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études-coloniales
19 avril 2012

débat idéologique (Jean-François Paya)

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boulanger éventré pa le FLN à Oran, le 5 juillet 1962 à Oran


 

informations pour contrer le débat idéoogique

Jean-François PAYA

 

Chers amis Algérianistes,

Devant nos efforts pour faire connaître les drames issus de "La guerre d'Algérie" surtout, depuis qu'elle était virtuellement terminée (officiellement le 2 Juillet 1962) et depuis l'Indépendance (massacre des Harkis ; 5 Juillet à Oran et autres) nos détracteurs gênés se rabattent sur des évènements antérieurs.

Ceux-ci sont à discuter mais ils oublient ces précisions fondamentales alors que le FLN vient de faire adopter massivement "les accords d'Évian" et que toutes ses exactions antérieures, "terroristes ou pas" (actions de guerre pour lui!) sont amnistiées et les protagonistes condamnés libérés !

La LDH de Toulon qui a passé plus de 12 articles, contre un des miens (avec une observation de partialité!) sur le 5 Juillet 62, vient de poursuivre son combat idéologique sur ce terrain en ayant "oublié" aussi de rendre compte des travaux de Jean-Jacques Jordi et de son dernier ouvrage Un Silence d'État sur les disparus civils européens et du

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récent livre de Guillaume Zeller sur les massacres d'Oran, ainsi que nos interventions dans l'excellent Blog de la revue Etudes Coloniales où contrairement à celui de la LDH chacun peut exprimer son point de vue librement,

http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2012/02/16/23538008.html

Estimant qu'il faut connaître ce "qu'ils disent" avec lucidité, quitte à être critiqué. Je porte à votre connaissance ces informations, pour ceux qui veulent savoir et contrer ce combat idéologique.

J.-F. Paya

EXTRAIT texte  de la LDH

Le massacre des Européens d’Oran au moment de l’indépendance algérienne commence à être connu en France, et reconnu par les pouvoirs publics. Certains rapatriés d’Algérie en avaient fait une de leurs revendications mémorielles fondamentales.

L’historien algérien Fouad Soufi écrivait en novembre 2000 : «Le 5 juillet 1962, alors que partout la population algérienne célèbre la fête de l’indépendance, dans le centre de la ville d’Oran, des hommes, des femmes et des enfants algériens et européens trouvent la mort dans des conditions atroces, non encore élucidées» .

D’autres attentats meurtriers intervenus auparavant sont, en revanche, à peu près complètement ignorés en France : ceux visant des civils algériens que l’OAS a multipliés à Alger et à Oran au cours de la période allant de début janvier à début juillet 1962… Ci-dessous, un petit dossier sur cet aspect mal connu de la fin de la guerre d’Algérie.

[Mis en ligne le 26 février 2012, mis à jour le 27]

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4880 

 

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16 mars 2012

morts de la guerre d'Indochine

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Morts de la guerre d'Indochine (1945-1954)

 

question

Je souhaiterais savoir le nombre de morts de la guerre d'Indochine, en militaires français, en civils français, en militaires vietnamiens et autres et civils autochtones ? Puisque l'on parle de morts des dernières guerres et que celle d'Indochine se situe avant : I946-1954, soit une même durée que celle d'Algérie. Je viens de relire un livre passionnant Les prétoriens [de Jean Lartéguy].

Auteur : ongtai47

 

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Réponse

Dans son livre, Histoire de la guerre d'Indochine (Denoël, coll. "L'aventure coloniale de la France", 1992), le général Yves Gras affirme qu'on ne connaît pas "de façon exacte" les pertes humaines de ce conflit.

"On peut raisonnablement les évaluer à 500 000 personnes, dont 100 à 150 000 ont été assassinés par le Viet-minh. Sur ce total, le corps expéditionnaire comptait 59 745 tués et disparus, dont 2005 officiers français, et les forces armées vietnamiennes 58 877 tués et disparus" (p. 578-579).

Il précise à propos du corps expéditionnaire qu'il faut distinguer : "26 923 autochtones, 12 997 officiers et soldats français et 17 810 légionnaires et tirailleurs africains et nord-africains" (p. 579).

0n trouve, ailleurs, des évaluations différentes mais non sourcées (Denise Bouche, Histoire de la colonisation française, éd. Fayard, 1991, p. 451).

Je sais que Raymond Toinet fournit des chiffres précis, mais je n'ai pas son ouvrage à disposition : Une guerre de trente-cinq ans, Indochine, Vietnam, 1940-1975 (éd. Lavauzelle, 1998, p. 473-476).

Pour comparaison avec l'Algérie, il faut savoir que le Vietnam (Tonkin, Annam, Cochinchine) compte probablement plus de vingt millions d'habitants en 1947, c'est-à-dire deux fois plus que de "musulmans indigènes" dans la colonie nord-africaine. En 1954, d'après l'historien Hugues Tertrais, dans son livre La piastre et le fusil, le coût de la guerre d'Indochine, 1945-1954 (2002, éd. Comité pour l'histoire économique et financière de la France), Le Nord-Vietnam comptait 13 millions d'habitants et le Sud-Vietnam, 12 millions ; donc un total de 25 millions de personnes.

Michel Renard

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______________________________

 

17 mars 2012 - grâce à l'extrême obligeance du professeur François Cochet (université de Metz), nous pouvons présenter les pages de l'ouvrage de Raymond Toinet relatives aux comptes des victimes de la guerre d'Indochine. Merci.

 

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9 février 2012

La France coloniale, selon Jean-Pierre Rioux

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il n'y a jamais eu vraiment de France coloniale

à propos d'un livre de Jean-Pierre Rioux

Michel RENARD

 

L'été dernier (août 2011), Jean-Pierre Rioux a publié La France coloniale, sans fard ni déni (éd. André Versaille, 188 p.). Historien, ancien inspecteur général de l'Éducation nationale, J.-P. Rioux est familier du sujet pour avoir présidé à de multiples initiatives institutionnelles ou éditoriales s'y rapportant. Il est notamment le coordonnateur du Dictionnaire de la France coloniale (Flammarion, 2007).

Livrant le fruit de ses parcours intellectuels et de ces entreprises collectives, il rassemble plusieurs articles remaniés pour répondre aux "assauts des lois mémorielles et des interrogations sur l'identité nationale". On n'y apprend rien de nouveau puisque tout ce qui y figure est déjà écrit et professé ailleurs et avant. Mais on le comprend mieux.

Car J.-P. Rioux a le don de la synthèse et le sens de la formule ramassée et évocatrice. Et fait vite feu du bois plus ou moins sec des petits idéologues de "l'anti-colonialisme" de la vingt-cinquième heure ou des fanatiques du "post-colonialisme" : "il n'y eut pas alors de mise en œuvre d'un «système» colonial dont les méfaits auraient gangrené la République elle-même, mais plutôt cascade d'improvisations et de dissimulations politiques, d'inutiles démonstrations de force, de violences indignes, de lâches abandons et de pressions intéressées, sur fond d'expectative de l'opinion" (p. 11). Chacun reconnaîtra les phases politiques successives évoquées ici.

 

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"le tirailleur sénégélais"

Une France coloniale, vraiment ?

Jean-Pierre Rioux a intitulé son ouvrage La France coloniale… C'est bien le problème. Qu'appelle-t-on France ? Si l'on évoque la France métropolitaine, il n'y eut pas vraiment de France coloniale. Il a existé une France colonisatrice, une France colonisante, une France colonialiste, des lobbys coloniaux, une France présente aux colonies, une France en guerre dans des territoires pour les conquérir et pour les préserver une fois devenus colonies… Mais, dans l'ensemble "L'égoïsme national a primé" (p. 21). Ce qui invalide, au passage, la pertinence d'un ouvrage qu'il cite : La France conquise par son Empire de Pascal Blanchard et consorts (p. 68).

L'auteur ne cesse de le dire. La France "n'a pas eu de politique coloniale, de pensée colonisatrice ou impériale, coloniste ou impérialiste continues et cohérentes" (p. 20). Quand il examine la prégnance scolaire de l'univers colonial sur la mentalité des jeunes élèves – les fameuses tâches roses de l'Empire sur un planisphère et leur mention dans les manuels -, Jean-Pierre Rioux tire un bilan finalement succinct : "l'école semble n'avoir enseigné la «colo» qu'épisodiquement et comme du bout des lèvres. Et jamais elle n'a mis la colonisation au meilleur de ses analyses téléologiques sur la destinée manifeste de l'Hexagone qui est restée en classe presque exclusivement continentale" (p. 43).

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Il en va de même de la célèbre Exposition coloniale de Vincennes en 1931. Les visiteurs n'y ont pas vu l'œuvre économique et civilisatrice réalisée par la France dans son Empire colonial. Huit millions de billets vendus, trente-trois millions de visiteurs. Mais on préféra la fréquentation des cafés maures, les souks, la reconstitution du temple d'Angkor, celle de la mosquée de Djenné… Rioux relève "avec quelle indifférence la «leçon d'action réalisatrice» non seulement endoctrina peu mais fut vécue sans vergogne comme une fête foraine" (p. 59).

Il avoue que "la didactique qui tendait à prouver l'amélioration de la condition indigène, à vanter les grands travaux publics, l'équipement portuaire et ferroviaire des espaces colonisés, fit l'objet d'un intérêt poli. En revanche, les foules se précipitèrent sur les monuments reconstitués, les dépaysements en tous genres, les spectacles inouïs et les arts inédits, sur les masques et les gris-gris. La leçon de choses fut d'abord un énorme pique-nique culturel, une récréation dans les lointains, du rêve de toutes couleurs picoré sur tous les continents" (p. 61). Il rejoignait par là la conclusion de Charles-Robert Ageron dans les Lieux de mémoire : "l'exposition de 1931 a échoué à constituer une mentalité coloniale : elle n'a point imprégné durablement la mémoire collective ou l'imaginaire social des Français" (1984).

Il n'y a donc pas eu de France coloniale, de Français colonialistes… ou si peu. Comme il n'y eu guère de France anti-coloniale. Comme, enfin, il n'y eut quasiment pas de France pro-coloniale au moment de la guerre d'Indochine (1946-1954) : "le désintérêt de l'opinion publique pour les opérations militaires et pour le sort même de l'Indochine fut patent" (p. 80). De Gaulle n'a jamais été un colonial. Et a même été un assez mauvais décolonisateur.

 

la question

 

La "question" (torture)

Jean-Pierre Rioux évoque la terre d'Algérie (p. 111) et "l'usage généralisé qui y fut fait de la torture au nom de la République". Et deux pages plus loin, il note que "la tâche de «pacification» fut dès lors entièrement confiée à l'armée qui mena «sa» guerre comme elle l'entendait, torture comprise, sans que le pouvoir civil puisse infléchir le cours militaire des choses. C'est dire que l'armée fut et reste la première fautive de l'expansion de la torture, même si jamais elle n'en autorisa ni n'en généralisa ou n'en rendit systématique l'usage" (p. 113).

Il faut savoir. Usage généralisé ou non …? L'auteur se contredit à deux pages d'intervalle. Et il poursuit dans l'accablement des militaires : "(ils) usent et abusent des pouvoirs civils de police qui leur ont été délégués [alors ? qui est responsable à l'origine ? sinon les politiques ?] : ils se sont octroyés tout pouvoir de police et, pour obtenir du renseignement, piétinent les principes en broyant les corps" (p. 119).

Dans sa thèse sur la torture et l'armée (2000), Raphaëlle Branche se contredisait elle-même en affirmant à la fois : La torture n’était pas pratiquée systématiquement sur tous les suspects et tous les OR n’y avaient pas recours. De même bien sûr, tous les prisonniers ne la subissaient pas" (p. 750), alors qu'elle écrivait avant : "la torture a été pratiquée sur tout le territoire algérien pendant toute la guerre et dans tout type d’unité" (voir le compte rendu  très pertinent du général Maurice Faivre).

Ce ne sont pas quelques colonels qui ont importé la torture d'Indochine en Algérie. L'armée de ne s'est pas octroyée les pleins pouvoirs. Ceux-ci lui ont été confiés par l'Assemblée nationale ("pouvoirs spéciaux") le mars 1956, et le 20 juin 1956, Robert Lacoste donne à l'armée la responsabilité du maintien de l'ordre. L'armée est en aval du pouvoir politique. Pourquoi J.-P. Rioux omet-il cette chronologie ? On ne saurait donc souscrire à sa formule : "(l'armée) fut et reste la première fautive dans cette généralisation de la torture" (p. 156).

 

Une opinion lassée et pressée de passer à autre chose

Par contre, on acquiescera aux analyses de Jean-Pierre Rioux sur la base de masse dont disposait De Gaulle pour réduire la question algérienne et conduire à l'indépendance, quelles qu'en soient les conditions. Dès 1956, 45% des sondés sont favorables à une négociation avec les "chefs de la rébellion", 53% en 1957, 71% en mai 1959 avant même le discours sur "l'autodétermination". L'envoi du contingent a fait la différence avec l'Indochine. Et les Français redouteraient les effets d'une guerre civile en métropole. Ils aspirent à profiter de la paix et de la croissance qui montre ses premiers bienfaits.

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Pas de République coloniale

D'accord également avec J.-P. Rioux, qui s'inscrit dans l'historiographie d'Ageron et affirme, à l'encontre de Blanchard, Bancel et Vergès, que la "République coloniale" "n'a jamais eu de consistance" (p. 159). Déjà, en 1894, Doumergue avait remarqué que "toute sympathie prononcée" des Français pour l'outre-mer ne serait jamais que "bienveillante indifférence" (p. 161). L'opinion n'a guère été que "lassée".

 

Des mémoires qui ne se raccrochent pas à la mémoire collective

Les réflexions de J.-P. Rioux sont assez pessimistes – et nous les partageons – au sujet des expressions de mémoire. La guerre d'Algérie "est restée trop longtemps sans message, perdue et innommable, le rappel de son souvenir a été tenu pour impossible et inutile parce qu'il a paru incompatible avec ce qui avait constitué la mémoire nationale" (p. 174).

L'auteur a des formules heureuses pour mesurer cette impasse : "il faut convenir que la guerre d'Algérie a été un seuil historique, un point d'inflexion dans l'histoire de notre mémoire collective. Elle a en effet dénudé trop de contradictions politiques et morales, trop d'échecs de l'art de faire vivre ensemble en République l'Un avec l'Autre. Sans mémoire collective, sans héros ni hauts faits, sans début ni fin, sans foi ni loi pour tout dire, sans justification plausible en métropole, elle ne pouvait que vivoter à la périphérie ou l'entresol de la mémoire nationale" (p. 176).

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l'Assemblée en énonciatrice partielle et subjective de la vérité historique


En refusant d'instrumentaliser le passé, Jean-Pierre Rioux s'en prend à la loi Taubira "exigeant que non seulement la mémoire des esclaves mais «l'honneur de leurs descendants» soient défendus, ce qui légitime et légalise pour la première fois l'étrange principe du malheur héréditaire. Car, pas plus qu'en histoire il n'y a de culpabilité collective, rien ne justifie que les descendants d'aujourd'hui, et demain leurs enfants, des abominations esclavagistes et colonialistes aient à endosser collectivement la marque des humiliations, des sévices et des crimes qui ont meurtri, défait, nié et tué leurs ancêtres. Car le mal n'est pas une catégorie historique ou une maladie collectivement transmissible" (p. 179).

Et pour finir, d'accord avec Rioux qui écrit : "le passé colonial - le terme «mémoire», prudemment, est assez peu employé par ces minorités [pour ma part, je songe aux prétendus "Indigènes de la République"] – est un argument et un habillage pour mettre en cause le pays d'accueil ou sa nationalité" (p. 183). J'avais écrit des choses semblables (source).

 

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Clemenceau, pas vraiment opposant à Jules Ferry

Un chapitre du livre de Jean-Pierre Rioux me chagrine, celui relatif à Jules Ferry (p. 25-32). Il a raison de remarquer que dans son Rapport sur l'Algérie, de 1892, Ferry "fut donc souvent soucieux, in extremis, de réformes et de politique indigène" (p. 29).

Mais il accorde une plus-value morale à Clemenceau à propos de la formule "races inférieures". En réalité, les deux hommes partagent la même vision de l'humanité selon les paradigmes anthropologiques de l'époque. La rivalité n'est que tactique et politique. D'ailleurs, si on prend le soin de lire l'intégralité du discours de Clemenceau, on verra que sa protestation véhémente à l'évocation des "races supérieures" s'accommode chez lui-même d'un usage du mot "race". La "race jaune" est dite compétente en matière de diplomatie ; la "race française" est dite avoir du génie...

