sur une image de propagande tournée par le FLN, pure fiction mais présentée implicitement comme un reportage, équivoque savamment utilisée dans tout le film ; belle illustration de la formule du «documentaire fiction», immortelle invention de la chaîne ARTE quelques années auparavant à l’occasion justement de l’anniversaire de mai 45 à Sétif.

Le pseudo document n’est pas choisi au hasard : il s’agit du déraillement d’un train saboté par de vaillants djoundi du FLN, et l’on voit tout de suite à quoi ces images renvoient dans l’esprit du Français moyen….d’autres séquences suivront, comme par exemple cette scène, déjà présentée deux fois par la TV sous des dates et des lieux différents ( ! ), montrant un soldat abattant un indigène devant sa khaïma : le général Faivre rappelait récemment qu’il s’agit d’un montage de la Fox Movietone fait pour les besoins d’un article de presse..

Le mensonge est rarement «frontal» : il réside essentiellement dans le déplacement sémantique des mots, dans l’approximation ou l’ambivalence des affirmations, sans parler de l’omission, savamment  utilisée.

Cependant certaines affirmations sont carrément fausses, comme le récit des émeutes de Sétif en 1945, par ailleurs inépuisable source de contre vérités : Stora raconte que le commissaire de police de Sétif a tué le porte drapeau du MTLD et en fait l’origine du carnage… en fait, on sait que le commissaire a tiré en l’air et que les meurtres d’Européens avaient commencé 3 heures avant la manifestation.

Le drame du 26 mars 1962  rue d’Isly est présenté comme un «affrontement avec les gendarmes»… alors qu’une foule totalement désarmée a été fusillée par des tirailleurs musulmans, sans sommations.

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26 mars 1962, rue d'Isly à Alger : vicimes "européennes"

Il n’y a eu ni affrontements ni gendarmes, et le bilan affiché, systématiquement minoré dans toutes les émissions, est le bilan «officiel» auquel il est bien commode de se tenir. Pas un mot sur le scandale des inhumations quasi clandestines imposées par le pouvoir, ni surtout sur le fait que la manifestation visait à secourir Bab el Oued : ce quartier français assiégé par l’armée française, cet épisode unique de l’histoire de France, n’intéresse pas nos curieux historiens !

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Alain Juppé

Pourtant le rapprochement avec l’actualité s’impose : El Assad écrasant Homs avec ses chars et ses canons ne fait pas pire et lui, au moins, n’a pas fait intervenir l’aviation comme il fut fait par notre armée de l’air. Sur ce genre d’épisode, rappelons au passage le propos d’Alain Juppé, ministre gaulliste, à propos de la Libye : «un gouvernement qui tire sur ses citoyens n’a pas le droit d’exister»… amnésie ?

Les images d’opérations aériennes contre le FLN sont commentées par la mention que l’armée a employé le napalm «dont l’usage est condamné par une convention internationale».

Or, l’armée a très peu employé cette arme dont l’efficacité était très médiocre dans le genre d’opération qui était menée ; de plus la convention internationale citée date de 1980, donc très postérieure à la guerre d’Algérie ; enfin elle condamne son emploi contre les civils seulement, ce qui l’exclut du débat puisque l’Armée n’en a usé que dans les combats… un bel exemple de mensonge par approximation.

De même une allusion, en passant, à des milices européennes en 1961, qui n’ont jamais existé. Et, bien sur, l’occultation presque totale des massacres d’Oran présentés comme une sorte d’épilogue inévitable, non sans insinuer que l’origine pourrait bien être un tir revanchard de l’OAS. Ah, l’OAS ! si elle n’avait pas existé, ces historiens l’auraient inventée… c’est évidemment de sa faute si les Pieds noirs ont été contraints à l’exode… Stora ne l’exprime pas exactement de cette façon mais…

Le débat d’après film était ce qu’on pouvait attendre, un jeu d’acteurs caricatural dans lequel des comparses bien choisis ne débordaient jamais du politiquement corrects. Jusqu’à faire parler une victime du terrorisme FLN ; belle initiative, sauf que la victime en question est devenue anti-colonialiste et d’extrême gauche : avec elle, pas de mauvaise surprise.

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rue d'Isly, 26 mars 1962

Autre belle figure de témoin, un curé hirsute à la pensée aussi cloutée que son blouson, qui bien sur a vu la torture, milité contre elle etc. etc… refrain connu. Quant au seul historien qui avait vraiment des révélations à faire, Jean-Jacques Jordi, auteur du livre récent sur les disparus, (voir aussi le compte-rendu de Roger Vétillard) (et encore ceux du général Faivre et d'Arnaud Folch), il n’en a pas dit un mot : un homme qui avait une grenade dans la poche et ne l’a pas dégoupillée… ce seul trait en dit long sur le terrorisme intellectuel régnant sur le monde médiatique. Ne manquons pas de noter que cette émission était présentée comme une nouveauté, des inédits… mensonges ! comme étaient mensongers ou erronés presque tous les chiffres et même les dates cités.

Autre film sur ARTE, sur les «rapatriés» cette fois, intitulé justement : «Algérie, notre histoire»  Rebelote avec Benjamin Stora, plus pontifiant que jamais mais moins partial… il a eu au moins le mérite de mettre les choses au point en se défendant d’être pied-noir : ce n’est pas nous qui le disons !

Notons une saisissante interview du général Challe, réalisée peu après sa sortie de prison, et censurée à l’époque, jamais produite à la TV. Tiens, il y avait donc une censure sur les media ? On en apprend de belles ! L’ensemble des commentaires ressort de la même contorsion dialectique que le film de France 2 : ainsi l’assassinat de Raymond, le populaire chanteur juif de Constantine, est longuement décrit mais en laissant le doute sur ses auteurs, OAS ou FLN : alors que, sur place, personne n’a douté un instant de la culpabilité du FLN, et d’ailleurs quel intérêt l’OAS aurait elle eu à l’exécuter ?

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putsch des généraux, avril 1961

Le putsch des généraux est raconté avec une certaine honnêteté, chose rare : au moins les mobiles en sont ils clairs. Mais, bien sur, l’OAS est fustigée, et surtout on a droit à l’insupportable paradigme d’après lequel les Français d’Algérie étaient pris «entre l’OAS et le FLN»….

Jusqu’à présenter l’interview d’un bon Pied-Noir de base exprimant à l’époque quelques vérités banales sur l’insécurité du moment et filmé en contre jour «par crainte de l’OAS» ! Jamais n’est décrite la situation pourtant bien claire de l’année 1962 où la population française d’Algérie était prise entre les deux ennemis également féroces qu’étaient le FLN et le gouvernement gaulliste.

Une séquence filmée montre des cadavres sur le trottoir de la rue Michelet à Alger, attribuant ces morts à l’OAS…

Il est fort douteux que les morts européens de ce quartier européen aient été descendus par d’autres que les tueurs FLN, mais le commentateur a fait son choix… de la même façon que pas un seul «documentaire» ne manque d’évoquer les femmes de ménage abattues dans la rue, sans jamais mentionner que le FLN (il s’en vante aujourd’hui) envoyait des terroristes déguisés en femme, ou que les haïks des mauresques servaient à dissimuler des armes.

