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études-coloniales
15 mai 2006

Jean-Louis Planche à Paris VIII le mardi 30 mai 2006

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Jean-Louis Planche à Paris VIII

le mardi 30 mai

 

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Le mardi 30 mai 2006, de 9 h à midi, l'historien Jean-Louis Planche, auteur de Sétif, 1945 (Perrin, 2006), sera à l'université de Saint-Denis/Paris VIII, invité par Daniel Lefeuvre, professeur : salle D 003 (nouveau bâtiment Recherche). Entrée libre.

 

 

 

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            carte des environs de Sétif (Algérie) en 1956

 

Messali et Ferhat Abbas

- Les mythes autour du PPA sont plus anciens que le PPA. depuis longtemps, Périllier, préfet d'Alger, réclame le transfert de Messali en France. Augustin Berque, pour qui Messali est un facteur d'équilibre, s'y oppose. Transférer Messali en France serait lui ôter le contrôle sur les activistes de son parti. Mieux vaut lui laisser des libertés, l'autoriser à rencontrer des militants, garder la main. Il ne s'échappera pas. "La population musulmane saine" y veille.
Augustin Berque sait ce qu'il s'est dit lors de la visite que Fehart Abbas a rendu à Messali, le 23 décembre 1944. Un accord a été passé. Messali va donner l'ordre à ses militants d'entrer aux AML pour les transformer en un véritable parti politique, Ferhat Abbas convaincra les oulémas d'amener les foules en réduisant les réticences des notables.
Messali s'était préparé depuis un certain temps à ce rapprochement. À sa sortie du bagne de Lambèse en avril 1943, il s'était arrêté à Sétif chez Ferhat Abbas pour y passer la nuit. Celui-ci s'était étonné de le voir porter une longue barbe, d'être habillé d'une djellaba et coiffé d'un fez. Massali lui avait répondu : "Cela fait partie du programme".
Augustin Berque cède d'autant moins qu'il vient de neutraliser sans bruit un maquis PPA. (...)

extrait de Sétif, 1945, Jean-Louis Planche (Perrin, 2006), p. 94-95.

 

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- université Paris VIII/Saint-Denis - Métro : Saint-Denis Université

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9 mars 2006

Le devenir du Maghreb ne se fera pas seulement contre la période coloniale (Jacques Berque)

 

où trouverait-il l'assise de ce qu'il veut être, sinon

dans la mise à jour de ce qu'il était ?

 

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Azemmour (Maroc), 1935, autochrome de Gabriel Veyre



Le devenir du Maghreb ne se fera pas

seulement

contre la période coloniale

Jacques BERQUE

 

Avouons-le, même si l'assertion que voici risque de scandaliser. Le devenir du Maghreb ne se fera pas seulement contre la période coloniale, mais de son dépassement. Par une démarche symétrique, il devra mettre en cause, jacques_berque_phototout ensemble, et revivifier les périodes antérieures. Il lui faudra tout à la fois les récuser et les prolonger, bref les soumettre à une fidélité iconoclaste, seule capable de démêler en elles l'invariant du contingent, le personnel du déformant et de l'adventice.

Et cela débouche sur une question plus grave.

L'identité du Maghreb va-t-elle se transposer tout ou partie en termes de civilisation industrielle ? Ou prêter ses contenus physiques et humains, et les véhémences qu'il eut toujours en partage à l'opération qui les fondrait dans un système plus vaste, planétaire si l'on veut ? Tel pourrait être en effet l'un des sens de la décolonisation, ou plutôt des révolutions qu'elle annonce.

Mais c'est en tant que personne, croyons-nous, que le Maghreb entend participer à un système de la Terre. Dès lors où trouverait-il l'assise de ce qu'il veut être, sinon dans la mise à jour de ce qu'il était ?

Jacques Berque, L'intérieur du Maghreb, XVe-XIXe siècle,
Gallimard, 1978, p. 545-546.

 

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commander : L'intérieur du Maghreb, XVe-XIXe siècle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 mars 2006

Revue Études Coloniales n° 1

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Affiche publicitaire en couleurs illustrée, Cherrier (Maroc, 1950)
source : base Ulysse du Centre des Archives d'Outre-Mer
(Caom à Aix-en-Provence)

 

 

Études Coloniales, revue n° 1



À côtés de documents divers et d'informations liées à l'actualité, ce site est principalement le lieu d'édition de la revue Études Coloniales. Le premier numéro est en préparation. Vous pourrez le lire ici dans quelques semaines : retenez cette adresse (URL) dans votre marque-pages.

mars 2006

contact
michelrenard2@aol.com


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17 avril 2006

L'écriture au Vietnam

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Lettrés et interprètes à la Résidence, Hanoï - photo du Dr Hocquard
(cf. Une campagne au Tonkin, prés. Philippe Papin, arléa,1999, p. 179)



L'écriture au Vietnam

 

calligraphie

 

Dans un commentaire, posté le 16 avril 2006, "Patrice" écrit :

Bonjour,
Il est sain de réapprendre aux gens ce que fut réellement la colonisation française : phénomène en soi bien sûr, mais aussi phénomène international parmi d'autres. Récemment, un immigré vietnamien croyait raisonnable de rejoindre une manifestation des prétendus "Indigènes de la République" pour clamer son ressentiment contre la France. Son argument était simple : la colonisation française aurait traumatisé le peuple vietnamien en lui imposant une nouvelle écriture. Cet homme ignorait que la romanisation fut revendiquée par les révolutionnaires vietnamiens eux mêmes ! En plus, l'ancienne écriture vietnamienne fut elle même une écriture imposée par un autre colonisateur : la Chine. Et cette colonisation là dura mille ans. Laquelle des deux écritures est la plus vietnamienne ?

Patrice

 

l'écriture au Vietnam

En complément de cette réaction, quelques "liens" sur l'écriture vietnamienne :
 

- Tan Loc NGUYEN propose un sujet sur la calligraphie (mais c'est en vietnamien) et une hang_rong1explication des problèmes d'écriture informatique vietnamienne

 

 

 

- un site très complet sur les écritures au Vietnam : de l'idéogramme à l'alphabet, du pinceau à la plume, des estampes à l'ordinateur

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le camp des lettrés pendant le concours
Le Petit Journal, 28 juillet 1895

 

 

historique de l'écriture au Vietnam

- sur le site de l'université Laval au Québec (TLFQ - Trésor de la langue française au Québec) :

Les Vietnamiens ont utilisé les caractères chinois jusqu'au jusqu'au XIIIe siècle. Tout comme pour le chinois, les mots vietnamiens contenaient deux symboles: le premier indiquait la signification et le second la prononciation. Puis, les Vietnamiens ont inventé leur propre système d'écriture: le nôm.

Par la suite, au XVIIe siècle, Alexandre de Rhodes (1591‑1660), un jésuite français de nationalité portugaise,
derhodes introduisit l'alphabet phonétique romanisé (appelé quõc ngu), toujours en vigueur actuellement. C'est lui qui, le premier, a classé systématiquement les phonèmes de la langue vietnamienne ; par ses publications, il a systématisé, perfectionné et vulgarisé le nouveau mode d'écriture.

L'alphabet vietnamien n'a pas de lettre
f (remplacée par le graphème Ph équivalant au son [f]) ni de z (remplacé par le graphème GI équivalant au son [z]). De plus, afin de tenir compte des tons, les lettres peuvent porter des signes diacritiques différents.

Le vietnamien d'aujourd'hui peut encore s'écrire à l'aide de caractères chinois (le
chu nôm) dans des occasions spéciales ou comme forme d'art, mais la graphie romanisée, le quõc ngu, est devenue l'écriture officielle du pays. Malgré une influence chinoise omniprésente, le Vietnam demeure le seul pays du Sud-Est asiatique à posséder une écriture romanisée. Sous sa forme orale, le vietnamien présente des différences importantes d'accent et de vocabulaire entre le Nord, le Centre et le Sud, mais l'intercompréhension demeure relativement aisée.

 
bientôt un mémorial à Hanoï pour Alexandre de Rhodes

Le quõc ngu (graphie romanisée du vietnamien) fut créé au XVIIe siècle par un missionnaire français : le père Alexandre de Rhodes. Nombre d'intellectuels de la capitale appellent depuis des années à redresser son mémorial, abattu il y a une trentaine d'années.

matteoricci_clAlexandre de Rhodes est né le 15 mars 1591 à Avignon, dans le Sud de la France. Ce missionnaire s'est rendu de 1627 à 1645 au Vietnam pour propager le catholicisme. Pour convertir ses ouailles, il a cherché à maîtriser le vietnamien, ce qui lui a demandé peu de temps - le jésuite était en effet très doué pour les langues. Il commença, paraît-il, à prêcher en vietnamien seulement six mois après son arrivée ! Ensuite, grâce aux travaux de certains missionnaires portugais et espagnols qui avaient commencé à retranscrire en caractères romains le vietnamien, il réussit à mettre au point le quôc ngu. En remplaçant les caractères chinois par cette graphie romanisée, le père de Rhodes facilita la diffusion de l'Évangile. Rappelons qu'à cette époque, le vietnamien s'écrivait avec des idéogrammes (chu nho et chu nôm ) et il fallait de nombreuses années d'études pour maîtriser cette écriture complexe, domaine exclusif des lettrés, des mandarins et que le peuple était bien incapable de déchiffrer. Ce système d'écriture perdura jusqu'au début du XXe siècle, puis le quôc ngu le remplaça largement à partir de la Première Guerre mondiale. Parallèlement à sa mission évangélisatrice et à ses travaux sur la langue vietnamienne, le père de Rhodes s'intéressa aussi aux us et coutumes des locaux, à l'histoire et aussi aux ressources naturelles du pays. Il rédigea de nombreux ouvrages, les plus connus étant un "Dictionnaire annamite-portugais-latin", des "Explications brèves sur un voyage de mission religieuse au Tonkin", une "Histoire du royaume tonkinois"...

Pour rendre honneur à cet inventeur du vietnamien romanisé, un mémorial fut dressé fin mai 1941, donc pendant la présence coloniale française, sur une petite place au nord-est du lac Hoàn Kiêm, à côté du temple de Bà Kiêu. C'était une stèle en pierre, haute de 1,7 m, large de 1,1 m et épaisse de 0,2 m, sur laquelle étaient gravés, en quôc ngu , en chinois et en français, les mérites d'Alexandre de Rhodes.
Le journal Tri Tân du 13 juin 1941 informa ses lecteurs de la manière suivante : "M. Alexandre de Rhodes a revécu parmi les habitants de Hanoi lors de l'inauguration de son mémorial ; la cérémonie a été réalisée dans une atmosphère solennelle et émouvante... Maintenant, le quôc ngu est considéré comme les fondements de la langue nationale, c'est pourquoi, nous ne pouvions pas ne pas remercier sincèrement celui qui l'a inventé, M. Alexandre de Rhodes".

Mais malheureusement, le monument disparut un jour, il y a une trentaine d'années. Qui l'enleva ? Nul ne le sait ! Acte politique ou simple vandalisme, le mystère reste entier... Il faut dire que les missionnaires n'ont jamais eu bonne presse au sein des milieux révolutionnaires en lutte pour l'indépendance du pays. C'est un fait que, dans l'histoire du colonialisme, et pas seulement au Vietnam, la croix a souvent précédé l'épée et le canon. La stèle, donc, bien que volumineuse, disparut de son piédestal... Un temps, on la revit dans l'échoppe d'un serrurier qui s'en servit comme... enclume. Puis une marchande de thé l'utilisa comme comptoir - bien pratique pour boire et se cultiver à la fois ! Certains la virent même au bord du fleuve Rouge... Dans les années 1980, l'espace dédié à Alexandre de Rhodes vit l'érection d'un superbe monument révolutionnaire blanc immaculé, à la gloire des patriotes : trois grandes statues de combattants, dont une femme. Sur le piédestal, cette inscription : "Prêts à se sacrifier pour la Patrie".


Redresser la vieille stèle ou élever un buste ?
En 1993, le Club des historiens organisa une causerie sur Alexandre de Rhodes. Le professeur Nguyên Lân évoqua le mémorial du Français. Pour lui, il n'aurait jamais dû être abattu. Cet acte révélait une certaine étroitesse d'esprit, une méconnaissance totale de l'histoire et, de toute manière, c'était indigne de notre peuple. Le Vietnam a toujours été une nation reconnaissante envers ses bienfaiteurs. En mangeant un fruit, garde le souvenir de celui qui a planté l'arbre, dit un adage fameux. Même sous la domination chinoise, Shi Nie, un administrateur chinois, fut élevé à un rang supérieur, en raison de ses efforts pour propager l'écriture chinoise au sein du peuple vietnamien. Ce dernier bâtit d'ailleurs un temple pour lui rendre hommage.

À Hanoi, un monument vantant les mérites d'un Français célèbre a survécu à la révolution d'Août 1945 : le buste de Pasteur (chimiste et biologiste français, 1822-1895). Et la rue Yersin existe toujours (microbiologiste français d'origine suisse, qui est mort en 1943 à Nha Trang, Vietnam, là où il étudia pendant des années le bacille de la peste). À Hô Chi Minh-Ville, il existe également des rues Yersin et Calmette (médecin et bactériologiste français, qui a découvert, avec Guérin, le vaccin antituberculeux, dit BCG). Une statue de Yersin trône aussi à Nha Trang, province de Khánh Hoà (Centre).
Et Alexandre de Rhodes n'a-t-il pas aussi oeuvré pour le peuple vietnamien ? L'écriture romanisée, d'apprentissage beaucoup plus facile que les idéogrammes, a favorisé l'accès au savoir et à l'information de larges pans de la population, et il a permis aussi d'affaiblir le pouvoir des mandarins qui était en grande partie fondé sur leur savoir traditionnel écrit en scriptes chu nho et chu nôm.

Et le missionnaire était aussi un humaniste, proche de la population... C'est pourquoi, il est temps de redonner à de Rhodes un espace de mémoire au cœur de la capitale vietnamienne. Le professeur Nguyên Lân a proposé d'élever un buste au parc Tao Dàn, devant l'Université de pharmacie de Hanoi. Mais il est aussi possible de remettre en place la vieille stèle qui a finit son parcours rocambolesque dans les rues de Hanoi, et qui est maintenant entreposée dans les locaux du Comité de gestion des vestiges historiques et des sites touristiques de la capitale.
En 1995, le Centre des sciences sociales et humaines a organisé un colloque sur la vie et l'œuvre du missionnaire français. Dans son intervention relative aux contributions du jésuite au Vietnam, le docteur Nguyên Duy Quy a conclu : "Nous comptons déposer la vieille stèle dans l'enceinte de la Bibliothèque nationale. Nous voulons aussi redonner à une rue de Hô Chi Minh-Ville le nom du célèbre missionnaire, débaptisée il y a quelques décennies."
L'histoire de la stèle du jésuite a enfin reçu un écho dans le monde des intellectuels, après une "disparition" de plusieurs décennies. Selon une circulaire publiée le 29 juillet 1997, le Service de conservation des monuments historiques et des musées - dépendant du ministère de la Culture et de l'Information - avait l'intention de remettre la stèle au parc Canh Nông, dans l'actuelle rue Diên Biên Phu, à Hanoi.
Le professeur Vu Khiêu, lui, est partisan de remettre le mémorial à sa place initiale, au bord du lac Hô Guom (lac à l'Épée restituée). Alors ce plan d'eau, véritable cœur de la capitale, abritera les trois symboles les plus importants du pays : la Paix (symbolisée par la restitution, à une tortue géante du lac, de l'épée magique qui servit au roi Lê Loi à chasser les Ming au XVe siècle - selon une légende populaire), la Culture (le Tháp Bút - obélisque en forme de pinceau - érigé par Nguyên Siêu) et l'Amitié entre les peuples (la stèle d'Alexandre de Rhodes, inventeur du quôc ngu ).

Hông Nga et Sébastien - Le Courrier du Vietnam - 4 Juillet 2004.

 

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* voir la contribution de Pierre Brocheux : "À propos de quôc ngu et d'agression culturelle"

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22 novembre 2006

1947 : l'insurrection à Madagascar (Jean Fremigacci)

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1947 : L'insurrection à Madagascar

Jean FREMIGACCI


Ignorance, exagération, contre-vérités... Ce drame, qui fit près de 8 000 morts, fut vécu, des deux côtés, sur le mode du fantasme et de l'horreur. Un enchaînement où réalité et mensonge ont joué une partition perverse.

L'insurrection malgache de 1947 illustre à la perfection la mécanique de la sortie coloniale dans la France d'après guerre. Elle donne surtout la tonalité d'ensemble d'une crise puis d'une décolonisation placées sous le sceau de l'ignorance. Ignorance des événements qui laisse le champ libre aux rumeurs ; ignorance des enjeux réels, autant en métropole qu'au sein des partis politique locaux, le Parti des déshérités de Madagascar (Padesm) et le Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) ; ignorance de l'ampleur exacte de la répression, ce qui conduit à proférer des énormités historiques, à l'exemple de Claude Simon s'autorisant sans doute de son prix Nobel de littérature pour écrire dans le Monde du 19 septembre 1997 : «Madagascar, dont on a longtemps caché qu'on y a tué, en 1947, 100000 indigènes en trois jours...» Il est temps de mettre les choses dans l'ordre.

Dès le départ, l'insurrection du 29 mars 1947 fut vécue et mémorisée sur le mode du fantasme et de l'horreur, tant du côté français que du côté malgache. Après ce coup de tonnerre, la société coloniale, hantée par le complot antieuropéen tout en l'estimant inimaginable, se laissa contaminer par des récits d'atrocités rebelles effroyables : on évoqua un chef de poste français dépecé vivant par un médecin, affabulation à l'origine d'un procès qui se conclut par l'acquittement du médecin, en juillet 1948. Mais le mal était fait : en décembre 1997, à l'occasion de la célébration du cinquantenaire des événements à l'Académie des sciences d'outre-mer, un «témoin» reprit la fable avec de nouveaux détails imaginaires, confortant les vieux stéréotypes coloniaux sur la fourberie merina. Le nombre de victimes civiles européennes fut en réalité très réduit : 140 en tout, sur 35000 résidents. Sauf exceptions, les insurgés épargnèrent les femmes et les enfants.

On exagéra aussi énormément le nombre des Malgaches victimes des insurgés. En 1949, on parlait encore de 5 000 membres du Padesm mis à mort. En fait, les décomptes de 1950-1952 aboutirent à un total de 1600 à 1900 Malgaches assassinés, dont une minorité appartenant au Padesm. Le mouvement ne toucha guère les villes. Même dans les centres côtiers encerclés, la population ne prêta pas main-forte aux assaillants venus de la brousse. Cependant, la société malgache tout entière se retrouva plongée dans un climat de peur sociale.

La terreur irraisonnée du tirailleur sénégalais - analysée par le psychanalyste Octave Mannoni, alors professeur à Tananarive - s'installa, résurgence de figures terrifiantes du passé, comme celle des Zoulous du corps d'invasion britannique de 1942. Le tsaho (la rumeur) leur prêta des atrocités allant bien au-delà des violences et des exactions qu'ils commirent. Les bruits les plus fous, colportés par les Européens eux-mêmes, cherchant à se rassurer et à apaiser leurs propres peurs, circulèrent sur les massacres perpétrés à Moramanga en réponse à l'attaque du 29 mars. Or, l'enquête historique révèle que les Sénégalais déchaînés, au matin du 30 mars, n'étaient qu'une douzaine dans la petite ville évacuée dans la nuit par sa population.

 

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"À Foulpointe on trouve également le Fort «Manda», Fort Merina édifié
par Radama 1er entre 1826 et 1831. (...)
Abandonné durant la colonisation,
il servit de refuge aux enfants, aux femmes  et aux vieillards pendant l'insurrection de 1947"

(source)

 

Les représailles firent néanmoins plusieurs dizaines de morts. Mais l'amplification qui suivit fut telle que le Parti communiste put s'en emparer comme thème de campagne. Ses ministres ayant quitté le gouvernement le 5 mai 1947, au plus fort de la crise malgache, le Parti dut rattraper le temps perdu et faire oublier sa tiédeur antérieure vis-à-vis des nationalistes coloniaux. «Moramanga, l'Oradour malgache» est le titre, dans la Nouvelle Critique de janvier 1954, d'un article falsificateur de Pierre Boiteau, l'homme du Parti à Madagascar entre 1944 et 1947. Le même genre d'inepties furent colportées tout au long des années 50 et resurgissent dans certains hebdomadaires à l'occasion du cinquantenaire.

