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études-coloniales
8 avril 2008

Bonjour cher Dély-Ibrahimois

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cher Dély-Ibrahimois


Arlette Schneider, auteure du livre Les collines de l'espoir, avait répondu par lettre personnelle à un Dély-Ibrahimois qui avait posté un commentaire sur ce blog. Voici le texte de sa réponse.

Bordeaux le 17 novembre 2007

collines_espoir_couvBonjour cher Dély-Ibrahimois

Quelle joie d’avoir des nouvelles de mon village natal [commentaire posté le 5 août 2007]. Ainsi, j’ai l’impression de ne l’avoir jamais vraiment quitté !
Excusez-moi d’avoir tardé à vous écrire. L’adresse électronique ne fonctionnait pas. Toute lettre mérite réponse.
Merci pour votre message d’historien et de lecteur critique. «Un bon livre est celui qui apporte la critique». Je ne sais plus quel est l’écrivain qui a écrit cette maxime mais je l’adopte.

Vous avez raison lorsque vous dites que les guerres sont la bêtise humaine et qu’il faut avancer au XXI e siècle. Il faut toujours avancer quel que soit l’époque ! Malheureusement la jalousie, la méchanceté, l’égoïsme et l’orgueil humains sévissent toujours aux quatre coins du monde en nous faisant souffrir et régresser. Et tous les peuples sont concernés. Hélas !
Nous devrions plutôt réfléchir sur cette vérité d’un verset du Coran et de la Bible : «Nous appartenons à Dieu. Sur terre, nous sommes de passage

Je n’ai pas la science infuse et je n’ai pas la prétention d’être une bibliothèque. D’ailleurs qui prétend tout savoir et refaire l’histoire ? Je me suis beaucoup documenté avant d’écrire l’ouvrage. En histoire, contrairement au roman on n’écrit pas suivant sa propre inspiration. Dans mes anecdotes, quand je raconte le village, je le décris avec les yeux, l’émotion et le coeur d’une enfant qui a vécu ses joies, ses peurs et ses rêves. Quel enfant n’a pas eu peur un jour du loup garou, du croquemitaine, du Père Noël ou d’un mendiant ? N’avons-nous pas tous dans notre enfance nos propres images et nos caricatures féeriques ou terrifiantes ?

Quand on naît dans le même village, il y a des affinités qui se créent et des liens d’amitié qui se tissent au fil des ans. Pendant mon enfance, à Dély-Ibrahim, les familles musulmanes et européennes se connaissaient bien. Les enfants ont grandi ensemble jusqu’en 1962.

Avec les camarades français et musulmans de mon âge, sur les mêmes bancs, à l’école primaire puis au lycée, nous étions, les uns comme les autres, des adolescents qui ne pensions qu’à nous amuser et nous vivions en communauté tout en respectant nos religions différentes.

Etant plus jeune que moi, vous n’avez pas connu les villageois, ni les mêmes maîtres, ni les belles parties de carrioles, de boules, de cerfs volants, de patins à roulettes ou de ballon prisonnier dans la grande rue des écoles.

Vous êtes arrivé à sept ans dans le village, en 1962, à l’Indépendance. J’en avais quinze et demi. Les émotions sont personnelles. Vous avez les vôtres, j’ai les miennes. On ne peut pas percevoir les mêmes choses, c’est évident ! Nos souvenirs respectifs ne sont pas identiques. Votre enfance a été différente de la mienne et de celle de tous mes camarades. C’est ainsi et nous n’y pouvons rien !

Cher Dély-Ibrahimois, je ne vous connais pas, vous ne me connaissez pas, mais un ciment africain nous lie. Nous sommes nés et avons grandi dans le même pays, l’Algérie. L’on parlait deux langues avec le même accent, sous le même soleil, au pays des collines, des étoiles, des oliviers, des sauterelles, des criquets, des cigales, des pigeons, de l’enfance insouciante et innocente ainsi que de la camaraderie. L’un commeth____lamenthe__2_ l’autre, enfants de parents travailleurs, nous ne roulions pas sur l’or !

Originaires d’un même pays, nous ne pouvons qu’aimer la Terre qui nous a vus naître. Bien que notre destin ait été différent, nous avons les mêmes racines sur cette terre qui a abrité plus d’un peuple depuis les Phéniciens. N’est-ce pas cette fibre émotionnelle et culturelle qui nous rapproche vraiment ?

Allah ou Akbar ! Comme mes cousins l’ont fait l’année dernière à vos côtés, puissions-nous un jour, cher Dély-Ibrahimois, ensemble boire le thé à la menthe à Dély-Ibrahim, berceau de notre enfance, à l’ombre des palmiers, bercés par la belle ritournelle des pigeons !

Les Collines de l’espoir, cet ouvrage documentaire et autobiographique n’est pas le messager de la rancune  ni de la haine. Il est l’espoir de bâtir un monde meilleur de fraternité.

Cordialement.
Une Dély-Ibrahimoise

Je vous prie de transmettre mon bon souvenir et mon bonjour à tous les Dély-Ibrahimois que j’ai connus.

Arlette Schneider

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Dély-Ibrahim, avenue des Cheragas


- présentation du livre Les collines de l'espoir sur ce blog (3 mars 2007)

- Dély-Ibrahim en cartes postales anciennes, collection d'Isidore Rodriguez


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6 avril 2008

loi sur la la communication des Archives

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nouveau projet de loi sur la conservation

et la communication des Archives


Le texte du nouveau projet de loi sur la conservation et la communication des Archives a été adopté par le Sénat. Des auditions ont été faites par la commission des lois de l'Assemblée nationale cette semaine et le texte doit être prochainement voté (dans la deuxième quinzaine d'avril selon le calendrier parlementaire, peut-être le 17).