En réalité, le discours de Clemenceau du 30 juillet 1885 révèle des appréciations qui relativisent son "anticolonialisme" et la profondeur de son désaccord avec Ferry :

- certes, sa condamnation du distinguo "civilisations supérieures/civilisations inférieures" est nette ; mais s'adresse-t-elle vraiment à Jules Ferry ? Celui-ci utilise la distinction sans hétérophobie, sans penser qu'il y a, par essence, des peuples supérieures et d'autres, par essence, inaptes au progrès, voire même à éliminer pour cette raison ;

- le député républicain radical partage, avec Ferry et beaucoup d'autres, une vision du développement de la civilisation inévitablement inégalitaire, processus dont il faut tempérer les effets par l'action morale et politique : "il y a la lutte pour la vie qui est une nécessité fatale, qu'à mesure que nous nous élevons dans la civilisation, nous devons contenir dans les limites de la justice et du droit" ;

- dans sa critique de l'abus de la force, il établit lui-même une démarcation hiérarchique entre la "civilisation scientifique" et les "civilisations rudimentaires" ;

- enfin, on connaît sa réplique : "mon patriotisme est en France" ; ce qui autorise à penser son désaccord avec les républicains opportunistes (Ferry, Paul Bert...) en termes de conflit d'opportunité justement : "avant de me lancer dans des expéditions militaires, qui sont la caractéristique de votre politique, M. Jules Ferry, j'ai besoin de regarder autour de moi. (...) N'est-ce pas triste de penser que c'est en 1885, quinze ans après 1870, que nous sommes obligés de venir rappeler ces choses à la tribune française." Mais Ferry et Clemenceau ne sont ni racistes ni anti-racistes au sens du pathos qui domine la pensée française depuis plus de vingt ans.

Au final, Jean-Pierre Rioux reste accroché à la corde historienne même si l'on aurait pu souhaiter qu'il eut été un peu plus virulent avec ceux qui tentent de rabattre l'histoire sur une morale, sur une virulence mémorielle concurentielle et communautariste.

Michel Renard

 

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Jean-Pierre Rioux

 

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29 décembre 2011

fonds d'archives André Mandouze

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André Mandouze

 

fonds d'archives André Mandouze à Lyon

Gilbert MEYNIER

 

Cher(e)s ami(e)s,
Je ne pense pas vous avoir informés de la mise à la disposition des chercheurs du fonds André Mandouze ("De résistance en résistances") qui a été confié au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (14 avenue Berthelot, 75007 Lyon), dirigé par Madame Isabelle Doré-Rivé.
Ce fonds est important pour les chercheurs, autant ceux qui s'intéressent à l'itinéraire de ce grand latiniste et historien de l'Antiquité (1916-2006) qu'à la résistance durant la 2e Guerre, ainsi que ceux qui travaillent sur la guerre d'indépendance algérienne, sur les réistances qu'elle a suscitées (notamment de la part d'A. Mandouze, cf. Consciences Maghrébines, etc.)
Je me permets de vous donner ci-dessous le site web sur lesquels vous pouvez consulter ce fonds.

Bien cordialement,   
Gilbert Meynier

 

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- lien vers le site : http://www.chrd.lyon.fr/chrd/sections/fr/ressources_historiqu/archives_et_collecti/archives

 

9782204070904FS 

 

 

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1 janvier 2012

le suicide du colonel Robert Jambon

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ultime combat pour une cause orpheline

colonel Robert JAMBON

 

Le jeudi 3 novembre 2011, ont eu lieu à RIOLS (Hérault) les obsèques du colonel Robert JAMBON, Commandeur de la Légion d’Honneur. Cet officier qui avait passé quelques années dans les maquis H’mong des Hauts Plateaux s’est tiré une balle dans la tête le 27 octobre 2011 devant le monument aux morts indochinois à Dinan.

Comme le commandant Denoix de Saint Marc, comme tous ceux qui ont versé leur sang pour la liberté des peuples d’Indochine, il avait mal vécu d’avoir abandonné ses compagnons de combat H’mong.

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soldats laotiens

 

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 Ma dernière cartouche

Non ! Le LAOS n’était pas une «colonie» comme les autres. Nous ne l’avions pas pris de force: il s’était donné à nous librement à la suite d’une sorte d’attirance réciproque nouée à l’occasion d’événements dramatiques. «À la conquête des coeurs !» écrivait Auguste PAVIE dont la personnalité attachante avait séduit le vieux Roi Oun KHAM qui avait placé son royaume sous la protection de la France pour échapper à la cruelle tutelle du voisin siamois.

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jeunes filles H'mong

Non ! Les Laotiens ne sont pas un peuple comme les autres. Leur art de vivre, leur façon d’être heureux malgré, ou peut-être à cause, d’une extrême pauvreté ; leur aménité, leur nonchalance (parfois stigmatisée par leur laborieux voisins vietnamiens, la bouleversante douceur de leurs femmes, la gentillesse de leurs enfants en font un peuple à part dans un monde dominé par la loi du profit.

À l’exception notable des H’mongs, victimes depuis 1975 d’un véritable génocide, ce ne sont pas de farouches guerriers mais ils savent, sans se plaindre, mourir au combat et ont le courage de se faire tuer en se portant au secours d’un frère d’armes. C’est ainsi que, le 17 juillet 1950 vers 14 h, près de Ban Saka, le chasseur Ba LAN, mortellement frappé à mes côtés, ne prononce qu’un mot, thièp, pour signaler qu’il est blessé ; il s’éteint, 10 heures plus tard, sans avoir une seule fois crié sa souffrance !

Et lorsque, le 7 juillet 1954, je me débats dans la Nam Hin Boun en crue sous les tirs d’une cinquantaine de Viets, le sergent LIENE qui a déjà traversé la rivière fait demi-tour et se jette è l’eau pour me secourir ; il est tué d’une balle dans la tête à quelques brasses de moi ! Et le lendemain (8 juillet), alors que, blessé, j’étais dans l’incapacité de franchir une barre calcaire de plusieurs centaines de mètres de haut pour rejoindre les miens, de braves paysans lao m’ont littéralement porté par dessus l’obstacle, et cela au péril de leur propre existence !

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femmes dans un village H'mong

Non ! Les Laotiens n’étaient pas des amis comme les autres, ceux qui vous oublient lorsque viennent les épreuves et les dangers : quand les Japonais exécutèrent leur «coup de force» du 9 mars 1945 avec une traîtrise peu en rapport avec les principes du «bushido», il y eut, en de nombreux endroits, et notamment à Thakkek, une véritable chasse à l’homme blanc. Ceux qui étaient pris étaient souvent décapités. Monsieur Henri FRAISSE, Sous-préfet à Mortagne-au-Perche en 1991, se souvient : petit garçon habitant Thakkek avec ses parents, lui et sa famille ont été sauvés par des Laotiens qui, au péril de leur vie, les ont emmenés, cachés et nourris jusqu’à ce que tout danger soit écarté. Et, dans tout le pays, les Laotiens ont agi de même, au secours des Français menacés.

C’est dans ce contexte d’amitié partagée que la France, du temps de sa grandeur, a signé, après Dien Bien Phu dont le choix avait été dicté par le souci de protéger le Laos, trois traités garantissant la liberté et l’indépendance du royaume du Million d’Eléphants et du Parasol Blanc.

D’abord le Traité de Genève de 1954 mettant fin à notre guerre d’Indochine. Ensuite, les Accords de Genève de 1962 garantissant la neutralité du Laos. Enfin, le Traité de Paris de 1973 pour le respect et la reconnaissance de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Royaume du Laos. Or ces accords ont été violés, sans réaction notable des signataires, par la République Démocratique du Viet Nam (devenue depuis République Socialiste du Viet Nam) : dès le retrait précipité des Américains fin 1975, d’importantes forces armées nord-vietnamiennes ont envahi le Laos et permis aux maigres effectifs communistes lao de s’emparer du pouvoir par la force lors du «coup d’État» du 2 décembre 1975.

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colonne de retour du Laos (source : ANOM, basse Ulysse)

Il faut savoir que les effectifs vietnamiens engagés à cette occasion ont été (officiellement) démobilisés sur place et convertis en ouvriers travaillant dans le cadre d’un projet de développement rural financé par les aides internationales. En réalité, ces aides ne font qu’entretenir une armée d’occupation vietnamienne abritée dans la Zone Spéciale Stratégique de Xay Somboun (au sud ouest de Xieng Khouang), véritable Base de regroupement de soldats et cache d’armes lourdes (artillerie et blindés). Ces importantes forces vietnamiennes sont toujours prêtes à intervenir sans délai en cas de soulèvement populaire ou de coup d’État contre le gouvernement actuel, mis en place par Hanoï.

C’est d’ailleurs dans cette zone qu’ont eu lieu les répressions les plus féroces contre les résistants H’mongs désespérément accrochés au fameux massif du Phou BIA. En outre, il m’a été confirmé par différentes sources (dont certaines sont implantées au sein même du pseudo Gouvernement Laotien), que le Viet Nam avait procédé, depuis plusieurs années, à une massive colonisation de peuplement en installant au Laos, sur les meilleures terres, 3 millions de vietnamiens communistes bénéficiant d’avantages exceptionnels. De surcroît, on constate une mainmise des vietnamiens sur les différents services artisanaux (coiffeur, menuisier, épicier, boucher etc.) au détriment des Laotiens.

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 vérification d'une pirogue de marchandises, années 1920-1940 (ANOM)

Lorsque, fin 1975, les Américains se sont «désengagés» du conflit vietnamien, je n’ai pas compris que le Laos allait perdre son indépendance et qu’une inhumaine dictature communiste allait lui être imposée par la force des armes. Nos gouvernants ont feint de croire qu’il s’agissait d’une affaire intérieure laotienne, ce qui les dispensait d’agir dans le cadre de nos engagements. Et lorsque le père Jean-Marie OLLIVIER, oblat de Marie Immaculée, a voulu dénoncer, pour en avoir été témoin, cette ingérence d’une puissance étrangère dans les affaires intérieures d’un État indépendant, on lui a répondu … qu’on «ne voulait pas le savoir» ! J’ai, d’ailleurs, écrit à ce sujet un article contenant le récit détaillé du Père OLLIVIER sous le titre  «Les lépreux de SOMSANOUK et le Missionnaire qui en savait trop».

Par suite du mutisme complice des autorités françaises, je n’ai appris l’asservissement du Laos qu’en 1999, en lisant le témoignage terrifiant du Colonel Khamphan THAMMAKHANTI, l’un des rares rescapés de ces goulags qui font partie de la «culture» communiste.

Ce récit, intitulé «La vérité sur le camp-prison N°01 ou camp de la mort au point 438-745» m’a été transmis par SAR le Général Tiao SAYAVONG, ancien commandant de la 1ère Région Militaire (Luang Prabang) et demi-frère du roi Sri Savang VATTHANA. Ce Général, que j’avais connu lieutenant à Thakkek en 1954, avait lui-même passé 16 ans en camp de «rééducation». Quelque temps après avoir témoigné, lui et le Colonel THAMMAKHANTI sont morts des suites des mauvais traitements qu’ils avaient endurés…

Avec une grande naïveté, j’ai pensé que nos «médias» et nos gouvernants n’étaient pas «au courant». Il m’appartenait donc de dénoncer le crime. Ce que j’ai fait en m’adressant aux grands journaux, aux mouvements de défense des peuples opprimés, aux politiciens, à M. CHIRAC puis à son épouse, à certaine vedette de la chanson, à M. KOUCHINER. à M. MENARD, à M. d’ORMESSON, à M. DEVEDJIAN, au candidat puis au Président SARKOZY et à son épouse. Les réponses sont allées du silence méprisant aux justifications minables ou mensongères. Et j’ai fini par comprendre qu’ils étaient tous «au parfum», un parfum de cadavres, et que tous participaient à cette conspiration du silence qui protège les crimes communistes.

Et puis, au début de l’année 2010, est arrivé l’inacceptable : 4200 H’mongs enfermés depuis des décennies dans un «camp de regroupement» thaïlandais ont été livrés à leurs bourreaux lao-viets afin d’améliorer encore les bonnes relations (commerciales) nouées depuis déjà longtemps entre la République Démocratique Populaire Lao et le Royaume Thaïlandais.

miliciens
carte postale ancienne

Survenant au moment où l’on «commémorait» la sinistre «rafle du Vel. D’Hiv.» commise pour des raisons ethniques sur des effectifs comparables, ce crime (connu avant d’être consommé) aurait dû soulever une énorme vague d’indignation. C’était compter sans le pouvoir discrétionnaire des journalistes de tous bords qui ont littéralement escamoté l’événement. À part deux ou trois brefs communiqués, que personne n’a repris mais qui pourront, plus tard, servir d’alibi, et ce sont toutes les «belles consciences brevetées» qui sont restées muettes, enveloppant dans un linceul de silence les 4.200 H’mongs partis pour leur dermier voyage…

Après une période de découragement, j’ai décidé de jouer ma dernière carte ou, plus exactement, de tirer ma dernière cartouche. Dans ma tête. En d’autres termes, je vais me «faire sauter le caisson» pour expier ma part de honte et protester contre la lâche indifférence de nos responsables face au terrible malheur qui frappe nos amis Lao. Ce n’est pas un suicide mais un acte de guerre visant à secourir nos frères d’armes en danger de mort. Quant à vous, les gouvernants sans honneur, vous, les grands «média» sans courage et vous, les «collabos» sans vergogne, je vous crache mon sang et mon mépris à la gueule !

Je demande pardon à tous ceux qui m’aiment pour le chagrin que je vais leur causer.

Le Colonel Robert JAMBON
Retraité des Troupes de Marine

Merci à Elsasser

 

Laos cpa colonie française

- source du texte

- autre source

 

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25 novembre 2011

Européens enlevés et tués par le FLN en 1962

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du nouveau sur les Européens disparus

à la fin de la guerre d'Algérie  (1)

Jean MONNERET

 

Durant un demi-siècle, le problème des civils européens enlevés par le FLN, et jamais retrouvés pour un grand nombre, fut singulièrement occulté. Officiellement, on s'en tint à un chiffre donné en 1964 au Sénat : 3018.

La répartition des victimes en personnes enlevées, libérées, présumées décédées et cas incertains ne fut guère remise en cause. À partir de 1965, le silence des médias à ce sujet se fit assourdissant. Les Français disparus furent oubliés tandis que la France prit l'étrange habitude de réserver ses hommages aux victimes de l'autre camp, les pro-indépendantistes (particulièrement à Paris sous l'égide de la Mairie socialiste.

Dans le milieu des Français d'Algérie, on chercha à lutter contre l'oubli. Hélas, des chiffres hyperboliques furent brandis au mépris de toute rigueur historique (2). La cause des victimes du FLN risqua d'en être dépréciée, d'autant que des thèses complotardes fumeuses se répandaient aussi.

Désormais, la communauté des Historiens comme les Pieds Noirs et les familles concernées disposent d'une étude de qualité, menée selon la méthode historique. Jean-Jacques Jordi a fait des recherches poussées en de nombreux fonds d'archives. Citons : le Service Historique de la Défense, le Centre des Archives Diplomatiques,les Archives Nationales d'Outre-Mer, le Centre des Archives Contemporaines, le Centre Historique des Archives Nationales, celles de la Croix Rouge, du Service Central des Rapatriés etc...

L'auteur a ainsi apporté une contribution neuve au problème des disparus européens. Il a attaqué de front l'obstacle des 500 dossiers demeurés incertains qui gênait l'obtention de chiffres crédibles.

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Sur ce point, en 2004, nous avions nous même, ainsi que le général Faivre attiré, l'attention de la Mission aux Rapatriés sur la nécessité d'une étude exhaustive. Il fallut attendre quatre ans pour qu'elle se dessinât.

En accédant aux dossiers du Service Central des Rapatriés, Jordi a pu savoir qui parmi les incertains était réellement disparu ou entré en France métropolitaine. On y voit actuellement plus clair.

Qu'il s'agisse du massacre du 5 juillet 62 à Oran (où l'auteur confirme la responsabilité et les mensonges du général Katz, comme la criminelle ineptie des directives données à l'Armée française), qu'il s'agisse des exactions de l'été 62 dues à la wilaya 4 (où le FLN préférait enlever des familles entières pour limiter les plaintes), Jordi a montré une solide rigueur.

 

nettoyage ethnique

Il éclaire la pratique du nettoyage ethnique  par les indépendantistes. Or, il le fait, documents à l'appui, en prenant ses distances avec quelques légendes aussi tenaces qu'absurdes. Son livre est peu réfutable. Il sera plus difficile désormais aux thuriféraires du FLN et aux journalistes sous influence de nier des faits qui les dérangent.

On peut regretter que Jordi paraisse sous-estimer les divisions du FLN et les surenchères xénophobes qu'elles alimentèrent. Félicitons le toutefois d'avoir laissé de côté quelques récits controuvés et extravagants (3).

Cet ouvrage, cette étude méticuleuse manquaient. Il serait regrettable qu'ici et là, certains négligent l'atout que, dans sa percutante sobriété, il constitue pour les familles touchées et pour l'Histoire.

Jean Monneret
monneret

 

Plaque 19 mars 

 

1 - Jean-Jacques Jordi, Un silence d'État, éd. Soteca, 2011.

Les enlèvements d'Européens ont décuplé aprés le "cessez-le-feu" du 19 mars1962 L'auteur dénombre 1583 disparus présumes décédés, 123 enlevés dont on a retrouvé les corps et 171 cas incertains résiduels. Selon nous, il eût fallu comptabiliser les personnes libérées ou retrouvées.

2 - Il arriva qu'un scribe du Ministère des Rapatriés répondit par erreur : 25.000 à une question sur le chiffre des disparus européens. Il confondait avec celui des militaires français tués au combat. Ceci occasionna ultérieurement quelques bévues.