Que penser alors de cette répression toujours qualifiée de «féroce» ? D'abord, que des crimes de guerre ont bien été commis, presque tous, et tous les plus graves, dans les six semaines qui vont du 30 mars au 10 mai 1947. Après juin 1947, ils devinrent exceptionnels. Ces crimes, qui pourraient avoir fait entre 1000 et 2 000 morts, concernaient l'exécution de prisonniers, sur le terrain, et surtout dans les prisons où l'on jeta massivement les membres du MDRM au début d'avril 1947, sans disposer des bâtiments, de l'intendance et des moyens de surveillance nécessaires.

Dans les centres côtiers attaqués par les insurgés, une série de massacres, déclenchés par une panique pour les uns, froidement exécutés comme mesure de terreur pour les autres, se produisent à Farafangana, Manakara (deux fois), Mananjary, Mahanoro... et aussi à Moramanga, où l'épisode du train sanglant, le 6 mai, est lié à ce genre de situation. Le commandant de la place, tout comme à Mananjary, saisit l'occasion d'une attaque pour mitrailler dans leurs wagons-prisons les cadres du MDRM d'un district. C'est au drame de Mananjary que se rattache l'affaire des prisonniers (de quatre à six) jetés d'avion par une tête brûlée qui, le soir même, s'en vantait dans une boîte de nuit de Tananarive. Moins d'une semaine plus tard, le 15 mai 1947, l'affaire des «bombes vivantes» était à la une de journaux parisiens. Le forfait resta d'ailleurs de nombreuses années impuni, et «le Baron», son auteur, devait devenir une figure légendaire, un héros décoré de l'aviation en Indochine, où tout le monde connaissait ses antécédents. Là encore, campagne de presse aidant, un crime d'exception en arriva à passer pour la norme de la répression.

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Après la période de défensive terroriste des deux premiers mois, et avec l'arrivée de nouvelles troupes, la répression militaire allait se faire beaucoup plus mesurée. Les Français, le gouverneur général Coppet en tête, comprirent que le vrai problème n'était pas l'élimination de bandes insurgées trop pauvrement armées pour représenter un réel danger.

Des combats, il n'y en eut plus que très peu après juillet 1947. Ayant réalisé la vanité de leurs pratiques magiques, les insurgés adoptèrent une stratégie d'évitement et un comportement de dissidence plus que de guérilla offensive, en s'efforçant de maintenir les populations de la zone forestière sous leur contrôle. L'enjeu véritable était donc le retour dans leurs villages des populations qui avaient fui sous l'emprise de rumeurs terrifiantes, ou sous la contrainte des insurgés. Et ce n'était pas par la violence aveugle que l'objectif pouvait être atteint. Un manque persistant de moyens rendit la tâche très longue. Le terme de «pacification» peut sembler colonialiste et provocateur. Il correspond pourtant au souvenir que les témoins survivants ont gardé dans les hauts lieux de l'insurrection comme Vohilava.

Ailleurs, on relève des témoignages de fraternisation entre tirailleurs algériens et populations. Cela aurait dû inquiéter les Français. Ou un taux élevé de désertion chez les Sénégalais, préférant prendre femme. Ces troupes coloniales, malgré la présence d'un bataillon de la Légion étrangère - dans laquelle s'enrôlèrent des Allemands dans l'après-guerre -, n'étaient pas constituées de SS. La faiblesse des pertes militaires (242 morts, dont plus de la moitié d'accident ou de maladie) explique aussi l'absence de peur, donc de haine, face aux Marosalohy, les «Porteurs de sagaie». Rien de comparable, à Madagascar, à ce que l'on observa en Indochine et plus tard en Algérie, face au «viet» ou au fellaga.

Malheureusement, il y eut aussi la répression policière : c'est sa brutalité injustifiable qui fut la véritable origine de la mémoire d'effroi qu'a laissée le drame de 1947 à Madagascar. Il convient au préalable de faire une bonne fois justice de la thèse qui voit dans l'insurrection le résultat d'un complot de la sûreté coloniale. À Madagascar, elle est perçue comme injurieuse pour des hommes qui ont donné leur vie pour leur patrie. S'il y eut complot policier, il était ailleurs.

Alors que les pouvoirs civils, début avril 1947, s'approchaient de la vérité - à savoir que le MDRM légaliste s'était fait déborder par les extrémistes des sociétés secrètes liés au député Raseta-, la sûreté sous le sinistre commissaire Baron s'acharna à extorquer par la violence (le supplice de la baignoire) des «preuves» permettant d'abattre le chef charismatique du mouvement national, Joseph Ravoahangy, qui n'était pour rien dans l'affaire. Le terme du processus fut le fameux «procès des parlementaires» qui polarisa l'attention en 1948. La condamnation à mort de Ravoahangy (mais aussi in fine sa grâce...) était en fait acquise d'avance dans ce qui n'était qu'un procès politique. Il fallait montrer que la France allait rester à Madagascar !

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D'autant que le libéral Marcel de Coppet avait entre-temps laissé la place à l'intransigeant Pierre de Chevigné. À la faveur de l'espoir insensé du nouveau pouvoir d'éradiquer le nationalisme malgache, même modéré, la menace policière s'étendit à l'ensemble de la société civile dans les villes qui n'avaient pas bougé. Et en zone insurgée l'instruction des procès des «rebelles» fut souvent menée par des auxiliaires maniant le nerf-de-boeuf entouré d'un fil de fer barbelé. Après plus d'un demi-siècle, les survivants montrent des cicatrices accusatrices. Une ambiance étouffante de peur fut enfin entretenue par la longueur même des procédures judiciaires, qui s'étalèrent jusqu'en 1954, une fois de plus faute de moyens.

Pourtant, là encore, malgré le nombre et la lourdeur des condamnations, un réel souci d'apaisement se fit jour, quoi qu'ait prétendu la propagande communiste. Sur les 44 condamnations à mort prononcées par les tribunaux militaires, 8 seulement furent exécutées. Et 16 seulement sur les quelque 160 peines capitales des cours criminelles. Dès 1954, des mesures d'amnistie étaient prises, et en 1957 la totalité des condamnés de l'insurrection étaient libres.

Reste le bilan de l'insurrection. Ici, un point essentiel est à marquer fortement : l'estimation de 80000 à 100 000 morts qui est généralement avancée ne repose sur rien. Faute de la moindre preuve, le PC s'est retranché derrière l'argument des chiffres officiels. Saluons donc des marxistes qui, pour une fois, ont cru leurs adversaires sur parole ! Or, l'historien n'a aucun mal à démontrer que les évaluations des militaires étaient fantaisistes. Quant à Pierre de Chevigné, il a bien parlé en 1949 de 80 000 morts... mais ce fut aussitôt pour en mettre 75 000 à la charge des insurgés. Il fallait bien, entre autres raisons, qu'il rentre en France en gonflant le succès qu'il avait remporté.

Inversement, il n'est pas douteux que le recensement de 1950, en décomptant 11342 victimes, a abouti à une sous-évaluation.
Il convient, pour approcher une valeur fiable, de distinguer deux groupes. Le premier, qu'on peut cerner approximativement, est celui des morts violentes : 2 000 Malgaches victimes des insurgés, de 5 000 à 6 000 de ces derniers tués par les forces coloniales, le total n'atteint pas 10 000 morts. Le second groupe est celui des «morts de misère physiologique» - de malnutrition et de maladie - dans les zones refuges. Cette surmortalité reste encore très difficile à évaluer, l'hypothèse la plus vraisemblable tournant autour de 20 000 à 30 000 morts.

Faut-il considérer tous ces morts comme victimes de «massacres colonialistes» ? À l'évidence, non. Pas plus que d'Oradour il n'y a eu de «génocide oublié» à Madagascar. Mais la question peut être posée autrement : ces morts pouvaient-ils être évités ? Et là la réponse est oui. Seulement, ce n'est plus du côté des militaires et à Madagascar qu'il faut chercher des responsables, mais à Paris, du côté des politiques incapables de négocier, et qui ont détourné l'attention en laissant faire le procès de la Grande Muette, quitte à faciliter l'extraordinaire succès d'une propagande qui domine encore la vision de l'événement majeur de l'histoire de Madagascar au XXe siècle.

Jean Fremigacci
maître de conférence à l'université Paris-I Sorbonne.
Marianne, n° 401, du 25 au 31 décembre 2004

 

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http://nah296.free.fr/images/mada1947.JPG
source

 

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voir aussi : Réponse à J.-P. Renaud sur Madagascer, Jean Fremigacci [lire]

 

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- Répertoire des historien(ne)s du temps colonial

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13 décembre 2006

recherche un historien de l'Océanie coloniale, germanophone, pour compte-rendu de la thèse de Claus Gossler

Genusschein
bon de jouissance de la Société Commerciale de l'Océanie, 1910
(donnant droit à une part du bénéfice net)



recherche un historien de l'Océanie

coloniale, germanophone, pour

compte-rendu

de la thèse de Claus Gossler

 

Claus Gossler vient de publier, en langue allemande, sa thèse de doctorat portant sur les activités de la Société commerciale de l'Océanie (1876-1914) et soutenue au Département d'histoire économique et sociale de l'université de Hambourg. Il recherche celle, ou celui, qui serait capable de lire son ouvrage et d'en faire un compte-rendu.
Merci.

association "Études Coloniales"

 

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Papeete (Tahiti), quai du Commerce

 

Review of my doctoral dissertation just published : Die Société commerciale de l'Océanie (1876-1914)

To the editorial board !

I wonder if there is a chance of finding somebody on your staff willing and able to review my doctoral thesis written in German. It has been accepted by the Department of Social and Economic History of the University of Hamburg, was graded "magna cum laude" and has just been published. It is called :

Die Société commerciale de l’Océanie (1876-1914). Aufstieg und Untergang der Hamburger Godeffroys in Ost-Polynesien.

(in English:  Société Commerciale de l’Océanie (1876-1914). Rise and Fall of the Hamburg House of Godeffroy in East-Polynesia.)

The company I researched into was a joint-stock company registered in Hamburg whose center of commercial activity was located in Papeete, Tahiti, Society Islands. This trading company exported local products from these islands, such as coprah, mother of pearl shells, cotton and vanilla to Europe, the US and Latin America while importing manufactured goods and food stuffs from these countries for distribution on the islands. It operated between three and five trading stations on other islands at different times for collection and distribution, and it owned schooners for transporting their goods, and for a time also plantations.

It was the most important trading company in the area until the beginning of WW I, when it was expropriated by the French. From the correspondence of which a major part was handed down and deposited at the Hamburg State Archive I was not only able to reconstruct turnover figures, balance sheets and profit and loss statements for most of the years, but I also portrayed the personalities of their managers, their staff, some customers and all competitors. Critical analysis of their managers' actions and decisions are part of the study as well as a detailed picture of the social, political and economic circumstances under which the company had to operate.

If you are able to find a person to review this monograph (of 592 pages), I would be happy to send a complimentary copy.Claus_Gossler

ISBN-13: 978-3937729-20-6
Thanks in advance and best regards,

Claus Gossler

Posté par Claus Gossler, jeudi 14 décembre 2006 à 12:50
contact : Claus.Gossler@freenet.de

 

 

 

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présentation éditoriale de l'ouvrage de Claus Gossler

 

Die Société commerciale de l'Océanie (1876–1914)
Aufstieg und Untergang der Hamburger Godeffroys in Ost-Polynesien

[978-3-937729-20-6] - 44,9 Euros

Als sich der geschäftsführende Partner von Johann Cesar VI Godeffroy, der schon als „Südseekönig“ bekannt war, 1875 aus dem Management der gemeinsamen Firma in Tahiti verabschiedete, wurde die in diesem Buch dargestellte Hamburger Aktiengesellschaft mit französischem Namen gegründet. Ziel dieses Unternehmens war es, das in Ost-Polynesien bestehende Handelsgeschäft weiterzuführen und unter Einsatz zusätzlichen Kapitals weiter auszubauen.
Die weitgehend erhaltene Korrespondenz zwischen den Geschäftsführern in der Südsee, mit dem Hamburger Aufsichtsrat und dem Generalagenten der Firma machte es möglich, nicht nur das betriebswirtschaftliche Handeln des Unternehmens bis zur Enteignung zu Beginn des Ersten Weltkrieges präzise zu analysieren. Sie erlaubte es auch, ein getreues Bild der wirtschaftlichen, politischen und sozialen Verhältnisse auf den Gesellschaftsinseln zu zeichnen. Dabei stehen die Aktivitäten des Unternehmens in einer Zeit großen politischen Umbruchs – charakterisiert durch den Wettbewerb zwischen Frankreich und England um einzelne Inselgruppen – im Vordergrund. Das äußerst zurückhaltende Engagement, welches das siegreiche Frankreich dieser Inselgruppe gegenüber an den Tag legte, wird dabei kritisch unter die Lupe genommen.

 

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Deutsches Schiffahrtsmuseum

Deutsches Schiffahrtsarchiv

Abstracts

Claus Gossler
Die Société Commerciale de l'Océanie (SCO)
Die Flotte einer Hamburger Handelsfirma in der östlichen Südsee (1876-1914)
Deutsches Schiffahrtsarchiv (DSA) 27, 2004, S. 93-110
Article printed in German, with English and French summaries, 3 ill.

Abstract

The Société Commerciale de l’Océanie (SCO). The Fleet of a Hamburg Trading Company in the Eastern South Seas (1876-1914)
Until its expropriation at the beginning of World War I, the Société commerciale de l’Océanie (SCO), founded in 1876 as a German joint-stock company in Hamburg, engaged in intensive trading with the islands of Eastern Polynesia. This involved the import of manufactured goods and foodstuffs from Europe, the United States and New Zealand, and the export of local products such as copra, cotton, mother-of-pearl shells, vanilla and several other articles. On the most important islands, manufactories and trading posts were in charge of the sale of food and manufactured goods and the purchase of export products. The SCO's zone of economic influence extended to almost all the inhabited islands of Eastern Polynesia. Since a regular shipping route developed only slowly, and floating sales stores and product collection-points were required in addition to the fixed trading posts, the company operated the largest schooner fleet in the large region consisting of around one hundred widely scattered islands. The trading company also experimented with the construction and use of gasoline schooners, invested in a Lübeck-built wooden steamer, and tried its luck as a sailing-ship company on the routes between San Francisco, Valparaiso and Papeete. The essay examines the reasons for the company to have a fleet of its own – a major investment at that time – and also the size, variety and use of such a fleet.

© 2005, Deutsches Schiffahrtsmuseum, Bremerhaven

Author's address :

Claus Gossler · Eichenweg 10 B · D-21465 Wentorf · Germany

 

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The social and economic fall of the salmon/brander clan of tahiti

Author : Gossler, Claus

Source : Journal of Pacific History, Volume 40, Number 2, September 2005, pp. 193-212(20)

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21 novembre 2006

Une mer au Sahara (Jean-Louis Marçot)

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Une mer au Sahara

mirages de la colonisation, 1869-1887

Jean-Louis MARÇOT

 

J’étais sur la piste (j’y suis toujours) de Charles de Foucauld, "l’ermite du Sahara" lorsque, en lisant une revue de géographie de 1883, je découvrais qu’un obscur officier creusois, Elie Roudaire, avait eu l’intention de noyer une partie du plus grand désert sous les flots de la Méditerranée.

Cette idée me parut folle, au plan technique comme au plan humain ; elle attentait au Sahara et à ses habitants, pour lesquels je professe le plus profond respect. Mais c’est en définitive la curiosité qui m’a poussé dans une enquête à laquelle j’ai sacrifié près de cinq années.

J’ai mené celle-ci dans le seul désir de comprendre, quitte à remonter aux plus lointaines origines, comment le projet de mer intérieure africaine a pu surgir et mobiliser tant d’énergie dans les milieux scientifiques et politiques des années 1870, 1880. Au-delà, il m’importait de caractériser ce "progressisme" dans lequel j’ai été moi-même élevé.

À l’est de l’Algérie, au sud de la Tunisie, se déploie un chapelet de chotts – cuvettes salées le plus souvent à sec. Plusieurs se situent sous le niveau de la mer, dont un isthme d’une vingtaine de kilomètres de largeur les sépare. Roudaire voyait dans ces chotts les restes d’un immense bras de mer évaporé. Pour le restaurer, affirmait l’officier, il suffirait de percer le cordon littoral. Ainsi assurerait-on contre le désert, l’aridité et la stérilité de ces régions, une victoire décisive.

Son projet, activement soutenu par Ferdinand de Lesseps, trahit, en même temps que l’ignorance du colonisateur face à une terre qu’il ne s’est pas encore appropriée, l’espoir d’améliorer le monde. Il constitue, avec les multiples missions qu’il a suscitées, les rêves et les luttes qu’il a levés, une belle aventure.

Jean-Louis Marçot



GRAVURE D'ORIGINE
cliquer sur l'image pour lire la légende de l'illustration

 

Noyer une partie du Sahara sous les flots de la Méditerranée, tel fut le très sérieux projet que conçut un certain Élie Roudaire, officier originaire de la Creuse, dans les années 1870. L’idée enthousiasma les savants les plus éminents, les politiciens les plus responsables, les affairistes les plus retors de l’époque. Ferdinand de Lesseps, qui la fit sienne, ne manquait jamais, lors des multiples mondanités auxquelles l’entraînait sa gloire récemment acquise à Suez, de demander à Roudaire chaque fois qu’il le croisait : "Et votre mer, monsieur Roudaire, comment va-t-elle ?".

L’affaire occupa la France durant deux décennies, suscita des débats, des enquêtes, des expertises, des plans et des essais dont Jean-Louis Marçot nous retrace l’histoire mouvementée. Les chotts, ces formations géologiques singulières, à l’est de l’Algérie et au sud de la Tunisie, aux confins du Sahara, en constituent le décor. L’inondation par la Méditerranée de ce concentré de désert, grâce au percement d’une bande de terre dans le golfe de Gabès, inspira aussi le dernier roman de Jules Verne.
En ouvrant ce dossier aujourd’hui oublié de la "mer intérieure", Jean-Louis Marçot dresse un tableau des mentalités à travers les différentes phases de la colonisation de l’Algérie et nous entraîne dans une passionnante étude du Sahara, de ses mythes, de son histoire, de sa géographie et de ses mirages.

 

- présentation du livre par l'auteur, dans laquelle on trouve notamment :

- sommaire du livre
- introduction (début)
- errata et compléments
- revue de presse
- documents inédits, journal de recherche...

- COMMANDER LE LIVRE : Une mer au Sahara de Jean-Louis Marçot

- éditions La Différence

Jean-Louis Marçot  

Jean-Louis Marçot

 

Jean-Louis Marçot est chercheur indépendant, né en Algérie le 10 avril 1950, formé à la philosophie (enseignement de Vladimir Jankélévitch). Une mer au Sahara est la première étude d’une série qu’il consacre au passé colonial de la France. Auteur du Sable des Racines – carnet de route d’Alger et Tamanrasset (L’Harmattan 1992).

fiche auteur aux éditions La Différence

contact :  Jean-Louis Marçot

 

 

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- liens

"Remontée des eaux dans la vallée du Souf - du mythe de l'Atlantide à la prophétie d'une mer au Sahara", Saâd Lounès, El Watan, 22 décembre 2004

"Le colonel Roudaire et son projet de mer saharienne", Gérard Dubost, Études creusoises, XVI.

 

 

  • De 1874 à sa mort, le Guérétois Élie Roudaire (1836-1885) a rêvé de fertiliser la région des chotts algéro-tunisiens en l'immergeant par une amenée d'eau du golfe de Gabès. Après avoir retenu l'attention des pouvoirs publics, son projet, pourtant soutenu par Ferdinand de Lesseps, sera finalement abandonné. Mais on s'y intéresse aujourd'hui encore.

    La présente biographie, fondée sur une précieuse correspondance détenue par l'auteur (plus de 150 lettres !), est la première qui ait été consacrée à cette figure creusoise hors du commun.

 

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Chott-el-Djerid, Tunisie (source)

 

QUATRIEME DE COUVERTURE
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15 novembre 2006

Pascal Bruckner-Benjamin Stora : contre l'oubli, la mémoire ou l'histoire

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Pascal Bruckner-Benjamin Stora :

contre l'oubli, la mémoire ou l'histoire

Propos recueillis par

MARIE-LAURE GERMON ET STÉPHANE MARCHAND

 

Le philosophe Pascal Bruckner, qui vient de publier La Tyrannie de la pénitence (Grasset) et l'historien Benjamin Stora, professeur à l'Inalco (Langues O.), auteur de La Gangrène et l'oubli, la mémoire de la guerre d'Algérie (La Découverte), débattent de la profusion des lois mémorielles en France. Entretien croisé.

 

LE FIGARO. - Les députés viennent de voter une loi pénalisant la négation du génocide arménien. Pourquoi dites-vous que la France, en creusant sa mémoire, s'adonne à un «dolorisme d'enfant gâté» ?