Ce texte est disponible sur le site de l'Assemblée : page d'accueil aller à la rubrique «document parlementaire», projet n° 566 ou cliquez sur ce lien :

http://www.assemblee-nationale.fr/13/projets/pl0566.asp

Ce projet mérite votre attention dans son ensemble, mais plus particulièrement le chapitre «régime de communication». Il prévoit certes un raccourcissement des délais légaux d'accès à une partie des documents (vingt-cinq ans contre trente, ou cinquante contre soixante par exemple) mais comprend aussi quatre points très inquiétants.

- La création d'une nouvelle catégorie d'archives : les archives incommunicables. Elles pourront ne jamais être communiqués au nom de la «sécurité nationale» (armes biologiques) et de la «sécurité des personnes», certainement immortelles. Il y a une contradiction dans les termes du texte, qui ne permet pas de comprendre quelles sont les intentions du législateur. Il est dit :

Art. L213-1 : "Les archives publiques sont [...] communicables de plein droit" et L 231-2 :  «il existe des archives qui "ne peuvent être consultées"».

Cet art. 213-2 n'a pas de raison d'être, car :
- 1/ les informations permettant de concevoir des armes biologiques ou de destruction de masse sont nécessairement récentes ; or celles-ci sont déjà couvertes par l'art. 213-2 I 3° ;
- 2/ les informations de nature à compromettre la sécurité des personnes sont déjà visées par le 213-2 I 4°.
 
- Un nouveau délai, fixé à soixante-quinze ans, est créé, fondé sur une extension de la notion de protection de la vie privée, visant la plupart des archives publiques (Art. L. 213-2-4). Il y a ici amalgame entre la «protection de la vie privée» (celle-ci n'étant pas plus définie) et le fait de rendre publique «une appréciation ou un jugement de valeur», catégories particulièrement floues. Ou pire, le fait de «faire apparaître le comportement d'une personne dans des conditions susceptibles de lui porter préjudice».

Pratiquement tous les dossiers d'archives publiques, tels les rapports de préfets, contiennent des jugements de valeur. Qui décidera - et sur quels critères - ce qui doit être ouvert alors ? Fixer la barre à 75 ans, conduirait de plus à refermer de nombreux dossiers ouverts depuis 15 ans. Verra-t-on se de refermer pour quelques années les études sur le Front populaire, la 2e Guerre mondiale et Vichy, ou celles sur la guerre froide qui commençaient à s'ouvrir librement ? Certes, restent les dérogations, mais c'est placer les chercheurs sous le sceau du privilège individuel pour 25 ans de plus.
 
- Une notion de «secret des statistiques» est introduite de façon répétitive (14 occurrences au mot secret, dont 8 au secret statistique). L'article 25 - nouveau - dit dans un I que les documents administratifs (immédiatement consultables en vertu de la loi de 1978 sur la transparence administrative) ne sont communicables qu'aux intéressés quand ils portent atteinte au secret de la vie privée ou comportent des jugements sur les personnes.

C'est le cas des dossiers d'instituteurs par exemple. Dans un II, il ajoute que les documents visés aux I sont consultables dans les conditions fixées par le 213-2 : c'est-à-dire 75 ans. Et comme ce II de l'article 25 nouveau ne mentionne pas le 213-3, qui est l'article autorisant des dérogations, le couvercle est vissé. Nul chercheur ou citoyen ne verra les dossiers de cour de justice ou les dossiers personnels avant 75 ans : aucune dérogation n'est possible.

- L'art. 213-I 4° aurait pour conséquence d'interdire toute recherche sérielle postérieure à 1923 ; l'art. 213-2 4° rend très difficile la consultation des listes nominatives.
 
- Enfin, le système des protocoles, déjà en vigueur pour les Chefs d'État et dont on a constaté les dérives dans certains cas est étendu à tous les papiers des ministres (Art. L. 213-4). Il permettra à ceux-ci de traiter les archives publiques produites par eux et par leurs collaborateurs, comme des archives privées jusqu'à leur décès.
 
Les nouvelles dispositions prévues par ce texte sont extrêmement graves : elles traduisent une défiance inquiétante de la part des pouvoirs publics envers la communauté des chercheurs certes, mais de façon plus globale, envers la communauté des citoyens. Elles sont en contradiction flagrante avec les recommandations du Conseil de l'Europe adoptées le 21 février 2002 par le comité des ministres.

Nous tenions à vous faire savoir sans attendre cette première information. Une pétition et d'autres initiatives sont en discussion. N'hésitez pas à faire circuler le texte voté par le Sénat et soumis aux députés et à diffuser ces informations.

Sylvie Thénault


caom
salle de lecture du Centre des archives d'outre-mer à Aix-en-Provence


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25 mars 2008

personnel infirmier Maroc colonial

Diapositive2
une rature anonyme a effacé le drapeau tricolore français...

 

statut du personnel infirmier français dans

le Maroc de l'époque coloniale

 

question

Monsieur
Je vous prie juste de m'informer pour effectuer recherche sur statut des personnes infirmier français à l'hopital d'Oujda (époque coloniale) dépend de quel ministère
Cordialement votre

___________________________________

 

réponse

Diapositive2

Des investigations préalables dans plusieurs centres d'archives semblent nécessaires. Mais la priorité est à accorder aux archives du ministère des Affaires étrangères :

 

 

 

1) archives du ministère des Affaires étrangères (MAE au quai d'Orsay à Paris)

C'est le premier ministère concerné puisque le Protectorat était sous le contrôle des Affaires étrangères :

- fonds versés aux archives du MAE

- état des versements : Protectorat français au Maroc (version pdf)

 

2) mission des archives nationales auprès du ministère du Travail, des relations sociales...