3 - En juillet 1962, depuis Alger, Max Clos du Figaro, dénonça courageusement les enlèvements massifs d'Européens. Il ajoutait : "Sur les chiffres, on ne sait rien de sûr. Tout dans ce pays est déformé et amplifié dans des proportions fantastiques". Voila qui a changé désormais.

 

VA-Algerie

 

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11 janvier 2012

Faculté des Lettres à Tunis : offensive salafiste

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nouvelles de la Faculté des Lettres

de la Manouba

(Tunisie) : offensive salafiste

Rachida Tlili SELLAOUTI, professeur

 

La Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de l’université de la Manouba (FLAHM) est, au moment où j’écris et depuis le 28 novembre 2011, occupée par un groupuscule d’étudiants à la mode «salafiste». Il  exige le port du niqab par les étudiantes «qui le désirent» pendants les cours, au nom des  libertés individuelles.

Dans la virulence de leurs revendications, ils ont agressé physiquement le doyen, l’historien Habib Kazdaghli ainsi que un collègue syndicaliste, M. Habib Mellakh. Des collègues femmes ont été agressées verbalement… tandis que les autorités tardent à intervenir.

Les faits

En fait, la question du niqab commence à être agitée dans l’enceinte de la faculté depuis la fin du mois d’octobre (calendrier électoral aidant) au moment où une étudiante refuse de dévoiler son visage en cours.

Le 2 novembre, le doyen réunit les membres élus du conseil scientifique, représentants aussi bien les étudiants que les professeurs. Le règlement intérieur qui est alors adopté interdit le niqab dans les salles de cours et lors des examens pour des raisons strictement pédagogiques et sécuritaires (la Révolution ayant permis de  «dégager» la police des enceintes des universités), mais permet de le porter dans tous les autres espaces de la faculté.

L’Université propose par ailleurs de mettre à disposition des étudiants, à une très courte distance de la faculté, un espace de prière décent (deuxième revendication du groupuscule des étudiants avec le niqab) commun au campus universitaire de la Manouba, réunissant 30 000 étudiants. Rien n’y fait, les évènements s’enchaînent et la situation se dégrade :

- 28 novembre, un groupe d’une centaine de personnes – pour la plupart non inscrites à la faculté – interrompt bruyamment les cours et empêche la tenue des examens.

- 29 novembre, des personnes étrangères à la faculté à qui l’on tente d’interdire l’entrée forcent le passage et bousculent le doyen. Les enseignants décident, alors, de protester contre la violence des attaques par une grève.

- 6 décembre, les «sit-inneurs», déjà bien installés dans les bureaux de l’administration, décident cette fois-ci d’interdire au doyen l’accès à son bureau. Une fois de plus c’est l’option de la violence qui est choisie : bousculade, menace verbale et physique… Un enseignant sera même transporté à l’hôpital. Le conseil scientifique élargi décide de fermer la faculté et de demander, alors qu’il s’y était toujours refusé jusque là, l’intervention des forces de sécurité publique afin d’évacuer les intrus.

Le gouvernement sortant est resté sourd et indifférent à cet appel. Depuis le 6 décembre, les cours sont interrompus et les locaux administratifs occupés. Le doyen, le personnel administratif, les enseignants et les 8.000 étudiants attendent en vain. Tandis que le groupuscule d’étudiants soutenu par un renfort continu de personnes totalement étrangères à la faculté, au mode vestimentaire «salafiste» occupent la faculté et saturent l’espace à coups de décibels (haut-parleurs ) diffusant prêches et prières. Ils rejettent toute décision du Conseil Scientifique remettant en cause sa légitimité en tant que instance élue, comme ils rejettent toute justification pédagogie, éthique, sécuritaire… que pose le port du niqab dans les salles de cours, et ne retiennent que leurs seules allégations à savoir que les étudiantes sont «souillées» par le regard des professeurs.

 

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la Manouba, un symbole à abattre

En fait, pour plusieurs raisons, la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de l’Université de la Manouba est avant tout le symbole à abattre. Très tôt, de nombreux partis politiques ainsi que l’Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt, centrale syndicale la plus importante du pays) manifestent leur inquiétude et leur solidarité. En face, les autorités et instances de tutelles confondues affichent une fin de non recevoir.

Situation actuelle Suite aux dernières médiations : une commission ad hoc créée par le conseil de l’université de la Manouba a engagé des discussions par l’intermédiaire de certains professeurs avec les sit-ineurs, des démarches entreprises par l’autorité de tutelle pour amener les personnes étrangères à lever le sit-in.

Le ministre avait promis aux membres du conseil scientifique et aux représentants des  différents syndicats de l’institution (UGTT pour les enseignants, ouvriers, fonctionnaires, UGET pour les étudiants) qu’il avait reçus samedi dernier, d’œuvrer en vue du retrait des sit-ineurs étrangers à la faculté de son enceinte et de convaincre les étudiants de la FLAHM de transférer le sit-in des bureaux du doyen à un autre endroit de sorte qu’ils n’entravent pas le déroulement des cours et le fonctionnement normal de l’administration, étant donné, considère-t-il,  que le sit-in et la manifestation sont un droit sacré.

Le 2 janvier 2012, les rapports des différents médiateurs, ceux des membres du personnel administratif dépêchés à la faculté ont fait état de l’irruption massive de nouveaux sit-ineurs en soutien à leurs camarades. Constatant cet état de fait, l’assemblée générale réunie successivement les 2 et 3 janvier dans les locaux de l’Université, convaincue de l’absence des conditions pour une reprise normale des cours, en raison du renforcement du sit-in, a recommandé au conseil scientifique de maintenir la fermeture de l’institution jusqu’au retour à la normale et a décidé un rassemblement au ministère de l’enseignement supérieur à partir du mercredi 4 janvier 2012 pour inciter les autorités à obliger les sit-ineurs à se retirer de la faculté.

Rachida Tlili Sellaouti
Professeur d’histoire
FLAHM Le 4 janvier 2012 – 8 h du matin (heure locale)


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9 janvier 2012

"C'était quand même mieux du temps des Blancs"

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"c'était quand même mieux

du temps des Blancs"

Kofi YAMGNANE (19 mai 2010)

 

journaliste LCP - On va fêter, enfin certains pays vont le faire, certains plus discrètement d'ailleurs, fêter ces cinquante ans d'indépendance. Elle en a fait quoi l'Afrique de cette liberté ? Kofi Yamgnane, vous aviez le désir d'être candidat au Togo, d'être président du Togo. Vous aviez certainement un regard sur ce pays, un désir, un amour... Qu'a fait l'Afrique, et pourquoi pas le Togo, de cette liberté ?

Kofi Yamgnane - "Je ne peux pas généraliser sur l'ensemble des pays francophones ayant accédé à l'indépendance en 1960 et quelques années après. En tout cas, je peux dire que le Togo, mon pays d'origine, n'a rien fait des cinquante ans. C'est cinquante ans pour rien puisque aujourd'hui, les plus vieux dans les villages - j'ai eu l'occasion de tourner dans l'ensemble des villages du Togo - les plus vieux me disent : Kofi, c'était quand même mieux du temps des Blancs.

C'est extraordinaire comme aveu d'échec ! "c'était quand même mieux du temps des Blancs" : dans nos dispensaires, on n'a pas un flacon de mercurochrome, les Blancs nous en donnaient. On était vaccinés, on ne l'est plus. Les écoles fonctionnaient, il n'y en a plus. Il y avait des pistes qui étaient entretenues, il n'y a en plus. C'est vraiment...

Quand on regarde cela, on a envie d'en pleurer effectivement..."

19 mai 2010, émission "Ça vous regarde", chaîne LCP
"Afrique : qu'a-t-elle fait de sa liberté ?"

 source : http://www.youtube.com/watch?v=vXuLXsriMhU

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défilé, mai 1960

 

- biographie de Kofi Yamgnane sur Wikipedia

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8 janvier 2012

un canon historique : de Brest à Alger en 2012 ?

Consulaire 1
la Consulaire, canon pris à Alger en 1830

 

"le Baba Merzoug" canon historique

Jean-François PAYA

 

Etes-vous au courant de "l'affaire du Baba Merzoug" ce canon légendaire qui aurait été fondu à Alger en 1542 par un fondeur vénitien ? C’est un canon unique dans son genre au XVIe siècle, sorti des ateliers de fabrication eà Alger. Il résume trois siècles de la présence Ottomane en Algérie.

Un comité d'historiens, de militaires, de politiques algériens demande le retour de ce trésor de "leur patrimoine"... Le "Baba Merzoug", un canon de bronze de douze tonnes, de sept mètres de long et d’une portée de près de 5 kilomètres, a défendu Alger pendant plus de deux cent ans, avant d’être pris par les Français en 1830.

Les Français l’ont rebaptisé «la Consulaire» pour avoir déchiqueté deux consuls français : le père missionnaire lazariste Jean Le Vacher, consul d'Alger, qui a été attaché à la bouche du canon et déchiqueté en juillet 1683, en représailles au bombardement d'Alger par l'amiral Duquesne qui réclamait la libération de tous les esclaves chrétiens. Et le consul André Piolle en 1688, lors d'une attaque similaire conduite par le maréchal Jean d'Estrées contre  Alger.

Pour les Algériens, ce canon est plus qu’un symbole, c’était le plus puissant de la Méditerranée, Il a défendu la capitale de la Régence pendant deux siècles. Il doit retrouver sa place à Alger d'ici le 5 juillet 2012 après 182 ans d'absence. Selon Belkacem Babaci, spécialiste de l'Histoire d'Alger, l’Algérie a reçu une promesse claire de l’Élysée pour que Baba Merzoug soit restitué à l’occasion de cinquantième anniversaire de l'Indépendance.

Or dans un livre édité en 1840 De l'Algérie relatant la prise d'Alger, par le père Dorigez aumônier de l'armée d'Afrique il est écrit que : "Ce canon proviendrait de la prise de guerre de Charles Quint lors de la victoire sur François 1er à Pavie, en 1525. Charles Quint qui était allé bombarder Alger quelques années après, en 1541, avait dû fuir devant une épouvantable tempête, et abandonner toute son artillerie ; près de trois siècles après, la victoire devait restituer cette pièce à l'armée française".

Selon certains avis, à voir les inscriptions gravées sur ce canon, si celui-ci avait été fondu pour des musulmans on devrait y voir des textes en langue arabe comme sur certaines pièces déposées dans la cour des Invalides à Paris. En effet, dans les galeries extérieures de l'Hôtel des Invalides, on peut observer plusieurs canons en bronze fondus sous le règne de François 1er, et récupérés à Alger en 1830.

Consulaire 2

Ce canon, "La Consulaire", est aujourd'hui érigé en monument sur une place de, l'Arsenal de Brest propriété de la Marine Nationale Française. Certains avancent aussi que ce canon fut fondu avec le bronze des nombreuses pièces d'artillerie abandonnées par les Espagnols en 1541 lors de l'échec de la prise d'Alger par Charles Quint parmi lesquelles de nombreux canons pris aux Français.

Cette énorme pièce datant donc de la fin des travaux de fortification de la ville d'Alger (vers 1542) aurait été conçue par un fondeur vénitien à la suite d'une commande du pacha Hassan. D'une portée exceptionnelle, de 4 872 mètres, ce canon fut baptisé Baba Marzoug (Père Fortuné). Il interdisait à tout navire ennemi l'accès à la rade d’Alger. Mais les Français, arrivés sur Alger par la terre en 1830, avaient débarqué à Sidi-Ferruch !

Jean François Paya

- livre, cf. p. 172-173 sur Gallica

 

Consulaire 3

 

Consulaire 5

 

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5 janvier 2012

8 mai 1945 à Chevreul (Beni Aziz)

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une enquête du cinéaste Jean-Pierre Lledo

général Maurice FAIVRE

 

Jean-Pierre Lledo, Grand-père a tué deux colons. Le 8 mai commence avec le massacre des innocents,  Ed. Atlantis, 2011, 232 pages, quelques photos et un DVD, 29 €.

Le cinéaste fait une enquête à Chevreul (Beni Aziz aujourd’hui) avec son ami Ahmed Zir, qui cherche à confirmer la responsabilité de son grand-père dans un assassinat de colons. L’enquête confirme que 9 Français ont été tués le 9 mai à Chevreul, mais que le grand-père d’Ahmed n’est pas coupable.

Il est évident cependant que l’insurrection, préparée depuis plusieurs mois, a été une action de  guerre sainte pour la cause de Dieu, une véritable épuration ethnique. Lledo souligne les non-dits de cette histoire et montre que les témoignages des Français et des Musulmans se recoupent et ne confirment pas ce que certains historiens appellent  la guerre des mémoires.

Cet ouvrage s’emploie ensuite à réfuter les thèses du film Hors-la-loi, en faisant appel aux  témoignages de quelques survivants et aux écrits de Maurice Villard, Roger Vétillard, Redouane Tabet et Ferhat Abbas. Le testament de ce dernier condamne les chiens enragés et les énergumènes tarés qui ont déclenché le soulèvement. Vétillard récapitule toutes les évaluations des victimes de la répression, qui vont de 1.500 à 100.000 tués ; il confirme que des milices ont été constituées dans 5 localités (Guelma, Bône, Djdjelli, Saint Arnaud et Fedj-Mzala) ; il montre qu’en 2005, Stora a produit trois estimations différentes (8.000, 15.000 et 20.000). Plus objective paraît l’estimation du général Tulard (3 à 4.000).

En conclusion de cet ouvrage, qui précise nombre de faits historiques, Wolf Albes revient sur la vision totalitaire et stalinienne des insurgés et cite Boualem Sansal, pour qui «les grands criminels font de leurs victimes des coupables qui méritent le châtiment».

 Maurice Faivre

- lien vers le site de l'éditeur

- le livre peut être commander directement sur le site des éditions Atlantis :

www.editionatlantis.de

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présentation de l'éditeur

8 mai 1945 : de nouvelles histoires à ne pas dire…

Dans Algérie, histoires à ne pas dire, pour la première fois au cinéma, des Algériens musulmans racontaient les massacres qu’ils ont commis à l’encontre de civils européens pendant la guerre d’Algérie (1954-1962).

Le livre-DVD Grand-Père a tué deux "colons" révèle de nouvelles "histoires à ne pas dire" qui se situent pendant l’insurrection manquée du 8 mai 1945 dans la région de Chevreul (Béni-Aziz). Ahmed Zir, le protagoniste de ces séquences, part à la recherche de l’histoire de son grand-père : celui-ci a-t-il vraiment tué deux colons avant d’être exécuté à son tour par l’armée française ?

Plusieurs témoins musulmans évoquent avec gêne le sort déshonorant que les insurgés réservaient à leurs victimes européennes dans ce véritable Djihad. Un chef local avoue aussi avoir été sauvé in extremis de l’exécution par son employeur pied-noir, lors d’une action de riposte de l’armée française.

En faisant voler en éclats l’histoire officielle algérienne de mai 1945, ce livre-DVD est un hommage à toutes les victimes innocentes – celles de l’insurrection musulmane, tout comme celles de la répression par l’armée française.


Dans ce livre, vous trouverez :

- un DVD de Jean-Pierre Lledo (58 minutes) ;

- le scénario complet du DVD avec 50 photos ;

- plusieurs documents, analyses et commentaires sur l'insurrection du 8 mai 1945 à Chevreul (Béni-Aziz) et à Sétif de Jean-Pierre Lledo, Roger Vétillard et Maurice Villard ;

- des extraits de Mon testament de Ferhat Abbas concernant l'insurrection de mai 1945 ;

- une analyse de Wolf Albes du film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb (50 pages) ;

Livre-DVD : 230 pages, 50 photos

ISBN 978-3-932711-34-3

Prix : 29 €

Sortie le 9 décembre 2011.

www.editionatlantis.de



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rappel

 

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21 avril 2008

L'Algérie en 1957 (Germaine Tillion)

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la chance de la France

et la malchance de l'Algérie

Germaine TILLION (1957)

 

M0705281328062_p1La disparition équivaut fréquemment à la simplification. Voire à la dénaturation. La pensée de Germaine Tillion (1907-2008) – souvent plus citée que réellement lue… c'est malheureusement la règle… - était réduite ces dernières années à un vocable, celui de clochardisation.

Cette grande observatrice et analyste de l'Algérie aurait stigmatisé la colonisation coupable de la clochardisation des populations soumises. Et voilà Germaine Tillion icône idéologique d'un anticolonialisme vertueux et sans concession. Il n'en est rien. La pensée de l'anthropologue n'est pas celle-là, nous l'avons déjà dit dans l'article "France-Algérie : l'impossible travail historique" (Daniel Lefeuvre, Michel Renard).

 

pas d'idéalisation anticoloniale

Aux premières pages de son livre, L'Algérie en 1957 (publié avant les événements de cette même année 1957...), Germaine Tillion avait repoussé tout idéalisation "anticoloniale". Elle écrivait :

"Ce n'est pas moi qui vous présenterait un beau coupable bon à pendre, ni une happy end facile et radicale, malgré le vaste choix qui nous est proposé. La tragédie algérienne, telle que je la vois, comporte beaucoup de victimes, peu de traîtres – et ses possibilités de dénouement m'apparaissent comme un bon point de départ pour d'autres tragédies" (p. 14).