Pascal BRUCKNER. - En France, pendant plusieurs années, l'État s'est fait le dépositaire de la vérité historique. Il a fallu attendre 1995 pour que Chirac reconnaisse la réalité du gouvernement de Vichy, et 1999 pour que les événements survenus en Afrique du Nord soient appelés «guerre d'Algérie». La loi de 2005 sur les bienfaits supposés de la colonisation, abolie depuis, appartient à ce même mouvement. Les socialistes ont présenté un projet de loi sur le génocide arménien excluant toutes recherches historiques ultérieures. Il y a vraiment un syndrome soviétique en France ! En effet, le Parlement et l'État entendent légiférer sur le domaine historique, qui leur est irréductiblement extérieur. L'État doit se limiter à sa propre sphère de compétence à savoir le présent et l'avenir du pays, il n'a pas à dicter leur travail aux historiens en légiférant de manière autoritaire. Je suis contre le concept de vérité d'État qui commande toutes ces lois mémorielles !

 

Ce monopole de l'État sur la vérité historique est-il l'échec des intellectuels ?

Pascal BRUCKNER. - Pas du tout. J'y vois un héritage de la monarchie. L'État a prolongé cette vieille tradition selon laquelle le roi édictait le vrai et le faux. C'est aussi un symptôme du mal français qui consiste à ne pas regarder la réalité en face.

Benjamin STORA. - Il est incontestable que l'État, longtemps dépositaire de la vérité historique, en perd progressivement le monopole. C'est un point fondamental qui explique en partie la surabondance des revendications mémorielles. Des victimes du stalinisme à celles de l'intégrisme islamique en Algérie, on assiste à une internationalisation du mouvement de victimes, contre le discours officiel. C'est une grande nouveauté dans la situation internationale. Nous ne disposons plus de la parole unique - reçue en héritage au sens stalinien ou jacobin du terme - qui a si longtemps corseté nos sociétés. Cette vague revendicatrice est assez récente en France, elle date de la chute du mur de Berlin. Nous-même, intellectuels français, sommes surpris par ce processus, et avons quelques difficultés à répondre à ces nouvelles interrogations civiles assorties d'exigences de réparation. Cela dit, je ne crois pas que l'État français ait effectivement reconnu sa responsabilité sur tous les grands thèmes historiques, et notamment son rôle dans la guerre d'Algérie. Or, nous ne pouvons pas faire l'économie de comprendre ce moment. Il existe en France pas moins de quatre lois d'amnistie qui interdisent toutes poursuites contre l'auteur d'exactions commises pendant la guerre d'Algérie. L'oubli, organisé par l'État est de plus en plus mal supporté par les jeunes générations.

 

Pratiquement, que donne le travail de mémoire ?

Benjamin STORA. - De part et d'autre de la Méditerranée, les deux sociétés sont touchées par ce phénomène et tentent, chacune à leur manière, d'y répondre. Les auditions récentes au Maroc sur les «années de plomb» des années 1970 constituent d'ailleurs une grande première dans le monde arabe en matière de transparence historique. L'Algérie révise aussi progressivement son histoire. Par exemple, elle ne minore plus le rôle de Messali Hadj, le premier à réclamer l'indépendance de l'Algérie, adversaire du FLN, dans son histoire. La réintroduction progressive de Ferhat Abbas, président du GPRA, considéré comme un «réformiste bourgeois» suit le même processus. En France, des enfants de harkis aux enfants d'immigrés s'expriment des exigences de vérité. Certes, on peut déplorer le morcellement du discours et considérer que toutes les revendications risquent de miner un discours unitaire, de fissurer une légitimité républicaine. Mais on peut aussi comprendre tous ces mouvements, issus des profondeurs de la société et porteurs de témoignages particuliers, pour les intégrer dans un nouveau discours républicain plus conforme à la réalité. Oui, il faut reconstruire nos mémoires nationales, comme nous l'avons fait sur d'autres registres, avec l'esclavage et la période vichyste.

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Charles-Robert Ageron,
France coloniale ou parti colonial ?
Puf, 1978

 

Entre Vichy et la guerre d'Algérie, comment s'organise la mémoire collective ?

Pascal BRUCKNER. - Ce sont deux cas très différents. L'historien Charles Robert Ageron soutenait une thèse intéressante, reprise ensuite par Raoul Girardet : le colonialisme a été le fait non pas d'une majorité de la population mais d'un «parti colonial» apparu après 1870 pour laver l'affront de la défaite contre l'Allemagne et permettre à la France de tenir son rôle de grande puissance. On s'aperçoit que les Français étaient plutôt réticents vis-à-vis du colonialisme, qui est d'ailleurs une idée plutôt de gauche que de droite, cette dernière préférant concentrer ses efforts sur «la Corrèze plutôt que le Zambèze» pour prendre la fameuse formule de Cartier. Les Français ont fait relativement vite le deuil de l'empire. Dès 1962, la métropole, heureuse d'en finir avec un conflit qui nous avait mis au bord de la guerre civile, s'est tournée vers le projet européen, comme pour oublier cet épisode historique peu glorieux et financièrement ruineux. Je soutiens, Benjamin Stora, que la véritable mémoire douloureuse de la France repose sur les deux guerres mondiales. Il n'y a pas une famille française dont l'un des membres n'ait été impliqué dans ces conflits, que ce soit par le biais de la résistance, de la collaboration ou de l'occupation, redoutable corruption morale pour tout un pays dont il est très difficile de se relever. Pour une majorité de Français l'Algérie était une terre et une préoccupation bien lointaines. C'est devenu un épisode latéral de notre histoire !

Benjamin STORA. - Je ne suis pas d'accord ! Comment pouvez-vous qualifier de «latérale» une période qui a vu l'exil d'un million de pieds noirs, la levée d'un million et demi de soldats, la chute d'une République, la migration de 400 000 Algériens et le massacre des harkis après l'été 62 ! Avec la poursuite de l'immigration maghrébine vers la France, de 6 à 7 millions de personnes vivent aujourd'hui en France avec ces souvenirs. C'est dire que les «effets de contamination» mémoriels sont extrêmement puissants ! Les jeunes des banlieues se réfèrent constamment à cet épisode certes souvent fantasmé et déformé, tant par traumatisme que par carence universitaire. Nous sommes bien trop peu de professeurs et d'historiens aptes à transmettre sur un plan critique et scientifique cette histoire.

Pascal BRUCKNER. - Certes, cela prouve simplement que la guerre d'Algérie ne passionne pas les foules, si tragique soit-elle. On peut le déplorer, on ne peut obliger 63 millions de Français à tourner leurs regards vers ce moment de notre passé.

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Benjamin STORA. - C'est une manière de voir... Vous pointez une certaine amnésie française sur la question algérienne. Or, que vous le vouliez ou non, les descendants de l'émigration postcoloniale portent très puissamment cette mémoire. Aujourd'hui, on assiste à la naissance de groupes de chercheurs qui se plongent dans les archives à la recherche de nouvelles pistes.... Un deuxième point : vous avez raison de citer Raoul Girardet. Il professait aussi que la défaite française en 1962 avait ouvert une blessure considérable dans le nationalisme français. Que le parti colonial soit minoritaire dans la société n'obère pas que le nationalisme français se soit construit sur la notion d'empire, tout comme l'armée, d'ailleurs. C'est pourquoi la perte de l'Algérie, considérée comme le joyau de l'empire, en 1962, a laissé des traces aussi profondes. Quand de Gaulle renvoie des centaines officiers supérieurs en 1961 à la suite du putsch, l'impact est considérable. Avons-nous réellement réussi à surmonter cette blessure narcissique du nationalisme ? Je n'en suis pas sûr.

Pascal BRUCKNER. - Mais quelle «blessure narcissique» ? Ce fut un soulagement d'être débarrassé de l'empire ! Envisagée avec nos yeux d'aujourd'hui, la mainmise sur l'Algérie puis la lutte pour la maintenir dans la communauté française semble une aberration d'un autre âge. Qu'allions nous faire dans cette galère ? C'est peu dire que nous désapprouvons, nous sommes passés ailleurs. Une nation est grande non par ses conquêtes territoriales mais par ses avancées spirituelles, scientifiques. La France contemporaine ne rêve plus d'impérialisme. Le non à l'Europe du référendum du 29 mai dernier l'a bien montré : notre pays vit sur un patriotisme de la rétraction. Frileuse, la France rêve de fermer ses frontières. Son vrai mot d'ordre aujourd'hui serait plutôt «à bas le monde extérieur». Bien sûr qu'il faut procéder à un travail approfondi d'historien sur la question, comme vous le faites avec un grand talent Benjamin Stora, mais, de grâce, ne faisons pas à nos contemporains un faux procès.

Benjamin STORA. - Certes, la France a été soulagée, comme vous le dites, mais n'était-ce pas là un lâche soulagement ? Comme de juste, en enfouissant la question, elle a fini par nous exploser à la figure, comme l'a montré la Marche des Beurs de 1983. Nous n'avons pas eu le courage de nous pencher sur le «comportement des pères». Elle revient aujourd'hui, parfois déformée et toujours douloureuse et engendre une culture du soupçon qui exacerbe les identités.

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"Marche pour l'égalité", décembre 1983

La France doit-elle s'excuser auprès de l'Algérie ?

Pascal BRUCKNER. - Pourquoi pas si cela permet de signer un traité d'amitié et d'enterrer les vieilles querelles ? Il faut apurer les comptes une fois pour toutes. À condition toutefois qu'il ne s'agisse pas d'un repentir à sens unique et que le gouvernement algérien balaye ensuite devant sa porte et reconnaisse les pages noires de la lutte pour l'indépendance, la bagarre FLN/MNA par exemple, le massacre des harkis puis l'emprise de l'État FLN sur la nation après 1962, les émeutes de 1988 et enfin la guerre civile. Pour l'instant, qu'entend-on ? Bouteflika soutient que les Français ont commis un génocide comparable à celui des Allemands vis-à-vis des Juifs. Ce qui paraît à tout historien objectif légèrement déraisonnable. Au mois de juin, une délégation du PS, ou vous étiez présent, Benjamin Stora, est allée dire au président Bouteflika qu'elle présentait ses excuses à l'Algérie. Mais que je sache, François Hollande n'a pas demandé des comptes au chef de l'État sur l'usage de la torture dénoncé le même jour par un rapport d'Amnesty international.
C'est l'honneur de l'Europe de reconnaître ses crimes. Elle est l'un des rares continents à avoir su penser sa barbarie et à s'être distancé de ses propres exactions. Mais nous savons aujourd'hui qu'il n'y a pas d'État innocent. Bien des nouvelles nation6écolonisées depuis cinquante ans, ont prouvé leur capacité à commettre, tout comme nous, des abominations. Pour ne pas se remettre en question, elles se drapent toujours dans le manteau de la victime et continuent à accuser l'ancienne puissance coloniale de tous leurs malheurs.

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La «surmémorisation» française n'est-elle pas un risque pour la cohésion nationale ?

Benjamin STORA. - Il faut en effet poser la question de la surabondance mémorielle. Permet-elle de répondre aux défis de l'avenir en nous tirant ainsi vers le passé ? C'est une vraie question, non d'historien, mais de politique. Le problème, c'est que l'État n'a jamais reconnu une quelconque responsabilité dans la conduite des occupations coloniales. Le discours de Jacques Chirac à propos de la répression à Madagascar en 1948 n'a pas été suivi pour l'Algérie. Bien sûr, il n'y a pas eu de génocide, mais tout de même 400 000 morts algériens, ce n'est pas rien, la proportion entre tués français et algériens est de un pour dix. C'est un fait établi, consigné dans les archives...

Pascal BRUCKNER. - Tout comme dans les manuels scolaires ! Aujourd'hui, vous n'en trouvez plus un seul ne condamnant pas clairement l'entreprise coloniale. Mais vous semblez oublier, Benjamin Stora, que la guerre est finie, y compris pour les jeunes générations en Algérie qui ont d'autres soucis en tête ! Il faut distinguer fondamentalement mémoire et histoire. La mémoire est subjective, elle peut être déformée, s'enorgueillir de souffrances qui n'ont pas été directement vécues. Et le contraire de la mémoire n'est pas l'oubli mais l'histoire, c'est-à-dire le rétablissement des faits dans leur complexité. Cinquante ans après la guerre d'Algérie, il est possible d'en avoir une vision impartiale, car nous ne sommes plus concernés qu'indirectement

Benjamin STORA. - Mais la guerre d'Algérie est-elle vraiment finie ? À vrai dire, je n'en suis pas si sûr. Les mémoires continuent de saigner... En contact quotidien avec mes étudiants aux Langues Orientales, je les vois envahis d'une recherche identitaire surpuissante. Y répondre sur le plan de la connaissance historique, c'est notre devoir.

 

La France a-t-elle un devoir envers les peuples qu'elle a colonisés par le passé ?

Pascal BRUCKNER. - Un devoir de reconnaissance en tout cas. Mais il ne suffit pas de se repentir des crimes passés, il faut se sentir aussi responsable des crimes contemporains. Sur ce point, je remarque que l'Europe préfère le confort de la culpabilité aux exigences de la responsabilité vis-à-vis des atrocités contemporaines. Nous sommes, pour reprendre une distinction classique en théologie, dans la «mauvaise conscience paisible» qui conduit à l'inaction. L'Europe ne se connaît plus d'adversaires, que des partenaires. Elle voudrait sortir de l'histoire sur la pointe des pieds. Dans la zone de tempêtes où nous nous situons, un tel comportement est suicidaire. Il faut choisir : la pénitence ou la résistance.

source : Le Figaro, 14 novembre 2006

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* voir également : Réponse à la lecture de Benjamin Stora, par Daniel Lefeuvre

* à propos de la multiplication des lois mémorielles : dossier du crdp de Reims

 

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17 octobre 2006

De la construction du discours colonial (journée d'études)


 Le c[omman]dant Marchand à travers l'Afrique par Michel Morphy
affiche publicitaire en couleurs illustrée ; publicité du livre de Michel Morphy,

1901


journée d'études : 3 novembre 2006 à Lyon 2


De la construction du discours colonial

l'empire français aux XIXe et XXe siècles

Oissila SAAÏDIA, Laurick ZERBINI



Dans un contexte marqué par les polémiques soulevées autour des douloureuses questions de la traite négrière et de la guerre d’Algérie, la fonction sociale de l’historien reste plus que jamais d’actualité. Forte de cette réflexion, l’Équipe Religions, sociétés et acculturation du Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes propose une journée d’étude sur la question de la colonisation.

Pour aborder ce pan de notre histoire, les organisateurs ont choisi de s’intéresser à l’historiographie — c’est à dire à la manière dont a été écrite et s’écrit l’histoire de la colonisation — et l’histoire de l’art, tant il est vrai que toute société se définit aussi par sa production artistique.

Le cadre de la journée ne permet pas d’aborder toutes les dimensions de l’histoire ni l’ensemble des zones géographiques. Ont donc été privilégiés les mondes africains, caraïbes et asiatiques de l’empire français selon une approche plus globale que locale.


 

9h30 : Introductions

Oissila Saaïdia (IUFM Strasbourg), 30 minutes

Laurick Zerbini (Univ. Lyon 2), 15 minutes

Transition :

10h15 : Claude Prudhomme (Univ . Lyon 2) : Réflexion sur les concepts et notions : acculturation, syncrétisme, métissage, race, etc., 30 minutes.

10h45 : Pause

11h30 : Philippe Delisle (Univ. Lyon 3) : Historiographie, mondes caraïbes et Guyane, 20 minutes

11h50-12h15 : Débat

12h30-14h Repas

Transition :

14h15 : André Delpuech (Musée du Quay Branly) : Historiographie, histoire de l’art des Amériques, 20 minutes

14h35 Elise Patole-Edoumba (Museum d’Histoire naturelle, La Rochelle) : Historiographie, histoire de l’art océanien, 20 minutes

14h55 : Pascale Barthélémy (ENS, Lyon) : Historiographie, mondes africains, 20 minutes

15h15 : Laurick Zerbini (Univ. Lyon 2) : Historiographie, histoire de l’art africain, 20 minutes

15h35-15h55 : Débat

16h-16h20 : Pause

16h20-16h40 : Jean-François Klein (INALCO, Paris) : Historiographie, mondes asiatiques, 20 minutes

16h40-17h : Caroline Herbelin (Univ. Paris IV) : Historiographie, histoire de l’art asiatique, 20 minutes

Transition :

17h : Débat

17h30 : Conclusion.


le 3 novembre 2006 de 9h30 à 17h30 à l’Université Lumière Lyon 2
Département d’Histoire de l’Art - Salle d’Histoire de l’Art - 18 quai Claude Bernard  à LYON
Journée d’Étude organisée par l’équipe RESEA, UMR 5190 LARHRA

courriel : ihc@univ-lyon3.fr


                z_universite2                
                                  Université Lyon 2                              


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12 octobre 2006

Les oubliés de l’Histoire coloniale du Pacifique (Mélica Ouennoughi)

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isolat du bagne de l'île des Pins (Nouvelle-Calédonie)

 

 

Les oubliés

de l’Histoire coloniale du Pacifique

Anthropologie historique

du bagne des Maghrébins vers la Nouvelle-Calédonie

Mélica OUENNOUGHI

   

Phénomène colonial et déportation politique

L’insurrection d’El Mokrani en 1871 et son étendue dans le Maghreb est en grande partie liée à la révolte des spahis après la chute de Napoléon III. Ceux-ci en effet, étaient liés par des engagements d’honneur avec les officiers des Bureaux arabes, qui sont relégués à l’arrière plan, au profit d’administrateurs civils lors de la mise en place de la Troisième République : or ces officiers étaient pour une bonne part Saint-simoniens et avaient rêvé d’une reconnaissance réciproque entre les valeurs tribales des populations autochtones et le communautarisme saint-simonien sur la base duquel ils comptaient organiser les groupes de colons français.

Si ce rêve était certainement utopique du point de vue de l’historiographie, il s’est traduit dans la pratiqueNapol_on_III_Alg_rie_1860 par un grand respect de ces officiers pour l’organisation clanique de la société et pour ses chefs et que ces derniers aient senti disparaître à l’arrivée de la République, d’où le déclenchement des révoltes dans tout le pays jusqu’au sud tunisien. Cette époque montre la complexité aussi bien de la colonisation que de la résistance à la colonisation à cette époque et aux époques récente ; elle ouvre de plus en plus le chemin à d’autres recherches sur la conception de la colonisation en Algérie sous le second empire, qui ne se réduit pas à l’utopie du «Royaume arabe» [photo : Napoléon III en Algérie, 1860].

On peut mettre en évidence trois phases distinctes caractérisant les causes de l’insurrection de 1871 :
- La chute de l’empire de Napoléon III et les décrets de Crémieux.
- Le «nouvel ordre» et la désorganisation sociale des tribus par le retrait des privilèges séculaires.
- L’extension considérable au territoire civil et la colonisation de peuplement.


1 - La chute du second empire et les décrets de Crémieux

En 1870, Adolphe Isaac Crémieux [photo], avocat d’origine israélite, inscrit au barreau de Nîmes, Garde des Sceauximage dans le gouvernement du 4 septembre, prend la décision d’accorder aux Israélites d’Algérie la qualité de citoyens français. Les décrets Crémieux désorganisèrent les services déversant par leurs considérants le blâme et l’injure sur l’administration antérieure : la population civile européenne les acclama et les indigènes algériens apprirent officiellement la déchéance de ceux qui les soutenaient. Ils surent que le gouvernement de la défense nationale avait naturalisé en bloc tous les Israélites qui pourraient, par la suite de cette mesure, être appelés à exercer certaines fonctions restées jusqu’alors le privilège des Français. Ils virent apparaître des discriminations comme la différence juridique entre Européens et indigènes.
Ainsi les Israélites formèrent dans des villes des bataillons, des compagnies de miliciens, pendant qu’on refusait l’incorporation des Musulmans dans la milice, et des postes au sein même de la juridiction française. Pourtant le senatus consulte du 14 juillet 1865 indique clairement en ces termes : «L’indigène musulman est français ; néanmoins il continuera à être régi par la loi musulmane. Il peut être admis à servir dans les armées de terre et de mer. Il peut être appelé à des fonctions et emplois civils en Algérie. Il peut, sur sa demande, être admis à jouir des droits de citoyen français ; dans ce cas, il est régi par les lois civiles et politiques de la France» (article 1). Un autre décret fut celui qui donna une extension considérable au territoire civil, sans avoir avisé aux moyens d’exécution. Jusqu’en 1870, pas plus de deux cents demandes de naturalisation ne sont enregistrées de la part de musulmans et cent cinquante-deux de la part de Juifs d’Algérie.