- coordonnées de la mission

- responsable : Hélène Lhoumeau : helene.lhoumeau@sante.gouv.fr

 

3) Centre des archives contemporaines (CAC) à Fontainebleau

- page d'accueil du site du CAC - voir l'état des versements

 

4) Centre des archives d'Outre-mer (CAOM) à Aix-en-Provence

- page d'accueil du CAOM

- faire une recherche au CAOM

Michel Renard

 

Diapositive2

 

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17 mars 2008

Oujda et l'amalat

Lyautey_inspecte_Oujda

 

l'amalat d'Oujda

 

chercher un livre
bonjour à toutes et à tous,voilà je cherche un livre ecrit par un officier français,durant la première periode de la colonisation d'oujda (MAROC)à partir de 1907.ce livre a pour TITRE :(oujda et l'amalat),d'après un vieux vétérant,ce livre existait dans la bibliothéque de tlemcene(ALGERIE),son auteur pourrait etre un certain lieutnant voinot ou voinau ou vainau ?je vous remercie infinement,

posté par Kortas, 17 mars 2008 à 14 h 41


__________________________

 

Oujda_d_fil__zouaves_1907
occupation française d'Oujda, avril 1907 : défilé des zouaves dans les rues

 

réponse

Voici la note du catalogue de la BnF (Bibliothèque nationale de France) relative à cet ouvrage :

type :  texte imprimé, monographie
Auteur(s) : Voinot, Louis (1869-1960)
Titre(s) : Oudjda et l'amalat, Maroc [Texte imprimé] / capitaine L. Voinot
Édition :  [Reprod. en fac-sim.]
Publication : Saint-Germain-en-Laye ; [Marly-le-Roi] (BP 105, 78160 Cedex) : les Enfants de l'oriental, cop. 1988-1989
94-Périgny-sur-Yerres : Impr. Arts graphiques de la Brie
Description matérielle :   2 vol. (585-84 p.-XXVI f. de pl.-[2] dépl.) : portr. ; 25 cm

Note(s) Contient : "Relations algéro-marocaines sur la frontière du Tell de 1848 à 1907 : extrait". - En appendice du vol. 2, choix de documents. - Bibliogr. vol. 1, p. 4-8
Reproduction : Fac-sim. de l'éd. d'Oran : L. Fouque, 1912

 

et voici la notice auteur :

Voinot, Louis (1869-1960)  

  Nationalité(s) :  France
  Langue(s) :  français
  Sexe :  masculin
  Responsabilité(s) exercée(s) sur les documents :  Auteur
  Naissance : 4 décembre  1869
  Mort : 20 juillet 1960

Colonel. - Écrivain militaire, géographe et historien, spécialiste du Maroc

Source(s) :

- Le Tidikelt : étude sur la géographie, l'histoire, les mœurs du pays / Louis Voinot, 1995.

- Oudjda et l'amalat, Maroc / capitaine L. Voinot, cop. 1988 [Fac-sim. de 1912]

 

Je ne crois pas qu'il soit en ce moment disponible à la vente. Par contre, on trouve le Tidikelt :

00063

VOINOT L. - Le Tidikelt. Etude sur la géographie, l'histoire, les moeurs du pays. Extrait de : Bulletin de la Société de Géographie et d'Archéologie de la Province d'Oran.
Oran, Imprimerie L. Fouque, 1909.
In-8 broché, 155 pages, 10 figures dans le texte, 23 planches offrant de nombreuses illustrations dont 9 cartes et plans. (Rousseurs au titre, dos remplacé en kraft.) BON EXEMPLAIRE.

Cet ouvrage vous est proposé par la Librairie Picard.

Euro 60.00 |  commander ce livre

00063

 

 

 

 

Autre possibilité :

commander le livre aux éditions Gandini

 

 

On trouve également :

Sur les traces glorieuses des pacificateurs du Maroc, Louis Voinot; 1939.

Préface du General DOGUES , illustrations de TH. J. DELAYE CHARLES LAVAUZELLE ET CIE 1939 TRES BELLES ILLUSTRATIONS , cartes dépliables

commander ce livre

__________________________

 

Que signifile le terme "amalat" ?
- "Les indigènes (nommaient) amalat, suivant les uns, le territoire régi par un caïd, suivant les autres, une circonscription financière" (Bulletin de la Société de géographie, 1861).

 

Michel Renard

 

Oujda_casba_gard_e_par_spahis

 

 

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3 mai 2008

réponses à des questions portant sur le Maroc

Diapositive1

 

 

réponses :

1) archives de la France au Maroc et

2) Chirurgie maxillo-faciale

Marie-Claire MICOULEAU-SICAULT

 

 

 

1) archives de la France

Pour Sirat posté le 25 mars et Delphine posté le 22 avril

Les archives dites techniques du Protectorat de la France au Maroc ont été laissées aux différents ministères correspondants dans le cas présent il faut s’adresser au :

Ministère  de la Santé Publique au Maroc
355 avenue Mohammed V
RABAT
tel (212) 037761025

Entreposées quelques années au Quai d’Orsay, les 9 000 liasses ainsi réunies furent transportées au dépôt de Nantes en 1970-1971. Archives dites de souveraineté – produites par les services politiques du protectorat –, elles ne représentent pas la totalité des archives de la présence française.

Ont été laissés aux administrations marocaines les papiers des directions «techniques» : Travaux publics, Production industrielle, Agriculture, Instruction publique, Commerce, Travail, Santé publique, Justice, Colonisation, Biens Habous, Eaux et Forêts, Mines, Séquestres austro-allemands, Législation, Finances...

- réponse détaillée en fichier pdf

 

 

2) Chirurgie maxillo-faciale

Pour Maxillo posté le 5 avril

A. Chekkoury-Idrissi fut président du Collège National Marocain de Chirurgie Maxillo-Faciale, Chef de service de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-Faciale, Hôpital du 20 août, CHU Ibn Rochd, Casablanca.