L'ethnographe de la vie paysanne des Aurès n'érige pas le colonialisme en figure abstraite du Mal, elle l'inclut dans la mondialisation de l'ère industrielle : "le malheur actuel de l'Algérie était vraisemblablement inévitable - dans la mesure où il est désormais impossible d'épargner à un peuple archaïque tout contact avec ce monstre prodigieux qu'est la Civilisation Planétaire et dans la mesure où ce contact est fatal au peuple non préparé qui le subit" (p. 67-68).

...Ce que démontre, cinquante ans après, l'historien britannique Christopher Bayly dans La naissance du monde moderne (1780-1914) en insistant sur les interactions comme le note Eric Hobsbawm : "la naissance du monde moderne ne fut pas quelque chose simplement imposé de l'extérieur par l'Occident, mais un processus complexe fait d'évolutions interagissant les unes avec les autres et émanant des deux côtés bien qu'à l'évidence dominé par la force des puissances impériales et par l'hégémonie du modèle occidental…" (La naissance..., p. 13).

l'anti-colonialisme, alibi de la clochardisation

Relisons donc Germaine Tillion, et les histoires non idéologiques du temps colonial, pour comprendre que la colonisation ne fut pas cette "décivilisation" qu'éreintait Aimé Césaire. On y apprendra à dépasser les slogans : "L'anti-esclavagisme a été l'alibi du colonialisme (il l'est encore parfois), et je me demande si l'anti-colonialisme n'est pas en train de devenir l'alibi de la clochardisation. Non pas que le colonialisme soit tout à fait mort - il est seulement moribond -, ni qu'il n'ait pas aggravé la situation économique des pays où il a sévi, mais il n'est pas seul responsable de leur misère, et, à l'heure actuelle, par exemple, la situation alimentaire dans les régions d'Algérie où il n'y a jamais eu de colons apparaît comme un peu plus alarmante pour les indigents que dans celles où les colons sont en nombre..." (L'Algérie en 1957, p. 41).

Michel Renard

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extraits de L'Algérie en 1957

 

Alg_rie_57_couv_rectoConsidérez maintenant, dans cette perspective, le destin de notre pays - pays relativement comblé par la nature, mais pas plus que certaines régions du monde où les gens vivent encore aujourd'hui dans une sordide indigence.
Première chance : nous réussissons notre révolution politique et notre réforme agraire cinquante ans environ avant le début de l'essor industriel et un bon siècle avant la révolution biologique ; nous nous trouvons donc bien placés au moment le plus important de l'histoire du monde : la première moitié du XIXe siècle.

C'est pourquoi (malgré notre hémorragie de 1914, malgré la catastrophe de 1940, malgré onze ans de guerres mondiales, et je ne sais combien d'années de guerres coloniales, malgré nos malheurs et nos sottise) on peut dire que nous avons eu de la chance, puisque, au moment voulu, nous nous sommes trouvés dans le clan des gagnants. Entendez par là : les pays où le niveau de vie s'élève régulièrement. On imagine volontiers que le hasard seul n'a pas tout fait et que nous pouvons aussi revendiquer des mérites (mais il est possible d'avoir des mérites lorsqu'on est placé pour en tirer le meilleur parti).

Cette ligne ascendante de notre chance, chacune [ce texte fut initialement destiné aux adhérentes de l'Association nationale des Déportées et Internées de la Résistance] d'entre vous peut facilement en suivre quelques étapes, sans pour cela feuilleter des livres ou inventorier des statistiques. Asseyez-vous plutôt à côté d'un paysan pauvre ou d'un vieil ouvrier - n'importe lequel, dans n'importe laquelle de nos provinces - et, comme je l'ai fait moi-même tant de fois, laissez-le parler et écoutez-le.

Il vous racontera son enfance : à six ans l'école, "pour apprendre ses lettres" ; "placé" à huit ans comme berger - plus petit que ses moutons ; des maîtres avares, qui mesurent le pain ; pas de viande, pas de sucre. Plus tard : "on gagnait trois francs par jour, à faucher à la main, comme des martyrs ; la moisson durait deux mois. Après c'était le trimard"... (entendez : la mendicité). Et la maladie, et le chômage, et le terme...

Certes, il y a actuellement en France bien des choses qui vont mal - logements indignes, salaires insuffisants, enfants abandonnés, vieillards misérables - mais, dans tous les domaines, l'amélioration est constante et régulière. Cette amélioration, nous la retrouvons dans tous les pays qui sont en-deça du seuil - non pas un seuil qui séparerait le bloc marxiste et le bloc atlantique, mais un autre, qui ne correspond ni aux alliances ni aux programmes politiques : le bloc des Affamés, qui chaque année auront un peu plus faim, et le bloc des Rassasiés, que chaque année enrichit.

 

le malheur actuel de l'Algérie

était vraisemblablement inévitable

Allez maintenant en Algérie - j'en viens - et asseyez-vous à la porte d'un gourbi, à côté du grand-père - cela aussi, je l'ai fait des milliers de fois. Parlez de la dernière récolte, de l'état des pâturages, de la santé des chèvres, du prix de l'huile, du prix des dattes... Ensuite écoutez, prenez des notes, contrôlez, comparez.

Les deux tiers des Algériens ont eu le sort inverse des Français : leur malheur a voulu qu'ils se trouvent dans la zone d'ébranlement de la révolution biologique moderne avant d'avoir atteint ce niveau de vie et ce niveau de culture que je vous propose d'appeler "niveau d'auto-protection". Et c'est là qu'intervient, à mon avis, notre responsabilité.

Responsabilité et non culpabilité, car, le malheur actuel de l'Algérie était vraisemblablement inévitable - dans la mesure où il est désormais impossible d'épargner à un peuple archaïque tout contact avec ce monstre prodigieux qu'est la Civilisation Planétaire et dans la mesure où ce contact est fatal au peuple non préparé qui le subit. Il n'en est pas moins vrai que notre présence en Algérie a accéléré le phénomène de désintégration sociale de ce malheureux pays. Disons, si vous préférez, que si l'Algérie était restée indépendante, sa population aurait seulement doublé, alors qu'elle a quadruplé avec nous (ce qui aggrave considérablement sa position actuelle et contribue à la rendre insoluble). Mais c'est une conséquence imprévue et involontaire du "paternalisme colonial", dont nous sommes à la fois responsables et innocents - aussi responsables et aussi innocents que ceux qui en sont victimes.

L'Algérie compte aujourd'hui neuf ou dix millions d'habitants ; en 1830, elle en avait probablement moins de deux millions ; les statisticiens prévoyaient pour elle (si les conditions économiques de 1954 s'étaient maintenues) vingt millions dans vingt ans et quarante millions dans quarante ans. Tout cela est fou, car une Algérie autonome, donc nécessairement agricole, n'en peut nourrir - mal - que deux ou trois millions.

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Aïn M'lila, la médersa (carte ayant voyagée en 1954)

En 1954, dans la population musulmane, les illettrés en français atteignaient la proportion de 94% des hommes et 98% des femmes, et les enfants algériens allaient en classe dans la proportion de un sur quatre. Mais, attention, ce pourcentage correspondait à la totalité des enfants - garçons et filles, Musulmans et non-Musulmans. En réalité, un petit garçon musulman sur cinq allait en classe et une petite fille musulmane sur seize.

Ces chiffres honteux étaient eux-mêmes inexacts - comme le sont toutes les statistiques qu'on n'analyse pas - car, en Algérie, plus encore qu'une problème "Musulman/non-Musulman" ou "colon/indigène", c'était le problème "ville/campagne" qui tendait à s'imposer : la scolarisation totale des enfants de toutes les confessions allait être atteinte dans les villes (dans la commune d'Alger, treize enfants musulmans sur dix-huit), tandis que dans les campagnes elle constituait un rêve inaccessible. (Dans telle commune, il y place dans les écoles pour un enfant sur cinquante ; ailleurs, pour un enfant sur soixante-dix).

On ne désire pas ce qu'on ignore et, dans les cavernes aurignaciennes, nos ancêtres sont morts sans avoir souffert de l'absence de radio ou de chauffage central. Mais l'Algérie est probablement le pays où coexistent le plus constamment les connaissances directes et personnelles d'un certain nombre de privilèges (instruction, droits politiques, structure familiale évoluée, possibilité d'améliorer une situation) avec l'impossibilité pratique de les acquérir. De tous ces biens dont nous bénéficions avec indifférence, les Algériens sont frustrés, en connaissance de cause, avec une immense amertume.

Nos journaux se plaisent à comparer les niveaux de vie algériens avec d'Égypte ou d'Arabie (1). Eh oui ! on est un peu moins pauvre à Alger ou à Constantine que sur les rives de la Mer Rouge, mais, sur les rives de la Mer Rouge, on ne sait pas ce que c'est que l'aisance, la liberté ou même le simple bien-être de manger tous les jours à sa faim, et surtout on ne sait pas que ce bien-être est une chose commune et ordinaire que des peuples entiers possèdent, sans avoir même conscience d'être des privilégiés.

 

faim primaire et faim secondaire

Inversement, cette expérience vécue de la faim, il faut des cataclysmes comme ceux que nous avions traversés il y a douze ans pour que, dans nos pays heureux, on connaisse ses méandres et ses nuances.

Il y a deux faims :

Dans la faim primaire, on est exclusivement obsédé par une certaine masse qui remplira l'estomac - pain, farine, riz. Sous l'influence de cette "faim primaire", nous avons vu certains camarades avaler, coup sur coup, deux, trois gamelles de rutabagas (quand il y avait des malades ou des mortes dont on leur laissait la ration). Dans les blocks, lorsqu'on énumérait les précieuses denrées qui hantent le cerveau des affamés, nous avons entendu souvent répondre : "D'abord du pain, beaucoup de pain".

Ensuite, lorsque l'estomac est plein naît, une autre faim de viande, de graisse, de fruit - et, au fur et à mesure que cette "faim secondaire" est satisfaite, la consommation de pain, de pommes de terre, de riz (voire de rutabagas) diminue.

Dans les campagnes d'Algérie, les enquêtes que j'ai faites sur les consommations familiales me permettent de penser que la "faim primaire" est, vaille que vaille, grâce à l'émigration des travailleurs algériens en France, à peu près satisfaite. Pas tout le temps et pas pour tout le monde, car, hélas ! au moment de la soudure (janvier-février), on connaît en Kabylie, dans certaines maisons, la galette de glands et, dans les Aurès, les baies de genévrier bouillies. Quant à la "faim secondaire", seules les familles riches (un dizième de la population) et celles des travailleurs de l'industrie (100 000 travaillant sur place, 400 000 émigrés en France) peuvent la rassasier.

Lorsque dans un gourbi de Zaccar, de l'Ouarsenis, je demandais combien de temps dure "une charge" de blé ou d'orge, si la réponse correspondait à une consommation supérieure à un litre par personne et par jour, je savais que la "faim primaire" était apaisée, mais que la "faim secondaire" planait en permanence sur le pauvre foyer. Lorsque la consommation des céréales diminuait, cela signifiait ou bien l'aisance (un peu de sucre, un peu de beurre, un peu de viande et de lait), ou bien le dénuement total et la faim qui fait mal au ventre.

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Jeune fille réalisant un bouquet de blé, Algérie, circa 1910 (source)

Or, il ne faut pas l'oublier, un homme algérien adulte sur deux a vécu en France et, à l'arrière-plan de cette misère qu'il a sous les yeux, il peut évoquer (et il évoque) des images d'un autre monde : enfants joyeux, bien habillés, bien débarbouillés, qui mordent dans la tartine du goûter en revenant de classe, ménagères affairées faisant leurs copieuse emplettes du jour, et ces petites cuisines chaudes et commodes qu'on aperçoit parles fenêtres, le soir, entre le moment où la lampe s'allume et celui où se ferment les volets...

 

l'Algérien qui a travaillé en France, un privilégié...

Certes, l'homme qui travaille ou qui a travaillé en France est, par rapport à ses autres compatriotes, un privilégié : sa famille est moins mal nourrie, moins mal vêtue que celle de ses voisins, il participe aux avantages acquis par les travailleurs français, du moins dans le domaine du salaire, puisque nos lois exigent qu'on le paie au même tarif que son camarade métropolitain.

Voyons cependant les conditions de vie de ce privilégié : il gagne en France théoriquement autant que l'ouvrier d'ici, mais l'ouvrier d'ici vit en famille ; en ville, bien souvent, sa femme travaille de son côté et le ménage (qui subsiste sur deux salaires) dispose d'un peu plus que le strict nécessaire - cet "un peu plus", c'est justement une des conditions du bonheur. Lorsque la femme ne travaille pas, elle administre la maison, cuisine, lave, coud, repasse, fait le marché, économise...

Dans la famille ouvrière musulmane, il n'y a qu'un seul salaire et, en moyenne, deux fois plus d'enfants ; c'est l'homme qui fait le marché, qui coud, qui calcule, qui administre, c'est lui qui soigne le bébé malade et, lorsque l'enfant ne peut être nourri par sa mère, il arrive que ce soit le père qui doive faire le biberon. J'ai connu, dans des milieux divers, des hommes qui avaient patiemment transmis à leurs femmes quelques-uns des miettes de civilisation ramassées dans leurs voyages, mais ils avaient, croyez-moi, du mérite ; les autres - la majorité - renoncent. Je me souviens d'un petit fonctionnaire dont tous les enfants étaient trachomateux, disant à un coreligionnaire qui lui donnaient des conseils d'hygiène : "Tu sais bien que nous avons tous épousé des s...".

famille_mauresque_avant_1910
carte postale ancienne, avant 1910

Les femmes, du moins, ignorent-elles qu'il existe une autre condition que la leur ? Même pas. Dans les villes, elles vont maintenant au cinéma, elles écoutent la radio (chez elle ou chez une voisine, peu importe), elles parlent entre elles, elles s'informent et, même dans les villages du bled, j'ai entendu cette année des réflexions stupéfiantes d'amertume. Elles savent qu'il est plus facile, dans leur pays, de répudier une épouse honnête et de la séparer à jamais de ses enfants, que dans le nôtre de renvoyer une domestique.

Femmes mariées de force, petites filles vendues légalement à des vieillards, polygamie, spoliation des veuves et des orphelins, cohabitation avec les beaux-parents et, quelquefois, les beaux-frères et les belles-soeurs, tout cela est vu et senti comme une odieuse contrainte.

Lorsque, dans un bidonville de Constantine ou d'Alger, on demande aux enfants ce qu'ils veulent faire quand ils seront grands, les petits garçons (comme tous les petits garçons d'Europe ou d'Amérique) parlent d'une belle auto, mais les petites filles veulent presque toutes être institutrices - et ne pas se marier. Or, quelle chance le garçon a-t-il d'avoir une auto s'il reste dans son pays ? Quant à la fille, elle sera mariée avant quinze ans, peut-être de force et peut-être à un vieux retraité en âge d'être son grand-père.

Alg_rie_enfants_et_figuier_de_barbarie

"Tout cela, c'est bien leur faute", disent certains colons. "Pourquoi divorcent-ils pour le moindre caprice ? Pourquoi séparent-ils sans pitié les mères de leurs enfants ? Pourquoi traitent-ils si mal leurs femmes ? Pourquoi ont-ils tant d'enfants ? Et si ce n'est pas leur faute, c'est celle de leur religion. En tout cas, pas la nôtre".

Non, ce n'est pas leur faute, et pas davantage celle des colons, et pas non plus celle de l'Islam (2), mais c'est la faute d'un certain état social, directement issu du choc de leurs institutions avec les nôtres. Et, à l'intérieur de cet état social, il n'est plus possible de vivre.

Les deux millions de musulmans qui sont, économiquement, des Européens, bien que relativement favorisés par rapport à leurs coreligionnaires, n'en sont que plus sensibles aux mille brimades que la désagrégation sociale de leur pays accumule contre eux. Comme il faut bien un responsable de tant de grands malheurs ou de petites vexations, on s'en prend au "colon" ou au "colonialisme" (qui ne sont ni l'un ni l'autre, complètement innocents ou complètement coupables).

Selon un processus bien connu, les hommes appartenant au groupe économiquement favorisé, mais brimé socialement et politiquement (3), ont constitué les cadres de la révolution actuelle, en sorte que, s'ils réussissent, certains figureront parmi les éléments qui chercheront à émigrer (probablement en France) pour échapper au désastre qu'ils auront contribué à provoquer. Il faut bien avouer que cette perspective a pour nous quelque chose d'agaçant, mais c'est à ce genre de sottises qu'il faut s'attendre lorsqu'on laisse dans un pays s'instaurer une situation anormale ; et c'est au fond tout aussi naturel et pas plus gribouille que les sottises qui ont été, en sens inverse, accomplies là-bas par la minorité qui se réclame de la France. Dans les deux cas, on lance un boomerang et on reçoit en plein crâne le coup qu'on destinait à "l'homme d'en face".

S'il y a, en Algérie, un être humain sur trois qui est, économiquement, un Européen, que sont les deux autres ?