En 1870, le décret de 1865 est modifié par le décret Crémieux qui accorde la nationalité française aux Juifs des trois départements et non aux musulmans. Les chefs indigènes en sentirent toute la portée et n’hésitèrent pas à lever l’étendard de la révolte, notamment en Kabylie déjà préparée par les prédications des Mokaddem du Cheikh El Haddad, chef de l’ordre religieux des Khouan Rahmaniya. L’autorité SPAH5administrative fut conquise par l’autorité militaire. Après le départ en France de la presque totalité de l’ancienne administration de l’empire, officiers employés dans les affaires arabes, on craignait l’instauration de nouvelles lois par le remplacement de la nouvelle armée coloniale. De nouvelles directives provoquèrent une première résistance des spahis [photo] mariés, qui par leur acte d’engagement, ne furent pas obligés à servir hors de l’Algérie, et que le «nouvel ordre» souhaitait mobiliser en escadrons hors de leur territoire.

La résistance qui se manifesta dans plusieurs régiments des provinces d’Alger et de Constantine fut le point de départ de la révolte. Le mécontentement de la famille Rezgui, laquelle avait été autrefois été la puissante tribu des Hamencha à El Milia, fut à l’origine du premier soulèvement du 5ème escadron de spahis dans cette région. Nous retrouvons en déportation politique vers la Nouvelle-Calédonie, le caïd Ahmed ben Dahmani, l’instigateur de la révolte.

Les troubles d’El Milia sont réprimés et le Bachagha de la Medjana fait part au général commandant de la division de Constantine de sa démission lui indiquant que bien qu’il eu continué à servir la France contre l’ennemi, parce que celle-ci était en guerre contre la Prusse, la paix retrouvée, il entendit jouir de sa liberté ne pouvait être répondre à la nouvelle fonction qu’on lui attribua de simple agent d’un gouverneur civil, lequel du reste le déshonora en l’injuriant et en désigna son successeur. Par ce déshonneur, il  adressa son refus de mandat de solde par lettre au chef du bureau arabe de Bordj Bou Arreridj, Ollivier, et fit soulever la tribu du cercle d’Aumale et celle de l’annexe des Beni Mansour. Si Saïd ben Bou Daoud, Caïd du Hodna, prêchait ouvertement son combat contre l’occupant, et manifestait l’intention d’aller attaquer la ville de Boussaâda avec toute la tribu amie de la famille. L’extension se fit sentir dans le Djérid en remontant vers le nord, dans le but de soutenir la révolte des spahis de Souk-Ahras et d’attaquer Tébessa. Les insurgés s’enfoncèrent dans le sud à Biskra. Cette politique tourna le dos délibérément au «Royaume arabe» de Napoléon III.

 

2  - Le «nouvel ordre» et la désorganisation sociale des tribus

Ils se résument en ces deux termes :
- Émancipation de l’individu par la propriété individuelle
- Désagrégation sociale des tribus par le retrait des organisations séculaires.

Comment était constituée la propriété avant la conquête coloniale ?
Elle se définie en deux catégories distinctes :

- des terres dites arch ou sabega, de propriété communale, restant séculairement indivise entre toutes les familles d’une même tribu. Lorsque possédée collectivement par une tribu ou une fraction de tribu, elle ne peut s’aliéner et fait en cas de mort ou de disparition d’un des codétenteurs, retour à la communauté.

- des terres dite melk, lorsque les particuliers ou les groupes de population qui la détiennent ont le droit de jouir et d’en disposer à leur gré ; Prenons à titre d’exemple la région de Biskra [photo] que nous connaissons leBISKRA__Constantine___DAVID__photogr__1 mieux : toutes les propriétés de Biskra à l’exception des biens habbous d’ordre religieux et maraboutiques, sont des propriétés particulières. Elles sont transmises d’après les règles établies par les musulmans. De plus, par une exception qui ne se trouve qu’à Biskra, elles sont susceptibles d’être frappées d’hypothèques. Elles peuvent être aliénées. La propriété consiste en jardins plantés de dattiers, maisons, eau et terres labourées. L’impôt local est établi en fonction du nombre de palmiers-dattiers dans cette région. Cela consistait à prendre le nom de chaque propriété, le nombre d’arbres qu’elle renfermait.

Du temps du Bey Salah, le nombre de dattiers existants à Biskra a été évalué à 36.000 et est passé à 80.000 dattiers en 1876 (plantations entreprises par les cultivateurs eux-mêmes). Sur l’ensemble de ces terres, un certain nombre de familles avait acquis, dans chaque tribu, la faculté plutôt que le droit d’exploiter telle ou telle partie de la terre commune. Ces familles riches dominaient la tribu, celles auxquelles le défaut de ressources interdisait l’exploitation directe de la terre se mettaient au service des premières à titre de Khammès (métayers au cinquième). La dépossession des terres cultivées et des biens séquestrés, vendus aux premiers colons, amènera un désordre inextricable. En 1846, des commissions furent instituées pour examiner les titres de propriété et reconnurent que les 10/11 des terrains vendus étaient réclamées par deux propriétaires à la fois sans compter les irrégularités des séquestres concédés. C’est ainsi que fut établie la constitution de la «propriété coloniale» en 1851.

La propriété coloniale consista à réduire les statuts traditionnels en statuts d’administrés placés sous l’autorité coloniale. Par cette mesure, le travail et les statuts seront contrôlés et gérés comme fonction de l’Etat. La première suppression du sens collectif fut la touiza que l’autorité française fit retirer aux familles Mokrani en 1863. Ce fut le moyen de les désunir, les disperser et les contrôler.  C’est à partir de telles mesures que l’administration coloniale fit mettre en œuvre des commissions et des sous-commissions pour délimiter et contrôler les titres de propriétés. Après avoir procédé à la délimitation du douar ou de la tribu, ces commissions devaient reconnaître les terres appartenant à l’Etat, à la commune ou à l’individu ; En examinant les titres de propriété que les djemââs ou les individus peuvent avoir sur les terres délimitées, ces commissions ont pour fonction de donner leur avis et transmettent leur travail à l’autorité supérieure qui provoque l’approbation impériale. Jusqu’en 1871, les terres pouvaient être achetées indivises de manière collective par les colons ; ainsi les Algériens continuèrent à jouir de leurs biens. Cette forme de propriété collective musulmane a été en vigueur jusqu’en 1871. Ce n’est que par la suite que ses privilèges ont été supprimés.

 

Essai du saint-simonisme en Algérie et extension

dans les autres possessions d’Outremer

Les saint-simoniens [photo à droite] pacificateurs prêchent la nécessité d’organiser le gouvernement civil. Ils accusent les bureaux arabes de n’être que des organes d’espionnage et de ne rien faire pour apaiser, enrichir et éduquerEnfantinDet leurs administrés. Le saint-simonien Enfantin [photo], l’un des plus ardents disciples du fondateur EnfantinSaint Simon, stipule qu’il faut «éduquer» les indigènes en Algérie, afin de permettre la pacification civile plutôt que la conquête militaire, qui semble échouer par l’action militaire du général Bugeaud. Précurseur de la recherche de l’union entre l’Orient et l’Occident, Ismaël Urbain quant à lui, retrace les institutions traditionnelles berbères et démontre comment la doctrine saint-simonisme les a adaptées pour pacifier les tenants de la propriété collective. Dans cette vision assimilationniste, il s’agit pour la doctrine d’unir indigènes et européens afin d’éviter des privilèges de revendication.
La politique du «Royaume arabe» séduit l’empereur Napoléon III. Elle est une nouvelle invention «socialiste» du saint-simonisme basée sur une politique de partage des richesses et des responsabilités dont l’Etat français aura le monopole. Il faut pourtant souligner que l’organisation de la propriété indigène et la propriété coloniale sont totalement distinctes. Dans la propriété coloniale, le colon se soumet au règlement qui a défini au préalable «un lien indirect». Son immobilisation au sol est détruite car il a perdu ses privilèges de naissance de sa terre d’origine. Il n’appartient plus à telle famille d’un tel (le patriarche). Il n’existe plus de lien direct entre lui et ses ancêtres. Face à cette déculturation, il faut instituer une discipline rigoureuse par un arsenal de peines et de récompenses.

Par cette hiérarchie, l’esprit du saint-simonisme fait renaître un nouveau lien direct par la sélection de chefs de familles les plus méritants. Par contre, nous voyons que le lien direct perdure dans la collectivité berbère à l’arrivée du colon. La raison majeure est la suivante : la propriété indivise découle de l’appartenance à la tribu, et plus encore, de l’individu dans le groupe qui possède un titre ancestral de naissance sur sa terre. Les saint-simoniens se sont inspirés de cette mesure ancestrale berbère pour amener les petits colons à avoir le sens de la solidarité communale. La propriété indigène devint un concept emprunté au modèle d’organisation berbère pour la mise en concession des colons.

C’est par ce partage collectif que fut instauré le principe de «la force collective que donne l’association». Le partage des échanges des ressources et des richesses peut s’opérer de cette manière : la tâche fondatrice saint-simonienne devait détruire cette reconnaissance de «l’immobilisation au sol». Il s’agit ensuite d’appliquer au colon le nouveau régime foncier qui devait nécessiter «une mobilisation au sol» par les principes d’égalité et de liberté de jouir de la propriété foncière. Plutôt que le morcellement, comme système moderne européen, qui tue la grande culture, leur vision universaliste calquée sur le système berbère s’oriente vers l’idéologie d’une nouvelle république romaine, le fundus romain. Alors que le fonctionnement de la société berbère est appuyé par l’extrême cohésion sociale de ses habitants, représentée par leurs assemblées (djemââs) de manière démocratique et non hiérarchisée, il s’agit dans l’idéologie d’une nouvelle république romaine, de fabriquer une discipline par une hiérarchie rigoureuse : chaque village sera régi par des sociétés actionnaires, où l’individu sera personnellement intéressé. Par ses actions, le colon adopte le sens communal et acquiert le titre de chef de famille-fondateur.

Le sens communal prend naissance dans l’Algérie, terrain d’élection pour le saint-simonisme au XIXe siècle. La discipline prévoit des récompenses et punitions. Les chefs de famille-fondateurs, les plus méritants, obtiennent, des inspecteurs de la colonisation, un grade de classification de première, seconde ou troisième classe selon la qualité de leurs efforts. Ils pourront racheter leur terre cultivée en se soumettant au règlement de la propriété coloniale. L’organisation du «droit à la culture» pour les petits colons (concessionnaires), comme méthode économique, devait constituer un point de départ de la doctrine de Saint-Simon. Conformément à la loi du 30 mai 1854, si la peine du libéré est de huit années, il sera tenu d’y résider pendant toute sa vie. Cet autre protocole se voit appliquer sur les premiers transportés libérés dans d’autres possessions rurales d’Outremer, le cas de Bourail en Nouvelle-Calédonie nous est révélateur.

En Nouvelle-Calédonie, l’amiral Guillain, qui est resté un fidèle du Saint-simonisme de 1830, ne peut résister à l’idée d’appliquer ses doctrines. En 1864, «La Sybille» y débarque un convoi de transportés. L’amiral choisit dans ce groupe vingt colons, chacun exerçant une profession différente et leur concède 300 hectares dans la région de Yaté, avec l’outillage, les semences et le bétail nécessaires. Les bénéfices de l’association seront divisés en deux parts, l’une répartie également entre les colons, l’autre au prorata des journées de travail. L’emplacement de Yaté fut pour A. Saussol, «une expérience fouriériste» ; les résultats des condamnés ne furent aucunement productifs pour l’association et au bout d’un an cette première expérience, héritière du saint-simonisme, fut dissoute. Il fallait prospecter un autre lieu. C’est alors que la mission choisit Bourail [photo] comme terrain d’élection pour la colonisation pénale. La mise en concession rurale des déportés-concessionnaires maghrébins, dans le centre pénitencier agricole de Bourail, implique que lebourail_nouvelle_cal_donie concessionnaire libéré devra racheter la terre qu’il aura travaillée. La condition majeure de sa mise en liberté définitive est la rente annuelle et le capital rachat de sa concession. Le capital rachat définit ainsi sa libération définitive. Cette mesure est capitale pour l’administration qui doit faire en sorte de sélectionner ses meilleurs sujets devant des règles disciplinaires bien précises.

 

 

 

Le développement insurrectionnel du Hadj El Mokrani 

Nous ne pouvons aborder l’insurrection de 1871 sans développer les faits insurrectionnels antérieurs à celle-ci. Voyons l’histoire des principaux chefs des tribus de l’insurrection  de Mascara en 1864 des Ouled Hamza et des fractions qui ont suivi leur mouvement.  Celle-ci se divise en deux branches à la suite de querelles intestines : la branche des Ouled Sidi Cheikh Cheraga (de l’est) est devenue algérienne. La branche des Ouled Sidi Cheikh Gheraba (de l’ouest) est g_ryville_mosqu_edevenue marocaine de par le traité de 1845. Les Ouled Sidi Cheikh forment une confrérie religieuse qui possède une réelle influence non seulement en Algérie, mais encore au Maroc et au Gourara où elle compte de nombreux adeptes. Le siège de la confrérie est à El Abiod Sidi Cheikh, à 100 kilomètres au sud de Géryville [photo], ce qui aura des conséquences insurrectionnelles.

 

Au début de la conquête, les Ouled Sidi Cheikh Cheraga, avaient pour chef Si Hamza. Ils suivirent naturellement l’émir Abd el Kader. En 1839, Si Hamza à la tête des contingents du Sud prit part à l’expédition de l’Emir contre Aïn Madhi. Après la prise de la smala à Zaguin, il suivit un instant l’émir dans l’ouest mais voyant la fortune de l’émir sérieusement compromise il ne tarda pas à l’abandonner avec tout son monde dans la région d’El Abiod Sidi Cheikh, où se situe précisément le Mausolée (koubba) d’El Abiod. La destruction de la koubba d’El Abiod semble avoir été une des conséquences majeures. Les Ouled Sidi Cheikh (Zoua Cheraga) et les Rezeïgat sont précisément les tribus qui ont débuté le mouvement insurrectionnel de 1864. Elles ont été rejointes par la majorité (2/3 environ) des Ouled Yacoub. Les autres tribus ne sont entrées dans le mouvement qu’à la suite de l’affaire d’Aouïnet Bou Bekeur (8 avril 1864). Les Ouled Yacoub et les Ouled ben Naceur sont les premières tribus qui firent leurs soumissions dans les mois d’été de 1864 ; elles ont été suivies par les Makena, les Ouled Sidi Tifour et une partie des Ahl Sitten, dans les derniers mois de 1864.

Le 4 février 1865, à la suite de l’affaire de Garet Sidi Cheikh dans laquelle Si Mohamed ben Hamza fut tué, plusieurs fractions firent leurs soumissions également : ce sont le reste des Ahl Sitten ; le douar el Merazig Sud_Oranais_Spahi_Cliche_Marc_Flamentdes Ouled Ziad Cheraga, le douar el Orf des Ouled Serour ; les Ouled ben Zian, les Tseireïat et les Ouled Thaleb Cheikh, des Derraga Gharaba ; le douar Ouled Raho, des Derraga Cheraga ; les douars Et-trô, Slamat, Roualisse et Ouled Bou Azza, les Akerma. Au mois d’avril 1866, trois fractions des Ouled Ziad, dont les douars Ouled M’Hammed et Ouled Belal ; trois douars des Derraga Cheraga et trois autres douars de Rezeïgat et des Ouled Moallah abandonnèrent leurs combats ; au mois d’octobre quelques tentes des Laghouat du Ksel et les Chambâa Mouadhi se soumirent également ; durant le mois de décembre 1866, une vingtaine de tentes de Laghouat rentrèrent encore de dissidence.

Durant les premiers mois de 1868, Si Sliman ben Kaddour ramena une grande partie des tentes restant en révolte ; parmi elles, les Ouled Abdelkrim et les Ouled Maallah. La majorité des tribus Laghouat du Ksel, des Ouled Ziad, et les douars de Trafis qui se trouvaient encore dans l’ouest ont fait leur soumission en 1871. L’agha, Eddin ben Hamza et son neveu, Si Hamza Ould Bou Bekeur, appartiennent à la branche algérienne des Ouled Sidi Cheikh, nommée Cheragas. Cette famille religieuse, très influente dans le sud oranais, fit défection en 1864, après avoir attiré dans un guet-apens le commandant Beauprêtre et sa troupe. Elle entraîne à sa suite les tribus des hauts plateaux avant d’être abandonnée dans le Sahara par la plupart de ses adeptes. En 1878, le jeune Si Hamza Ould Bou Bekeur fit sa soumission à Géryville et n’ayant pu obtenir une position administrative qu’il espérait, ne tarda pas à passer au Maroc où il rejoignit Bou Hamama qui sera plus tard l’instigateur de l’insurrection de 1881.

Nous avons retrouvé les condamnés des insurrections de 1864 et de 1880-1881 dans les convois qui ont été transportés en Nouvelle-Calédonie. Un cimetière de type mausolée a été édifié à la mort du déporté marabout Mouley Ould El Bachir originaire de Sidi Bel Abbès. Condamné avec quinze de ses parents et déportés en Nouvelle-Calédonie, il est accusé de pillage de la ville Thessalah. Ces condamnés n’ayant pas accepté d’être déportés, sont à l’origine de la rébellion (mutinerie à bord de la Frégate de déportation : la Sybille 1867). Aussi, ont-ils été conduits au bagne de l’île Nou avant leur mise en concession dans la région de Bourail. Ils édifièrent avec leurs compagnons (des autres insurrections) le cimetière-mausolée comme témoignage de fidélité à la résistance oasienne (le saint et le mausolée).

MOHAMED_EL_MOKRANIIl est à remarquer que lors des insurrections, un nombre important d’insurgés algériens, pour fuir l’occupant, se sont réfugiés, eux-mêmes, dans la région du Ziban (sud algérien) dans le Djérid tunisien. Dans le sud algérien par exemple, les Ouled Hadjerès ont rallié la cause des Ouled Mokrane. L’extrême sud est agité par les Ouled Nails de Djelfa. Alors que le Bacha-agha Mohamed El Mokrani allait en personne échouer devant Bordj Bou Arreridj, son frère Boumezrag, Caïd de l’Ouennougha avait pris la succession de son aîné et poursuivit la révolte avec ses coreligionnaires. Boumezrag El Mokrani reprit le combat et l’insurrection gagna rapidement dans le Hodna et dans l’Ouennough’a où commandaient des parents du Bacha-agha, puis s’étalait vers Sétif et Béni Ourtilane, l’ouest algérien, à Miliana, dirigée par Malek El-Berkani, puis se dirigeait vers le sud sous la direction du cheikh Bouchoucha, qui fut arrêté puis fusillé dans la prison de Constantine, Djidjell, dirigée par Chérif Moulay Chekia à Ouled Ziabra et Djaia, et enfin atteignit dans la région de Souk-Ahras, dirigée par Mohmmed Keblouni.

Les caravanes Mokrani dirigées par le chef de l’insurrection furent pourchassées des portes de fer (Bibans) aux portes du désert (Ziban). Dans la région de Biskra et Boussaâda, la transmission orale fait référence à de nombreux récits sur l’histoire des caravanes des familles Mokrani. Nous avons recherché les causes de l’insurrection d’El Amri (Biskra), là où les fractions Sidi Bouazyd entretiennent toujours des affinités avec la zaouïa d’El Hamel dans la région de Boussaâda. En 1871, les familles Mokrani y trouvèrent un lieu de refuge et fondèrent des liens d’affinité avec Cheikh Ben Belkacem, fondateur de la zaouïa, lesquels firent concrétiser une alliance matrimoniale. Puis la dispersion des familles Ouled Mokrane par les toponymes Ouennoughi et Bourenane s’opéra dans la région de Biskra.

C’est ainsi que l’insurrection de l’Oasis de Biskra (El Amri en 1876) fut ralliée, par les liens de parenté et d’affinité ancestrale, à la cause du Hadj El Mokrani. Plus révélateur est le ralliement des tribus insoumises appartenant officiellement au soff Bou Akkas mais opposées à leurs sympathies et à leurs alliances traditionnelles. Il s’agit en premier des Ouled Amor (Caïdat du Zab Chergui), des Ghamra Caïdat des Arab Cheragas, des Guemar, Behina, Debila, Oued et leurs sous branches que sont les Ouled Harkat, Ouled Rahma, les Ouled Rabah, les Ouled Khaled, les Ouled Amor, Ouled Slimane, les Ouled Naceur Caïdat des Ouled Zekri ainsi que les tribus Bouazyd, Selmya, Rahmane et Ouled Moulète inféodées aux soff  Ben Ganah, ce commandement nouvellement constitué par le Bureau arabe de Biskra dirigé par le capitaine Lefroid. Les fractions des Bouazyd sont à l’origine de246 l’insurrection de 1876. Elles furent propriétaires de la presque totalité des palmiers dattiers des oasis de Biskra ; nomades, elles ont été depuis toujours inféodées aux Ben Ganah, elles n’avaient pas cessé de battre en brèche l’autorité d’Ali Bey. Les noms des principaux acteurs de cette dissidence furent : Cheikh de Nezla, Bouchmal ben Mohamed Goubi, son frère Goubi ben Goubi, les marabouts des Medjarya, El Hadj Ahmed ben Ali el Trabelsi, El hadj Brahim ben el Hadj Amor, tous deux mokaddem Rahmania de l’obédience de Nefta (Tunisie) et ralliés dissidents de la zaouïa de Ben Abid. 