La spécialité «Stomatologie et Chirurgie Maxillo-Faciale» a vu le jour au Maroc au sein du premier hôpital construit dans notre pays par le Protectorat Français à Casablanca en 1917 : Hôpital J. Mauran dénommé aujourd'hui Hôpital Moulay Youssef.

Le service dirigé par Madame le Docteur Dezoteux a été transféré ultérieurement à l'hôpital militaire Jean Vial de Casablanca. Ce dernier avait fermé ses portes au début de l'indépendance (1956) et n'a rouvert qu'en 1965, prenant alors la dénomination...

J'ajoute que mon père Georges Sicault a subi un accident de voiture en 1946 où, ayant percuté le pare-brise il a eu plusieurs fractures de la face. Il a été opéré à Casa où 2 chirurgiens lui ont refait le maxillaire de la mâchoire supérieure sur 10 cm, remarquable restructuration de chirurgie réparatrice.

Marie-Claire Micouleau-Sicault
article : les médecins français au Maroc

 

 

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avenue Mohamed V à Rabat (source)

 

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5 mars 2008

colloque accords de Matignon-Oudinot et de Nouméa (1988 et 1998)

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1988 : Accords de Matignon Oudinot

1998 : Accord de Nouméa

Textes fondateurs de la Nouvelle-Calédonie d’aujourd’hui

 

 

Colloque : vendredi 25 et samedi 26 avril 2008

Résumé

À l’occasion des vingt ans des Accords de Matignon-Oudinot (1988), le réseau Asie-Imasie (CNRS/FMSH) organise un colloque placé sous la présidence de M. Michel Rocard. Ces textes exemplaires qui semblent avoir érigé la Nouvelle-Calédonie en lieu de référence et espace de stabilité dans la zone pacifique, sont rarement au cœur de manifestation de grande envergure. La matinée du vendredi 25 avril sera consacrée à la projection du film Les Médiateurs du Pacifique, de Charles Belmont, et  l’après-midi, à une table ronde réunissant acteurs et témoins, mémoires de l’histoire immédiate. Le samedi 26 avril, se succéderont des universitaires, spécialistes de l’histoire, de la géopolitique et du droit de la région.

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danseur Wapan

Lieu du colloque :
25 avril 9h-12h30 : Mairie de Paris, auditorium
25 avril 14h-18h : Palais du Luxembourg, salle Monnerville
26 avril, 9h-18h : Palais du Luxembourg, salle Médicis

Il est impératif de s'inscrire avant le 15 avril 2008 (les inscriptions seront prises dans l'ordre des demandes et dans la limite des places disponibles).
Contact : viviane fayaud, vfayaud@msh-paris.fr,
Bureau 306, 54 bd Raspail, 75270 Paris 6e. tél. 01 49 54 26 00

 

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Programme provisoire du colloque

Vendredi 25 avril, 9h-12h30 : Mairie de Paris, auditorium, lieu à confirmer
Projection du film Les médiateurs du Pacifique, après présentation par Charles Belmont.
Vendredi 25 avril 14h-18h, Palais du Luxembourg, salle Monnerville, Témoignages
- Ouverture par M. Christian Estrosi, Secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer
- Allocution de M. Harold Martin, Président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
- Allocution de M. Jean-François Sabouret, directeur du Réseau Asie
- Débat présidé par M. Michel Rocard (sur le film, sur l’évolution de la Nouvelle-Calédonie depuis 1988, courts exposés par les invités acteurs ou témoins de cette période)

 

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Mont-Dore

 

Personnalités invitées

1/ De Nouvelle-Calédonie :
Monsieur Harold Martin, Président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
Monsieur le Député Pierre Frogier, Président du Congrès (signataires des Accords de Matignon/Oudinot)
Monsieur le Sénateur Loueckhote (signataires des Accords d’Oudinot)
Monsieur Jacques Lafleur, ancien député et signataire des Accords de Matignon
Monsieur Paul Néaoutyine, président de la Province Nord (signataire des Accords d’Oudinot)
Madame Marie-Claude Tjibaou
Messieurs Charles Pidjot, Pierre Bretegnier, Bernard Deladrière (signataires des Accords de Matignon/Oudinot)
Madame Caroline Machoro (signataire des Accords de Matignon)
Monsieur Ismet Kurtovitch, docteur en histoire, chef du Service des Archives

2/ De métropole :
Monsieur le Député Christian Blanc, chef de la mission du Dialogue en 1988 ainsi que Monseigneur Paul Guiberteau, Messieurs Pierre Steinmetz, Jean-Claude Périer, Monsieur le Pasteur Stewart, membres de cette Mission
Monsieur Bernard Grasset, ancien haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie
Monsieur Jean Montpezat, ancien haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie
Monsieur le Préfet Levallois, ancien membre du cabinet de M. Georges Lemoine
Monsieur Bernard de Gouttes, ancien procureur à Nouméa
Madame et Messieurs les ministres et secrétaires d’Etat à l’Outre-Mer depuis 1981 (Messieurs Georges Lemoine, Louis Le Pensec, Jean-Jacques Queyranne…)
Messieurs Wallès Kotra, Alain Rollat et Henri Weill, journalistes ayant couvert la période des Accords de Matignon

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Houaïlou

 

Samedi 26 avril 2008, Palais du Luxembourg, salle Médicis, APPROCHES
Présentation de la journée présidée par M. Michel Rocard

Première partie : Les forces politiques face aux Accords
- François Audigier (MCF, Nancy) : Le RPR (puis l’UMP) et les Accords de Matignon de 1988 à nos jours
- Sarah Mohamed Gaillard (MCF INALCO) : Les indépendantistes de NC et les Accords de Matignon et Nouméa
- XXX : RPCR et Rassemblement et les Accords de Matignon et Nouméa