Des gens qui ne participent à aucun des substantiels avantages de notre civilisation, mais qui néanmoins les connaissent infiniment mieux, les désirent infiniment plus et sont, pas conséquent, infiniment plus aptes à s'en servir que n'importe quels habitants des autres pays d'Afrique ou d'Asie.

 

l'indépendance n'y changera rien...

Ce contraste cruel doit être médité par les hommes d'affaires internationaux. Ailleurs - la condition de gaver d'argent une poignée de petits tyrans -, on peut encore exploiter à peu près en paix des gisements fructueux. Pas en Algérie. Et, à ce point de vue, on peut vraiment dire que "l'Algérie, c'est la France", car j'ose affirmer que, tant que tous les Algériens n'auront pas le minimum vital français, aucun capital ne pourra être investi, avec sécurité, dans leur pays. L'indépendance n'y changera rien - je dirais même : au contraire - car toutes ces amertumes, toutes ces frustrations qui convergent sur l'homme algérien se confondent plus ou moins avec la revendication politique de l'indépendance. Qu'est-ce que l'indépendance pour le fellagha militant ? "C'est la fin de notre misère", disent-ils, c'est-à-dire : du travail, des écoles, des maisons, des femmes propres et actives, de l'argent, des terres, du pain... Et pas un État arabe ? Mais si, bien sûr : un État arabe qui donnera tout cela - sinon, gare à lui, car c'est pour tout cela qu'on se bat, amèrement et douloureusement.

Et ces faits devraient être médités aussi par les chefs nationalistes et par les hommes d'État voisins de l'Algérie.

"Tout-ce-que-la-France-a-fait-en-Algérie" (des hôpitaux, des routes, des installations portuaires, des grandes villes, une petite industrie, le quart des écoles nécessaires) et "Tout-ce-que-la-France-n'a-pas-fait-en-Algérie" (les trois quarts des écoles nécessaires, d'autres industries, un plan agricole avec la réforme agraire et les techniciens qu'elle exige...) constituent, ensemble, une sorte de mélange détonant où nos méfaits et nos bienfaits se confondent avec une nocivité provisoirement équivalente et réciproquement renforcée.

Et maintenant que le bien et le mal que nous avons faits s'additionnent pour constituer une des plus redoutables machines infernales du globe, il faut bien avouer que le rêve d'une partie des Français serait de laisser l'Algérie et les Algériens se débrouiller en toute indépendance, dans leurs problèmes. Or, ces problèmes, nous avons entrepris de les résoudre et ils étaient désormais solubles, au prix d'un effort énorme, mais qui n'excède pas nos moyens. Sans nous, ils ne peuvent plus désormais être résolus, quoi qu'il arrive.

Germaine Tillion, L'Algérie en 1957,
Éditions de Minuit, 1957,p. 65-79

 

 

(1) Revenu moyen d'un Algérien, par an : 54 000 fr. ; d'un Italien du Sud : 50 000 fr. ; d'un Égyptien : 40 000 fr. ; d'un Hindou : 35 000 fr. ; d'un Arabe du Yémen : 14 000 fr.

(2) L'Islam est plus tolérant que l'Église catholique en matière de contrôle des naissances et, au VIIe siècle, époque où le Coran fut promulgué, la condition de la femme ne différait guère de pays musulmans à pays chrétiens.

(3) Il existait en Algérie, avant 1954, deux groupes d'électeurs : le Premier et le Second Collège. Chaque Collège avait le même nombre de représentants. Le Second Collège comprenait la plupart des électeurs musulmans ; le Premier Collège groupait les électeurs d'origine européenne, les électeurs autochtones juifs et certains musulmans (en particulier les Anciens Combattants). Au dernier recensement électoral, 570 000 électeurs (correspondant approximativement à une population de 1 250 000 non-Musulmans et de 350 000 Musulmans) constituaient le Premier Collège, tandis que le Second Collège (avec 1 450 000 électeurs) aurait dû représenter la quasi-totalité de la population musulmane, soit plus de huit millions d'âmes. Il est facile d'en conclure que le vote d'un électeur du premier Collège avait, pour le moins, six fois plus de valeur que celle d'un électeur du Second Collège.

 

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L'Algérie en 1957, Germaine Tiliion

 

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quatrième de couverture

 

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19 octobre 2011

archives diplomatiques à La Courneuve

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Nous avons le plaisir de vous rappeler que vous êtes cordialement invités à une:


Découverte des Archives diplomatiques

Journée de l'étudiant

mercredi 19 octobre 2011 - 9h30-17h

La Courneuve

 

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Ouvert au public en 2009, le nouveau Centre des Archives diplomatiques, construit à la Courneuve, abrite des fonds et collections d'une richesse exceptionnelle, résultat des activités du ministère des Affaires étrangères, du XVe siècle à nos jours.

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Universitaires, généalogistes et chercheurs curieux d'histoire diplomatique, étudiants en quête d'ouvrages de référence à consulter dans les meilleures conditions, venez découvrir la richesse des fonds proposés à la consultation dans des salles de lecture vastes et confortables.

L'accès est libre et gratuit, sans condition de justification d'un niveau universitaire.

Contact - réservation souhaitée par téléphone : 01 43 17 42 46 / 01 43 17 42 53

Programme de la journée :

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/ministere_817/archives-patrimoine_3512/index.html 

 

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2 janvier 2012

médecins de brousse au temps colonial

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médecins de brousse à l'époque coloniale

 un documentaire d'Arte mardi 3 janvier 2012

 

Mardi 3 janvier 2012 de 22h55 au mercredi 4 janvier 2012 00h20 sur Arte

Synopsis de Médecins de brousse

Pendant toute l'époque coloniale, des médecins militaires français ont accompagné l'armée dans ses périples. Le rôle de ces «médecins de brousse» n'était pas seulement de soutenir les troupes, ils voulaient aussi soigner les populations et se considéraient comme des humanistes. Ainsi ont-ils endigué, notamment en Afrique centrale, la lèpre, la peste ou encore la maladie du sommeil. Cette action impliqua parfois de s'opposer à l'administration et à l'armée, dont ces praticiens faisaient partie. Le réalisateur François Caillat s'attache plus particulièrement à l'action du docteur Léon-Clovis-Eugène Jamot, durant les années 1930.

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La critique TV de télérama du 24 décembre 2011

Ils étaient en premier lieu chargés de soigner les troupes. Au fil des années, les médecins militaires envoyés dans les colonies se sont aussi mis à soigner les populations autochtones. Par humanisme ? Curiosité médicale ? Mission civilisatrice ? C'est à cette ambivalence que s'intéressent les réalisateurs François Caillat et Silvia Radelli.

Entre Brazzaville et Yaoundé, ils retracent l'histoire d'Eugène Jamot, «médecin de brousse» connu pour avoir vaincu, dans les années 1920, la maladie du sommeil. On est sidéré par son art de la communication, à l'époque de la grande ­Exposition coloniale de 1931 : photos et films étalaient ses prouesses médicales sur les populations du Cameroun.

Au début du siècle, beaucoup des épidémies qui ­décimaient les populations africaines (fièvre jaune, ­variole) étaient ironiquement aggravées par les colons eux-mêmes - en faisant voyager des travailleurs locaux, ils mélangeaient les tribus. Prévenir ces maladies infectieuses, qui mettaient en péril le commerce des colonies, devenait une nécessité économique. Le médecin blanc imposait alors microscopes et seringues au sein d'une culture de médecine traditionnelle où les maladies étaient l'oeuvre des «génies».

Le film donne la parole à des médecins militaires et à des historiens africains. On s'agace du corporatisme des uns et de la parole partisane des autres. S'y ajoutent un montage lent et une réalisation sans relief, qui rendent l'ensemble beaucoup trop long. Dommage : les images d'archives inédites sont riches et glaçantes, et le sujet passionnant.

Perrine Dutreil
source

 

 muraz

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maternité de brousse, province de Bien Hoa en Cochinchine - source

 

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Datkar, école de médecine, 1930/1960 - source

 

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25 octobre 2011

séminaire Amaury Lorin et Christelle Taraud

 HCELorinTaraud20112012

 

Histoire des colonisations européennes

(XIXe-XXe siècles) :

sociétés, cultures, politiques

 séminaire Amaury Lorin / Christelle Taraud (Sciences-Po)

 

get-attachmentcliquer sur l'image pour l'agrandir


L’histoire coloniale a récemment été en France au cœur de vives polémiques, politiques aussi bien quescientifiques. Particulièrement autour d’une loi saluant le 23 février 2005 le «rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord» (article 4). Vivement contesté, notamment par la communauté historienne française, cet article (et seulement lui) a finalement été abrogé.

L’Italie a, quant à elle, présenté ses «excuses» officielles le 30 août 2008 à la Libye - son ancienne colonie de 1911 à 1943 -, repentance assortie d’un engagement à lui verser 5 milliards de dollars sur les vingt-cinq prochaines années au titre de dédommagements. Or, parallèlement à ces enjeux politiques, historiques et mémoriels, les chercheurs en sciences humaines ont multiplié des travaux ouvrant de nouveaux questionnements et des champs inédits, parmi lesquels les études comparatives semblent être les plus prometteuses.

Ce séminaire de recherche se propose d’être la caisse de résonance de ces nouvelles approches à travers un rendez-vous mensuel ouvert à tous les étudiants, doctorants, chercheurs et enseignants intéressés par les complexes phénomènes coloniaux.

Autour de l’actualité des thèses ; de la mise en perspective des nombreux colloques et chantiers historiographiques en cours ; et de la prise en compte de l’historiographie étrangère concernant l’histoire coloniale française comme de l’historiographie des autres empires européens (notamment britannique, allemand et hollandais), ce séminaire s’efforcera de pratiquer une histoire coloniale décloisonnée et délibérément élargie : structures politiques et sociales, expressions et manifestations culturelles, modalités juridiques et représentations artistiques des colonisations européennes croisées à l’œuvre en Afrique, en Asie et en Océanie aux XIXe et XXe siècles seront ainsi conjointement appréhendées.

 

Programme 2011-2012

26/10/2011 - 16:30 Séminaires
Séance introductive Ann Laura Stoler (New School for Social Research, New York) : "Beyond Sex: Bodily Exposures of the Colonial and Postcolonial The Colony: Genealogy of a Political...
30/11/2011 - 16:30 Séminaires
Julie Champrenault (Centre d'histoire de Sciences Po) : "Culture et colonie : une société théâtrale en situation coloniale (Algérie 1946-1962)"...
18/01/2012 - 16:30 Séminaires
Edward Berenson (Institut d'études françaises, Université de New York) : "Les héros de l'empire (1870-1914) : à propos de Heroes of Empire : Five...
29/02/2012 - 16:30 Séminaires
Paul Dietschy (Université de Franche-Comté/Centre d'histoire de Sciences Po) : "Le football africain, entre domination coloniale et émancipation" Eric T....
28/03/2012 - 16:30 Séminaires
Thomas Bouchet (Université de Bourgogne/Association d'études fouriéristes) : "Hordes et essaims : les ailleurs de Charles Fourier" Michel Levallois (Acad...
25/04/2012 - 16:30 Séminaires
Xavier Paulès (EHESS) : "Opium et colonisation en Asie : à propos de L'opium : une passion chinoise (1750-1950), Paris, Payot, 2011" Stéphanie Samson (Universit...
30/05/2012 - 16:30 Séminaires
Judith Surkis (Université d'Harvard) : "A propos de Scandalous Subjects : Intimacy and Indecency in France and French Algeria, 1830-1930, à paraître" Christelle...

27/06/2012 - 16:30 Séminaires

André Bendjebbar : "A propos de Les insurgés de Cayenne : le premier procès colonial à Nantes (La Lanterne-Cinquillo films, 2009)" Florence Renucci (CNRS/...

 

source : http://chsp.sciences-po.fr/groupe-de-recherche/histoire-des-colonisations-europeennes-xixe-xxe-siecles-societes-cultures-politi

 

surkis

Scandalous Subjects: Intimacy and Indecency in France and French Algeria, 1830-1930
Judith Surkis
Institute for Advanced Study
History
West Building Room 315
(609) 734-8365
surkis@ias.edu

 source : http://www.sss.ias.edu/people/current-scholars


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14 mai 2011

déportés algériens en Nouvelle-Calédonie

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liste des déportés algériens

en Nouvelle-Calédonie, 1867-1895

Melica OUENNOUGHI

 

Études Coloniales a publié, dès 2006, un article de Melica Ouennoughi, docteure en histoire et auteure d'un remarquable travail sur la déportation de condamnés maghrébins en Nouvelle-Calédonie, sur la reconstruction identitaire de cette communauté dans l'archipel océanien.

http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2006/10/12/2896840.html

L'importance et l'intérêt de ce travail ont été l'objet d'une attention permanente depuis. D'autant que Melica Ouennougi avait publié les listes généalogiques de déportés (1867-1895), les listes de mariages mixtes ainsi que les listes de concessionnaires à Bourail. Elle est l'inconstestable "découvreur scientifique" de tout ce matériau d'archives mettant à jour une somme considérable d'informations historiques.

De nombreuses demandes nous sont parvenues cherchant à identifier si telle ou telle personne figurait dans ces listes. Nous avons d'abord répondu au cas par cas puis avons renvoyé vers la consultation directe du travail de Melica Ouennoughi et de son ouvrage paru chez L'Harmattan en 2006.

Cette année, en avril, nous avons reçu de la part de l'Institut International d'histoire sociale (IISG) d'Amsterdam, des listes de déportés algériens, avec photos d'archives, provenant d'un registre entré en possession de cet organisme par voie de don ou d'acquisition :

http://www.iisg.nl/collections/new-caledonia/sources-fr.php

Nous l'avons édité sur le blog Études Coloniales :

http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2011/04/09/20854070.html

Ce registre est-il un double de celui que Melica Ouennoughi a trouvé, au prix d'investigations longues et rigoureuses ? Il n'en reste pas moins que l'antériorité scientifique revient à Melica Ouennoughi. Cest pourquoi, nous publions, avec son accord, ses propres listes telles qu'elles figurent dans son ouvrage.

Daniel Lefeuvre, Michel Renard

 

Établissement généalogique des premières listes des mouvements

de Maghrébins
condamnés au bagne calédonien (1867-1895)

recherches de Melica Ouennoughi

 

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les mêmes documents en capture de format pdf

 - le numéro de page figure en haut

 

Établissement généalogique des premières listes des mouvements

de Maghrébins
condamnés au bagne calédonien (1867-1895)

recherches de Melica Ouennoughi

 

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Remerciements

Mes remerciements s'adressent aux personnes et institutions suivantes :

Monsieur Michel Renard et Monsieur Daniel Lefeuvre, Professeur d'Histoire à l'Université Pais VIII, pour la publication de mes données de recherches sur leur beau site "Etudes coloniales". Je remercie Monsieur Michel Renard, chercheur en histoire sur l'histoire de l'Islam en France, pour avoir publié mes découvertes scientifiques faisant état des investigations historiques dans les archives des armées de Terre et de la Marine durant les années 1998 à 2004, donnant lieu à soutenance de thèse et à publication à la demande du jury de thèse, chez l'éditeur l'Harmattan en décembre 2005, diffusion en janvier 2006.
Je suis tout à fait reconnaissante de ses travaux effectués sur l'histoire de l'Islam en France dont il est un spécialiste au plan de ses découvertes largement reprises par d'autres.

Je remercie en premier lieu Messieurs les professeurs :
- Pierre-Philippe Rey, Directeur de ma thèse de doctorat qui en a avertie les Universités et qui a rédigé la préface de mon ouvrage, sur la visibilité scientifique entre autres, des listes nominatives des déportés politiques et forçats Algériens en majorité et Maghrébins du ralliement des anciens clans et mouvements insurrectionnels (Atlas Marocain, et Sud Tunisien) ;
- ainsi que le professeur et regretté honorable historien, Monsieur Claude Liauzu pour avoir inscrit sur le beau site des "Études Coloniales" à la suite de mes travaux, pour reprendre sa formulation respectable à l'égard de mes travaux : "cette thèse permet désormais "d'intégrer" les déportés et forçats d'Algérie".

Mes remerciements s'adressent à la composante calédonienne d'origine algérienne qui m'a confié cette mission pour leur association de réaliser la fouille d'archives donnant matière à la science mais également à la construction de la stèle commémorative du cimetière de Nessadiou, Sidi Moulay où reposent les déportés Algériens décédés à Bourail.

Ce travail de fouilles d'archives et donnant lieu à un doctorat a reçu une collaboration financière de la part de la Mairie de Bourail, Messieurs Jean-Pierre Aïfa et Guy Moulin tous Calédoniens d'origine Algérienne ont suscité l'intérêt pour ce travail scientifique afin de rendre une visibilité officielle sur la traçabilité historique et l'histoire des déportés en Nouvelle-Calédonie.

Les fonds alloués durant le travail de thèse par la Mairie de Bourail, Monsieur Kader Bouffénèche, ancien Président de l'Association des Arabes et Amis des Arabes de Bourail, m'ont permis  d'apporter un travail de concrétisation pour la réalisation de la stèle commémorative, s'ajoutant aux fonds du laboratoire d'anthropologie historique du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest de l'Université Paris VIII qui ont permis d'établir un passerelle de recherche entre la Mairie de Bourail et l'Université Paris VIII pour ce premier travail universitaire de doctorat.