Inutile dire que la tuerie de la rue d’Isly le 26 mars 1962 est décrite dans la plus pure convention : le tir de provocation depuis les toits, alibi du pouvoir gaulliste depuis la première heure, est vérité biblique, malgré les témoignages ; le chiffre des morts minimisé, l’escamotage des funérailles par les autorités, l’absence d’enquête sérieuse, le mépris à l’encontre des victimes, tous les éléments de ce qui est un drame majeur de l’Histoire de France sont passées sous silence : affaire courante... comme l’est le massacre d’Oran, dont les très rares images sont également passées à la trappe, avec un bref commentaire sur l’inertie de l’Armée devant la tuerie.

Evoquons au passage un autre long film avec débat sur une chaîne TV : même schéma, même partialité, mêmes participants choisis avec soin pour leur conformisme. Tout dérapage était jugulé d’avance, et d’ailleurs aucune de ces émissions n’était produite en direct. Pas fous…

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"Troufions"

L’émission «Troufions» de France 2 (à nouveau) relatait les souvenirs très arrangés d’appelés en Algérie. Étaient ils prématurément frappés d’Alzheimer ? on avait en tous cas l’impression qu’ils répétaient tous une leçon convenue et bien apprise, sur les horreurs de la guerre, toutes imputées à l’Armée dont ils faisaient partie.

Ironisant sur la pacification, ils ignorent tous les SAS, qui pourtant ont eu tellement d’importance, jamais vu les médecins ou les enseignants, mais tous ont vu, de leurs yeux vu, la torture, bien sur… pourtant les égorgés du FLN, les mutilés par les bombes, ceux là ont inexplicablement échappé à leur regard ! Le vocabulaire même de leurs témoignages sentait la leçon, comme l’appellation de «soldats» pour les fellagha, que personne n’a jamais nommés ainsi sur place, et pour cause.

Passons sur le fait que cette guérilla, dont la plupart des vrais acteurs étaient des engagés, est constamment décrite comme Verdun : on est ancien combattant ou on ne l’est pas ! Pas de dérapage là non plus : défenseurs de l’Algérie française, au placard….

Un seul documentaire point trop orienté, celui de LCP présentant des photographies de l’époque, où l’on revoyait avec émotion les saisissantes images de Marc Flament…

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La bataille d'Alger, film de Pontecorvo

Mais notons enfin que toutes les chaînes ont ressorti des films des années passées sur notre sujet, films qui tous sans exception étaient anti-colonialistes, anti-militaristes et anti-français, jusqu’à nous ressortir le navet de Pontecorvo, «La bataille d’Alger», qui piétine si caricaturalement la vérité historique ; qu’importe cette vérité ! lorsqu’on demande à ces mêmes chaînes la projection du très récent «la valise ou le cercueil», on n’obtient qu’un refus méprisant dont ARTE donne la clef : «ce film n’entre pas dans notre ligne éditoriale». C’est clair !

La radio n’était pas en reste, avec le matraquage quotidien de toutes les grandes stations pendant au moins une semaine. Ne parlons pas de France Culture, qui avait pris de l’avance depuis des mois, avec une suite d’émissions où les grandes voix des Franz Fanon, Manceron et autres enragés de l’anticolonialisme donnaient le ton, à l’exclusion absolue des mal pensants qui auraient pu contester les accords d’Évian ou le sac de Bab el-Oued.

Là ce sont principalement les gloires du FLN qui ont la parole, justifiant l’égorgement des enfants ou la mutilation des fumeurs par les arguments que leur ont glissés nos honnêtes défenseurs des Droits de l’Homme .

Le cas de France Inter mérite d’être étudié en détail : une série d’émissions de la série «La marche de l’Histoire» est consacrée quotidiennement à notre sujet, avec la géniale trouvaille d’un  document «à deux voix», comprenez les deux parties, «algérienne» et française : en fait on a droit à un dialogue de compères, l’un FLN estampillé, l’autre «historien» d’extrême gauche, cette imposture culminant lors de la dernière émission où les deux voix tenaient en une seule… puisque l’invité avait la double nationalité !!

Le menu était donc prévisible : un pseudo historien algérien chiffre la population du pays en 1830 à 3 millions d’habitants, le double du chiffre le plus vraisemblable, ce qui permet ensuite, en produisant les premiers recensements, d’attribuer aux Français la baisse de population supposée: leur volonté d’extermination est présentée comme évidente, et d’ailleurs les calamités agricoles et naturelles de 1868 sont expressément imputées à la France… dont les colons ont pourtant autant souffert que les indigènes.

On a droit aussi au refrain usuel sur la spoliation des terres par les Français, sans jamais donner les chiffres montrant que 80% des terres cultivables de 1930, déjà, étaient propriétés des indigènes ; l’enseignement «réservé aux Français», sans chiffres, bien sur, mais surtout sans dire la résistance des ouléma interdisant aux musulmans l’école française, ni leur opposition à la scolarisation des filles, amorcée seulement après 1945...

L’inusable procès à la France censée créer des citoyens de seconde zone, sans exposer honnêtement le système juridique au terme duquel n’importe quel musulman algérien pouvait devenir citoyen français sur sa demande, en renonçant à son statut coranique. Statut coranique que, de nos jours, les extrémistes islamiques réclament en France même !

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On apprend aussi que les massacres du 5 juillet à Oran «n’ont pas de cause connue»… Des recherches incontestées nous montrent pourtant que les rivalités internes des factions du FLN ont délibérément provoqué ces tueries d’Européens et que, par ailleurs, les dirigeants de ce même FLN voulaient à tout prix éliminer ces mêmes Européens de l’Algérie nouvelle ; opération réussie, mais personne ne parle, dans ce cas, de crime contre l’humanité ni de génocide.

Une émission a été consacrée à la part diplomatique du conflit, malheureusement limitée à la période 1954/1962 : il eut été plus intéressant de l’ouvrir à la Deuxième Guerre mondiale et aux déclarations de F. Roosevelt faisant, en 1943, de la liquidation de l’Empire français (entre autres) un de ses buts de guerre ; à la stratégie de Lénine déclarant dès 1920 que la conquête de la France par les soviets se ferait en la contournant par l’Afrique ; aux appels au meurtre de mai 1945 par le grand muphti de Jérusalem… aux appuis internationaux de la totalité du Tiers-monde uni à la fameuse conférence de Bandoeng...

Bref, on comprend qu’il s’agit de préserver la légende suivant laquelle la France a fait face à une rébellion légitime causée par la gestion insuffisamment démocratique de sa colonie algérienne, sans que l’étranger soit en cause.

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un médecin français dans une SAS (section administrative spécialisée)

On pourra juger du sérieux de ces émissions en notant que le présentateur parle des SAS sans même en connaître le sens : il les nomme «sections administratives spéciales» au lieu de «spécialisées», ce qui est très différent… «spéciales» ayant un parfum de «services» bien connoté.

Évidemment il est convenu que les Harkis n’étaient pas contre l’indépendance mais… faudrait il rappeler à ces journalistes, qui n’ont évidemment jamais rencontré un harki, que cette notion d’indépendance n’était, pour ces montagnards, qu’une abstraction incompréhensible ?