L’insurrection d’El Amri a été conduite par Cheikh Mohamed ben Yahia et le marabout Ahmed ben Aïech avec leurs 2000 combattants. La situation politique d’El Amri du 12 Avril 1876 inquiétait le Bureau arabe de Biskra. Elle  risquait de se développer dans le Zab Dahari, et la partie sud de l’Aurès que sont le Zab Chergui (Touggourt), le Souf, Djebel Amour, l’Oued Rhir et  Souf, les cercles de Boussaâda, Djelfa, Laghouat, qui, de part leurs liens ancestraux, n’hésitèrent pas à montrer leur ralliement aux sidi Bouazyd. Par mégarde, ces régions furent placées sous le contrôle des colonnes du Général Carteret, Commandant de la division de Constantine, lequel se dirigea en direction de Biskra avec le plus grand renfort militaire. L’insurrection de 1876 fut caractérisée par l'extension des mouvements insurrectionnels de 1879 dans la région des Aurès conduits par Cheikh Mohamed Ben Abderrahmane à travers le ralliement des mokkadems de la confrérie Rahmanya et le ralliement des tribus des Ouled Daoud , Béni Bouslimane, Ahmed Kheddou ainsi que certains clans des tribus de Béni Oujana, Oued Abdi, parallèlement au soutien absolu du Cheikh de la zaouia Rahmanya d'oued Abdi, Cheikh El Hachemi Ben Derdour. Nombreux sont les propos sur les insoumis des oasis de la région de Biskra : El Amri, de Bouchegroune, de Lichana, de Farfar et des Zaâtcha, l’insurrection probablement la plus tragique de toutes.

 

Le code de l’indigénat : une assignation

à l’origine ethnique ou religieuse

Cette assignation est à l’origine ethnique et religieuse ; elle a été organisée en vue du contrôle de la population musulmane en Algérie, en lui imputant un certain nombre d’infractions. Le fait d’appartenir à une religion différente et non intégrée au code civil français (c'est-à-dire être musulman et pratiquer un certain nombre de traditions intégrées au système coutumier (djemââs), conduisait automatiquement à la pénalité d’acquérir la nationalité française et être un citoyen français à part entière. En 1874 une liste de 27 infractions relatives au statut d’indigénat fut établie et d’autres infractions suivirent par la suite jusqu’à leur codification définitive en 1881. Cette mesure discriminatoire devait conduire jusqu’en 1890 à forcer les indigènes à la liberté de circulation et de restreindre au maximum les rencontres dans les zaouïas ou les djemââs coutumières et religieuses villageoises.

Les plus significatives ont été les suivantes : refus ou propos offensant sur l’autorité d’un agent ou d’un service de garde, retard dans le paiement d’impôts, détention pendant de plus de vingt-quatre heures d’animaux égarés, asile donné à toute personne étrangère circulant sans permis, défaut d’immatriculation des armes à feu, habitation isolée en dehors du douar, sans permission, campement sur les lieux prohibés, départ de la commune sans avertissement, départ de résidence sans passeports, oubli de faire viser son permis là où on séjourne plus de vingt-quatre heures, défaut de certificat pour tout indigène conducteur de bêtes, tapages, scandales et autres actes de violence, refus de faire des travaux, des services ou de prêter secours en cas d’accidents, de tumulte ou de calamité ainsi qu’en cas d’insurrection, réunion sans autorisation de plus de vingt personnes à l’occasion de ziyàra ou zerda, ouverture sans autorisation à tout établissement religieux ou d’enseignement, refus comparaître devant l’officier de police judiciaire, actes irrespectueux ou propos offensants vis-à-vis d’un représentant ou d’un agent de l’autorité, etc.

Si bien que dans une même famille, on assiste à une classification étrange. Certaines familles ont été divisées et jugées les unes comme des «politiques», les autres comme des «droits communs» ou «transportés». La gestion des tribus étant dirigée par l’administration coloniale, celle-ci n’hésita pas à les réprimer en distinguant le degré de résistance ou de soumission, face aux répressions et aux biens extorqués.

 

Une classification de déportation

Aux mesures consécutives à l’application du décret Crémieux, fut ajoutée une «classification de déportation». On distingua le degré de bagne__le_des_pins_jaunerésistance ou de soumission. La protection ancestrale ayant succombé, on ne manquait pas de déporter des tribus entières dans le pays, dans le Maghreb et dans les autres colonies françaises. Eloignées les unes des autres, les structures communautaires séculaires vont être désorganisées au profit de l’émergence d’un système colonial exogène «foncièrement organisé». Désormais déracinés, les anciens chefs et leurs compatriotes devaient devenir de simples condamnés au bagne à perpétuité, loin de la protection ancestrale et de l’habitat traditionnel. L’identité sociale n’existe plus. Le résultat fut pour eux un déracinement déchirant. En voulant étendre son autorité vers d’autres territoires d’Outre-mer, l’administration coloniale visera, par l’implantation agricole productive selon ses nouvelles méthodes et valeurs, qui sont contraires aux anciennes solidarités, à diviser les membres d’une même famille ou d’un clan. Les uns ou les autres seront, à une même époque, transférés en Nouvelle-Calédonie [photo : bagne de l'île des Pins] ou en Guyane. Prenons l’exemple de Amar ben Mohamed (n° écrou : 1434), fils de Mohamed ben Yahia des Ouled Sidi Yahia, condamné à perpétuité et transporté en Guyane. Aurait-il un lien de parenté avec le chef de l’insurrection d’El Amri de 1876 ?

Les registres des transportés ou relégués consultés réunissent la masse de condamnés métropolitains et maghrébins. En somme, nous pouvons voir figurer dans une même liste plusieurs noms de maghrébins enregistrés à destination du bagne guyanais, et d’autres provenant de la même tribu enregistrés à destination du bagne calédonien. Prenons un autre exemple : Le convoi Le Calédonien du 5 août 1888 fait embarquer à son bord des condamnés pour la Nouvelle-Calédonie ; deux semaines auparavant, en date du 25 juillet 1888, le condamné Amara ben Saïd ben Mokrani (n° écrou : 1324), 23 ans cultivateur né à Biskra et d’autres de ses compatriotes embarquaient pour la Guyane. Serait-il un membre des familles du patriarche Mokrani ben Saïd ayant acquis une concession à Bourail en Nouvelle-Calédonie ?

 


Nouvelle-Calédonie

 

 

Les convois vers la Nouvelle-Calédonie

Condamnés à la déportation en enceinte fortifiée en Nouvelle-Calédonie, les Maghrébins de la déportation se retrouvèrent parmi les Communards, qui étaient leur porte parole pour défendre leurs causes respectives. Au cours de leur peine, se construit une influence réciproque qui liait la cause sociale et culturelle algérienne à celle des Communards. Le célèbre Communard Henry de Rochefort tissa des liens amicaux avec les chefs de l’insurrection de 1871, Abdallah ben Ali Chabbi, Ahmed ben Dahmani, le caïd de Souk-Ahras, et les Chioukh Ahmed ben Brahim et Brahim ben Chérif, membres de la confrérie Rahmanya. Dans cette situation de condamnation commune, ces hommes insurgés ont établi des contacts et des rapports socioculturels et politiques communs. Henry de Rochefort, à son retour à Paris en 1886, lors de l’amnistie, a créé le premier mouvement associatif de France proclamant la libération de ses compatriotes algériens.

 

ILE DES PINS. Prison Ruins

Nombre de documents relatifs à la déportation en général ont été endommagés que ce soit en Métropole (durant la guerre mondiale) ou en Nouvelle-Calédonie (inondations). Pour identifier les déportés politiques originaires du Maghreb, il nous a semblé nécessaire de faire un comparatif des registres de la déportation, aux registres des lieux de détention consultés dans les différentes archives. L’état actuel des archives est incomplet. Par ailleurs, les jugements des Conseils de guerre et des Cours des Assises étant parfois longs, les déportés durent attendre plusieurs mois avant leur embarquement dans les convois destinés à la Nouvelle-Calédonie. C’est la raison pour laquelle, ces prisonniers furent internés deux à trois mois dans les dépôts ou lieux de détention avant leurs embarquements définitifs. Fort heureusement, c’est précisément dans les fonds d’archives des lieux d’internements, que nous avons pu répertorier l’origine et la naissance de chacun des condamnés originaires de l’ancien Maghreb - au destin commun par les frontières d’alliances culturelles ancestrales - ainsi que leurs dates d’embarquements convoi naval par convoi naval vers la Nouvelle-Calédonie (1867-1895).

 

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source : Chocolat Télévision

 

Chronologiquement, les convois de transportés maghrébins en Nouvelle-Calédonie s’effectuent à partir des premiers convois de 1867, dans lesquels nous avons comptabilisé un total de 178 condamnés sous le régime des droits communs. Ces premiers font partie de l’insurrection des Ouled Sidi Cheikh de 1864. Nous identifions ensuite les déportés politiques à la suite de l’insurrection de Kabylie en 1871 et d’El Amri (Biskra) en 1876, dont nous avons comptabilisé un total de 120 embarqués dans les convois entre les périodes 1874 et 1878. D’autres convois abriteront de nouveaux déportés politiques à la suite de l’insurrection du sud-oranais de 1881-1882 (Ouled Sidi Cheikh ; fractions à la fois algérienne et marocaine). Ils forment un total de treize embarqués dans les convois qui suivront entre 1881 et 1882. Seront déportés ensuite les douze Tunisiens entre 1890 et 1892, à la suite de l’insurrection du sud-tunisien (Djérid/Taberka) en 1881, dont certains sont nés ou demeuraient en Algérie pendant le développement insurrectionnel de 1871.

C’est dans ce contexte, qu’il faut noter que le sud-algérien a joué un rôle croissant à partir du Djérid Tunisien.  Jugés sous le régime des droits communs par le Conseil de guerre de Tunis et la Cour d’Assises de Tunis, les motifs principaux de leur condamnation seront rejet du pouvoir en Tunisie et dégradation militaire. D’autres convois suivront la déportation des Tunisiens. Les archives nous signalent, à cet effet, un certain nombre de prisonniers algériens destinés au bagne calédonien. Ces derniers seront enregistrés sous des numéros d’écrou comme relégués et feront partis des derniers convois effectués entre 1887 et 1895. Vu le travail considérable entrepris, et pour ne pas négliger ces autres condamnés, probablement à l’origine d’une longue résistance au débordement colonial, l’état actuel du classement et les listes généalogiques, entrepris avec la collaboration des Archives de Brest, donnera un aperçu définitif des mouvements des convois destinés au bagne Calédonien. Condamnés aux travaux forcés ou à la réclusion, on applique aux insurrections de 1871 (Kabylie), 1876 (El Amri) et 1879 (les Aurès) la loi du 23 Mars 1872 relative aux insurgés de la Commune de Paris de 1871.

 


bagne de Nouvelle-Calédonie

 

Par son esprit de révolte contre toute injustice, cette «communauté» d’individus maghrébins a toujours donné l’impression d’être «malsaine» et pouvant porter atteinte à l’esprit de Loi de 1864. Les Maghrébins (majoritairement Algériens) déportés s’installent dans la vallée de Bourail (Nouvelle-Calédonie) et un noyau important se forme. Dans le cimetière-mausolée du saint patron sidi Moulay (Nessadiou), dont nous avons retrouvé l’identité de l’insurgé, on trouve un grand nombre de noms patronymiques de tribus qui correspondent à la présence historique d’insurgés à majorité politique.

 

Malgré l’exil, par cette appartenance commune, l’entente initiale produit des alliances à fort regroupement familial de type éponyme. Les héritages familiaux (terres et creusement de puits) sont le résultat d’une démarche de résistance où la descendance se réclame en tant que telle. Deux dattiers vénérés plantés près du cimetière de Nessadiou jouent un rôle essentiel par leur fonction symbolique. Le palmier dattier de Bourail représente des hommes qu’un chagrin commun a réunis dans ces lieux.

Le phénomène maraboutique a fortement imprégné les deux vallées d’étude débouchant sur l’identification particulière d’une micro-société encore appelée aujourd’hui «La petite Afrique» à travers son mythe fondateur. Il existe une hagiographie populaire qui associe les anciens déportés à des Cheikhs El Fellagha. Séduits par le paysage montagneux et verdoyant, ils ont labouré leurs champs et développé des cultures méditerranéennes diversifiées avec des méthodes ancestrales. Ils pratiquèrent la transhumance selon la tradition bédouine, de part et d’autres des vallées, de la haute-Boghen à la vallée de Nessadiou. Les fromages commercialisés à Bourail, à la fin du XIXe siècle, confirment l’important cheptel caprin. Le degré d’implication des déportés maghrébins majoritairement cultivateurs d’origine, dans la mise en valeur de la terre, est lié aux conditions écologiques favorables et au fonctionnement social du palmier dattier.  Ainsi en devient-il le témoin d’un transfert de civilisation arabo-berbère.

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Mélica Ouennoughi
docteure en Anthropologie historique
Membre-enseignant-chercheur
Université de Nouméa

  

- Mélica Ouennoughi sur Études Coloniales

- contact Mélica Ouennoughi

 

274759601Xr- Mélica Ouennoughi, Les déportés maghrébins en Nouvelle-Calédonie et la culture du palmier-dattier (1864 à nos jours), L'Harmattan, 2006. (commander chez L'Harmattan)

 

notice de l'éditeur : L'auteur analyse la situation des descendants de Maghrébins en Nouvelle-Calédonie dont les ancêtres ont été déportés à la suite des insurrections algériennes et le ralliement d'autres clans tunisiens et marocains. De plus, l'auteur suit également l'histoire de ce lien entre le Maghreb ancien et la Nouvelle-Calédonie, grâce au fil conducteur que constitue l'introduction par les déportés de la culture du palmier dattier. Un éclairage sur la complexité historique de la colonisation française en Algérie puis en Nouvelle-Calédonie.



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- reportage vidéo sur le bagne de Nouméa
(lien proposé par le blog)

 

 

 

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iconographie de l'auteure

 

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«Camps des Arabes, île des Pins, N.C».  Lithographie Hugan, 1876, Rome, APM
(Collection Amsterdam - Archives Territoriales Nouméa,
©)

 

insurrection_bordj
 «Algérie, Siège de Bordj-Bou-Arreridj – Insurrection Kabylie 1871, par
Hamed-ben-Mohamed» (Archives Historiques de Vincennes,
©)

 

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«Fresque commémorative - Insurrection El Amri-Biskra 1876»
(source, M.
Ouennoughi ©)

 

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«Oasis El Amri - Biskra & son ksar ancien» (source, M. Ouennoughi ©)


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«Tombes des "Vieux-arabes"». En mémoire
des déportés maghrébins. Des noyaux de dattes furent "jetés"
à la mort du premier marabout mort déporté en 1891. Ainsi
fut édifié le cimetière-mausolée de sidi Moulay
(Nessadiou, Bourail, source, M.
Ouennoughi ©)

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Mélica Ouennoughi
docteure en Anthropologie historique
- contact Mélica Ouennoughi

 

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- Répertoire des historien(ne)s du temps colonial

6 octobre 2006

Colonialisme : haro sur la repentance (Violaine de Montclos)

http://www.oumma.com/IMG/jpg/Affiche_18_decembre.jpg
"...la gestion coloniale des quartiers..." (!)

 


revue de presse

 

Colonialisme : haro sur la repentance

            

Y a-t-il aujourd'hui, sur le territoire français, des descendants de victimes et des descendants de bourreaux qu'aucune loi républicaine ne pourrait réconcilier ? En échouant à intégrer les populations immigrées d'origine maghrébine, l'ancien peuple colonisateur que nous sommes poursuit-il, sur son sol, l'exploitation raciste dont il s'est rendu coupable par le passé ? Le livre de l'historien Daniel Lefeuvre est une réponse exaspérée à ces questions qui embarrassent notre conscience collective et paralysent le débat sur l'immigration. Il est une riposte musclée et documentée à ceux qu'il nomme les «repentants», ceux qui, à coups de livres, d'articles ou d'interventions télévisées, somment la France de reconnaître un génocide colonial et un racisme quasi endémique.

«Entre leurs mains, l'Histoire endosse une nouvelle mission : [...] elle doit juger plutôt qu'inviter à connaître et à comprendre», écrit Lefeuvre. Il ne s'agit pas, pour ce spécialiste de la colonisation en Algérie, de justifier le passé impérialiste de la France. Mais plutôt d'arracher la question coloniale du terrain glissant de la morale pour la replacer sur celui de l'Histoire. Tordant le cou aux chiffres manipulés, aux anachronismes, aux développements tronqués, le brûlot de Lefeuvre devrait susciter des réactions chez les quelques auteurs cités. Alors que le film «Indigènes» est sur les écrans, la France n'en finit pas de régler des comptes avec son passé.

Violaine de Montclos

Pour en finir avec la repentance coloniale, de Daniel Lefeuvre
(Flammarion, 230 pages, 18 E)

© Le Point  05/10/06 - N°1777 - page 118

 

 

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26 septembre 2006

Religions et espaces coloniaux (Dominique Borne et Benoit Falaize)

http://peres-blancs.cef.fr/image2/fontainenoviciat.jpg
groupe des novices Pères Blancs en 1885 (source)



Religion et espaces coloniaux :

quel enseignement ?

IESR - EPHE
Institut Européen en Sciences des Religions
École Pratique des Hautes Études - Sorbonne

                            

Religion et espaces coloniaux : quel enseignement ?
Séminaire (2006-2007) animé par Dominique Borne et Benoit Falaize
à l’Institut Européen en Sciences des Religions et à l’INRP

Ce séminaire de recherche vise à explorer une question encore mal connue et peu abordée, celle des liens complexes qu’entretiennent entre eux la religion et le monde colonial. Le séminaire tentera de renouveler la façon d’enseigner le processus de colonisation /décolonisation. Ce séminaire dédoublé se tiendra à Paris (IESR) et à Lyon (INRP). Des spécialistes des questions traitées interviendront lors de chaque séance. Ce séminaire est ouvert à tous.

Cath�drale Catholique de Phat Diem
cathédrale de Phat Diem (Vietnam, XIXe siècle)

     dates (en doublons Paris le jeudi 17h-19h /Lyon le lundi 17h-19h) :

- Christianisme et islam en terre coloniale d’Afrique noire : les cas anglais et français, avec Bernard Salvaing (Nantes), jeudi 19 octobre (à l’iesr) et lundi 23 octobre (à l’inrp)

- La gestion coloniale du pluralisme religieux en Asie du sud-est, avec Claire Tran Thi Lien (Lille) et Rémi Madinier (ehess), jeudi 16 novembre (à l’iesr) et lundi 13 novembre (à l’inrp) 

- Religion et colonisation dans l’aire Pacifique, avec Claire Laux (Bordeaux) et Alban Bensa (ehess), le 14 décembre (à l’iesr) et 18 décembre (à l’inrp)

- Missions et colonisation entre connivence et divergence : points de vue catholique et protestant, avec Jean-François Zorn (Montpellier) et Claude Prudhomme (Lyon), le 1 février (à l’iesr) et 5 février (à l’inrp) 

- Religion et colonisation au Proche-Orient, avec Chantal Verdeil (Lyon) et Jean Leca (Paris), le 15 mars (à l’iesr) et 19 mars (à l’inrp).

- Religion et processus de décolonisation, avec Gilbert Meynier (Lyon) pour : nation et islam dans le FLN entre 1954 et 1962, le 26 avril (à l’iesr) et le 23 avril (à l’inrp)

- Bilans, pédagogies, avec Daniel Rivet (Lyon), Dominique Borne (iesr) et Benoit Falaize (inrp), le 31 mai (à l’iesr) et le 4 juin (à l’inrp).

Le nom des intervenants est donné sous réserve.
La participation au séminaire est libre de tout frais d’inscription.

dominique_borne
Dominique Borne et Benoit Falaize

Pour toute information complémentaire, s’adresser à Philippe Gaudin
Responsable formations à l’IESR,
philippe.gaudin@ephe.sorbonne.fr
Tél : 01 40 52 10 03


Ben Badis et Tayeb el-Oqbi, de
l'Association des Oulémas algériens (1931)

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Inscription au séminaire " Religion et modèles coloniaux : quel enseignement ?"