Je remercie Monsieur Pierre-Philippe Rey d'avoir invité Monsieur le Maire, Jean-Pierre Taïeb Aïfa autour d'un déjeuner et lors de la venue du Maire à l'Université.  Cette rencontre a permis d'établir des liens entre deux espaces du lien culturel du Maghreb et de la Nouvelle-Calédonie.

Enfin mes remerciements, pour ce travail réalisé en partie en France et en Nouvelle-Calédonie, s'adressent à la compétence des Archives Territoriales de Nouméa (M. B. Deladrière et Mme Picquet) auprès de Monsieur Deladrière j'ai acquis une dérogation pour ces premiers travaux), des Archives Militaires Historiques de Vincennes (M. P. Carré), des Archives Départementales des Charentes Maritimes (M. P.-A. Augié et Mme Chauffier), des Archives d’Aix-en-Provence (Mme E. Durand), des Archives Départementales du Finistère (Mme S. Tesson-Bennett), ainsi que Monsieur Ismet Kurkovitch Directeur des Archives de Nouvelle-Calédonie avec lequel entre 2007 et 2009 je poursuivais mes recherches qui ont permis la visibilité scientifique des états civils des déportés de Kabylie de 1871 et des Aurès 1876 emprisonnés dans les territoires politiques ïle des Pins et Presqu'ile Duclos.

Lors de la conférence au CNRS à l'occasion des recherches en Sciences Humaines et Sociales sur l'Océanie, Colloque LBSH Pacifique, du 10 au 12 mars 2010, ces données ont été apportées et mes remerciements s'adressent au Professeur Monsieur Maurice Godelier pour avoir abordé l'intérêt d'un marqueur culturel berbère de mes découvertes scientifiques de la Tajmâat de Bourail, élément culturel formateur des sociétés berbères et assemblées villageoises de l'ancien Maghreb (XIXe siècle) dont je rappelle des pratiques préservées longtemps dans l'espace kanak et calédonien. 

Ces travaux se poursuivent dans la réalisation d'un ouvrage collectif et d'un ouvrage à paraître prochainement.
Je remercie Monsieur Kadri Aïssa, Professeur et Directeur de l’Institut Maghreb Europe de l'Université Paris VIII, pour m'avoir attribué des charges de cours et des séminaires pour la diffusion des mes travaux, afin de permettre aux étudiants de Master, de fournir les outils et les méthodes d'enquêtes appropriés aux longs terrains et les fouilles d'archives menées durant ces dix dernières années.

Mes remerciements à toute l'équipe et à Michel Renard, pour que votre beau site soit toujours aussi attractif, il rend une visibilité scientifique unique interactive en son genre aux besoins des lecteurs du multimédia d'aujourd'hui.

Mélica Ouennoughi
Docteur et enseignante chercheur sur l'Histoire des Algériens et Maghrébins
Université Paris VIII.

Déportation des Algériens et Maghrébins de Nouvelle-Calédonie
1864, 1871-1873,1876-1879,1881-1882,
1883 à la fermeture du bagne 1896 (poursuite des travaux).

Premiers répertoires et mouvements du bagne des Maghrébins vers la Nouvelle-Calédonie.
Propriété scientifique : Docteur Mme Ouennoughi Mélica, enseignante chercheur.

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OUENNOUGHI, M., KAHN, F. 2005.
Le cimetière du saint patron sidi Moulay de Nessadiou, Bourail.
Les hommes de la déportation algérienne.

"Behind the date palm
in New Caledonia", Palms n° 49 (2), 2005.
Travaux intégrés à l’Institut français d'études andines 75, Lima.

 

 

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3 avril 2011

CRS en Algérie, de Jean-Louis Courtois

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CRS en Algérie, de Jean-Louis Courtois

 

Le livre de Jean-Louis Courtois, CRS en Algérie, aux éditions Marines (groupe Ouest-France) est le premier à traiter ce sujet et sert d'argumentaire à un documentaire qui sera diffusé en février/mars 2012 sur France 2.

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présentation éditoriale de l'ouvrage

La guerre d'Algérie a été une période charnière dans l'emploi des CRS.
De 1952 à 1962, des milliers de fonctionnaires de police ont traversé la Méditerranée pour faire respecter l'ordre républicain. Ces policiers ont payé leur engagement au prix fort, comptant de nombreux tués et blessés dans leurs rangs. Sous le commandement d'un chef d'exception, Henri Mir, ils ont accompli leur mission dans la droite ligne du gouvernement légal de Paris et ceci, malgré les pressions des différents camps.
Aux heures les plus sombres de cette période, ils ont su s'opposer aux militaires pour conserver aux compagnies républicaines de sécurité leur vocation de force civile. Leur sang-froid, leur circonspection et leur respect de toutes les communautés qui se sont si douloureusement affrontées ont été reconnus de tous, y compris des plus hautes autorités civiles et religieuses.
Pour la première fois, les relations souvent tumultueuses entre les hommes politiques, les militaires putschistes, les officiers de l'armée et les CRS sont dévoilées dans ce livre à partir d'archives confidentielles et secrètes jamais publiées.

* commander ce livre

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15 février 2011

Disparition Audin : débat sur la chaîne LCP

 

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Guerre d'Algérie : l'éternelle déchirure

général Maurice FAIVRE

 

Ce débat diffusé le 12 février par la chaîne LCP a permis de corriger certaines outrances du documentaire sur la disparition de Maurice Audin. Tout n’a pu être dit, l’animateur Benoît Duquesne ayant donné la parole aux six participants de façon inégale ; les correspondants de Maurice Faivre font état d’une évidente préférence pour les cinq partisans de la version de Vidal-Naquet et des thèses anticolonialistes du FLN.

Le réalisateur Demerliac du documentaire a prétendu avoir fait une recherche historique complète, mais il se référait principalement (comme S. Thénault) aux articles du Monde, de l’Express et de l’Humanité, et à des archives ouvertes  de l’Institut d’Études politiques. Les archives de la Commission de Sauvegarde du droit et des libertés, non ouvertes, n’avaient pas été consultées.

Le réalisateur s’est d’autre part référé aux déclarations de madame Audin, dont il a eu raison d’évoquer le courage et la ténacité. On aurait pu rappeler que plus de 2.000 familles françaises éprouvent la même douleur pour leurs disparus en Algérie, jamais retrouvés. Malgré l’admiration de Sylvie Thénault pour la compétence historique de Vidal-Naquet, Maurice Faivre a rappelé que cet historien de la Grèce avait reconnu qu’il n’était pas un historien de l’Algérie, mais un militant politique. Demerliac a finalement confirmé que sa version reposait sur des hypothèses.

Sylvie Thénault, historienne reconnue, compétente sur le maintien de l’ordre public, a réaffirmé sa position sur l’État de droit et condamné l’intervention de l’armée dans la répression des manifestations d’opposition. Elle semble avoir oublié - ou méconnu - que Paul Teitgen, secrétaire général du préfet d’Alger, n’avait pu éliminer le terrorisme qui en 1956-57 faisait des centaines d’attentats (40 à 50 Européens et 300 Musulmans tués chaque mois). Le gouvernement socialiste avait dû faire appel à l’armée pour éradiquer ce terrorisme urbain ; la Cour d’appel d’Aix a admis que Robert Lacoste a choisi de porter secours aux victimes.

Le président Patin contredit la thèse de S. Thénault (1): «la nature du conflit rend très difficile le maintien scrupuleux de la légalité… il serait prématuré de retirer les pouvoirs de police à l’autorité militaire, qui conduit une lutte efficace contre l’organisation militaire clandestine du FLN. La population musulmane a confiance dans l’armée qui la protège». Par la suite, l’unité d’action civilo-militaire s’était révélée seule efficace pour conduire la lutte contre-révolutionnaire. In fine, la rupture de cette unité d’action s’était traduite par une politique de concessions unilatérales. Tout cela n’a pas été dit.

 

des accusations mensongères rejetées par la Cour d'Appel

S. Thénault a par ailleurs reconnu que le FLN, minoritaire dans la population musulmane, s’était imposé par la violence, absolument nécessaire pour les Algériens selon Malika Rahal (2). C’est ce qu’a confirmé Jacques Julliard : «Incapable de provoquer un soulèvement généralisé, le FLN  a eu recours à la terreur et aux atrocités» (Nouvel Obs du 10 mai 2001). Charles Sylvestre a célébré l’appel des douze (3) qui avait suivi la campagne de presse lancée en 2000 par Louisa Ighilariz.  En réalité,  à l’issue d’une longue bataille judiciaire, les accusations mensongères de Pouillot et d’Ighilariz  ont été rejetées par les Cours d’appel de Paris et d’Aix-en-Provence en 2005, confirmées par la Cour de Cassation le 9 janvier 2007.

L’animateur a essayé de faire confirmer par François Pouillot ses aveux d’avoir donné un  coup de main (sic) aux tortionnaires de la villa Sesini. Il n’a pas été difficile à Maurice Faivre de démontrer que Pouillot n’avait pu séjourner dans cette villa en 1961, mettant à mal l’ensemble de son témoignage. Jacques Inrep confirme que tous les acteurs de la guerre d’Algérie n’étaient pas des tortionnaires.

S’agissant de la connaissance des généraux Schmitt et Faivre sur l’affaire Audin, elle est uniquement documentaire ; aucun des deux n’était à Alger au moment de sa disparition. L’objectif du débat étant de provoquer une condamnation du gouvernement et de l’armée de 1957, Maurice Faivre a affirmé qu’une repentance éventuelle ne pourrait être que bilatérale. Le professeur Mandouze, qui collabora avec Vidal-Naquet, l’a reconnu dans ses Mémoires d’outre-siècle ; un autre collaborateur, le philosophe Paul Thibaud considère la guerre d’indépendance algérienne comme un événement tragiquement négatif. Dans ce débat inégal, quelques vérités ont cependant pu être dites.

Maurice Faivre
le 15 février 2011

 

* visionner le débat

1 - Commission de Sauvegarde. Dossiers 3134, 3161. Réf. Maurice Faivre, Conflits d’autorité durant la guerre d’Algérie, L’Harmattan, 2004, pages 62 et 119.
2 - Faisant la biographie d’Ali Boumendjel, Malika Rahal confirme la thèse d’Aussaresses sur l’assassinat de Boumendjel. Cette thèse a été mise en doute par le professeur Richet de la Commission de Sauvegarde, selon lequel Boumendjel a renouvelé une tentative précédente de suicide.
3 - Les douze avaient alors demandé au ministre de la Défense que le général Faivre soit sanctionné pour ses déclarations sur Henri Alleg.

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2 août 2011

Algérie 1961, une émission de France-Culture

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ALGÉRIE 1961, À LA CROISÉE DES CHEMINS

Emission de Aurélie Luneau et Yvon Croisier diffusée par France-Culture du 25 au 29 juillet 2011

compte-rendu par Maurice FAIVRE


Dans la série des Grandes Traversées, les réalisateurs ont présenté pendant 5 jours, 15 heures d’émission, comportant chaque matin trois séquences : - Extraits d’archives – Débat entre historiens – Documentaires, suivis des commentaires de l’écrivain algérien Boualem Sansal. L’abondance des témoignages recueillis illustre la volonté des réalisateurs de consulter tous les acteurs et toutes les victimes : Algériens pro-français, nationalistes, colons, membres de l’OAS, rapatriés, militaires appelés.

Nul ne l’emporte dans cette guerre des mémoires, et l’on peut estimer que la tendance générale est celle de l’apaisement. La convivialité d’autrefois, et le déracinement des pieds-noirs sont en particulier reconnus par leurs amis d’Algérie. Rêvant sur le pont des soupirs, Aline pense qu’il est temps de tourner la page. Certains choix sont cependant contestables : un officier issu des FTP et un photographe communiste (contredit par son chef de corps) ne sont pas représentatifs de la majorité des cadres militaires et des soldats du contingent, dont les rapports sur le moral soulignent la disponibilité. Le thème de la torture intervient à tout moment, alors que le terrorisme du FLN contre les musulmans (300 morts par mois en 1956) n’est pas évoqué.

Les supplétifs sont sous-estimés. Des extraits de films sont présentés comme des témoignages objectifs, alors qu’il s’agit de fictions non vérifiées (Rotman) ou partisanes (Vauthier, Panigel, Tasma, Bouchareb, Charef). La réalisatrice prend pour une vérité établie la légende des 200 morts du 17 octobre (1). Le mélange de la fiction et du témoignage, procédé coutumier des médias, n’est pas compatible avec la déontologie de l’historien.

Les débats entre historiens, brièvement commentés ci-dessous, sont intéressants ; certains sont influencés par l’idéologie, libertaire pour certains, antiraciste et antimilitariste pour d’autres. Face à Gilbert Meynier, qui expose comment le parti libérateur s’est transformé en dictature militaire et obscurantiste, Wassyla Tamzali relate l’évolution des grandes familles qui ont accepté la conquête et l’intégration, avant de retrouver une identité ethnique antiféministe.

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Maurice Vaïsse confirme sa thèse sur l’échec du putsch, tandis que l’américain Matthew Connelly reconnaît les ingérences américaines qui ont contribué à l’internationalisation du conflit, sans reprendre cependant certaines erreurs ponctuelles de sa thèse (2). Alors que JC Jauffret souligne la supériorité numérique des Forces françaises, l’efficacité des barrages frontaliers et le rôle des réserves générales, Gérard Chaliand est impressionné par les succès des guérillas (avec des pertes surestimées) ; il estime que les réformes sont intervenues trop tard, et observe la référence à la doctrine française de contre-insurrection, contestable en Argentine, mais justifiée dans les guerres asymétriques actuelles.

Rémy Porte n’a pas le temps d’exposer le concept de ralliement des cœurs et des esprits qui est à la base de cette doctrine politique (3). Le thème de l’imaginaire de la guerre d’Algérie est abordé par Raphaëlle Branche, attachée à dénoncer la violence et les crimes de guerre des Français ; dans ses bandes dessinées, J.Fernandez décrit les rapports complexes des communautés et des religions, marqués par les traumatismes et la violence dans les deux camps ; il se garde à juste raison d’assimiler les critères du XIXe à ceux du XXe siècle.

La transmission de l’histoire à l’opinion, et particulièrement aux scolaires, est traitée par Benoît Falaise qui montre les difficultés liées à la guerre des mémoires, au silence des parents et aux pressions de certains réseaux partisans ; quelle histoire faut-il enseigner aux enfants issus de l’immigration ? Du côté algérien, Lydia Aït Saadi dénonce l’arabisation de l’enseignement et l’écriture de l’histoire imposée par le ministère des moudjahidines ; elle met en doute le mythe du peuple paysan uni pour la Révolution. Tous deux sont partisans d’une désaliénisation de l’histoire (4).

Boualem Sansal intervient dans toutes les séquences de l’émission. Ayant 10 ans en 1961, il se souvient des évènements spectaculaires de l’époque, des manifestations urbaines, du prestige des parachutistes, de la modernité de la colonisation et des occasions manquées ; de la population partagée, ralliée par la terreur à une indépendance qui était  inéluctable, mais qui a été ratée. Il estime que les objectifs stratégiques des deux camps étaient confus, et fumeux le concept de Révolution ; la guerre a légitimé la prise du pouvoir ; ayant pris tous les leviers, le FLN a imposé le récit officiel de l’histoire ; la scission entre le FLN et l’ALN  a conduit à la guerre civile de 1990. Le pays a été détruit. Les réalisateurs de cette émission méritent des félicitations pour la somme et la variété de leurs recherches, bien que certains des  thèmes cités ci-dessus appellent de nouveaux débats.

Maurice Faivre
le 1er août 2011


1 - Les travaux scientifiques du professeur JP Brunet sont ignorés (une dizaine de victimes certaine, une vingtaine possible, trente au maximum).

2 - Dans l’arme secrète du FLN (mauvaise traduction de son livre), Connelly prend pour argent comptant des erreurs qui nuisent à son objectivité  : les viols systématiques, le bombardement des villages, les regroupements affameurs, la loi du talion en août 1956, les estimations de Teitgen pour la bataille d’Alger, les 200.000 morts déclarés par de Gaulle, les 250.000 réfugiés au Maroc et en Tunisie, 200 tués au moins le 17 octobre 1961, les harkis ostracisés pendant des années dans des camps, etc... Il situe le massacre d’Oran le 3 juillet 1962, avec 20 morts ; or c’est le 5 juillet avec environ 400 disparus.

3 - L’auto-défense active de Challe, approuvée par Ely et Debré, était dans la même ligne réformiste que la politique d’association prônée par Robert Lacoste, par les Comités de Salut public, puis par Louis Joxe et de Gaulle, et qui a été abandonnée en raison des ambitions internationales du chef de l’Etat.

4 - Leur critique virulente de l’article 4 de la loi de 2005 sur les bienfaits de la présence française ne tient pas compte de l’idéologie républicaine qui a présidé à la colonisation, exprimée par Victor Hugo : «un peuple éclairé va trouver un peuple dans la nuit» et réaffirmée de Léon Blum à Messmer. S’agissant du génocide culturel de l’Algérie, on est amené à poser la question : quelle culture ? Est-ce celle de la masse décrite par Mohamed Harbi, qui croit aux fantômes, aux revenants et aux démons ? ou celle du Coran, que l’administration française a favorisé en Kabylie ?