Dans la même émission, relation d’un livre de fiction, La citerne, décrivant l’aventure d’un officier SAS tortionnaire, un Pied-Noir évidemment, auteur de meurtres dans le cadre de ses fonctions…

Il est presque inutile de récuser d’aussi extravagantes inventions, mais l’ambiguïté est savamment distillée sur la réalité des faits. Les bobards et chiffres fantaisistes sur les villages de regroupement sont présentés avec componction, mais personne ne saura que presque tous ces villages furent crées à la demande des paysans, qu’ils étaient tous sous assistance médicale, et qu’à l’indépendance presque aucun de leurs habitants ne les quitta, au point que le FLN s’empressa de les revendiquer comme «villages socialistes»…

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"village socialiste" en Algérie

La tarte à la crème de la torture est reprise en long et en large, avec références bibliographiques, celle de Henri Alleg entre autres, lequel n’a jamais été torturé, comme en a témoigné le médecin légiste Michaux, mais a lancé la stratégie de dénonciation communiste, puis FLN, enjoignant à tous leurs militants prisonniers de déclarer systématiquement qu’ils l’avaient été…  avec le succès médiatique et politique que l’on sait. La violence des supplices subis par la population française d’Algérie de toutes confessions n’est pas tout à fait niée, mais habilement légitimée : il y a des bonnes et des mauvaises tortures !

Au plan politique, on refait le monde avec sévérité : un invité de l’émission voit dans la décision de Guy Mollet confiant les pleins pouvoirs à Massu à Alger une preuve de faiblesse : comme si la position du politique dans n’importe quelle guerre n’était justement celle là…

Il faudrait des pages encore pour dénoncer les contre vérités dans ces émissions… Notons encore que même France Musique s’y est mise : le 19 mars au matin, son émission matinale s’ouvrait avec Benjamin Stora (quelle surprise…) déclarant, sans doute mal réveillé, «c’est aujourd’hui l’anniversaire de l’indépendance de l‘Algérie !» puis affirmant négligemment que les Français d’Algérie n’ont jamais eu de culture spécifique...

Le flot de littérature, d’œuvres d’art, de créations techniques, de découvertes scientifiques, issu de la province algérienne de la France n’a-t-il jamais été, ou peut il être rayé de l’Histoire par le cerveau fragile d’un universitaire dévoyé ? C’est la question que la journaliste n’a pas posée.

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le jeune radio amateur FA3OA,
Michel Lagrot lui-même, vers 1960

Portons toutefois au crédit de cette chaîne radio le seul rayon de soleil sur ces turpitudes, une émission bien documentée sur Radio Alger d’avant 1962. Parmi des enregistrements émouvants de l’époque, quelques commentaires honnêtes et des propos élogieux sur la qualité de son orchestre symphonique, le meilleur des orchestres de province ; quelques réminiscences également de son excellente troupe théâtrale, et des meilleurs solistes régulièrement invités, témoignage de l’intense vie intellectuelle et artistique de la capitale algéroise.

Le carpet bombing de la désinformation n’est évidemment pas terminé et nous n’avons parcouru ici que le monde audio visuel. Pour le reste, la poubelle continue de se déverser sur nos têtes. Dans ce flot de débats et de documents, une constante remarquable, l’absence à peu près totale des Français d’Algérie, les seuls qui n’ont pas le droit à la parole, jamais invités dans les débats (sauf exception pour des invités muets ou acquis au politiquement correct ), présents seulement dans les reportages d’époque, sous forme d’excités analphabètes ou de victimes «de tous bords» .

Il est tout à fait significatif, par exemple, de ne jamais entendre un ancien de l’OAS, alors que l’organisation est mise en cause dans chaque émission – à l’exception de José Castano, interviewé seulement en tant que candidat aux élections-, significatif aussi que jamais le problème, pourtant capital, de l’après exode pour les «rapatriés», ne soit sérieusement évoqué ; de même d’ailleurs que le sort de l’Algérie indépendante. Le désastre de la décolonisation est un thème tabou !

S’il ne fallait qu’une démonstration de la partialité des media, comparons deux anniversaires : le 17 octobre celui d’une manifestation à Paris, fomentée par le FLN, ouvertement anti-française, réprimée par une police qui avait eu 23 morts dans ses rangs, manif qui fit une vingtaine de morts, au plus, en dépit des propagandistes de gauche qui en inventent «des centaines»…  Anniversaire qui fait la une de tous les media, commentaires horrifiés à chaque ligne.

Le 26 mars, massacre à Alger, par l’armée française, d’une foule française manifestant pour la France ; un événement inouï, sans précédent depuis la Commune de 1870, unique dans notre histoire par le fait que la manifestation, à l’inverse de la Commune, était entièrement pacifique : au moins 80 morts et 200 blessés. Anniversaire ignoré, pas un seul media audio visuel ne l’a seulement évoqué !

Quant au peuple pied-noir, à qui on reconnaît du bout des lèvres le statut de victime, il n’est mentionné qu’en passant, et rayé de l’histoire pour solde de tout compte : des Français des catacombes…

Michel Lagrot
3 avril 2012

 

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6 avril 2012

fabrique de crin végétal au Maroc (Oujda) - recherche

Maroc crin végétalcliquer sur l'image pour l'agrandir

 

 

Oujda, fabrique de crin végétal

Driss LOUARADI

 

Bonjour,
je suis à la recherche de témoignages concernant l'industrie de crin végétal dans la région d'Oujda (Oriental marocain).
Un musée dédié au patrimoine naturel, culturel, industriel de la ville d'Ahfir (ex Martimprey du Kiss) sera bientôt créé.
Merci de diffuser l'information.
Bien à vous

Driss Louaradi
Président de Sciences & Développement
Rabat, Maroc

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le palmier nain, source du crin végétal

Le Palmier nain (nom français), Chamaerops humilis (nom scientifique), le Doume (nom vulgaire), el Âazaf (nom jebli, Rif occidental), Tigazdan (nom amazigh)
Il appartient à la famille des palmacées, Ordre des Palmales ainsi qu'il est monocotylédone.

C'est un palmier à tronc ordinairement peu élevé, ne dépassant pas 10 m, produisant à la base de nombreux rejetons, restant le plus souvent trés court, formant alors, de larges touffes compactes ; feuilles à pétiole muni d'épine sur ses marges, à limbe en éventail ; spadices dressés, courts, entourés à leur base de 2 spathes plus ou moins soudées à la base ; fleurs mâles jaunes, femelles vertes, hermaphrodites jaunes-verdâtres ;  baies solitaires, rarement géminées ou ou ternées, jaunes rougeâtre à rouge brun son nom vulgaire est ''Alghaz''.

On le trouve dans les forêts claires, matorral des plaines et des basses montagnes dans les régions bien arrosées et semi-arides sur des sols profonds, argileux en général ; dans le Nord, le Centre, l'Ouest, le Moyen Atlas, Gaâda de Debdou, Horst de l'Oriental, le Grand Atlas et l'Anti Atlas ; depuis le semi-aride au perhumide, à variante chaude à fraiche ; et de l'étage bioclimatique inframéditerannéen jusqu'au mésoméditerannéen.
cordialement à ceux qui s'intéressent à la biodiversité au Maroc.