Bulletin à imprimer et à envoyer à l’IESR, 14 rue Ernest Cresson, 75014

Je participerai au séminaire à Paris,  Lyon  (rayer la mention inutile)

Nom :
Prénom :
Adresse :
Tél :
Courriel :
Fonction :

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Cardinal_Lavigerie.jpg (14774 octets)
le cardinal Lavigerie (1825-1892), fondateur de la
société des Pères Bancs et des Soeurs missionnaires d'Afrique




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22 septembre 2006

le débat sur la Repentance coloniale est lancé

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le débat sur

la Repentance coloniale

est lancé



Le livre de Daniel Lefeuvre, Pour en finir avec la repentance coloniale est disponible en librairie. En voici la présentation :

Après celle de la guerre d'Algérie, une nouvelle génération d'anticolonialistes s'est levée, qui mène combat couv_Daniel_newpour dénoncer le péché capital que nous devons tous expier : notre passé colonial, à nous Français. Battons notre coulpe, car la liste de nos crimes est longue Nous avons pressuré les colonies pour nourrir notre prospérité, les laissant exsangues à l'heure de leur indépendance ; nous avons fait venir les "indigènes" au lendemain des deux guerres mondiales pour reconstruire la France, quitte à les sommer de s'en aller quand nous n'avions plus besoin d'eux ; surtout, nous avons bâti cet empire colonial dans le sang et les larmes, puisque lacouv_Daniel_new colonisation a été rien moins qu'une entreprise de génocide : Jules Ferry, c'était, déjà, Hitler ! Contrevérités, billevesées, bricolage... voilà en quoi consiste le réquisitoire des Repentants, que l'auteur de ce livre, spécialiste de l'Algérie coloniale et professeur d'histoire à l'université Paris-8, a entrepris de démonter, à l'aide des bons vieux outils de l'historien - les sources, les chiffres, le contexte. Pas pour se faire le chantre de la colonisation, mais pour en finir avec la repentance, avant qu'elle ne transforme notre Histoire en un album bien commode à feuilleter, où s'affrontent les gentils et les méchants.

 

 


Ils vous donnent du pain. Donnez leur de quoi se vêtir (...) 28 mai 1942
journée nationale nord-africaine de collecte des textiles
(...). Affiche en couleurs illustrée,
ministère de l'Information, 1942
(source)

 

 

Sur le site herodote.net, André Larané livre son sentiment à la lecture de l'ouvrage : "Voilà plusieurs mois que monte en France un débat autour du passé colonial avec une question très actuelle : les jeunes Français issus des anciennes colonies (Antilles, Afrique du nord, Afrique noire) doivent-ils se considérer comme des victimes de ce passé ? (...)  La repentance ne risque-t-elle pas en définitive de réussir là où les colonistes et les racistes d'antan ont échoué, en enfermant dans un statut de victimes les Français originaires des Antilles, d'Afrique du Nord ou d'Afrique noire et en les convainquant qu'il leur est impossible d'en sortir par leur effort personnel ?". Cet article est repris sur le blog de Orlando de Rudder et sur celui de Guadeloupe attitude.

Le 19 septembre, le site de la Ligue des Droits de l'homme de Toulon, indique qu'il ne "s'adonne pas à la repentance coloniale" : "les adhérents de la section LDH de Toulon ne s’adonnent pas à la repentance. Nous ne sommes ni des pénitents, ni des flagellants, et nous ne nous recouvrons pas la tête - ni celle des autres - de cendre. Le contexte local - c’est dans le midi méditerranéen que sont venus s’installer beaucoup des rapatriés d’Afrique du Nord, et Toulon a été la plus importante des villes gagnées par l’extrême-droite - nous a amenés à développer notre réflexion sur notre passé colonial et notamment en Algérie. Mais il n’a jamais été question pour nous d’envisager des excuses ou de demander pardon pour des faits - dont nous ne portons d’ailleurs aucune responsabilité individuelle. Nous n’avons pas davantage cherché à juger les hommes."

 

 

 

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Daniel Lefeuvre, professeur d'Histoire
à l'université Paris VIII-Saint-Denis

 

 

 

- démonter le réquisitoire des Repentants, à l'aide des bons vieux outils de l'historien - les sources, les chiffres, le contexte. Pas pour se faire le chantre de la colonisation, mais pour en finir avec la repentance, avant qu'elle ne transforme notre Histoire en un album bien commode à feuilleter, où s'affrontent les gentils et les méchants.

Pour en finir avec la repentance coloniale, Daniel Lefeuvre
Flammarion, 230 p, 18 euros.

 

 

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17 septembre 2006

L'avis du site de la Société française d'Histoire d'outre-mer


titre


L'avis du site de la Société française

d'Histoire d'outre-mer (SFHOM)



    La SFHOM (Société française d'Histoire d'outre-mer) a publié le commentaire suivant sur la page "liens" de son site :

ÉTUDES COLONIALES : Un groupe de chercheurs, conduit par Daniel Lefeuvre, Marc Michel, Claire Villemagne et Michel Renard, a lancé ce site en 2006 pour recenser les membres d'une communauté virtuelle de chercheurs en "histoire coloniale", tout en montant aussi une revue en ligne portant le titre "Etudes coloniales". Bienvenue à ces confrères ! Ce site est désormais riche et foisonnant, plein d'informations, de contributions aux débats, etc. Notre propre association était passée de l'appellation Société française d'histoire des colonies à celle de Société française d'histoire d'outre-mer ; on en revient au terme de "colonial", mais selon un autre angle d'approche, plus dans la ligne des "post-colonial studies". Ce site "Etudes coloniales" entend aussi ne pas laisser le monopole de la communication médiatique et numérique à un autre groupe de chercheurs très médiatisés, autour de P. Blanchard notamment ; mais le challenge est stimulant et fécond.


Société française d'Histoire d'outre-mer (SFHOM)

Bienvenue

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23 septembre 2006

Les déportés Maghrébins en Nouvelle-Calédonie (Mélica Ouennoughi)

 

 

Les déportés Maghrébins en

Nouvelle-Calédonie

Mélica OUENNOUGHI



- Les déportés maghrébins en Nouvelle-Calédonie et la culture du palmier-dattier (1864 à nos jours), Melica Ouennoughi, L'Harmattan, 2006.

- présentation de l'éditeur : L'auteur analyse la situation des descendants de Maghrébins en Nouvelle-Calédonie dont les ancêtres ont été déportés à la suite des insurrections algériennes et le ralliement d'autres clans tunisiens et marocains. De plus, l'auteur suit également l'histoire de ce lien entre le Maghreb ancien et la Nouvelle-Calédonie, grâce au fil conducteur que constitue l'introduction par les déportés de la culture du palmier dattier. Un éclairage sur la complexité historique de la colonisation française en Algérie puis en Nouvelle-Calédonie.

- note de l'éditeur : L'ouvrage se présente comme un recherche interdisciplinaire et transversale. L'auteur analyse la situation des descendants de Maghrébins en Nouvelle-Calédonie dont les ancêtres ont été déportés à la suite des insurrections algériennes et le ralliement d'autres clans tunisiens et marocains. Durant les années 1860, la France met en place un essai de colonisation pénale qui deviendra le centre pénitentiaire de Bourail.
Cette enquête réalisée sur le terrain et l'ensemble de la mémoire orale exposés sont confrontés avec de nombreuses sources écrites. Notamment des listes généalogiques des déportés, des listes des mariages mixtes qui ont donné quelques milliers d'hommes et de femmes calédoniens formant la descendance aujourd'hui, des listes d'attribution des lots de terre visant à utiliser les déportés en tant que concessionnaires pour la mise en valeur agricole de l'île et aussi avec des sources relatives aux insurrections algériennes elles-mêmes.

L'auteur suit également l'histoire du lien entre le Maghreb ancien et la Nouvelle-Calédonie grâce au fil conducteur de la culture du palmier dattier. La reconstruction identitaire d'une communauté maghrébine dans les pays d'Outre-mer ne pouvait être compréhensible, qu'après avoir reconstitué les étapes anthropologiques de leur histoire sociale, religieuse, économique et botanique. La formation de palmeraies pour souder la communauté ainsi que les effets au niveau de techniques et de l'outillage nous révèlent l'existence d'un héritage almoravide berbère qui prend son origine en Espagne médiévale (XIe siècle), dont l'auteur analyse les modes de diffusion permettant de suivre les mouvements migratoires des groupes humains. La rencontre entre savoir-faire traditionnel et savoir-faire moderne, l'étude des différents types de dattes, ouvrent des perspectives très intéressantes, aussi bien pour les agronomes et historiens professionnels que pour les recherches généalogiques des familles.

Voici la première thèse universitaire qui apporte des éclairages sur la complexité historique en remontant aux origines du processus de la colonisation française en Algérie puis en Nouvelle-Calédonie.

 

Mélica Ouennoughi est docteur en anthropologie historique. Membre-chercheur rattachée au Laboratoire d'Histoire contemporaine de l'Université de Nouméa. Spécialisée sur les migrations maghrébines et sahariennes en Océanie, elle a consacré de nombreuses publications à la question des Calédoniens maghrébins en Nouvelle-Calédonie et leur rôle dans la mixité sociale avec les autres communautés (françaises, européennes, mélanésiennes, indonésiennes, japonaises).

 

 

melica- entretien avec Melica Ouennoughi dans : Bordj Bou Arreridj info (18 mars 2006) : "Lorsque je suis arrivée sur le territoire calédonien, pour retrouver les descendants d’algériens, je demandais l’itinéraire aux Kanaks. La première réponse qu’ils m’ont donné, c’est : lorsque tu vois un dattier, c’est qu’il y a un «Viel arab » qui est passé par là".

 

 

 

 

- un commentaire de Rafik Darragi, paru dans la Presse de Tunisie (9 mars 2006)

- un commentaire de Rachid Sellal sur le site Afrique du Nord north africa (18 avril 2006)

- le site de Mel
ica Ouennoughi

contact : melica.ouennoughi@voila.fr


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Nouvelle-Calédonie : lieu de déportation...

source : Chocolat Télévision

 


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23 juin 2006

Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905) - expo CAOM

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exposition virtuelle du Caom sur Savorgnan de Brazza



Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905)

exposition virtuelle

du Centre des Archives d'Outre-mer (Aix)




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Le retour de M. de Brazza. L'Illustration du 23 Février 1895 (source)

 

 

Savorgnan de Brazza

(Pierre de Brazza-Savorgnan  dit)

Castelgandolfo, 22 janvier 1852 - Dakar, 14 septembre 1905

 

Plus connu sous le nom de Savorgnan de Brazza, Pierre de Brazza-Savorgnan reste une des plus hautes figures de la geste coloniale française. Issu de l’aristocratie romaine, il ressentit très tôt l’appel de la mer en même temps que l’attrait de la France. Fort de l’appui de l’amiral de Montaignac, ami de son père, il entra à l’École Navale à titre étranger en 1868, et obtint ensuite d’être embarqué sur les vaisseaux de l’État. En 1874, il se fit naturaliser et Montaignac parvint à le faire nommer enseigne auxiliaire, mais Brazza, médiocrement noté, en butte aux réticences d’un milieu corporatiste, voire xénophobe, décida de se consacrer à l’exploration du bassin du Congo.(Il avait longé le littoral gabonais à bord de la Vénus).

Au cours d’une première mission (1875-1879), il remonta l’Ogooué constata que ce fleuve n’était pas un émissaire du Congo, puis reconnut le cours supérieur de l’Alima, affluent du Congo, mais dut battre en retraite devant l’hostilité d’une tribu courtière jalouse de son monopole. À son second voyage, il atteignit enfin le Congo et le 10 septembre 1880, au village d’Itiéré (Mbé), il passa avec le chef des Bateké Tio, le Makoko-Ilôo (et non le roi Makoko car il s’agit d’un titre et non d’un nom propre), un traité prévoyant l’établissement d’un protectorat et la cession d’un territoire. (Les notions de protectorat et de souveraineté étaient d’ailleurs dénuées de sens pour ce potentat africain).

Le traité Makoko n’en fut pas moins ratifié le 18 septembre 1882 par la Chambre, unanime à saluer la renaissance coloniale du pays. La popularité de Brazza fut immense. Il avait en effet coupé court aux visées rivales de Stanley, agent  du Comité d’études du Haut-Congo, patronné par le roi des Belges Léopold II. Arrivant devant N’Couna, (Brazzaville) en juillet 1881, Stanley, nanti de gros moyens, vit flotter le pavillon français à la garde du sergent Malamine : il avait été devancé par le «va nu pieds» qu’il avait une fois rencontré à Vivi et en qui il n’avait vu qu’un vagabond romantique et exalté.  C’est ainsi que la rive droite du Congo devint française. Brazza avait affranchi des esclaves et fondé deux stations hospitalières et scientifiques, Franceville sur le Haut-Ogooué et Brazzaville,  futur chef-lieu de la nouvelle colonie.

Commissaire du gouvernement dans l’Ouest africain de 1883 à 1885 (troisième mission) puis Commissaire général au Congo de 1886 à 1897, il jeta les bases de la future Afrique  Équatoriale Française avec l’aide de ses lieutenants, Ballay, Crampel, Gentil, Liotard. Rappelé à la suite de sordides cabales, il ne revint au Congo qu’en 1905 à la tête d’une mission d’enquête. Il dénonça les brutalités de certains fonctionnaires et surtout les méfaits des compagnies concessionnaires qui mettaient la contrée en coupe réglée et asservissaient les populations, si bien que sa mort, survenue sur la route du retour, a pu être imputée à un empoisonnement criminel. Le gouvernement lui fit des obsèques nationales, mais son rapport fut discrètement enseveli. Ce héros naïf et désintéressé n’a pas usurpé l’estime de ses contemporains. Nul n’a sans doute mieux que lui illustré les thèmes, récurrents dans le discours colonial, de la conquête pacifique et de la mission civilisatrice.

 

          Jean Martin
            professeur à l’université de Lille III
            membre de l’École doctorale de Paris-Sorbonne (Paris IV)
(source)

 

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liens :

- "Brazza revient bientôt", article de Pépin Boulou, professeur d'histoire-Géographie au Lycée Victor Augagneur  Pointe-Noire (30 novembre 2005)

- biographie de Pierre Savorgnan de Brazza par Pépin Boulou

 

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Le Petit Journal, 19 mars 1905

 

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le cours de l'Ogooué

 

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l'Ogooué

 

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l'Ogooué

 

 

exposition virtuelle sur Pierre Savorgnan

de Brazza (1852-1905)

 

sur le site du Centre des Archives d'Outre-mer (Aix-en-Provence)

visitez-la

 

accueil

16 juin 2006

Le n° 5 de la la revue Afrique & Histoire

 

le n° 5 de la revue

Afrique & Histoire
est paru



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- "Pourquoi l'Afrique ? Pourquoi l'histoire ?" - Jean-Pierre Chrétien (édito du n° 1)

- site de la revue : éditions Verdier

- contact scientifique : hafrique@univ-paris.fr
Afrique & Histoire
Centre de recherches africaines
9, rue Mahler - 75004 Paris

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                                                                                                         Jean-Pierre Chrétien



 

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Tananarive, carrefour des Quatre Chemins, carte postale 1902

 

 

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31 janvier 2012

Afrique du Nord "barbaresque" : iconographie

Alger 1572
 

 

vues anciennes du Maghreb "barbaresque"

annonce des éditions Gandini

 

Une fois n'est pas coutume... Les Éditions Jacques Gandini vous proposent la reproduction d'une série de documents exceptionnels, tous antérieurs à l'arrivée des Français en Afrique du Nord, au temps ou les ports du Maghreb servaient de base aux "pirates barbaresques", comme on disait alors, de l'Empire ottoman.

Exceptionnels, ces documents le sont à double titre : par leur intérêt culturel et historique bien entendu, mais aussi par leur intérêt décoratif : reproduits à l'identique, en très grand format, ils sont imprimés spécialement pour vous dans une qualité inégalée. Les exemplaires originaux de ces gravures sont quasiment introuvables et, lorsqu'ils se présentent sur le marché, leur prix atteint de véritables sommets : plusieurs milliers d'euro en règle générale.

Aujourd'hui accessibles à tous, ces images hautes en couleurs, fourmillant de détails, gravées et peintes par les meilleurs artistes de leur temps, vous sont proposées dans sept déclinaisons ou supports différents. Chaque tirage est réalisé à la demande et nécessite plusieurs jours de délai de fabrication. Découvrez vite ci-dessous les six vues exceptionnelles que nous vous proposons aujourd'hui, visualisez-les en plein écran, choisissez le support sur lequel vous souhaitez les recevoir et commandez maintenant ...



Les supports disponibles :
- Tirage papier seul : les reproductions sont imprimées sur un beau papier blanc de 150g par m2 et sont prêtes à être encadrées ou intégrées dans un classeur de gravures;
- Support rigide PVC : les reproductions sont imprimées directement sur un support rigide en PVC blanc, en très haute résolution (2400 dpi), et sont prêtes à être encadrées ou accrochées telles quelles. Peu onéreux, ce support offre le meilleur rapport qualité/prix;
- Encadrement Laminamarc : le must. Déclinés dans 5 versions différentes, les encadrement Laminamarc constituent la solution d'encadrement la plus souple et la plus innovante du marché. Découvrez sur notre site dédié ces supports originaux et modernes qui transformeront radicalement votre intérieur ou votre bureau.


 

6 GRAVURES HISTORIQUES EXCEPTIONNELLES :
ALGER, TUNIS, MARRAKECH

Alger 1572 (à partir de 18.00 €)

La vue d'Alger de Franz Hogenberg (1535, Malines - 1590, Cologne), graveur sur cuivre et aquafortiste belge, pratiquement contemporaine de la bataille de Lépante (1570), est remarquable par sa fraîcheur et ses extraordinaires détails. Elle est légendée "Alger, ville sarrazine fortifiée, dans la province de Numidie, en Afrique..."
Le retirage de cette extraordinaire image, vieille de près de 4 siècles et demi, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 59 x 42 cm.

plein-ecran

 

Alger 1580 (à partir de 18.00 €)

Vue de la ville d'Alger, gravure sur bois du vénitien Matteo Fiorini (1540-1613). Réalisée aux alentours de 1580, cette gravure présente de nombreuses similitudes avec celle de Franz Hogenberg, à peu près contemporaine (1572), et lui a vraisemblablement servi de modèle.
Le retirage de cette extraordinaire image, vieille de près de 4 siècles et demi, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 51 x 39cm.

plein-ecran

 

Alger à la fin du XVIIe siècle 20.00 €)

Grande gravure aquarellée anonyme, de la fin du XVIIe siècle, imprimée vraisemblablement à Amsterdam. Beau panorama sur la casbah depuis le large. Les vaisseaux du premier plan battent pavillon néerlandais (à gauche) et anglais (à droite) et semblent livrer combat aux galères, sans doute ottomanes, qui s'intercalent entre eux.
Le retirage de cette extraordinaire image, vieille de plus de 3 siècles, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 70 x 53 cm.

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Alger 1816 (à partir de 18.00 €)

Gravure aquarellée figurant le plan de l'attaque donnée à Alger par l'amiral anglais Lord Exmouth le 26 août 1816. Levé sur le lieu même par un ingénieur de la flotte anglaise et publié à Turin en décembre 1816.
Le retirage de ce témoignage historique, prélude à la conquête de l'Algérie par les troupes françaises, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 45 x 34 cm.

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Tunis et La Goulette 1574 (à partir de 18.00 €)

Gravure aquarellée figurant la bataille de Tunis entre Philippe II d'Espagne et le sultan ottoman Selim II en juillet et août 1574, pour le contrôle de la ville et de sa région. Vue de Tunis et de la Goulette.
Le retirage de cette extraordinaire image, vieille de près de 4 siècles et demi, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 42 x 33 cm.

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Marrakech 1650 18.00 €)

Vue du Palais royal et d'une partie de la ville, capitale du Royaume du Maroc. Gravure aquarellée anonyme, du milieu du XVIIe siècle, imprimée vraisemblablement à Amsterdam (les légendes sont en langue flamande), haut lieu de l'édition géographique européenne.
Le retirage de cette extraordinaire image, vieille de plus de 3 siècles, est disponible sur papier mat 150g, sur support rigide épais de 5 mm et dans les différents types de Laminamarc, au format 46 x 35 cm.

plein-ecran

 

- lien vers ces gravures anciennes sur le site des éditions Gandini

 

POUR EN SAVOIR PLUS, LES EDITIONS GANDINI VOUS CONSEILLENT CES LIVRES :

 

LA PIRATERIE BARBARESQUE
EN MÉDITERRANÉE

par Roland COURTINAT

La piraterie barbaresque est d'abord et avant tout un Djihâd maritime, justifié par les guerres de prééminence religieuse entre l'islam et la chrétienté. La piraterie barbaresque, comme la piraterie chrétienne, s'intègre dans le contexte des opérations guerrières menées de part et d'autre. C'est par la suite que les écumeurs des mers saisissent tout le profit que la Méditerranée peut leur apporter, car elle est un champ d'action propice aux rapines, à la traite des femmes, au trafic des esclaves...