 

- écoutez les émissions, pendant 5 semaines

 

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18 juillet 2011

L'arme secrète du FLN

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la guerre d’Algérie :

un épisode de la guerre froide ?

Maurice FAIVRE

 

- Matthew Connelly, L’arme secrète du FLN : comment de Gaulle a perdu la guerre d’Algérie, Payot 2011, 507 pages 30 €. Traduit par Françoise Bouillot.

Ce livre est une réédition du livre de l’historien Connelly, publié aux Etats-Unis en 2002 sous le titre A diplomatic Revolution. Algeria’s Fight for Independance and the origine of the Post-Cold War Era. Le titre accrocheur choisi par les éditions Payot trahit donc la thèse de l’auteur, qui est une analyse diplomatique sur l’internationalisation de la guerre d’Algérie, et sur les conséquences mondiales de cette orientation.

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La documentation de cet ouvrage est particulièrement riche dans le domaine diplomatique où elle n’ignore rien des dépêches et des conversations engagées entre les autorités américaines et françaises, de la politique du GPRA et de l’habileté de ses négociateurs Yazid et Chanderli. La dimension internationale du conflit, avec l'implication du Maroc, de la Tunisie, des pays arabes et socialistes, du Tiers Monde, de l’OTAN et de l’ONU, est donc bien mise en relief, ainsi que la coexistence conflictuelle de plusieurs communautés algériennes.

Le jeu double des États-Unis, partagés entre le maintien des zones d’influence occidentales et le ménagement des Non-alignés, est concrétisé par la mise en place de bases aériennes au Maroc, la livraison d’armes aux Tunisiens  et le soutien de la CIA aux syndicats libres (CISL) qui financent les nationalistes.

La présentation de la situation militaire sur le terrain se réfère au Memento du 2ème Bureau (série 1H1682), aux livres de Tripier (Autopsie de la guerre d’Algérie) et de Shrader (The first helicopter War). Elle montre que la rébellion intérieure a atteint son potentiel maximum à la fin de 1957 (15 à 18.000 armes de guerre) pour décliner dès la fin de 1959 et se réduire à 6.000 armes pour 3.000 réguliers en 1962. Les démêlés de Bourguiba avec l’ALN et la désinformation opérée par le KGB sont soulignés.

Malheureusement, l’auteur prend pour argent comptant des erreurs manifestes qui nuisent à son objectivité  : les viols systématiques, le bombardement des villages, les regroupements affameurs, la loi du talion en août 1956, les estimations de Teitgen pour la bataille d’Alger, les 200.000 morts déclarés par de Gaulle, les 250.000 réfugiés au Maroc et en Tunisie, 200 tués au moins le 17 octobre 1961, les harkis ostracisés pendant des années dans des camps…, etc. Il situe le massacre d’Oran le 3 juillet 1962, avec 20 morts ; or c’est le 5 juillet avec environ 400 disparus.

En dépit de ces erreurs ponctuelles, l’ouvrage de Connelley ouvre la voie à des discussions intéressantes. La guerre d’Algérie est-elle effectivement un épisode de la guerre froide ? Elle se situe en effet dans une période de bouleversement des relations internationales : l’émergence de l’Europe et du Tiers Monde, le passage du XIXe au XXe siècle, l’équilibre de la terreur, les antagonismes Est-Ouest et Nord-Sud. Les nationalistes algériens se servent de ces antagonismes et utilisent les techniques léninistes de prise du pouvoir sans en adopter l’idéologie. Il en résulta  des oppositions internes, à l’origine d’une nouvelle guerre civile. La guerre d’Algérie d’ailleurs n’est pas la première guerre irrégulière, modèle de guerre dans la population. L’expérience en avait été faite en Indochine.

Selon l’analyse de Connelly, «la victoire algérienne permit à la France de se libérer elle-même - de son fardeau colonial et des États-Unis». En fait, le fardeau colonial change de forme sans réduire son coût. Le prestige du Général dans le Tiers Monde est plus médiatique que réel.

Le retrait de l’Otan coïncide avec la fin de la guerre d’Algérie ; coïncidence malencontreuse, plus que conséquence. Le général Ely écrit en effet dans son journal de marche (janvier 1960) que «le général de Gaulle fait fausse route en créant artificiellement et volontairement le malaise dans l’OTAN, tout en ayant sur les bras l’affaire algérienne qui nécessite l’appui de tous nos alliés».

Enfin, la politique gaulliste d’apaisement des tensions Est-Ouest, proche du neutralisme, n’a pas contribué au déclin du Pacte de Varsovie, qui demandait davantage de fermeté que de diplomatie.

Maurice Faivre
le 18 juillet 2011

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Matthew Connelly

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Boualem Sansal, Maurice Vaïsse, Matthew Connelly
et Aurélie Luneau à France-Culture (source)

 

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2 juillet 2011

politique coloniale française au Maroc (1912-1956)

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la politique berbère du Protectorat français

au Maroc, 1912-1956

 

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LES CONDITIONS D'ÉTABLISSEMENT DU TRAITÉ DE FEZ
La politique berbère du Protectorat français au Maroc (Tome 1)
(1912-1956)
Abraham Lahnite - Préface de Jean Martin
Histoire et perspectives méditerranéennes
Le 30 mars 1912 était signé à Fez le Traité de Protectorat qui allait être abrogé 44 ans plus tard, le 2 mars 1956. Ce fut l'une des plus courtes expériences de colonisation de l'histoire. Mais celle-ci a marqué à jamais le cours de l'histoire contemporaine du Maroc. L'objectif ici est d'éclairer le lecteur sur les conditions d'établissement de la politique berbère au Maroc, qui était à la fois l'oeuvre et l'orgueil du Maréchal Lyautey.
ISBN : 978-2-296-54980-7 • mai 2011 • 336 pages
Prix éditeur : 32 €

 

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LE SOUSS GÉOGRAPHIQUE, HISTORIQUE ET HUMAIN
La politique berbère du Protectorat français au Maroc (Tome 2)
(1912-1956)
Abraham Lahnite
Histoire et perspectives méditerranéennes
La région du Souss, véritable trait d'union entre le nord du Maroc et le Sahara, fut un des pôles les plus attractifs, au point de vue humain, de l'Empire chérifien. Les maîtres de ces vallées, les "Seigneurs de l'Atlas", deviennent des auxiliaires indispensables à la pacification du Sud marocain. Ce livre vise à combler un aspect régional et local de l'histoire du Maroc.
ISBN : 978-2-296-54981-4 • mai 2011 • 402 pages
Prix éditeur : 35 € 

 

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L'APPLICATION DU TRAITÉ DE FEZ DANS LA RÉGION DE SOUSS
La politique berbère du protectorat français au Maroc T3
(1912-1956)
Abraham Lahnite
Histoire et perspectives méditerranéennes
Le Traité de Protectorat, signé à Fez le 30 mars 1912 par le Sultan Moulay Hafid, marqua le début de la présence française au Maroc jusqu'à son indépendance en 1956. Par une étude historique solide, ce livre a pour objectif de fournir des éléments nécessaires à la compréhension de l'évolution politique et sociale du pays berbère Chleuh, loin des stéréotypes ou des mythes.
ISBN : 978-2-296-54982-1 • mai 2011 • 284 pages
Prix éditeur : 27,5 €

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10 janvier 2011

film : une repentance en images ?

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le film "L’ennemi intime"

général Maurice FAIVRE, historien

 

L’ennemi intime de Florent Emilio Siri fait suite au documentaire assez orienté de Patrick Rotman, ayant le même titre, et dont le réalisateur se défend de toute «démarche militante». Venant après les porteurs de valises et la guerre sans nom cette affirmation nous semble poser problème ; ayant franchi la ligne rouge du dénigrement dans ses documentaires, il paraît difficile qu’il revienne en arrière. Les brûlures de l’histoire, c’est du journalisme, c’est la repentance en images.

L’action est centrée sur la confrontation d’un jeune lieutenant (engagé ?) et de son sous-officier adjoint, stéréotype de l’ancien d’Indochine. Ils conduisent au combat une section d’infanterie franco-musulmane, en juillet 1959, dans les montagnes de Kabylie. Là aussi, les atrocités envers la population sont partagées entre les deux camps, les habitants d’une mechta sont horriblement massacrés par les «moudjahidines», mais à mesure qu’on progresse dans l’action, ce sont les atrocités françaises qui prédominent : tortures, exécutions sommaires, destruction d’un village, et semble-t-il, assassinat de ses habitants. Il ne manque que les viols.

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Les actions de combat, filmées avec un réalisme qui rappelle les films américains du Vietnam, présentent une succession de situations exceptionnelles :
- l’embuscade où l’on inflige des pertes sensibles à une unité amie ;
- la section isolée dans un djebel impénétrable, qui ne semble pas avoir de capitaine, et qui se heurte à des katibas omniprésentes ;
- le vétéran de Monte Cassino (clin d’oeil aux Indigènes qui assassine dans le dos l’un de ses anciens compagnons d’armes ;
- un commandant vêtu de noir (un SS ?) qui donne des ordres insensés ;
- le sergent devenu fou, qui se fait torturer à la gégène par un soldat musulman ;
- les arbres abattus par le tir des fusils-mitrailleurs (on se croirait à Verdun) ;
- l’officier de renseignement tortionnaire, qui a subi les supplices de la Gestapo.
Tout cela est faux, quand ce n’est pas ridicule. On comprend parfaitement le drame de conscience de ce jeune officier placé dans des circonstances d’exception. Penser que tous les officiers d’Algérie ont vécu le même drame n’est pas conforme à l’histoire.

C’est donc une section atypique qui est engagée sans soutiens, au coeur de l’opération Jumelles (22 juillet 1959 au 8 avril 1960), au moment où les katibas se sont dispersées, et où le combat est conduit au moins au niveau de la compagnie parachutiste. Le scénario regroupe cependant une katiba, ce qui permet d’émouvoir les spectateurs en leur montrant les horribles dégâts causés par le napalm (1).

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Alors que l’exploitation du renseignement relève du niveau régiment, cette section dispose d’un poste C9 avec génératrice, luxe inouï ! Elle torture les prisonniers (pris les armes à la main), alors que la directive Salan du 19 mars 1958 prescrit de les diriger vers les CMI (centres militaires d’internement, approuvés par le CICR) où ils seront rééduqués.

Ignorée également, l’action sociale conduite envers la population par les SAS, les EMSI, les médecins de l’AMG, les instituteurs du contingent, les moniteurs des foyers sportifs. On notera pour finir quelques erreurs historiques : - le FLN aurait demandé à négocier le 1er novembre 1954 – 2 millions d’appelés auraient servi en Algérie – 300 à 600.000 musulmans auraient été tués. Reconnaissons cependant que les paysages du Maroc sont d’une sauvagerie impressionnante, et que les acteurs sont magnifiquement dirigés, même si la mauvaise qualité de leur diction nuit souvent à la compréhension des dialogues.

Maurice Faivre

 

1 – Les spectateurs ne manqueront pas d’être choqués par la vision des hommes atrocement brûlés, comparables à ceux d’Hiroshima. Il faut rappeler que le napalm a été employé en Corée, en Indochine et en Algérie. Il a été autorisé le 6 avril 1956 par le général Lorillot, sauf sur les habitations. Le Comité international de la Croix Rouge n’en interdit pas formellement l’emploi contre des objectifs militaires. En 1980, une Convention des Nations-Unies en a proscrit l’emploi contre la population civile.

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- pour contre-balancer ce point de vue, lire les propos de Patrick Rotman repoussant tout simplisme et toute repentance, cliquer ici

 

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7 janvier 2011

fresque historique des guerres coloniales en Afrique

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remarquable synthèse des guerres

coloniales,

mais quelques réserves

général Maurice FAIVRE


Vincent Joly, Guerres d’Afrique. 130 ans de guerres coloniales. L’expérience française, éd. Université de Rennes, 2009, 336 pages, 22 €. Cet ouvrage propose une vaste fresque historique des guerres coloniales en Afrique. Les campagnes de l’armée française y sont comparées aux expériences britanniques, allemandes et italiennes. En dépit de la supériorité de ses moyens, l’armée qui débarque à Sidi Ferruch en 1830 n’est pas adaptée à la conquête de populations et de territoires inconnus.

C’est l’expérience de la guerre d’Espagne qui permet au général Bugeaud de discipliner les troupes, d’agir offensivement avec l’aide du recrutement local, et d’encadrer les populations.Il faut imaginer et mettre en œuvre de nouvelles formes de guerre, telles que la razzia, sur le modèle de Hoche en Vendée ; or c’était une pratique courante en Afrique du Nord, où Abd el-Kader se réclame de la guerre sainte et conduit une guérilla nomade, mal comprise de ses subordonnés et de populations attentistes.

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Cavaliers Rouges d'Abd el-Kader, Algérie
Gravure sur bois, gravée par Hebert d'après Raffet. 1843

Faidherbe met fin à la logique commerciale qui avait favorisé la présence française en Sénégambie. Père de l’impérialisme français, il construit en dix ans la colonie compacte du Sénégal, base de départ pour la conquête du Soudan.

Après 1870 et dans d’autres territoires, ses successeurs mettent au point des méthodes de pacification qui font référence ; Pennequin, Galliéni et Lyautey sont imités par Mangin, Angoulvan et Psichari ; leur liberté d’action surprend souvent les gouvernements ; l’impérialisme populaire célèbre ses héros : Brazza et Marchand.

D’autres modes d’action sont mis en œuvre par les Britanniques qui utilisent les troupes locales pour intimider les populations ; n’ayant pas de tradition coloniale, les Allemands en Namibie, et les Italiens en Éthiopie et Libye, emploient des procédés brutaux de répression. Trinquier et Galula sont les références des Américains en Irak. Mais entre temps, tous les moyens militaires sont entrés en action, blindés, artillerie lourde, avions, hélicoptères, drones et missiles.

Selon Sarraut, la crise de la colonisation débute dans les années 1930. En 1944, la conférence de Brazzaville tente de proposer des réformes. Une armée aux faibles moyens, non colonialiste, est confrontée à la subversion du Kominform et de l’Islam. La répression des soulèvements de Sétif et de Madagascar est brutale, mais n’atteint pas les volumes de victimes cités par l’auteur. Partagés entre le choix de la résistance ou de la collaboration, les colonisés acceptent souvent une certaine accommodation avec le colonisateur, d’autant plus que les officiers pratiquent un paternalisme qui correspond à la structure patriarcale de la société.

colonel Lacheroy

La guerre révolutionnaire est découverte en Indochine par les colonels Hogard et Lacheroy qui en font la théorie. Les regroupements de population au Cambodge sont une réussite, mais l’échec de la RC4 et de Dien Bien Phu illustrent l’absence d’un projet politique. dans une guerre politique, l’armée avait le devoir de faire de la politique L’armée des rappelés en Algérie n’est sans doute pas adaptée à ce nouveau conflit. Les postes statiques du quadrillage et l’administration des SAS auraient, selon l’auteur, échoué dans la mission d’intégration des musulmans.

Le nationalisme de la population, enjeu de cette guerre politique, serait mal apprécié par le commandement, qui surestimerait l’influence du communisme. L’action psychologique, incapable de rallier les cœurs et les esprits, aurait échoué sur tous les tableaux. Cette interprétation des dernières guerres coloniales, s’appuyant sur des auteurs contestables (1) appelle la discussion. L’armée d’Indochine, selon Giap, aurait été vaincue parce qu’elle ne faisait pas de politique ; à l’inverse, Messmer condamne la politisation de l’armée en Algérie. La réalité est la suivante : dans une guerre politique, l’armée avait le devoir de faire de la politique, à condition que ce fut la politique de la nation, et qu’il y eut unité d’action. Salan, puis Challe et Delouvrier ont réalisé cette unité et conduit une action qui n’était pas seulement militaire, mais globale, regroupant les domaines sociaux, judiciaires, éducatifs, administratifs, militaires et politiques. La fraternisation du 16 mai concrétisait un premier résultat, face à une population attachée davantage à ses clans qu’à une nation (2) qu’elle ignorait. Or ce succès n’a pas été exploité par le chef de l’État.

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L’Algérie française revendiquée par les militaires, qui selon Ely avaient le contact avec la population, n’était pas l’Algérie de papa, mais une Algérie nouvelle associée à la France [témoignages cités (3)]. Il se trouve que l’association était aussi l’objectif du général de Gaulle, qui n’a pas compris la situation et qui a interdit l’action psycho-sociale de l’armée au profit d’une action médiatique personnelle. Bien plus, il a persuadé l’opinion que tous les Algériens étaient pro-FLN.

Ces quelques réserves (4) exprimées dans d’autres recensions, ne sont pas une critique négative, mais une contribution positive à cette remarquable synthèse de toutes les guerres coloniales.