Votre ami fidèle Izm le forestier (source)

 

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source

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le crin végétal : une histoire ancienne

«Un jour, après un déjeuner en famille sur l’herbe, et à la faveur d’une sieste générale, un agriculteur eut, par curiosité, l’idée de voir comment était faite une feuille de doum, palme du palmier nain qu’il avait à portée de main. Avec une épingle à cheveux qu’il retira de sa femme endormie, il effilocha cette feuille et se rendit compte qu’elle était faite de longues fibres unies l’une à l’autre par de la chlorophylle. L’idée de la fibre végétale était née.»

Fréquemment en traversant les campagnes de longs bâtiments à l’abandon attirent le regard. La plupart sont d’anciennes usines de l’époque coloniale qui fonctionnèrent jusque dans les années 1970, tout comme dans le quartier industriel de la ville d’Essaouira où d’anciennes entreprises très florissantes de la première moitié du XXe siècle sont maintenant en friches.

Du côté d’El Hanchane, quelques centaines de mètres plus loin sur la route de Meskala, une maison à colonne intrigue sur le bord de la route quasi complètement cachée par des eucalyptus. Aux alentours de multiples bâtiments en ruine. Il s’agit de l’une des usines de crin végétal de la compagnie Nord Africaine qui en possédait une petite dizaine au Maroc réparties du Nord au Sud du pays, dont trois dans la région à Imintlit, du côté de Talmest et à Douar Arbalou sur la commune d’ El Hanchane. Celle ci fut opérationnelle dès 1920 et périclita en 1970, le crin végétal sera abandonné au profit des fibres synthétiques et de la mousse.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle les sièges, les fauteuils, étaient rembourrés de crin animal tiré de la crinière et de la queue des chevaux, et les matelas avec de la laine ce qui les rendaient extrêmement coûteux. Avec l’arrivée de l’industrie automobile au XIXe siècle, il devient nécessaire de trouver un produit de substitution au crin animal et à la laine. Abondant dans les pays du Maghreb, le «doum» ou palmier nain (chamaerops humilis) va remplir cette fonction. Cette plante croit spontanément tout autour du bassin méditerranéen, sorte de buisson ramifié, aux souches parfois centenaires en Afrique du nord qui se constitue en fourrés bas et impénétrables.

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L’usine abandonnée, une famille y reste vivre. Le grand-père, le père M’Bark et le fils Omar y travaillèrent et en sont maintenant les gardiens de la mémoire. La famille d’Omar vit sur place dans la grande maison, anciennement celle du directeur de l’usine, attenante aux ateliers de mécanique aujourd’hui occupés par des montagnes de sacs de noix d’argan ou autres produits selon la saison.

Un jardin a survécu peuplé d’orangers, de mandariniers, de citronniers et d’un gigantesque figuier. Le grand réservoir qui assurait l’arrosage du jardin, ou faisait office de piscine en cas de grosse chaleur pour les enfants, témoigne de la richesse passée du lieu.

Omar est né ici, dans une petite maison entourée d’eucalyptus sur le site de l’usine. D’anciennes écuries et porcheries, en ruine également, jouxtent un côté du jardin et l’usine s’étire à l’autre bout, immenses ateliers pavés, vestiges épars, en partie occupés par les chèvres de la famille.

Le matériel a disparu mais Omar et M’Bark nous racontent l’usine, la font vivre. Ici était un moteur anglais de 50 CV, ici l’atelier de filature, là encore celui d’emballage pour les ballots qui partaient par bateau d’Essaouira ou de Casablanca destinés à l’étranger essentiellement à l’Europe.La nostalgie est grande mais la fierté aussi quand ils évoquent les bassins dans lesquels parfois le crin était teinté pour une demande spéciale du palais royal.

La maison et l’usine furent équipées en électricité avant l’heure avec une grosse dynamo, indispensable pour les poulies de filature! Un moteur hydraulique complétait le tout. Une cinquantaine d’ouvriers y travaillaient, les femmes les relayèrent pendant la guerre et le mazout et le charbon de bois qui venaient de France remplacèrent l’électricité. Omar nous explique qu’ici fut installé, devant le grand bâtiment, le premier moulin à farine de la région. Ce moulin fonctionnait jour et nuit et les femmes qui y travaillaient se donnaient du courage en chantant, imaginant des refrains avec le nom du patron. Omar nous les chante, riant comme un enfant !

Différentes étapes étaient nécessaires pour conditionner la plante afin qu’elle devienne crin, ficelle ou corde. Ici elle était essentiellement destinée au rembourrage. Le ramassage, l’effilochage qui avec le peignage produisait la fibre dans un premier temps ; une cardeuse, assurait parallèlement le nettoyage de la fibre afin d’éviter tout déchet qui aurait nuit à la qualité du crin. Les femmes étendaient ensuite la filasse sur une aire, la secouaient, pour l’aérer et la sécher avant de la rentrer dans l’atelier de filature. Le produit obtenu était rêche

Par mesure de sécurité, cet atelier était séparé de la fabrication de la fibre afin d’éviter tout risque d’incendie, car la filasse était très sèche. C’était un hangar d’environ 20 m de large sur 60 m de long, avec des fileuses où des poulies s’enchevêtraient dans un savant jeu technique et d’où sortaient, après diverses manipulations, des cordes que l’on mettait en balles de 80 Kg pour être livrées à la commercialisation et à l’exportation.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée française s’équipa de filets de camouflage tissés en crin, fabriqués dans les usines marocaines.

Au vu du regain d’intérêt pour les produits naturels, le crin végétal a le vent en poupe dans le monde entier, particulièrement dans les pays européens. Dans les campagnes certains continuent d’utiliser le «doum» mais de manière très artisanale. Peut être ce siècle verra-t-il un renouveau de ces usines qui, en leur temps, contribuèrent à la richesse du pays ?

source

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recherche documentaire : Michel Renard

 

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28 mai 2012

l'histoire n'est pas une monnaie d'échange entre États

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François Hollande

et les "crimes coloniaux en Algérie"

 

Le nouveau président français François Hollande compte marquer le 50e anniversaire de l’indépendance algérienne et de la fin de la guerre d’Algérie par une décision sans précédent : reconnaître les crimes coloniaux en Algérie. "Il faut que la vérité soit dite. Reconnaître ce qui s’est produit.", écrit M. Hollande, alors candidat aux élections présidentielles françaises, dans une lettre datée du 26 mars 2012 et dont le Matindz [journal algérien] obtenu copie. Il y reconnaît implicitement les massacres perpétrés lors des manifestations du 8 mai 45 à Sétif, qu’il qualifie de "répressions sanglantes en réponse aux émeutes survenues dans le département de Constantine", ainsi que la tuerie du 17 octobre 1961 qui a frappé notre émigration.

À propos de ce dernier événement, le nouveau président français rappelle : "Vous vous souvenez peut-être qu’en hommage aux Algériens morts lors de la manifestation du 17 octobre 1961, j’ai déposé une gerbe, le 17 octobre 2011, au pont de Clichy, où des Algériens furent jetés à la Seine, il y a cinquante ans, par des policiers, placés sous les ordres de Maurice Papon, préfet de police. Au cours de cette commémoration, j’ai tenu à témoigner ma solidarité aux enfants et petits-enfants des familles endeuillées par ce drame." "Il faut que la vérité soit dite. Reconnaître ce qui s’est produit. Ce jour-là, j’ai agi en tant que socialiste. À l’avenir, ce sera sans doute à la République de le faire.”