Deuxième partie : Les Accords et après les Accords (20 ans de négociations ininterrompues)
- Alain Christnacht (Ancien conseiller du Premier ministre Lionel Jospin) : L’Accord de Nouméa comme reconnaissance mutuelle d’une citoyenneté commune et outil d’une décolonisation consensuelle
- Jean-Yves Faberon (PU) : L’idée fédérale en NC depuis les Accords de Matignon
- Patrice Jean (MCF, UNC): La condition de résidence exigée pour certains scrutins en NC : de Matignon à Versailles

Troisième partie : Les Accords vus du Pacifique
- Nathalie Mrgudovic (Université Aston, GB) : Les événements de Nouvelle-Calédonie vus des États et Territoires du Pacifique
- Sémir Al Wardi, (MCF, UPF) : Les Accords sont–ils transposables dans d’autres collectivités françaises d’outre-mer ?
- Léon Wamytan (NC) : La place du droit coutumier kanak et ses institutions depuis la prise de possession : état des lieux et perspectives d’évolution

Quatrième partie : Les Accords dans l’Histoire
- Eric Waddell (PU, université Laval, Canada) : «La parole est sacrée» : Jean-Marie Tjibaou et le véritable enjeu des Accords de Matignon
- Yoko Oryu (Japon) : La préparation des Accords dans les années quatre-vingts
- Jean-Marc Regnault (MCF honoraire, UPF) : Les Accords de Matignon et de Nouméa dans la longue durée de la présence française dans le Pacifique Sud

Conclusion :
- Robert Aldrich (Professeur à l’Université de Sydney) : un point de vue australien sur le colloque
- Michel Rocard : faire vivre les Accords

 

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Poindimié

 

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3 février 2008

qualifier les refus de l'autorité coloniale ?

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pirate ou résistant, est-ce important ?

Poser la question si Dê Tham était pirate ou résistant me paraît tellement déplacé. Dans les deux cas ce sont des gens qui ne respectent pas les lois imposées par l'autorité en place. Pour l'un c'est dans un but d'enrichissement personnel et pour l'autre c'est pour des motifs politiques.

Il faut savoir qu'en Indochine à l'époque, tous ceux qui se révoltent contre les francais sont appelés pirates. Même les compagnons de Phan Dinh Phung sont qualifiés de pirates (voir cartes postales de P. Dieulefils), c'est pour vous dire. Ceux qui gouvernaient l'Indochine à l'époque avaient tout intérêt à dire qu'ils avaient affaire à des bandits plutôt qu'à des révoltes populaires. Si Dê Tham avait voulu devenir riche, il aurait pu arrêter le combat après la trève de 1894 (trève et pas soumission) et garder les 4 arrondissements cédés par les francais. Sa devise «Trung Chân Ung Nghia Dao» n'avait rien de l'esprit d'un pirate.

Avez vous déjà vu un pirate qui a le support d'autant de soldats viets travaillant pour les francais (des collabos si vous voulez) dans l'affaire Ha Thanh Dau Doc en 1908 ? Pensez vous que Phan Chau Trinh et Phan Boi Chau avaient l'habitude de discuter avec des pirates ?

Pourquoi ne pas comparer De Tham aux résistants francais sous l'occupation allemande ? Francois Mitterand était bien considéré comme un résistant et pourtant il a travaillé pour Vichy, été félicité par Pétain et a même recu l'ordre de la Francisque. Son cas me paraît plus discutable. Pourquoi ne pas le comparer à Hô Chi Minh ? L'oncle Hô avait pu chasser les francais car il a fait ça au bon moment, la France était écrasée par l'Allemagne, sauvée par les US et survivait grâce au plan Marshall.

Théo

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réponse de J.-P. R.

Je ne sais pas qui est ce peusonyme Théo. Je n'ai pas trouvé le nom cité Phan Dinh Phung, ni dans le catalogue Dieulefils, ni dans le livre de Claude Gendre. Merci à M. Théo de me renseigner à ce sujet.

Est-ce qu'un commentaire historique a quelque chose à voir avec le mot "déplacé", c'est-à-dire malvenu, incorrect ? La comparaison de la fin ne me parait pas "déplacée", même si nous analysons les faits par rapport à des contextes chronologiques différents, comme c'était déjà le cas pour Hô Chi Minh. Alors anachronisme, quand tu nous tiens ! Cordialement.

Jean-Pierre Renaud

 

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réponse de Téo

Phan Dinh Phung

Dans le catalogue de Dieulefils, vous avez quelques photos intitulées : «Pirates capturés en 1887 pendant le siège de Ba-Dinh». Il s'agit d'une révolte dirigée par Dinh Cong Trang, compagnon de Phan Dinh Phung, le plus éminent des mandarins viets à l'époque, devenu résistant en réponse à l'appel du roi Ham Nghi.

J'ai peut-être mal choisi l'adjectif «déplacé» et je m'en excuse. La comparaison avec Mitterrand était pure provocation pour bien vous faire comprendre ce que je veux dire par «déplacé». Je suis content que vous ayez su rester cohérent jusqu'au bout. Car avec les ingénieurs francophones que je côtoie tous les jours pour mon travail, ce n'est pas du tout convenable de remettre en question le qualificatif «résistant» de l'ancien président.

Ah oui, concernant mon pseudonyme, ce n'est pas Theo mais bien Teo, un prénom bien vietnamien.