Maurice Faivre
5 janvier 2011



1 - La référence à H. Brunschwig, D. Porch, Pervillé, Harbi, Girardet, Médard, Rivet, Vaïsse est pertinente. Mais Ageron, excellent dans l’histoire de la colonisation, déraille dans son histoire des harkis, de la bataille des frontières et du général Katz. Planche, Mauss-Copeaux, Branche, Camille Lacoste-Dujardin, Lecour-Grandmaison et Boudarel présentent des interprétations partielles et partiales. Le rapport Rocard a été contesté par Delouvrier. Des ouvrages importants semblent ignorés, ceux de J. Marseille, Lefeuvre, Brunet et Vétillard.

2 - Le nationalisme algérien, qui n’a trouvé son unité qu’après 1962, s’est imposé par la guerre civile (Mohammed Harbi, La Croix du 15 mars 2002)

Une autre erreur est celle de la communisation des nationalistes algériens. Jamais les 2ème Bureaux n’ont soutenu cette thèse, mais ce fut un argument utilisé par certains généraux (Allard, Ely) pour convaincre les alliés de l’OTAN du bien-fondé de la politique algérienne.

Sur un plan général, le professeur Joly pose la question de la nature totale des guerres coloniales, conforme à la thèse de Lecour-Grandmaison. La violence fut totale sans doute en Namibie contre les Herero, où l’on peut parler de génocide. En France, la guerre totale fut initiée par la Convention pour la Vendée et pour les guerres européennes, mais non pour les conquêtes coloniales, que le congrès historique de Stokholm en août 2000 qualifie de «conflits de basse intensité».

3 - Ce que fait l’armée en 1958, est un travail révolutionnaire, observe Lacouture, confirmé par Claude Paillat, qui décrit l’élite des officiers comme «des enfants de la Révolution française : on apporte la liberté, on va régénérer les gens… on va refaire une autre société que ces colonies un peu pourries… la société française les a un peu devinés, mais pas compris. Ils sont tombés dans une aventure qui les a broyés». Hélie de Saint-Marc développe les mêmes idées.

4 - Quelques fautes d’inattentions sont à noter : pas d’opération Couronne en Oranie, surestimation des victimes de Madagascar (la plupart morts de faim et de maladie dans la forêt où ils ont été confinés par les rebelles), des disparus de la bataille d’Alger (voir Pervillé) et des effectifs de l’ALN, sous-estimation des harkis massacrés, des effectifs de 1962 et des signataires du Livre blanc.

Quelques affaires semblent oubliées : les FAFM de Si Chérif, les EMSI et le SFJA, la pacification active de Challe, le FAAD, l’échec du dégroupement.

 

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28 avril 2011

la kouba de Nogent (1919) enfin reconstruite

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la kouba reconstruite est inaugurée

ce jeudi 28 avril 2011

 Michel RENARD - Daniel LEFEUVRE

 

La kouba de Nogent-sur-Marne, édifiée en 1919, effondrée en 1982, est reconstruite. Elle est inaugurée ce jeudi 28 avril 2011. N'ayant pu m'y rendre, pour des raisons personnelles, je me sens représenté par l'allocuation de Daniel Lefeuvre, mon ami.

Je le remercie pour tous les effots auxquels il a consenti pour faire faire aboutir ce projet que j'avais conçu en découvrant le dossier de la kouba aux Archives d'Outre-Mer à Aix-en-Provence et en retrouvant l'héritier du marbrier de 1919.

Je remercie tous ceux qui ont conjugué leurs efforts pour que cette résurrection voit le jour.

Des jeunes gens de vingt et quelques années sont venus mourir "pour la France" dans la boue des tranchées lors de la Première Guerre mondiale. Il s'est trouvé alors quelques esprits pour leur rendre hommage, en dehors de toute sollicitation officielle. Aujourd'hui, d'autres esprits généreux, ont additionné leur dévouement pour que l'édifice soit à nouveau debout. C'est une fidélité qui mérite le respect.

Nous avons fait un peu plus que les concepteurs de l'édifice premier. Nous avons pu ajouter les versets du Coran que le consul Émile Piat et les imams algériens présents alors à Nogent avaient imaginés sans avoir eu les moyens de les faire figurer au fronton de l'édifice.

Cette refondation de la kouba de Nogent-sur-Marne témoigne que la France n'est pas "islamophobe", que l'engagement aux côtés de ses principes n'a ni couleur ni religion, que seule compte l'adhésion à ses principes émancipateurs - ceux-là fussent-ils malmenés en certains temps et en certains lieux. Car nul idéal ne se déploie sans contradictions.

Michel Renard
professeur d'histoire
"découvreur" scientifique de la kouba de 1919

 

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- Qu'est-ce que la kouba de Nogent ?

- témoignage de Marc Arazi, conseiller municipal (28 avril 2011)

 

allocuation de Daniel Lefeuvre, président de l'association Études Coloniales

Il y a bientôt cent ans, entre 1914 et 1918, près de 450 000 soldats – volontaires et conscrits -, venus de toutes les colonies de l’empire français, participèrent, aux côtés des Poilus métropolitains et des Alliés, aux combats meurtriers de la Première Guerre mondiale et contribuèrent par leur courage à la victoire finale.

Si ils n’ont pas servi de «chair à canon» pour l’armée française, contrairement à une légende tenace, leur sacrifice, à l’égal de celui des combattants français, a été particulièrement élevé : 70 800, soit 13 % des effectifs mobilisés, ont donné leur vie pour défendre la France.

À Nogent-sur-Marne, lors du conflit, a été implanté un hôpital colonial destiné à soigner ces soldats, blessés lors des combats ou gravement malades. Ceux qui n’ont pu être sauvés, malgré les soins attentifs du personnel médical, reposent ici, dans ce cimetière.

C’est pour leur rendre hommage, que trois personnalités nogentaises, M. BRISSON, le maire de la Ville, M. HERICOURT, entrepreneur de monuments funéraires et le consul général Emile PIAT, décidèrent d’édifier une kouba, monument qui, dans la tradition islamique, honore un pieux personnage.

Inauguré le 16 juillet 1919, mais peu entretenu les années suivantes, l’édifice dû être rasé en 1982.

Mais, grâce au travail d’un historien, mon collègue et ami Michel RENARD, ces traces ont été retrouvées, aux Archives d'Outre-mer à Aix-en-Provence, puis chez le descendant de M. Héricourt, M. Gilles Martin, qui en a conservé précieusement les témoignages.

Aussi, dès sa création, l’association Études coloniales, a-t-elle décidé d’entreprendre les démarches pour la reconstruction de la kouba. Cette entreprise n’aurait pu aboutir sans l’appui déterminé d’un certains nombre de personnalités et d’associations auxquelles je voudrais rendre hommage. En premier lieu,

- à l’actuel maire de Nogent, M. Jacques MARTIN qui a immédiatement apporté son soutien «enthousiaste» à cette initiative.

- à M. Sébastien Eychennes, maire-adjoint chargé de la Mémoire, qui a suivi avec une attention toute particulière ce dossier et qui a contribué avec obstination à son avancement.

- Je voudrais également remercier les successifs ministres de l’Immigration, de l’Intégration et de l’identité nationales, messieurs Brice HORTEFEUX et Eric BESSON qui ont appuyé le projet de toute leur autorité et qui ont pris en charge une part élevée de son financement.

- Le Souvenir français, son président général, le contrôleur général DELBAUFFE, son délégué départemental, le colonel Hamon et son Comité nogentais doivent également être remerciés pour leurs contributions importante.

- M. Gilles CARREZ, député. Grâce à son intervention une subvention importante du ministère de la Défense a été obtenue. Je tiens également à souligner l’appui apporté par Jacques TOUBON, président de la CNHI, par le Comité d’Entente des Anciens Combattants et Victimes de Guerre de Nogent-sur-Marne, par l’association des Amis de Raoul Salan, par l’Association Mémoire et Souvenirs de l’Armée d’Afrique ainsi que par l’Union nationale des Anciens combattants musulmans.

- Je n’aurais garde d’oublier M. Gilles MARTIN qui, fidèle à l’engagement de son aïeul a accepté d’entreprendre et d’achever les travaux de reconstruction, sans que le financement de l’opération n’ait été pleinement assuré.

Enfin, un certain nombre de contributeurs privés, que je ne peux tous citer aujourd’hui, se sont associés à ce projet. C’est grâce à cet effort commun, que la kouba est aujourd’hui reconstruite et qu’ainsi, la République assure, à travers le temps, son devoir de mémoire à l’égard de tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour défendre ses idéaux.

Je vous remercie.

Daniel Lefeuvre
Professeur des Universités
Président d’Etudes coloniales

___________________________________________________________

 

texte du bulletin municipal de Nogent :

Le Conseil municipal, par délibération du 23 décembre 1917, avait décidé de l’érection d’un monument dans le cimetière communal, destiné à honorer les militaires musulmans morts pour la France au cours de la guerre 1914-1918 et inhumés à Nogent.

C'est principalement à Émile Piat, consul général, attaché au cabinet du ministre des Affaires étrangères et chargé de la surveillance des militaires musulmans dans les formations sanitaires de la région parisienne, que l'on doit la construction de la kouba de Nogent. Grâce à l’assistance de M. Brisson, maire, et à un généreux donateur, M. Héricourt, entrepreneur de monuments funéraires, ce monument est construit en 1919. Inauguré le 16 juillet, mais peu entretenu dans les années qui suivirent, il fut détruit en 1982.

La reconstruction de la kouba du cimetière de Nogent en 2011 a été réalisée par l’entreprise funéraire E.L. Martin. Ce projet décidé par Jacques J.P. Martin, maire de Nogent-sur-Marne, suivi dans sa mise en oeuvre par son adjoint Sébastien Eychenne et l’association Études Coloniales, marque comment la République assume, par-delà le temps, son devoir de mémoire à l'égard de tous ceux qui ont donné leur vie pour défendre ses idéaux.

Le monument reconstruit sera inauguré sous le haut patronage du ministre de la Défense et en présence de Jacques J.P. Martin, maire de Nogent-sur-Marne, Sébastien Eychenne, adjoint au maire délégué au devoir de mémoire, Daniel Lefeuvre, président de l’association Etudes coloniales et des associations d’anciens combattants.

Du 28 avril au 19 mai, une exposition se tiendra dans le hall de l’Hôtel de Ville.

Cimetière de Nogent
134, rue de la Paix - Le Perreux-sur-Marne


Jeudi 28 avril à 10 h - source

 

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19 avril 2011

Millénaire de Hanoï

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Hanoï, un quartier annamite - source

 

Hanoï, mille ans

En septembre 2009, était inaugurée à Hanoï l'exposition "Traits d'architecture, Hanoï à l'heure française (1875-1945". Cette manifestation était organisée dans le cadre de la coopération entre la Direction des Archives de France et la Direction d'État des Archives du Vietnam. Elle marquait le début des célébrations commémorant le millénaire de la capitale vietnamienne en octobre 2010.
Cette exposition fut l'occasion de voir réunies des reproductions de cartes, de photographies et de relevés d'architecture conservés aujourd'hui à Hanoï et à Aix-en-Provence.
Le Service des Archives et Bibliothèques de l'Indochine a été créé par Albert Sarraut en 1917. (lire la suite)

- source : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/anom/fr/11_anc.documents/1011_Hanoi/documentdumois.html

 

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Hanoï, la gare d'autobus (1930/1950) - source

 

- ANOM : Archives Nationales d'Outre-mer à Aix-en-Provence

 

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18 décembre 2007

Le DÊ THÁM, résistant vietnamien (Glaude Gendre)

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Hoàng Hoa Tham, dit le Dê Thám

résistant à la colonisation française

du Tonkin

 

Le personnage de Hoàng Hoa Tham, dit le Dê Thám, héros national dans son pays est aujourd'hui totalement inconnu du public français. Il tint pourtant en échec le corps expéditionnaire français au Tonkin durant les trente ans qui s'écoulèrent entre le début des années 1880 et le 10 février 1913. Le "tigre de Yên Thê", à l'origine un modeste paysan illettré, révéla dans l'action un authentique génie militaire qui fit de lui un grand chef de guerre profondément patriote et humain.

9782296025707r

 

- Le Dê Thám (1858-1913). Un résistant vietnamien à la colonisation française, Claude Gendre, L'Harmattan, 2007.

- compte rendu par Alain Truong sur son site

- compte-rendu, par Nguyên Thi Trang : Courrier du Vietnam, 23 avril 2007

- note de lecture par Charles Fourniau dans AAVF, juillet 2007

- compte rendu de lecture dans Thanh-Nien

- compte rendu dans Tin-Tuc : couverture et Tin-Tuc texte de l'article

 

___________________________________________________________

 

présentation éditoriale

Le personnage de Hoàng Hoa Thám, dit le Dê Thám, est aujourd’hui à peu près totalement inconnu du public français. La figure s’est peu à peu dissipée dans la nuit des temps de celui qui, avec une poignée d’hommes, tint en échec le corps expéditionnaire français au Tonkin durant les quelque trente ans qui s’écoulèrent entre le début des années 1880 et le 10 février 1913.
Paysan illettré, il se révéla dans l’action un authentique génie militaire, à la fois stratège et tacticien, qui sut mettre au point des techniques de combat et de camouflage qu’utilisèrent, quelques décennies plus tard, les combattants du Viêt Minh. Jamais vaincu, jamais capturé, sa mort fut le fruit de la trahison et des basses oeuvres de la police coloniale.
Mais le Dê Thám ne fut pas seulement un redoutable chef de guerre ; à la fois subtil et déterminé, porteur d’un idéal patriotique indéfectible, attaché aux valeurs traditionnelles de son pays, pénétré des croyances et des superstitions qu’il partageait avec la paysannerie tonkinoise dont il était issu, les divers aspects de la personnalité du «tigre du Yên Thê» font également de ce dernier un être profondément humain.
Son origine populaire et sa passion sans borne pour l’indépendance de sa patrie firent de lui, trois décennies après son assassinat, un modèle auquel chaque combattant viêt minh s’identifia spontanément. C’est ainsi que le paysan-soldat qu’il fut de son vivant devint le héros national qu’il est aujourd’hui.

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TABLE DES MATIÈRES

Préface Introduction

1. La situation politique et militaire de l’empire d’Annam à la veille de l’action du Dê Thám
2. Origines et jeunesse
3. Le Yên Thê, sanctuaire et théâtre d’opérations
4. Le sac du Palais impérial et la naissance du mouvement «Cân Vu’ong»
5. Le Dê Thám en action
6. La «soumission» du Dê Thám
7. Le Dê Thám concessionnaire
8. La victoire du Japon
9. Les évènements de 1908
10. Les opérations contre le Dê Thám
11. La traque du fugitif (1910 – 1912)
12. La fin du Dê Thám
Conclusion
Annexes
Cartes et croquis
Sources

______________________________

BON DE COMMANDE

À retourner à L’HARMATTAN, 7 rue de l’École Polytechnique 75005 Paris
Veuillez me faire parvenir ............ exemplaire(s) du livre Le Dê Thám
au prix unitaire de 19.50 €+ 4.05 € de frais de port, + 0,80€ de frais de port par ouvrage supplémentaire, soit un total de................€.
NOM :
ADRESSE :
Ci-joint un chèque de ............ €
Pour l’étranger, vos règlements sont à effectuer : en euros sur chèques domiciliés sur banque française ; par virement en euros sur notre CCP 23 625 44 N Paris ; par carte bancaire (Visa uniquement) N°................................date d’expiration...../...../...../
le numéro CVx2 (les 3 derniers chiffres se trouvant au dos de votre carte, à gauche de votre signature) : …………………………..
Vous pouvez aussi commander cet ouvrage directement à votre libraire habituel.

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AUTEURClaude_Gendre_portrait

 

Claude Gendre est à la fois ingénieur et maître ès-lettres. Engagé de longue date dans la défense des langues et cultures identitaires, il est l’auteur de École, histoire de France et minorités nationales (Édit. Fédérop. 1979). Il a par ailleurs publié en 2003, avec l’aide du Conseil Général des Pyrénées-Orientales, une Histoire de l’olivier en Roussillon (Édit. Trabucaire) ainsi que, en 2004, Le combat de Dong-Dang, récit autobiographique ayant pour cadre le Tonkin.

 

 

___________________________________________________________

 

iconographie

 

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photo de Dê Thám en 1905

 

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Le Dê Thám entouré de ses petits-enfants

 

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"groupe de pirates des bandes du Dê-Thám"

 

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"pirate amené à Cho-Go pour être interrogé par l'interprète officiel de la Colonne"

 

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"Tonkin, Yen-Thè - groupe de pirates des bandes du Dê-Thám,
tués à l'affaire de Lieu-Dê le 17 novembre 1908"

 

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Tonkin, Yen-Thè - la nommée Thi Nho, troisième femme du Dê-Thám
et sa fillette Thi Thè

 

 

 

- source internet des photos (la plupart provenant de la collection Dieulefils)

___________________________________________________________

 

présentation du livre à l'ambassade

du Vietnam à Paris, 5 juillet 2007

 

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Paris, 5 juillet 2007, autour de M. Nguyen Dinh Bin, ambassadeur

 

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à droite de l'ambassdeur, Claude Gendre

 

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Paris, 5 juillet 2007, l'ambassadeur et l'auteur

 

 

 

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