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source

http://www.algerie360.com/algerie/francois-hollande-sengage-a-reconnaitre-les-crimes-coloniaux-du-8-mai-45-et-du-17-octobre-61/

 

 

il faut que TOUTE la vérité soit dite...

Michel RENARD

 

Avant de reconnaître, peut-être faudrait-il connaître ? "Mon souhait, si je suis élu, est d'apaiser et de normaliser les relations entre la France et l’Algérie" proclame François Hollande. Bien. Mais il ne s'agit que de diplomatie, de relations politiques et commerciales.

Que vient faire l'histoire là-dedans ? Le passé, ce sont les autorités algériennes qui en ont fait un boomerang politique sans cesse lancé contre "la France". Pour quelles raisons ?

 

légitimité fictive du pouvoir algérien

Parce que le bilan de l'Algérie indépendante est désastreux. Économie, société, patrimoine, culture…, c'est la faillite. Corruption, prévarication, détournements des fonds du pétrole et du gaz. Le pouvoir est confisqué par une machinerie à structure militaire depuis cinquante ans. Jamais il n'a eu de compte à rendre. Les révoltes, contestations, remises en cause ont toujours été jugulées par la force. Pas par la démocratie. Sa seule "légitimité" est une fiction historique : avoir été les héritiers de ceux qui de tout temps ont victorieusement résisté à l'envahisseur français. Il faut sans cesse en rajouter plus le temps passe.

Alors, on parle de déculturation, de crimes, de massacres, de génocide… Oui, la violence fit partie du rapport colonial mais on ne peut le réduire à cela. Jacques Marseille et Daniel Lefeuvre ont montré qu'il n'y avait pas eu "pillage" colonial et que le bilan de la présence française n'était vraiment pas un argument pour expliquer la déliquescence actuelle. Je vais retrouver la source de cette remarque d'un ministre syrien en visite à Alger en 1963 et qui, lucidement, lança aux dirigeants de l'Algérie indépendante : "encore un an ou deux et la France faisait de vous un pays développé"…

 

pas de génocide

Benjamin Stora a nié toute référence à un génocide : "Il n'y a pas trace dans les archives d'une planification, d'une anticipation de la destruction de la population indigène. Le système colonial est fondé sur la conquête, la dépossession foncière, mais pas sur l'extermination des populations" (http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2008/05/27/9337858.html)

Comme le dit Mohammed Harbi : "La colonisation a été ambivalente dans ses effets. D'un côté, elle a détruit le vieux monde, au détriment de l'équilibre social et culturel et de la dignité des populations. D'un autre coté, elle a été à l'origine des acquis qui ont créé la modernité algérienne. (...) On peut même dire, sans risque de se tromper, que la colonisation a été le cadre d'une initiation à ce qui est une société civile, même si cet apprentissage s'est fait malgré elle et s'est heurté à une culture coloniale, d'essence raciste" (L'Algérie et son destin. Croyants ou citoyens, Arcantère, 1992, p. 26-27).
Si nous ne partageons pas, dans sa généralité, l'expression "culture coloniale d'essence raciste", il faut reconnaître les modalités contradictoires de la présence coloniale. Et ne pas la réduire aux "crimes coloniaux".

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la vérité historique... au-delà des idéologies

Ces derniers temps, des investigations historiennes scrupuleuses, jamais démenties, ont montré que le leitmotiv anti-colonial, qu'il provienne des autorités algériennes, de la sphère médiatique française ou des lobbies "anti-racistes", n'avait que peu de rapport avec la vérité historique.

9782360130955

Il faut lire les ouvrages solidement référencés de Roger Vétillard, Sétif, Guelma, mai 1945, massacres en Algérie, ou encore le tout récent 20 août 1955 dans le nord-constantinois. Un tournant dans la guerre d'Algérie ? pour comprendre qu'il n'y a pas d'un côté les victimes et de l'autre les bourreaux dans un dualisme du Bien et du Mal.

Il faut lire le livre le livre de Jean-Jacques Jordi, Un silence d'État. Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie, pour découvrir qu'il y eut une "barbarie" algérienne jusqu'au dernier moment. Il faut lire les enquêtes de Jean-Pierre Lledo, Algérie, histoires à ne pas dire…, pour reconnaître que la "guerre de libération" fut également une guerre d'épuration.

 9783932711312FS

Il faut lire le livre de Jean-Paul Brunet pour se rendre compte que le 17 octobre 1961 ne fut pas le massacre proclamé (ce que j'ai longtemps cru moi-même…), Police contre FLN. Le drame d'octobre 1961, Flammarion, Paris, 1999. Et d'autres encore… Gilbert Meynier, Guy Pervillé, le général Maurice Faivre, Diane Sambron, des thèses universitaires passées sous silence parce qu'elles n'avalisent pas le catéchisme "anti-colonial"…

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il n'appartient pas aux politiques de jouer avec la vérité historique

Le nouveau président de la République n'a pas à "reconnaître" les "crimes coloniaux", sauf à passer sous les fourches caudines de Brennus qui humilia ses vaincus dans l'histoire ancienne de Rome. Qu'il laisse les historiens travailler. Qu'il demande aux autorités algériennes la liberté historienne à Alger. Liberté de travailler, de s'informer (il n'y a plus de crédit d'achat dans les bibliothèques universitaires…) et de publier.

La France en Algérie n'a pas commis que des "crimes". Les Algériens, certes infériorisés politiquement durant la période coloniale, n'ont pas été que des dominés dignes de repentance. Ils furent, pour une partie d'entre eux, des massacreurs.

Comment qualifier les massacres d'El-Halia (août 1955) qui virent les tueurs du FLN lapider des civils, femmes et enfants y compris ? Comment qualifier le massacre de Melouza (1957) qui vit les lames du FLN égorger des centaines de messalistes sans défense ? Comment qualifier les assassinats d'Européens après mars 1962 jusqu'à l'apogée d'Oran le 5 juillet 1962 ? Comment qualifier les décimations de harkis à l'été 1962 ? Sont-ce des crimes contre-coloniaux ?

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C'est le temps plus ou moins long de l'histoire et de la mémoire qui mettra à jour toutes les blessures et leur compréhension (?). Mais on doit leur refuser le statut de monnaie d'échange unilatérale dans les rapports entre États. Il faut que TOUTE la vérité historique soit dite. Et il n'appartient pas aux politiques d'en jouer.

Michel Renard
Études coloniales

 

- voir aussi : une certaine rhétorique algérienne "anticoloniale" (Michel Renard)

 

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23 mai 2012

Yves Courrière

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le décès d'Yves Courrière

journaliste-historien de la guerre d'Algérie

dans les années 1960-1970

 

 

1867Yves Courrière, journaliste, biographe, notamment de Joseph Kessel et Jacques Prévert, écrivain et grand spécialiste de la Guerre d'Algérie est décédé mardi à Paris à l'âge de 76 ans, a annoncé à l'AFP sa fille Caroline.

Grand reporter à la radio à la fin des années 1950, il a notamment travaillé pour Radio Luxembourg, devenue RTL, et animé la première édition des Dossiers de l'Ecran à la télévision.

Yves Courrière, de son nom de naissance, Gérard Bon, avait vu le jour à Paris le 12 octobre 1935.