Teo

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trois exemplaires de la même image

 

pirates_1887__1_
pirates capturés en 1887 pendant le siège de Ba-Dinh

 

pirates_1887__2_
pirates capturés en 1887 pendant le siège de Ba-Dinh

 

pirates_1887__3_
pirates capturés en 1887 pendant le siège de Ba-Dinh

 

Études Coloniales

 

 

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8 mars 2008

"Trajectoires du politique : État, nation, empire"

Diapositive1



programme du séminaire

"Trajectoires du politique : État,

nation, empire"



sous la direction de Jean-François Bayart (CERI-CNRS)
et Romain Bertrand (CERI-Sciences Po)


présentation

Créé en 2003, le séminaire «État, nation, empire» du groupe de recherche «Trajectoires historiques du politique» du CERI rassemble des politistes, des sociologues, des historiens et des anthropologues autour de présentations de travaux. Son objectif est double.

Il s'agit, en premier lieu, de considérer, à titre heuristique, les États coloniaux modernes comme une variété historique de formations impériales, et pour cela de donner une large place aux nouveaux travaux d'histoire impériale comparée qui tentent de caractériser au plus près les spécificités des régimes impériaux «classiques» de loyauté et d'allégeance politiques.

Dans le même temps, une attention particulière est accordée aux études qui mettent en exergue les relations et les circulations inter-impériales (d'hommes, de savoirs et de savoir-faire), au sein de aussi bien qu'en dehors des espaces «métropolitains».

Il s'agit, en second lieu, d'interroger les nouvelles historiographies du fait colonial au regard d'une préoccupation et d'une question. Une préoccupation comparatiste : saisir le «moment colonial» des sociétés politiques extra-européennes (d'Asie, d'Afrique ou d'Océanie) à l'aune de leurs trajectoires de longue durée, et non à celle de leur «rencontre» avec l'Europe de l'Ouest, et donc ne pas réduire leurs dynamiques politiques (et en particulier leurs entrées en modernité étatique) à la somme de leurs interactions, contraintes ou volontaires, avec les compagnies de commerce ou les États européens.

Une question : comment, dès lors, ressaisir l'historicité propre de ces sociétés, c'est-à-dire comment cerner et décrire les modes vernaculaires d'entendement et d'action politiques en «situation coloniale» ? Comment, en d'autres termes, scruter les hors-champs indigènes du pouvoir colonial ?

Romain Bertrand

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séances

séances au Centre d'études et de recherches internationales (CERI-Sciences Po.)
56, rue Jacob
75006 - Paris
Métro : Saint-Germain-des-Prés


* mardi 18 mars 2008, de 17h à 19h
"Provincialiser l'empire : questions d'histoire ottomane"par Marc Aymes, fellow au Zentrum Moderner Orient (Berlin), auteur de Un "Grand progrès - sur le papier". Histoire provinciale des réformes ottomanes à Chypre au XIXe siècle, Leuven & Paris, Peeters, sous presse

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* jeudi 20 mars 2008, de 17h à 19h
"La mémoire de l'esclavage et l'action politique des jeunes dans les Grassfields du Cameroun de l'Ouest"
par Nicolas Argenti, research lecturer à Brunel University, auteur de The Intestines of the State. Youth, Violence, and Belated Histories in the Cameroon Grassfields (Chicago, The University of Chicago Press, 2007)
Discutant : Jean-Pierre Warnier (professeur émérite, CEAf, EHESS), auteur de The Pot-King. The Body and Technologies of Power, Leiden, Brill, 2008

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* mercredi 26 mars 2008, de 17h à 19h
"Anthropologie politique en contexte colonial. Méthode, théorie et engagement : à propos de l'histoire d'une chefferie kanak (Nouvelle-Calédonie)"
par Alban Bensa, directeur d'étude à l'EHESS, auteur de Histoire d'une chefferie kanak (1740-1878). Le pays de Koohnê (Nouvelle-Calédonie), Paris, Karthala, 2005 (avec Atéa Antoine Goromido) et de La Fin de l'exotisme. Essais d'anthropologie critique, Toulouse, Anacharsis, 2006

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* mercredi 16 avril, de 17 h à 19 h
«Les mouvements messianiques hmong en Asie du Sud-Est. Les origines des conflits en situation de domination coloniale occidentale et dans le cadre des rapports de pouvoir inter-ethniques »
par Christian CULAS, chercheur à l'IRSEA, auteur de Le messianisme hmong aux XIXe et XXe siècles. La dynamique religieuse comme instrument politique, Paris, Maison des sciences de l'homme-EHESS, 2005

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le livre de Jean-Pierre Warnier


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- image du haut : Cameroun, pays Bamiléké, entrée de la chefferie de Bafang (source)

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7 mars 2008

Algérie : la mémoire restituée (Benjamin Stora)

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Algérie : la mémoire restituée

Benjamin STORA


Dans les difficiles rapports franco-algériens, la question de la mémoire et de l’écriture de l’histoire figure parmi les questions les plus difficiles. Le problème de la restitution des archives d’Algérie n’est toujours pas réglé. Après l’indépendance de 1962, une grande majorité des archives ont été emportées en France et déposées au centre de recherches d’Aix-en-Provence. Puisque l’Algérie c’était trois départements français et non pas un protectorat, ces documents - qui traitent de l’urbanisme ou de la surveillance des partis algériens, de l’organisation de la vie dans les campagnes ou des opérations militaires menées par l’armée pendant la guerre d’Algérie - sont considérés comme des archives de souveraineté par la France. Il n’y a donc jamais eu de restitutions d’archives, réclamées par les gouvernements algériens qui se succèdent depuis cinquante ans.

On aurait pu penser que cette situation allait rester en l’état, surtout après l’élection du nouveau président de la République française en mai 2007, qui avait mené campagne sur le thème de «l’antirepentance» à propos de la colonisation. Ce n’est pas le cas. Au début du mois de décembre 2007, l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et la télévision publique algérienne (EPTV) ont signé un accord sur des images conservées par l’INA retraçant l’histoire de l’Algérie depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’à 1962. Cet accord «prévoit la mise à disposition d’une copie de l’ensemble des images d’actualité conservées par l’INA» entre 1940 et 1962, date de l’indépendance de l’Algérie, et la «possibilité pour l’EPTV de les exploiter par voie hertzienne ou satellitaire». L’EPTV peut également en disposer pour les commercialiser sur le territoire algérien. Au total, 1 862 documents, dont certains muets, sont ainsi disponibles pour l’EPTV, soit cent trente-huit heures de programmes.