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BOUTIN, PIONNIER DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE

par Jean MARCHIONI

BOUTINBrillant officier du Génie, familier du monde turco-arabe, Boutin est à trois reprises l'agent secret que Napoléon envoie dans cet Orient auquel il ne cesse de penser depuis la campagne d'Egypte. Qualifiée de « rêve » parce que la conjoncture européenne l'a empêchée de s'accomplir, la politique orientale de l'Empereur n'est pas un songe embrumé qui court après une réalité inaccessible, mais au contraire une succession de choix politiques concrets que décrivent les archives du Quai d'Orsay.

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Alger par Fiorini 1580
Alger, vers 1580 (extrait)

 

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14 mars 2012

Pierre Schoendoerffer

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Pierre Schoendoerffer,

auteur de la 317e section est mort

 

 

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- L'historien Pierre Brocheux a évoqué, pour Études Coloniales, "toute la sympathie et l'admiration qu['il] éprouve pour Pierre Schoendoerffer en tant qu'homme et cinéaste. Schoendoerffer a porté un témoignage inoubliable et lucide pour l'Indochine de "mon époque" même si nos opinions sur le fond étaient diamétralement opposées." Pierre Brocheux

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Études Coloniales

 

- en retrouvant les images de ce film, on ne peut être que frappé - c'est une remarque peut-être marginale - par l'image christique de Jacques Perrin... Intention délibérée de l'auteur Pierre Schoendoerffer ?

Michel Renard

 

Le réalisateur et écrivain s'est éteint mercredi à l'hôpital militaire Percy de Clamart.

L'écrivain et cinéaste Pierre Schoendoerffer est mort cette nuit, à 6 heures du matin, à l'âge de 83 ans, entouré de ses proches, à l'hôpital militaire Percy, de Clamart où il avait été transféré il y a quelques jours après une intervention chirurgicale.

Né à Chamalières (Puy de Dôme), il s'était engagé à 17 ans comme mousse sur un chalutier suédois avant de rejoindre le corps expéditionnaire français en Indochine comme caméraman aux armées au sein du prestigieux 1er régiment de chasseurs parachutistes. Fait prisonnier à la bataille de Diên Biên Phu, le 7 mai 1954, il est libéré après trois mois de détention dans un camp vietminh. En 1956, il réalise son premier film en Afghanistan, La Passe du diable, d'après un scénario de Joseph Kessel.

En 1963, il publie son premier roman, La 317ème section, inspiré de cette expérience indochinoise qui hantera toute son œuvre. Deux ans plus tard, il en réalise l'adaptation au cinéma avec Bruno Cremer et Jacques Perrin - prix du scénario au Festival de Cannes. Jusqu'au début des années 2000, il poursuivra en parallèle une carrière d'écrivain et de cinéaste moultes fois récompensée. En 1968, il obtient l'oscar du meilleur documentaire avec La Section Anderson, récit d'une unité de combat américaine durant la guerre du Vietnam.

Son roman L'Adieu au Roi, publié aux éditions Grasset à qui il restera fidèle toute sa vie, obtient le Prix Interallié, dont il rejoindra le jury quelques années plus tard - le réalisateur américain John Milius le portera à l'écran avec Sean Connery après s'en être inspiré pour écrire le scénario d'Apocapyse Now. Le Crabe-Tambour, lui, est honoré par le Grand Prix de l'académie française et glanera trois césars pour son adaptation sur grand écran. En 1992, il réalise son film le plus ambitieux, Diên Biên Phu, tourné au Vietnam. Amis des écrivains et journalistes Joseph Kessel, Lucien Bodard et Jean Lartéguy, grand lecteur de littérature maritime et des œuvres de Kipling, Malraux, Loti - qu'il adapta deux fois au cinéma -, il faillit porter à l'écran dans les années 90 le roman de Joseph Conrad, Typhon.

Marié à l'ancienne journaliste de France-Soir, Pat Chauvel, qu'il avait rencontrée lors d'un reportage au Maroc en 1955, il était père de trois enfants dont le réalisateur Frédéric Schoendoerffer (Scènes de crime, Agents secrets, Switch) et l'oncle du grand photographe de guerre Patrick Chauvel.

Il avait été élu en 1988 à l'Académie des Beaux-Arts et appartenait à l'Académie des écrivains de marine. Pour tous, il restera l'écrivain d'aventure par excellence et le cinéaste ayant décrit avec le plus de justesse les souffrances, les mélancolies et les tragédies de l'armée française de la deuxième moitié du XXe siècle.

 
 
Par Jean-Christophe Buisson
14 mars 2012

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- La 317ème Section ou le « cinéma-vérité » de Pierre Schoendoerffer, par Delphine Robic-Diaz

 

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27 octobre 2008

Binger, explorateur de l'Afrique occidentale

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un capitaine explorateur de l'Afrique

au temps des colonies

Claude AUBOIN

Présentation du livre par l'auteur

Biographie de Louis Gustave Binger (1856-1936).
Binger_assis_sous_une_tenteNé à Strasbourg, décédé à L’Isle-Adam. Explorateur de la Boucle du Niger (Mali, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire) 1887-1889. Envoyé en mission par le gouvernement français pour délimiter les frontières entre la Gold-Coast anglaise (Ghana) et la Côte d’Or française (Côte d’Ivoire) 1892-1893. Premier Gouverneur de la Côte d’Ivoire 1893-1895. Directeur des Affaires d’Afrique au Ministère des Colonies 1897-1907.

Son exploration de la boucle du Niger, recommandée par le général Faidherbe et subventionnée par le Ministère, et qu’il réalisa pacifiquement, fut une grande réussite. Elle apporta au monde des informations géographiques, géologiques, ethniques, botaniques sur de vastes  régions inconnues de l’Afrique de l’Ouest. Jules Verne lui demanda conseils pour l’écriture d’un de ses livres. Il fit le récit de ses aventures dans un ouvrage en deux volumes qui fut un succès de librairie et constitue aujourd’hui la «mémoire» de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso. La carte «Binger» fit référence auprès de l’administration, des explorateurs et des militaires, pendant de nombreuses années.

La pertinence de sa mission de délimitation de frontières, sa connaissance du pays et de ses habitants lui valurent d’être le premier Gouverneur de la Côte d’Ivoire. Il est reconnu aujourd’hui comme le «père fondateur» de ce pays comme me l’expliquait l’ambassadeur de ce pays en France.

Revenu à Paris pour raison de santé, il fut nommé Directeur des Affaires d’Afrique. À ce poste, il dut préparer le règlement des grands problèmes africains de cette époque, et notamment l’affaire de Fachoda. À sa mort, l’État lui fit des funérailles nationales. Il fut le grand père de Roland Barthes, le célèbre sémiologue.


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Une exposition sera présentée à partir d’Avril 2009 au Musée de l’Isle-Adam, sur le thème «Images d’une Afrique en mutation (1884-1914) autour de l’explorateur Gustave Binger», dont l’auteur est commissaire, sous le patronage de Monsieur Axel Poniatowski, député-maire de la ville, et qui accueillera bon nombre d’invités de prestige. Le livre y sera présenté.

Plusieurs conférences, sur ce même thème, sont dors et déjà prévues et organisées pour répondre à la demande de municipalités et d’associations.

La Côte d’Ivoire fait parler et écrire sur elle depuis quelques années principalement à cause du contexte politique et elle restera au devant de l’actualité dans les mois qui viennent puisque de nouvelles élections présidentielles, qui risquent d’être mouvementées, sont prévues dans les mois qui viennent.

J’ai estimé qu’il était intéressant de revenir sur la création et les premiers pas de ce pays qui fut confié à l’administration de Binger, afin de mieux comprendre ses difficultés présentes, son maillage ethnique, ses courants commerciaux mais également d’avoir une idée sur son potentiel géologique et forestier.

Claude Auboin



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Biographie de Louis Gustave BINGER (1856-1936) Explorateur de l’ Afrique Occidentale, premier Gouverneur de la Côte d’Ivoire, Directeur des Affaires d’Afrique au Ministère des Colonies. Ayant été au cours de ses deux grandes expéditions, tour à tour, botaniste, zoologue, géographe, sociologue, géologue, ethnologue et  s’est entouré de photographes. Il a participé à la construction de l’Afrique moderne.    
Livre au format  130 x 210, de 327 pages avec 85 illustrations.

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en couverture, peinture de Richard Paraire

Bon de commande
(livraison prévue début décembre 2008)
AU TEMPS DES COLONIES  «BINGER»
Explorateur de l’Afrique Occidentale


NOM :                                       PRENOM :
ADRESSE :
E-Mail :
Nombre d’exemplaires : ……..   X  22 €   =

Frais de port : 3,90 € pour 1 exemplaire/ 5,10 € pour 2 exemplaires
Au delà, prière de contacter l’auteur.

Chèque de règlement à l’ordre de M. Claude AUBOIN
4, avenue Binder 95290 L’ISLE-ADAM
date et signature

contact : auboin.claude@wanadoo.fr

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Binger_assis_sous_une_tente



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                                 édition du 21 décembre 1889 : "Du Niger au golfe
                                de Guinée", par L.-G. Binger


A9456
Binger Louis-Gustave, (Capitaine)
Du Niger au Golfe de Guinée par
le pays de Kong et le Mossi

Paris, Société des Africanistes, 1980,
reproduction anastatique de l'édition de 1892
 


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édition du 12 janvier 1890


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édition du 12 novembre 1897


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photographie


449px_Louis_Gustave_Binger_1856_1936
cimetière Montparnasse à Paris


timbre


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palais du gouverneur à Bingerville (Côte d'Ivoire) à l'époque coloniale...


TP_1390
...devenu aujourd'hui un orphelinat

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liens

- le blog de Claude Auboin (plusieurs documents iconographiques sur Louis-Gustave Binger)

- la mission du capitaine Binger en 1888, dans : "Document du mois : Traité entre la France et le roi de Djiéboudou, 4 mai 1897", capitaine  Valérie Caniart (Service historique de la Défense)

- Binger et le Burkina

Binger et Naaba Wobgho

Certes, Binger n'a pas joué un rôle primordial dans l'histoire du Burkina, ni même dans celle de la colonisation. Il a pourtant été l'un des premiers européens à visiter le royaume de Ouagadougou. De plus, son récit offre un témoignage des coutumes Mosse à la fin du XIXe siècle. D'ailleurs, saluer le Mogho Naaba aujourd'hui requiert le respect des règles pas si différentes de ce que l'on peut lire chez Binger.

Le compte rendu du voyage de Binger de 1887 à 1889, une somme de près de 1000 pages, publiée en 1892 par la "Société des Africanistes" est toujours une référence. Un livre tout à fait passionnant où l'on découvre, racontée par un de ses acteurs directs, la politique coloniale de la France (de l'Angleterre et du reste de l'Europe). Mais Binger, bien que militaire, et sûr de sa supériorité de blanc, a eu une approche assez moderne, proche de celle d'un ethnologue.

En juin 1888, il est au pays Mossi et rencontre celui qui deviendra le Mogho Naba Wobgho. Il trouve un royaume organisé, un roi dont la politique pas si naïve que ce que l'on décrit trop souvent à propos de cette époque.

Le texte de cet ouvrage est disponible sur le site de la BNF. On notera qu'il s'agit d'une publication dans "Le Tour du Monde", probablement antérieure à l'édition de la Société des Africanistes mais la BNF indique 1860, ce qui est impossible (1890 ?).

Source BNF, ouvrage de 1890

Cette illustration extraite de l'ouvrage a comme légende "Naba WOBGO de Ouagadougou à la tête de son armée (Photo d'archives)" (sic). De fait, lors du passage de Binger en territoire Mosse, Boukary, frère du Naba Sanom, n'était pas encore le Mogho Naba Wobgho mais il s'agit bien de lui !

Malgré ce premier contact pacifique et quasiment amical avec Binger, le Naba Wobgho est connu pour avoir résisté aux Français, menés il est vrai cette fois par les sanglants Chanoine et Voulet, héritiers des colonnes infernales de Tureau, précurseurs de la division Charlemagne. Hélas, et pour la honte de la France.

Allez, on se souviendra plutôt de Binger, malgré les préjugés (parfois bien lourds) qui l'empêchaient d'être totalement moderne.

source

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23 janvier 2012

la valise ou le cercueil

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"la véritable histoire des Français d'Algérie"

film et DVD

 

Pub_DVD_janvier_2012
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- bande annonce du film La valise ou le cercueil

 

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Mlle Bérangère MONTONATI

  Chargée de Communication pour REPORTAGE 34 SARL - Film Historique "LA VALISE OU LE CERCUEIL"

 

   11 route des jardins de Maguelone - 34970 LATTES-Maurin

Contact: 04 67 27 87 26 - Facebook: Charly Cassan

 

E-mail: reportage34@hotmail.fr

 Commande DVD: http://www.amazon.fr/dp/B006FFXJ8O - Association: www.la-valise-ou-le-cercueil.org

 

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Béziers “La valise ou le cercueil”

en version récupération

 

PATRICK NAPPEZ - Le Midi Libre
12/01/2012, 14 h 55 | Mis à jour le 12/01/2012, 14 h 55
André Troise l’incontrôlable.
André Troise l’incontrôlable. (PIERRE SALIBA)

Avant même sa projection publique et gratuite, le 22 janvier à Zinga Zanga, le film La Valise et le cercueil crée la polémique. Produit avec le soutien d’une association arlésienne d’enfants de Pieds-noirs, ce film est signé Charly Cassan, ancien dirigeant de radios locales, lui-même rapatrié à l’âge de 20 ans, et marqué par le suicide de son père, juste après son arrivée en métropole.

S’il affiche en sous-titre la prétention de raconter “la véritable histoire des Français d’Algérie”, le film est avant tout une somme de témoignages sur les “événements” et sur le retour.

"L’objectif n’est pas de polémiquer mais de témoigner de la souffrance. Charly Cassan et son épouse ont fait un gros travail de recherches en laissant la parole aux victimes" explique Frédéric Gourrier, président de l’association qui diffuse le film.

L’intérêt de ce témoignage a été perçu par plusieurs députés, dont le Biterrois Élie Aboud, président, au sein de l’Assemblée Nationale, du Groupe d’études sur les rapatriés, qui réunit toutes les sensibilités (lire ci-dessous). Une projection au Palais Bourbon est programmée le 8 février, avec l’aval de la présidente de la commission des Affaires culturelles, Michelle Tabarot (UMP-06).

Fort de ces blancs-seings, Élie Aboud dit avoir accepté que l’association organise une séance à Béziers, dont il sera le parrain. Vu ainsi, il n’y a pas de quoi hurler sur les toits, d’autant que le film a déjà été vu dans quarante villes.

"L’objectif n’est pas de polémiquer mais de témoigner de la souffrance"

L’affaire prend néanmoins une autre tournure à Béziers, où tout ce qui touche à la mémoire de l’Algérie française menace de déborder en affrontements. Toujours en cours, le conflit autour de la plaque en hommage aux morts de l’OAS, illustre ce climat tendu où s’opposent les forces politiques, avec une forte implication de l’extrême droite et des communistes, prenant à témoin un Raymond Couderc et un Élie Aboud dans leurs petits souliers. Enjeu : le vote des rapatriés...

Après la “plaque de la discorde”, voici donc “polémique pour une valise” ! Les faits : des tracts circulent en ville, sous la signature d’André Troise, ancien membre de l’OAS et ex-élu du Front national, mais aussi du Conseil national des Français d’Algérie. On n’y fait pas dans la nuance en évoquant "l’ignoble terreur meurtrière du FLN arabo-islamique" ou en accusant De Gaulle d’avoir "financé le éfélène ennemi de la France, de l’Occident et de la chrétienté".

En outre, ces tracts laissent entendre que leurs émetteurs sont organisateurs de la projection, chacun invitant les spectateurs à arborer une “tenue correcte” et les informant que des “contrôles” seraient opérés...

Récupération ? En tout cas, cette “littérature” embarrasse Frédéric Gourrier, d’autant plus que Troise apparaît dans le film comme témoin. "Le problème c’est que nous sommes une petite structure et qu’on ne peut pas tout contrôler. On s’est fait déborder par André Troise que nous cherchons à joindre en vain", selon Frédéric Gourrier.

Mais pour le diffuseur du film, il ne saurait y avoir d’ambiguïté : "Notre propos n’est pas de justifier ce qu’a fait l’OAS, mais de montrer ce qu’il s’est passé. À ce titre, André Troise a une part de souffrance à exprimer en tant que mutilé. Pour autant, on ne peut pas tout excuser". Pas d’ambiguïté donc, mais un sacré pataquès à la Biterroise.

 Patrick Nappez, Le Midi Libre, 12 janvier 2012

 

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DATES PROJECTIONS DU FILM « LA VALISE OU LE CERCUEIL »

 

- le Vendredi 20 Janvier 2012 – 18h – Centre d’Animation Municipale – 21 Av Général de Gaulle – 13340 ROGNAC – Organisée par l’association « la valise ou le cercueil »

- le Dimanche 22 Janvier 2012 – 15h – salle ZINGA ZANGA – traverse de Colombiers – 34 500 BEZIERS – organisée par l’association « LA VALISE OU LE CERCUEIL »

- le Samedi 28 janvier 2012 – 14h – Salle JEAN-PIERRE MIQUEL – 98 RUE DE Fontenay – 94300 VINCENNES – RENCONTRE INTERNATIONAL DU CINEMA DE PATRIMOINE ET HENRI LANGLOIS

- le Jeudi 2 Février 2012 – 18h30 – Cinéma – 82000 MONTAUBAN – Organisée par le Cercle Algérianiste de Tarn et Garonne en partenariat avec la Mairie

- le Samedi 11 Février 2012 – 15h – Restaurant le SAINT-JACQUES - avenue Jean Monnet - 47000 AGEN – Organisée par l’association « recours 47 »

- le Samedi 18 Février 2012 – 9h30 – cinéma LE CAPITOLE – 161 avenue ST TRONQUET – 84 130 LE PONTET - Organisée par le CERCLE ALGERIANISTE DU GRAND AVIGNON ET DES PAYS DE VAUCLUSE

- le Samedi 18 Février 2012 -15h- salle TINEL - château de FARGUES - 84 130 LE PONTET - Organisée par le CERCLE ALGERIANISTE DU GRAND AVIGNON ET DES PAYS DE VAUCLUSE

- le Samedi 18 février 2012 – 14h et 20h – L’ATHENEE MUNICIPAL – Place St Christoly – 33000 BORDEAUX

- le Dimanche 19 Février 2012 –L’Athénée Municipal - 64500 ST JEAN DE LUZ

- le Samedi 10 Mars 2012 - 18h - Salle de Projection du FORUM CASINO - 83 000 HYERES - CERCLE ALGERIANISTE de HYERES

- le Samedi 10 Mars 2012 – après midi – Salle Haroun TAZIEFF – Rue FARNERIE – 26000 VALENCE – Organisée par le cercle Algérianiste de Valence

- le Dimanche 11 Mars 2012 – 15h – Salle de COURPOUYRAN – chemin du Grand Chêne 34990 JUVIGNAC – Organisée par l’Office du Tourisme de Juvignac

- le Samedi 24 Mars 2012 – (Horaire et lieu prochainement) - 04200 SISTERON

- le Dimanche 25 Mars 2012 – 14h30 et 17h30 – Auditorium Espace Hiller – 113 Bd Vivier Merle – 69003 LYON – Organisée par l’Association « LA VALISE OU LE CERCUEIL » - renseignements : 06.60.90.52.21

- Le Samedi 5 Mai 2012 – 15h – Salle des Fête – Grandfonds – 47240 CASTELCULIER – Organisée par l’Amicale des Pieds Noirs 47

- Le Samedi 19 Mai 2012 - 15h - RESIDENCE LES CYCLADES - 393 Avenue de Melgueil - 34280 LA GRANDE MOTTE - Organisée par l’Amicale des Pieds-Noirs Sainte Barbe du tlelat

- le Samedi 26 Mai 2012 - 17h - Salle Grand Séminaire - place RIQUET - 07 220 VIVIERS (Rhône-Alpes) ASSOCIATION « L’ALMA LE CORSO »

- le Mercredi 30 Mai 2012 -17h - Auditorium ST-EXUPERY du centre culturel - 83 700 ST-RAPHAËL - Organisée par le Cercle Algérianiste de FREJUS

- le Samedi 16 Juin 2012 - 14h - Salle AMPHITEATRE - place GRIBALDI - 06 300 NICE

- le Samedi 23 Juin 2012 - 17h30 - Hôtel NOVOTEL  Auditorium ATRIA à 30 000 NÎMES

- le Samedi 30 Juin 2012 - 15h et 21h - Cinéma la licorne à 06 400 CANNES

- le Samedi 30 Juin 2012 – 15h – Auditorium « LE PHARO » - 58 bd Charles-Livon – 13007 MARSEILLE – Organisée par l’association « ANRO »

Article-de-presse-Echos-d-Alger-juin-2011
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6 octobre 2007

Contre les manipulations de l’histoire (Sylvie Thénault)

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Contre les manipulations de l'histoire

Sylvie THÉNAULT

 

L'Humanité, 5 octobre 2007
Entretien avec Sylvie Thénault, spécialiste de la guerre d’Algérie

La fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie, prévue par la loi du 23 février 2005, sera créée en 2008. Pourquoi critiquez-vous ce projet ?
Sylvie Thénault
- Une fondation pour la mémoire n’est pas une fondation pour l’histoire. Dans un contexte de concurrence mémorielle, nous n’avons pas besoin de travaux destinés à abonder dans le sens des revendications de certaines victimes, contre les autres. Cette fondation est instituée par une loi qui ne rend hommage qu’à une seule catégorie de victimes. Ce ne serait donc pas la mémoire de tous. Ce qu’il faut, au contraire, c’est un apaisement qui passe par des travaux d’histoire indépendants et détachés de toute revendication mémorielle.        