Au début de sa carrière, il a suivi de nombreux voyages du général de Gaulle en Afrique et couvert des conflits au Moyen-Orient et en Algérie. Ses reportages en Amérique Latine furent récompensés par le Prix Albert-Londres, en 1966.

Il publia La Guerre d'Algérie, quatre tomes édités entre 1968 et 1971, qui firent référence sur ce conflit meurtrier. Il réalise avec Philippe Monnier en 1972 le tout premier documentaire consacré à la guerre d'Algérie.

"Il a donné toute sa vie à l'information, c'était sa ligne de vie", a confié à l'AFP sa fille Caroline.

Plus tôt, couvrant le procès Eichmann à Jerusalem en 1961, Yves Courrière y rencontre Joseph Kessel, qui deviendra son maître à penser en journalisme, selon sa fille unique.

Il en écrivit une épaisse biographie, Sur la piste du lion. Il arrête le journalisme en 1968 pour se consacrer à l'écriture et sortira plusieurs romans et biographies sur des personnalités comme Jacques Prévert, Roger Vailland ou Pierre Lazareff.

Sous le titre Éclats de vie, il avait publié ses mémoires chez Fayard en 2003.

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- les quatre tomes de La guerre d'Algérie d'Yves Courrière

 

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du prétendu "oubli" de la guerre d'Algérie

 

Très intéressante nécrologie d'Yves Courrière écrite par l'inévitable Benjamin Stora dans le Monde d'hier 16 mai 2012). Intéressante par ce qu'elle révèle des contradictions de l'idéologie dominante - dont Stora est une incarnation parfaite - relative à l'oubli dont la société française aurait fait preuve à l'égard de son passé colonial et de la la guerre d'Algérie notamment. De ce prétendu oubli, de cette scotomisation (dirait Lacan), fondés sur le refus d'affronter la pourriture coloniale (Birnbaum), Stora et quelques autres ont fait un élément essentiel de leur "oeuvre" afin, bien sûr, de pouvoir se présenter avantageusement en parangons de la mémoire et de l'histoire outragées.

Or que nous dit Stora dans son article ? Eh bien que les quatre volumes sur la guerre d'Algérie, publiés par Courrière à partir de la fin des années soixante (1968 si mes souvenirs de l'article sont bons), ont rencontré un succès éditorial massif à l'époque et que l'enquête du grand reporter, fondée notamment sur des entretiens avec les principaux protagonistes de cette guerre a ouvert la voie aux historiens et qu'en outre en n'occultant rien des turpitudes des uns et des autres, le pauvre Courrière s'était mis à dos à la fois les soldats perdus de l'OAS, dont certains l'avaient menacé de mort, et les nouvelles autorités algériennes, lesquellles lui avaient interdit tout séjour sur leur sol.

Six ans seulement après la fin de la guerre commencait donc à paraître une enquête monumentale en quatre volumes, vendues à des dizaines de milliers d'exemplaires, ce qui paraît contradictoire avec cette thèse sans cesse rabachée de l'oubli et de la dénégation.

Si je fais appel à mes souvenirs d'enfant, il se trouve que je me rappelle très bien des livres de Courrière - je suppose que certains des titres des volumes m'impressionnaient beaucoup tels Le Temps des léopards ou Les Fils de la Toussaint - parce que mes parents et mes grand-parents paternels (pourtant très "Algérie française") les lisaient. Alors ?

Quel oubli, quelle gangrène ? Je me rappelle aussi qu'à la bibliothèque municipale, on pouvait trouver aussi à la même époque les récits de Massu et Bigeard sur la Bataille d'Alger. Je ne l'ai pas oublié non plus parce que, dans ces livres, certaines photographies de massacres et de supplices infligés (égorgements, amputations du nez) aux musulmans par le FLN m'avaient marqué.

J'ai donc l'impression que contrairement à ce que disent la quasi-totalité des historiens bien pensants, les années 1970 ne furent pas, en France, des années d'oubli mais bien au contraire au contraire un temps béni où un débat contradictoire sur la guerre était encore possible et que c'est bel et bien notre époque qui, du fait d'une histoire inféodée au politiquement correct, organise systématiquement l'oubli et le déni (des abominations du FLN notamment).

Récemment, chez un bouquiniste parisien, j'ai trouvé par hasard le témoignage passionnant du Bachaga Boualem (céki ce mec ?), ancien vice-président de l'Assemblée nationale, et partisan de l'Algérie française, publié aux éditions France-Empire à la fin des années 1960.

J'ai commencé à le lire et l'on y trouve une relation honnête des turpitudes coloniales de la France. Mais ce qui est insupportable pour les idéologues de notre temps, et c'est pourquoi ce livre ne sera jamais réédité, c'est que ces mémoires rendent grâce aussi aux aspects positifs de la colonisation et témoignent d'un attachement inféfectible à la France (je crois même qu' un des fils du Bachaga a épousé la fille d'un des chefs de l'OAS). Tout cela aujourd'hui est oublié, tû, par ceux-la même qui ne cessent de gémir sur le prétendu déni français.

Eh bien non Messieurs, les années 1970 furent un âge d'or en ceci qu'elle permettaient encore une libre expression des différents récits (songeons au débat télévisé incroyable, à l'aune de l'hystérie post-coloniale qui règne aujourd'hui, entre le colonel Trinquier et Saadi à une heure de grande écoute). Rendez-nous France Empire !

Le site du parti de l'In-nocence
source

 

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26 mai 2012

Françoise Vergès

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Françoise Vergès ou le pompon de l'imposture
 
Armada
 
 
C'est une opportuniste nommée, comblée de prébendes et reconduite par Sarkozy le 2 mai 2012 à la tête du CPMHE jusqu’à la fin 2012. Elle n’est pas historienne, elle ne descend pas d’esclaves mais d’esclavagistes pur sucre de la Réunion, la famille Million des Marquets qui avait 121 esclaves en 1848 (voir les liens ci-joint) !
 
Comment tous ces gens "qui prétendent nous représenter" dans ce Comité pour la Mémoire de l'Esclavage (CPMHE), ces représentants "d'associations croupion du système" comme le Collectif Dom, le Comité marche du 23mai, le CRAN, Tchimbéred, SOS Racisme etc...ainsi que ces divers autres individus affamés, prêts à nous vendre pour quelques miettes ont pu croire que la vérité ne finirait pas par émerger un jour de ce fatras d'imposture insupportable ?
 
Le candidat Hollande avait donné beaucoup d'espoir. Le Président Hollande et son premier gouvernement Ayrault ne doivent absolument pas décevoir sur la question de la mémoire de l'esclavage et du colonialisme.
 
Il doit y avoir une rupture avec toutes ces années où le sarkozysme a battu des records en matière de colonialisme décomplexé.
 