Six thématiques regroupent l’essentiel de celles-ci. La guerre d’Algérie représente, à elle seule, cent dix-sept heures de programmes, dont les attentats à Alger ou en France, les images du déclenchement de la guerre d’indépendance en novembre 1954, le référendum de 1962, le procès de l’OAS, le départ des Européens, l’Algérie dans ses premières heures d’indépendance ; deux heures de programmes montrent le bombardement de la flotte française dans le port de Mers el Kébir en 1940.

Des séquences retracent la Seconde Guerre mondiale. Le chapitre économie et industrie est présent avec 105 documents élaborés en quatre heures de programmes. Il évoque le début de l’industrialisation de l’Algérie et ses grands chantiers. On retrouve entre autres l’inauguration du Transsaharien en 1942, les puits de pétrole à Bou Saada ou encore le lancement du cargo citerne Mitidja en 1949. La vie quotidienne des Algériens figure dans quatorze heures de programmes. On y aperçoit, en couleurs, le départ de la caravane du sel et sa traversée du Sahara jusqu’au centre de l’Afrique en 1948. Un film documentaire a été consacré aux paysans des Aurès, un autre à un pèlerinage à La Mecque. Une dernière partie révèle quelques événements sportifs de cette période, comme la finale de la Coupe de football d’Afrique du Nord organisée le 8 juin 1950.

Cet accord offre à la télévision publique algérienne une «totale liberté d’utilisation de toutes les images d’archives tournées notamment sur le sol algérien, jusqu’à la date d’indépendance». Dans ce début de l’année 2008, tous les internautes pourront accéder à l’intégralité de ces archives, ouvertes donc pour les chercheurs des deux rives de la Méditerranée. Cet accès libre aux archives a toujours été une revendication des historiens, y compris algériens, qui craignaient une mise sous le boisseau de documents, à la faveur d’une restitution d’archives à l’Algérie.

Quelques jours après ce geste de restitution d’archives qui ne dit pas son nom, l’ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, déclare le 24 décembre 2007 au quotidien arabophone Ech-Chourouk que Paris cherche des moyens de dédommager les victimes des essais nucléaires français, effectués dans le sud algérien dans les années 60. Le président français en visite à Alger au début du mois de décembre 2007 a proposé au président algérien la prise en charge médicale des victimes des essais nucléaires dans le sud saharien. L’ambassadeur indique que pour la France ces questions seront traitées séparément de la question de la coopération dans le domaine du nucléaire civil.

Après la restitution des cartes de mines posées aux frontières marocaine et tunisienne par l’armée française, puis la mise en ligne d’archives audiovisuelles par l’INA et l’évocation du suivi médical pour les victimes de radiations atomiques au Sahara, des signes existent pour commencer à assumer ensemble un passé douloureux. Ajoutons que du côté algérien les déclarations officielles se sont multipliées récemment pour laisser entrer en Algérie les enfants de harkis. Mais il n’est pas encore question des pères. Il faudra encore bien des efforts pour que la réconciliation mémorielle soit effective. Du temps aussi pour que les générations qui n’ont pas de responsabilités dans ce conflit se retrouvent et bâtissent un avenir sans arrière-pensées.

Benjamin



Benjamin Stora
professeur d'histoire du Maghreb à l'Institut national
des langues et civilisations orientales (Inalco)
Libération, vendredi 7 mars 2008

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liens

- consulter la totalité des documents audiovisuels Ina sur l'Algérie

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- archives audiovisuelles françaises (copie) fournies par l'Ina à l'Algérie

- un point de vue différent sur bab el oued story

- le point de vue de jeunepiednoir

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19 janvier 2008

Mémoires d'Algérie

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archives audiovisuelles françaises (copie)

fournies par l'Ina à l'Algérie

 

04/12/2007 - L'Ina a remis à la télévision publique algérienne une copie des archives audiovisuelles françaises couvrant vingt ans de l'histoire de l'Algérie.

Cet accord de partenariat permet à l'Algérie de retrouver les témoignages audiovisuels de son histoire. Le jour de la signature de l'accord, l'Ina a remis à l'entreprise publique de télévision algérienne (EPTV) 1862 documents issus de la télévision française. Ils s'agit de programmes d'actualités couvrant une période allant de 1940 à 1962 et illustrant la vie du pays dans la diversité de ses aspects : images de fêtes traditionnelles, grands évenements sportifs, guerre d'indépendance, etc.  

La télévision publique algérienne est libre d'utiliser ces images et de les exploiter commercialement

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Vingt années d'histoire algérienne

La majorité des documents mis à disposition de l'EPTV traitent bien sûr de la guerre d'Algérie. Des séquences montrent notamment l'armée française en opération, des images d'attentats à Alger ou bien en France, ainsi que des scènes tournées au cours des évènements de 1954. D'autres documents illustrent les débats qui firent rage au sein de la société française au sujet de l'indépendance de l'Algérie : le procès de l'OAS ou encore les rapatriés d'Algérie.

La Seconde Guerre mondiale est également couverte par ces images. Le bombardement de la flotte française dans le port de Mers el Kebir ou bien l'annonce de la libération à Alger font partie des séquences fortes tournées à cette époque.

L'industrialisation et l'économie de l'Algérie sont largement évoquées, à travers notamment l'inauguration du Transaharien ou la construction des premiers puits de pétrole à Bou Saada.