Une reconnaissance officielle des crimes commis durant la guerre d’Algérie contribuerait-elle à cet apaisement ?
Sylvie Thénault - Ce n’est pas certain car les souffrances individuelles pourraient perdurer. Mais cet acte de reconnaissance est nécessaire pour que cesse une politique publique de la mémoire qui, sur la guerre d’Algérie, favorise les victimes du camp de l’Algérie française en oubliant les autres. Je regrette énormément que les débats autour de cette question soient systématiquement disqualifiés, soit par l’usage du mot «repentance», que personne ne soutient, soit par le fait que le chef de l’État algérien instrumentalise cette question à son profit. Je regrette qu’on oublie l’existence de victimes qui souffrent encore.        

Dotée d’un budget, cette fondation pourrait financer des travaux de recherche…
Sylvie Thénault
- Au regard de la pénurie de moyens dans la recherche publique, c’est sans doute là le point le plus grave. Les dotations publiques des laboratoires, allouées sans conditions, sont en diminution. A priori, il n’y aura pas de recrutements au CNRS en 2008. La baisse globale des moyens va aggraver une tendance déjà existante : les chercheurs doivent répondre à des appels d’offres ou solliciter des subventions en dehors de la dotation publique. Dans un tel contexte, les financements qui proviendraient de cette fondation pourraient apparaître une aubaine. À ceci près que c’est une fondation pour la mémoire, pour une certaine mémoire. Ce qui peut faire craindre la définition de critères préjudiciables à l’indépendance des chercheurs.

Que pensez-vous des projets de «musées de la colonisation» promus par des nostalgiques de l’Algérie française ?
Sylvie Thénault - Ils visent à offrir au public une version de l’histoire qui n’est pas du tout validée par les chercheurs. Or le musée, pour la transmission de nos savoirs, est un espace fondamental. Autre problème : ces musées se veulent des centres documentaires. Comme la fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, cela pose un dilemme aux chercheurs. Faut-il boycotter ces institutions ? Sur ce point, un désaccord existe. De mon point de vue, entrer dans ces institutions, c’est prendre le risque, à son corps défendant, de se transformer en caution.                

Le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale a annoncé l’inauguration d’un institut de recherche sur l’immigration et l’intégration. Est ce son rôle de superviser des travaux de recherche ?
Sylvie Thénaut  - Pour les promoteurs d’une telle conception, «l’identité nationale» se travaille aussi par le recours à l’histoire. Il est donc logique qu’ils s’intéressent à la recherche. Pour désamorcer toute critique sur l’indépendance de cet institut, ce dernier a été rattaché au Haut Conseil à l’intégration, un organisme préexistant à la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale et rattaché au premier ministre. Mais, en réalité, cela n’offre aucune garantie d’indépendance.

Que vous inspirent, comme historienne, les usages politiques de l’histoire que multiplie le pouvoir ?
Sylvie Thénaut - Un sentiment contrasté. Je reste convaincue que le passé appartient à tous. Chacun peut s’en saisir et l’utiliser, du militant associatif au chef d’État. D’autant que certaines interventions peuvent être positives. Je pense à la reconnaissance, par Jacques Chirac, en 1995, de la responsabilité de l’État français dans la déportation des juifs, ou encore au vote, en 1999, d’une loi introduisant enfin l’expression «guerre d’Algérie» dans les textes officiels. Vouloir poser une exclusive des historiens sur le passé n’aurait donc pas de sens. Dans le même temps, les historiens, par leurs connaissances et leurs méthodes, ont une légitimité particulière. Cela ne les autorise pas à confisquer le passé. En revanche, ils ont la responsabilité d’être vigilants, d’intervenir lorsque des usages politiques déforment ou manipulent l’histoire pour la mettre au service d’une idéologie.

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui
L'Humanité, 5 octobre 2007

   

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24 janvier 2007

Points de contact entre les cultures, hérités du fait colonial

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Points de contact entre les cultures

hérités du fait colonial

colloque, Toulon, 21, 22 et 23 mars 2007



Le laboratoire de recherches Babel de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université du Sud Toulon-Var et le Centre interdisciplinaire de recherche sur la culture des échanges de l’Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris III (CIRCE) organisent un colloque international sur le thème du colonialisme, qui se tiendra à Toulon les 22 et 23 mars 2007.

Les guerres, massacres, destructions…, perpétrés par les puissances colonisatrices, les années d’occupation et d’exploitation, ont aujourd’hui encore de lourdes conséquences sur les rapports entre ex-colonisateurs et ex- colonisés. Pourtant, malgré les heurts et la violence, au-delà du rapport de dominants à dominés, des contacts se sont établis et ont donné naissance à un échange interculturel.

C’est à ces contacts que nous proposons de nous intéresser, aussi bien dans une perspective historique que contemporaine, cette approche du fait colonial se voulant non pas une relecture du passé mais bien au contraire une tentative de donner une base solide au dialogue entre les cultures si souvent souhaité et, dans les faits, si peu pratiqué. Il pourra s’agir des voix qui, par le passé, se sont élevées contre les puissances colonisatrices, proposant un autre rapport entre les civilisations, ou des situations actuelles héritées du fait colonial, en particulier lors des migrations de populations originaires des ex-colonies vers l’ancienne puissance d’occupation.

Les laboratoire de recherches Babel et CIRCE, par nature pluridisciplinaires, souhaitent accueillir des chercheurs de toutes disciplines (lettres et langues, mais aussi philosophie, histoire, histoire de l’art, géographie,droit, économie…) qui voudront contribuer à cette réflexion sur le colonialisme et qui, sans limite spatio-temporelle, voudront se pencher sur les points de contact entre les cultures, hérités du fait colonial.

Comité scientifique : José Garcia-Romeu, Isabelle Felici, Monique Léonard, Jean-Charles Vegliante.


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cliquer sur chaque image pour l'agrandir

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Isabelle D. Felici : bio-biblio

- elici@univ-tln.fr- 

FELICI Isabelle, La Cecilia. Histoire d’une communauté anarchiste et de son fondateur Giovanni Rossi, éditions Atelier de création libertaire, 2001.

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Toulon

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BABEL



- laboratoire BABEL

Le laboratoire BABEL a été créé en 1996 à l'UFR des Lettres et Sciences humaines de l'Université du Sud - Toulon - Var, à l'initiative de James Dauphiné. Il a été contractualisé par le ministère de l'Éducation Nationale le 1er janvier 1998 (EA 2649) et sa contractualisation a été renouvelée pour les années 2000-2003, puis 2004-2007. Il est dirigé depuis octobre 1998 par Monique Léonard , professeur à l'Université de Toulon et du Var.

Babel est né de la collaboration pluridisciplinaire réalisée au sein de l'UFR Lettres et Sciences humaines en langue et littérature française, littérature comparée, cultures et civilisations anglophones, espagnoles et hispano-américaines, italiennes. Les premiers travaux ont été consacrés à l'étude des Langages et des Mythes, puis Babel a réorganisé son activité autour de trois axes majeurs : Langage, Imaginaires (et en particulier Imaginaires des lieux), Civilisations.

Babel favorise les échanges avec les disciplines extérieures (histoire, sociologie, sciences politiques, études cinématographiques, médecine, éthologie, experts en sports…) susceptibles d'enrichir ponctuellement les recherches menées dans tel ou tel domaine. Des relations sont entretenues aussi bien avec les universités proches du Sud de la France - Aix, Nice, Corte -, qu'avec des universités étrangères - Ljubljana et Novossibirsk en particulier.

BABEL est associé à la formation doctorale qui dispense l'enseignement de Master Recherche, Domaine Lettres et Sciences humaines, Mention Langues, littérature et civilisaion, Spécialités Langage, Imaginaires et Civilisations et accueille les doctorants préparant une thèse sous la conduite d'un directeur de recherche à l'UFR Lettres.

Privilégiant la thématique méditerranéenne, BABEL s'est donné pour objectif au cours des années 2004-2007 d'approfondir l'emprise de la mer sur l'imaginaire dans les disciplines littéraires.


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Toulon



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3 janvier 2007

Les identités corporelles au Vietnam, d’hier à aujourd’hui (colloque)

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«Les identités corporelles au Vietnam,

d’hier à aujourd’hui :

métamorphoses et diversités»


*** programme définitif


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Colloque international organisé par l’Institut d’Asie Orientale,

Lyon (14-15 mai 2007)

Grand Amphithéâtre, ENS-Lettres et Sciences Humaines,

15, parvis René Descartes, Lyon


LUNDI 14 MAI

8h30-9h30 : Accueil
Eric Seizelet (directeur de l’Institut d’Asie Orientale)
Ouverture du colloque
Agathe Larcher-Goscha (Institut d’Asie Orientale)
Mot de bienvenue et introduction
Invité d’honneur : Phan Huy Lê (président de l’Association Vietnamienne d’Histoire)
État de l’historiographie et historiographie d’État sur les identités corporelles au Vietnam


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9h30-12h45 : I. Le corps, ses mots, ses codes

sous la présidence de Daniel Hémery (Université Denis Diderot Paris 7)

Pham Dan Binh (Université Denis Diderot Paris 7)
De l’expression du «corps» à celle de «soi-même» et ses assimilés ou dérivés : exploration sémantique du mot «mình».
Dinh Trong Hiêu (Centre National de la Recherche Scientifique)
La face et le ventre, et autres symboliques du corps chez les Vietnamiens.

10h30-10h45 : pause café

Vatthana Pholsena (Institut d’Asie Orientale)
Disciplining the body : manners as the essence of national identities.
Nora Taylor (Smithsonian Institution)
Le corps dans l’art, ou l’ambiguïté sexuelle dans l’art contemporain vietnamien.

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Nguyen Trung (né en 1940), Femme et cheval (source)


14h-18 h30 : II. Genre, sexualité et conventions

sous la présidence de Christian Henriot (Université Lumière Lyon 2)

Isabelle Tracol (Ecole Normale Supérieure-Lettres et Sciences Humaines)
Le regard colonial sur l’Eve indochinoise : femmes, maîtresses, prostituées, sources de plaisirs et de souffrances.
Richard Quang-Anh Tran (Université de Californie)
Homosexuality and the vietnamese myths of origins.
Doan Thi Cam Poisson (Université Denis Diderot Paris 7)
Les corps amoureux dans la littérature vietnamienne contemporaine.

Pause café 15h30-16h

Danièle Bélanger et Khuat Thu Hong (Université de Western Ontario, Institute for Social Development Studies, Hanoi)
Bodies, sexualities and identities in popular magazines in late socialist Vietnam.
Lisa Drummond et Tran Thi Van Anh (Université de York, National Center for Social Sciences and Humanities, Hanoi)
«Women hold rice, men hold hammers» : Women's and men's bodies on state billboards from 1975 to 2006.



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MARDI 15 MAI

9h-12h30 : III. Les apparences physiques

et sociales au quotidien

sous la présidence de Pierre Brocheux (Université Denis Diderot Paris 7)

Alain Ruscio (Centre d’Information et de Documentation sur le Vietnam Contemporain)
L’étrangeté de l’Autre : regards de voyageurs et de colons français sur les colonisé(s) indochinois(es).
Eric T. Jennings (Université de Toronto)
Douleurs et conforts coloniaux à Dalat.
Erica J. Peters (chercheur indépendant)
Manger au Vietnam : les pratiques alimentaires vietnamiennes et les identités coloniales (1860-1930).

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repas d'Annamites

10h30-10h45 : pause café

Agathe Larcher-Goscha (Institut d’Asie Orientale)
Le sport et les identités corporelles au Vietnam : défis et enjeux.
Christopher E. Goscha (Université du Québec à Montréal)
«La question du costume» : vêtements occidentaux et enjeux vietnamiens en Indochine coloniale.


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14h-18h30 IV. Le corps éprouvé : santé,

violences et mort

sous la présidence de Philippe Papin (Ecole Pratique des Hautes Etudes)

Laurence Monnais (Université de Montréal)
De son affichage à sa promotion ? La publicité pour un corps sain dans la presse vietnamienne de l’entre-deux-guerres.
Shaun Malarney (International Christian University, Tokyo)
Healthy bodies, clean bodies and citizenship in revolutionary North Vietnam.
François Guillemot (Institut d’Asie Orientale)
La mort et la souffrance en direct : Histoire des jeunesses d’assaut du Viet-Nam (Thanh Nien Xung Phong) entre 1950 et 1975.

15h30-16h : pause café

Helle Rydstrøm (Universités de Linköping et de Lund)
Transgressing the boundaries of Human bodies and minds : gendered/sexed bodies, violence, and war.
Francis Gendreau (Comité international de coopération dans les recherches nationales en démographie)
Des identités corporelles aux dynamiques des populations.

18h-18h30 : Clôture du colloque (réflexions, remerciements, publication)

 

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Descriptif du colloque


Ce colloque international se propose d’explorer un sujet inédit, encore négligé par les études vietnamiennes, celui du rapport de l’Homme à son Corps au Vietnam. L’Histoire du corps, longtemps centrée sur le corps occidental, objet à ce jour d’innombrables travaux, commence seulement à tourner son regard vers l’Asie où le champ d’investigations est riche et immense. Le Vietnam, historiquement au carrefour d’influences régionales et internationales, offre à cet égard un terrain d’études passionnant.

Charnière essentielle entre deux mondes - celui, biologique de la vie organique, et celui, spirituel de la vie symbolique - le corps est une condition humaine universelle et plurielle à la fois. Les hommes ont de tout temps cherché à maîtriser le corps et ses apparences, mais ce comportement a pris les aspects les plus divers d’une culture à une autre, le corps ayant servi de support extrêmement malléable aux revendications et aux identités les plus variées. Il est une construction autant anatomique que socio-culturelle, et à cause de lui, ou malgré lui, un révélateur d’altérité immédiat. La couleur de la peau, la pilosité, la coiffure, le maquillage, l’habillement, les rites et techniques de tatouages, mutilations ou déformations corporelles, les gestes et postures de bienséance, l’hygiène de soi (alimentaire, médical et sportif), la sexualité, l’attitude face à la violence, à la souffrance et à la mort sont autant de manifestations corporelles, intimes ou publiques, volontaires ou fortuites, exprimant des appartenances (ou des exclusions) ethniques, nationales, religieuses, sociales ou politiques.

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L’histoire vietnamienne contemporaine justifie pleinement que l’on parle ici de «métamorphoses et diversités» des identités corporelles. En l’espace d’un siècle en effet, celles-ci ont été profondément marquées par les influences et les impacts contradictoires du bouddhisme, du confucianisme, du colonialisme, des trente années de guerre endurées, du socialisme et, plus récemment, de la mondialisation. Comment les canons esthétiques et moraux, les critères de normalité, les tabous et interdits touchant au corps ont-ils évolué au Vietnam et avec quelle intensité ? Comment ces glissements de références ont-ils affecté la vie quotidienne des populations, les rapports homme-femme ou générationnels, les représentations de soi populaires et nationales ? Quelles sont les ambitions et les limites de l’actuelle «libération» des corps amorcée depuis les années 1980 et accélérée depuis sous l’effet de la mondialisation ? Quels regards la société vietnamienne pose-t-elle sur le corps et ses expressions ? Telles sont quelques unes des nombreuses questions que ce colloque posera, en souhaitant contribuer à une meilleure compréhension des transformations contemporaines de la société vietnamienne. Il réunira une vingtaine d’intervenants, spécialistes mondialement reconnus du Vietnam, dans un cadre pluridisciplinaire.

Agathe Larcher-Goscha
co-organisatrice du colloque
avec François Guillemot (IAO, Lyon)


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Pour tous renseignements, contacter :
agathegoscha@hotmail.com

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- au sujet de : Evelyne Micollier, Sexual Cultures in East Asia

- sur la peinture de Nguyen Trung

Summer Dream - Nguyen Trung



- Répertoire des historien(ne)s du temps colonial

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21 mai 2006

Soutien à Benjamin Stora

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soutien à Benjamin Stora

 

Communiqué

Les membres du comité scientifique et du comité d’organisation du colloque d’histoire franco-algérienne de Lyon (École normale supérieure, 20, 21, 22 juin 2006, site web : http://ens-web3.ens-lsh.fr/colloque...), informés des attaques dont sont l’objet de divers côtés plusieurs historiens de l’Algérie devant participer au colloque, tiennent à exprimer leur consternation et leur condamnation de telles attaques.

Il n’est, en particulier, pas admissible qu’un historien comme Benjamin Stora,benjaminstora qui œuvre sans relâche depuis plus de deux décennies pour une meilleure connaissance de l’histoire de l’Algérie contemporaine, soit, ici, traité ignominieusement de différent noms, ou encore, là, de compagnon de route du FLN, voire, ailleurs encore, être la cible de méprisables attaques antisémites.

C’est pour avoir refusé de se plier au manichéisme que des historiens comme Benjamin Stora sont cloués au pilori.

Tous les historiens visés, Benjamin Stora notamment, peuvent être assurés de notre total soutien.

Signataires :

  • Frédéric ABECASSIS, Maître de conférence, École Normale Supérieure LSH Lyon
  • Linda AMIRI, Doctorante en Histoire, IEP de Paris
  • Nicolas BANCEL, Professeur, Université de Strasbourg II-Marc Bloch, directeur du laboratoire EASS
  • Gilles BOYER, Enseignant, IUFM Lyon
  • Omar CARLIER, Professeur, université Paris VII
  • Luc DEWEHELS, Directeur du département d’arabe à l’INALCO.
  • Bruno ETIENNE, membre de l’Institut universitaire de France, directeur de l’Observatoire du religieux à l’IEP d’Aix-en-Provence
  • Benoît FALAIZE, Chargé d’Études, Institut National de la Recherche Pédagogique
  • Olivier FARON, Directeur École Normale Supérieure LSH Lyon
  • Marc FERRO, Directeur d’études à l’EHESS, co-directeur des Annales
  • Jacques FRÉMEAUX, Professeur, Sorbonne-université Paris IV
  • Fatima Zohra GUECHI, Professeur, Université de Constantine (Algérie)
  • Mohammed HARBI, Professeur émérite université Paris VIII
  • Ugo IANNUCCI, ancien Bâtonnier, Président Chaire lyonnaise des Droits de l’Homme
  • Jean-Charles JAUFFRET, Professeur Institut d’Études politiques Aix en Provence et Uni-versité Montpellier III
  • Olivier LE COUR GRANDMAISON, Université d’Evry-Val-d’Essonne
  • Claude LIAUZU, Professeur émérite université Paris VII
  • Gilbert MEYNIER, Professeur émérite université Nancy II
  • Radia MOUSLI, Cadre, membre de CARA (Cercle des Algériens en Rhône-Alpes)
  • André NOUSCHI, Professeur émérite université de Nice
  • Zohra PERRET MADANI, Psychanalyste, présidente de France-Algérie Rhône-Alpes
  • Nadine PICAUDOU, Professeur d’Histoire à l’INALCO.
  • Annie REY-GOLDZEIGUER, Professeur émérite université de Reims
  • Daniel RIVET, Paris 1 et IISMM-EHESS
  • Fouad SOUFI, Archiviste, Archives nationales d’Algérie
  • Véronique STACCHETTI, Professeur de lycée/Institut Nal de la Recherche  Pédagogique
  • Mohamed TAYEBI, Cadre, président de CARA (Cercle des Algériens en Rhône-Alpes)
  • Pierre VIDAL-NAQUET, Directeur de recherche émérite, École des Hautes Études en Sciences Sociales
  • Michel WILSON , Conseiller technique au Cabinet du Président, région Rhône-Alpes
  •   Afifa ZENATI, Ingénieur d’Études, École Normale Supérieure LSH Lyon

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