Dorénavant, pour les prochaines nominations, les personnalités de l'Outre Mer et du monde noir en général doivent être irréprochables, compétentes et réellement représentatives des idéaux et de l'histoire des luttes des populations de nos régions et pays.
ARMADA
le 22 mai 2012
 
 
 

 

Quand les ascendants de Françoise Vergès

possédaient 121 esclaves

 
 
En introduction à ce post, je reprends un texte que j’ai écrit en mai 2008, mais qui, à bien des égards n’a rien perdu de sa pertinence, comme on va le voir, surtout vu le nouveau rôle qu’on donne à Françoise Vergès. J’espère, bien sûr, que le LKP et Eli Domota ne liront pas ce texte, mais, comme ils boudent les Etats Généraux, de toute façon...
 En ce 10 mai 2008, j’écoutais donc l’éternel Yvan Levaï, que l’insupportable modestie de sa condition de journaliste retraité oblige, à 70 ans,  à faire des piges sur France Inter, tous les samedis, vaticiner sur l’abolition de l’esclavage et citer tous ceux qui, en ce jour, prennent la parole dans cette célébration, d’Edouard Glissant (octogénaire, enfin débarrassé de la pesante ombre de Césaire) à Françoise Vergès.

Sur France-Inter, cette intervention faisait suite à celle de la Gouverneure Générale du Canada, de passage en France pour les célébrations du 8 mai, mais qui profitait de la circonstance pour intervenir, en tant que «descendante d’esclave», puisqu’elle est noire et issue d’une famille haïtienne installée au Canada. La journaliste ; dans son émotion, la présenta en affirmant que son grand-père était esclave, ce qui, dans le cas d’Haïti où l’esclavage a cessé en 1804, me paraît chronologiquement très hardi pour ne pas dire discutable !.

J’ai été plus amusé encore de l’intervention de Françoise Vergès ; elle se présente souvent en tant que spécialiste de l’histoire de l’esclavage (spécialisation récente et qui ne date guère que de l’intérêt médiatique pour ces questions et non sans quelques errances initiales, en particulier dans l’affaire Pétré-Grenouilleau, qui, lui, est un authentique historien de l’esclavage).

Dans les titres multiples dont fait état Françoise Vergès pour justifier ses interventions, tous ne me paraissent pas très solidement établis (comme, par exemple, celui de «professeur d’Histoire à l’Université de Londres»), à la différence d’autres qui, hélas, ne garantissent guère des compétences scientifiques réelles (comme celui de «Vice-présidente du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage»; je crois qu'elle est même depuis devenue présidente, ce qui la suite encore plus drôle).
 
On ne peut guère lui contester, en revanche, la direction culturelle de la Maison des Civilisations et de l’Unité réunionnaise (14.000 euros par mois), dont elle fait état, puisque chacun sait à la Réunion que cette institution réunionnaise a été créée par Paul Vergès, son père, Président du Conseil Régional,  pour lui trouver le poste qu’elle ne parvenait pas à obtenir par d’autres voies.
 
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Elle a, pourtant, pour parler de l’esclavage un titre, dont par modestie sans doute, elle ne fait état nulle part. Loin d’être une descendante, fût-ce lointaine, d’esclaves réunionnais, ce que peut donner à penser sa physionomie quelque peu orientale, la seule véritable ascendance réunionnaise, dont elle puisse se flatter, n’est nullement du côté des esclaves, mais, bien au contraire, des profiteurs métropolitains ou, bien pire encore, des esclavagistes de la Réunion.

En effet, si sa grand-mère était indochinoise (son père est né au Siam en 1925), sa mère est une bonne métropolitaine et surtout son grand-père, Raymond Vergès, né à Saint Denis de la Réunion en 1882 et fondateur de la dynastie politique réunionnaise, avait été élevé surtout par sa grand-mère Marie Hermelinde Million des Marquets, née en 1832 et qui avait épousé, en 1855, un modeste commis de marine métropolitain, Adolphe Vergès.

Ces Million des Marquets possédaient une plantation d’une vingtaine d’hectares, à la Ravine Saint-Jean, à Saint-André, «quartier» où elle résidait par ailleurs. Cette famille de planteurs était dans l’île depuis 1767 et elle se situait plutôt, on le devine déjà, du côté des esclavagistes que des esclaves.

Nous sommes naturellement parfaitement renseignés sur tout cela, en particulier, par les actes établis lors de l’abolition de l’esclavage en 1848 ; s’il avait été moins ignorant, le Parti Communiste Réunionnais de son papa aurait tout à fait pu, sans grand mal, faire disparaître ces papiers des archives locales.
 
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Le trisaïeul de Madame la Vice-Présidente du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage, «experte tranversale» pour les Etats Généraux des DOM, était un propriétaire d’esclaves ; elle se trouve donc être une descendante directe de «békés» réunionnais (même si ce terme est spéfiquement antillais) et même de colons esclavagistes. Elle n’y est naturellement pour rien, mais, dans sa position et vu ses propos, c’est un peu comique !

Ses ancêtres Million des Marquets, pour en finir avec eux, possédaient, selon l’acte établi à Saint-André, en février 1848, «121 esclaves dont 66 créoles, 12 malgaches, 39 mozambiques et 4 indiens ou malais».

Voilà donc une femme que tout désigne pour parler, avec émotion et compétence, des horreurs et des séquelles de l’esclavage et de la colonisation et plus encore pour jouezr les "experts transversaux" dans les Etats généraux des DOM!

De l’avantage pour qui se dit historienne, de ne pas connaître sa propre histoire !

usbek
samedi 9 Mai 2009

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11 mai 2012

La France en Algérie, 1830-1954, par Guy Pervillé

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la France avait-elle une politique algérienne ?

le nouveau livre de Guy Pervillé

 

En attendant une lecture attentive du dernier ouvrage de Guy Pervillé, La France en Algérie, 1830-1954 (Vendémiaire, mars 2012), nous voulons l'annoncer et attirer l'attention sur ce travail.

La France avait-elle une politique algérienne ? L'auteur écrit en introduction : "La réponse de l'histoire à cette première question ne saurait être unique : elle doit être fonction des moments et des situations. Il est clair qu'en lançant l'expédition d'Alger en 1830 la France n'avait aucune politique algérienne définie. Ses gouvernements successifs se laissèrent entraîner dans un engrenage de décisions partielles, dont l'enchaînement créa une somme des faits accomplis difficillement réversibles.
Cependant, la présence française n'aurait pu se maintenir si longtemps en Algérie sans donner un minimum de cohérence à son action. On peut donc juger vraisemblable l'élaboration d'une quasi-politique algérienne de la France. Il convient d'en montrer la logique, en analysant les décisions fondamentales qui l'ont constituée : celle de conquérir militairement toute l'Algérie, de l'annexer politiquement et juridiquement au territoire français, et d'en faire effectivement un prolongement de la métropole par une colonisation de peuplement européen, et par une «politique indigène» tendant vers l'assimilation progressive des vaincus.
Mais il convient aussi d'en montrer l'inadaptation croissante à l'évolution imprévue des réalités algériennes, qui devint flagrante à la fin de la IIIe République. Et plus encore pendant la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle, en février 1943, le Manifeste du Peuple algérien présenté par Ferhat Abbas et la plupart des élus indigènes condamna la politique française de colonisation et de pseudo-assimilation.

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C'est alors que pour la première fois un gouvernement français, le CFLN, siégeant à Alger de 1943 à 1944, décida de réviser la politique algérienne de la France pour prendre de vitesse le nationalisme algérien en plein essor. En décembre 1943, il chargea une commission d'élaborer un ensemble cohérent de mesures politiques, économiques et sociales, tendant à réaliser en vingt ans l'assimilation totale de l'Algérie à la France. Les propositions de cette commission devaient être soumises pour décision au CFLN et à son successeur le GPRF, puis ratifiées par la future Assemblée nationale constituante de la France libérée.

Cette politique de réformes, lorsqu'elle n'est pas totalement oubliée, est le plus souvent identifiée à l'ordonnance du 7 mars 1944, qui avait tenté de satisfaire toutes les revendications de droits politiques soutenues par les musulmans algériens dans les dernières années de la IIIe République, afin de détourner les élites et les masses du Manifeste. Mais l'on a oublié que cette politique se voulait beaucoup plus large." (p.12-13)

Guy Pervillé

 

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le général Catroux, commissaire d'État
chargé des affaires musulmanes

 

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9 mai 2012

La Tunisie moderne et contemporaine au miroir de l'université française

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répertoire scientifique sur l'histoire de la Tunisie

un travail d'Ahmed JDEY

 

Un répertoire des mémoires et des thèses universitaires sur l'histoire de la Tunisie de 1893 à 2010 soutenus devant les universités françaises. Un travail présentant 1387 titres et 9 index.

Le chercheur Ahmed Jdey écrit : "Aujourd'hui, en Tunisie, le paysage universitaire se caractérise par une absence manifeste d'instruments de recherce et de travail d'ordre pédagogique et scientifique comme : les atlas, les dictionaires bio-bibliographiques, les bibliographies, les guides et répertoires de thèses et mémoires, les cartes géographiquesn et ce, dans l'ensemble des disciplines et des champs académiques ; or, ces outils sont indispensables pour l'avancement et l'évolution notoire de la recherche. Nous manquons terriblement de bibliographie générales et spécialisées sur la Tunisie ; ce manque flagrant doit être rattrapé dans et par de bonnes structures universitaires de qualité".

398px-Ahmed_JdeyAhmed Djey

Ahmed Jdey vient de fournir une contribution majeure "à l'état de la question en ce qui concerne la recherche universitaire française portant sur la Tunisie".  Son ouvrage doit figurer dans les bibliothèques universitaires et spécialisées en France.

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ancienne bibliothèque à Salambo (Tunisie)

 

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7 mai 2012

une illustration de la conquête de l'Algérie

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la conquête de l'Algérie : tentative d'illustration

 

Nous publions un lien vers le travail d'artiste de Johannes Sivertsen "visant à proposer une "illustration alternative" de l'Histoire sur internet, en créant des images destinées à google image. Il s'agit en quelque sorte de d'essayer de peindre l'Histoire d'une manière plus juste ou plus sincère, en admettant que cela soit possible. Le but est de faire apparaître ces images dans google image, à coté des reproductions de peintures d'Horace Vernet et des images d'Épinal sur lesquelles l'on tombe en tapant par exemple "conquête de l'Algérie"."

Nous ne partageons pas sa vision de l'histoire coloniale en Algérie. La conquête et la colonisation ne peuvent se recouvrir en totalité. La conquête a, certes, été violente - toute conquête est violente -, mais des deux côtés. Et la colonisation a consisté en autre chose que la conquête.

Cependant ce qui permet de faire réfléchir à l'histoire de la présence française en Algérie mérite d'être mis en valeur et critiqué sereinement :

http://conquete-algerie.blogspot.fr/

Michel Renard

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http://djazair-france.blogspot.fr/2007/12/la-conqute-de-
lalgrie-de-1830-1901.html

 

 

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30 avril 2012

rapatriés et harkis : lettre ouverte à Nicolas Sarkozy

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lettre ouverte au Président de la République

Bernard COLL

 

Monsieur Nicolas SARKOZY

Le 30 avril 2012

Monsieur le Président de la République,

 

Le 14 avril 2012, suite à votre visite au camp de Harkis de Rivesaltes, dans votre allocution à Perpignan pour la remise de la Grand-Croix de la Légion d’Honneur à notre ami le général François MEYER, un juste qui a sauvé ses Harkis en n’acceptant pas d’appliquer les ordres criminels alors imposés par le gouvernement du général De Gaulle à l’armée française, vous avez reconnu la responsabilité de la France dans l’abandon des Harkis après le 19 mars 1962. Cinq ans après à votre engagement solennel du 31 mars 2007 devant plus de 200 représentants de la communauté harkie.

Un abandon qui ne pouvait conduire, comme l’avait démontré le professeur Maurice Allais dans son ouvrage L’Algérie d’Evian (L’Esprit Nouveau, juillet 1962), qu’au génocide de la population pro-française d’Algérie. Un abandon dont la conséquence dramatique avait été annoncée par le général De Gaulle  lui-même dans sa conférence de presse du 23 octobre 1958 : «Quelle hécatombe connaîtrait l’Algérie si  nous étions assez stupides et assez lâches pour l’abandonner».

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Depuis le 25 septembre 2008, onze annonces dans Le Monde et Le Figaro, financées par 42 associations et 1600 donateurs pour un budget de 100.000 euros, vous ont invité régulièrement à tenir votre engagement du 31 mars 2007. Comme nous l’avons aussi été fait lors de toutes les réunions Etat-Rapatriés jusqu’au départ précipité de M. Hubert Falco fin 2010.

S’il vous a fallu cinq années pour honorer votre engagement du 31 mars 2007, c’est parce que cette reconnaissance marque une rupture difficile dans 50 ans d’un «mensonge français» comme l’avait déjà souligné dans son ouvrage en 2003 votre conseiller Georges-Marc Benamou. Vous avez affirmé récemment dans le Figaro du 22 avril : «Tout doit être débattu, sans hypocrisie, sans esquive sans faux-fuyant. Les Français ont le droit à la vérité». Beaucoup de nos compatriotes Harkis et Pieds-noirs doutent encore de votre volonté officielle de « vérité ». Car en 1962 la «France» c’était le général De Gaulle. Pour que votre reconnaissance du 14 avril 2012 soit effective, il faudrait que  «sans hypocrisie, sans esquive et faux-fuyant» vous reconnaissiez le véritable responsable de l’abandon et du massacre des Harkis et de milliers des disparus pieds-noirs et soldats français et que la Nation l’entérine par une loi.

Par sa politique algérienne du 19 mars 1962, le général De Gaulle est responsable d’un crime d’État qui a conduit à un crime contre l’Humanité. C’est ce que nous affirmons, à la suite du professeur Maurice Allais, depuis 1990 dans les médias et récemment encore dans Le Huffington Post. Sans jamais avoir été contredit.

Quatre millions de Français rapatriés et descendants qui vont avoir à s’exprimer dans une semaine vous demandent d’affirmer cette vérité sur la responsabilité du général De Gaulle dans leur abandon le 19 mars 1962. Pour beaucoup de Français d’Algérie et leurs nombreux amis, seule la reconnaissance de cette réalité historique est susceptible de les convaincre de la sincérité de votre déclaration du 14 avril 2012. En cinq jours il vous est encore possible de rattraper cinq années perdues.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.

 

Bernard COLL - Secrétaire général de JPN
BP 4 – 91570 Bièvres

Pour l’ensemble des soutiens de la campagne «2008-2012 : Vérité et Justice pour les Français rapatriés ».

 

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"le général De Gaulle est responsable d'un crime d'État"

 

 

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