De nombreuses images de fêtes traditionnelles et religieuses, de caravanes, mais aussi de grands évènements sportifs tels que la finale de la coupe d'Afrique du Nord de football de 1950 illustrent la vie quotidienne des Algériens.

Ces archives symbolisent enfin la naissance d'une nation, à travers des séquences prises au moment du référendum de 1962 ou des premiers jours de l'indépendance de l'Algérie.

 

L'Ina et l'Algérie

La collaboration entre l'Ina et l'Algérie s'exprime également à travers des formations et des expertises réalisées par l'Ina au profit de l'EPTV. Ces opérations portent sur la chaîne de numérisation des archives, l'analyse documentaire ou encore le cadre juridique d'exploitation des archives.

L'Ina a enfin produit quatre films du réalisateur algérien Malek Bensmaïl, et coproduit son dernier film intitulé "Poussières d'écoles", en partenariat avec l'EPTV.

source : ina.fr

 

Un dossier spécial sur "Archives pour tous" :
Les 1862 documents mis à la disposition de l'ENPTV sont intégralement mis en ligne sur le site "Archives pour tous" :

Consulter la totalité des documents

 

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le départ des pèlerins pour la Mecque, 24 octobre 1946

 

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le voyage de De Gaulle en Algérie, 4 juin 1958

 

 

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30 novembre 2007

«Il faut savoir ce que l’on veut et où l’on va» dixit Lyautey

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«Il faut savoir ce que l’on veut et

où l’on va» dixit Lyautey

Colonel (er) Pierre GEOFFROY


Que s’est-il passé depuis l’envoi au Président de la République du Plaidoyer pour le respect de Lyautey et de la mémoire coloniale outragés grâce à des fonds public ?
 
Le 10 octobre 2007 un simulacre d’inauguration a installé l’imposture au Palais Lyautey dit de la “Porte Dorée”
 
Les initiateurs et les réalisateurs du projet de “Cité nationale de l’histoire de l’immigration” ont voulu inaugurer, après plusieurs reports, des dissensions internes et malgré des travaux inachevés, leur installation au Palais Lyautey.
 
Que la création d’une “Cité de l’immigration”, comme le titre la presse, soit une bonne ou un mauvaise idée, ça peut se discuter.
 
Ce qui est inquiétant, ce sont les buts poursuivis et les moyens de les atteindre, car dès le départ, il y a amalgame entre immigration et colonisation et une volonté de “communautariser” les immigrés.
 
Ce qui est infamant, c’est l’installation de cet organisme au Palais de la Porte Dorée avec la volonté de faire oublier, avec cynisme, la raison d’être de ce lieu de mémoire.
 
Ce magnifique bâtiment, seul témoin à Paris de l’architecture de son époque et seule survivance de9bbb_1_sbl l’Exposition coloniale internationale de 1931 avait été voulu et réalisé par Lyautey avec le concours de l’architecte Laprade et du sculpteur Janniot.
 
Si les adeptes de la repentance et de l’humiliation de la France n’y avaient pas fait obstacle, ce palais devrait présenter aujourd’hui avec les Savorgnan de Brazza, Laperrine, Faidherbe, Galliéni, Lyautey, et tant d’autres jetés aux oubliettes, ce qu’Arthur Conte a dépeint dans un livre sous le titre L’épopée coloniale de la France.

 

 
Défigurer les lieux pour mieux se les approprier
 
Le projet de cité de l’immigration a cheminé non sans mal, mais avec discrétion pour éviter les réactions. Une fois validé par décret du 16 novembre 2006, il fallait faire vite pour s’approprier le site, en défigurer l’intérieur pour mieux en faire oublier l’histoire et l’auto-inaugurer pour tenter de rendre irréversible la situation créée.
 
Les interviews donnés à cette occasion reflètent l’auto-satisfaction et la manipulation de l’histoire. La recette pour abuser l’opinion est simple : fournissez un dossier de presse tronqué, trouvez des “historiens” et des “philosophes” adeptes de votre idéologie pour valider vos propos, ainsi que des comparses pour servir de faire-valoir, puis livrez-vous à des journalistes qui ne vous poseront que les bonnes questions.
 
Nous avions adressé sous forme de Plaidoyer une lettre ouverte au Président Sarkozy pour qu’il fasse arrêter le gâchis historique, architectural, politique et financier de cette affaire. Outre les arguments forts, malheureusement confirmés par les faits, que nous avions mis en avant, il faut en ajouter un de poids, à savoir le jugement porté par un visiteur averti comme Jean-Pierre Rouart de l’Académie française sur ce suicide culturel. (article paru dans le quotidien Nice-matin du 14 octobre 2007).
 
Il écrit : «Un couscoussier, une machine à coudre, un fer à repasser, des valises en carton, des théières marocaines, et des scoubidoubidous : c’est ce dépotoir dont aucun marché aux puces ne voudrait qu’on ose nommer musée. Eh oui, les Musées de France lui ont donné ce label. L’État est-il devenu fou ? Je manque de mots pour exprimer mon indignation au sortir de la visite de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration

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Le ministère de la Culture finance la non-culture
 
Ce bric à brac, est, en fait, à l’image de ceux qui l’ont pensé  pendant de nombreuses années comme devant participer à “l’empoisonnement” de notre culture et de notre civilisation et J-M Rouart discerne les composants de ce mélange tout à la fois poison et explosif : «On aura rarement mêlé sans aucune pudeur le népotisme présidentiel, l’instrumentalisation de la culture à des fins politiques et la gabegie financière.»  Le gouvernement précédent a accordé vingt-trois millions pour les travaux, plus sept millions pour le budget annuel de fonctionnement. On pourrait poser la question  À qui profite le crime ? si on ne connaissait pas la réponse.
 
Confiants dans la volonté de rupture avec les archaïsmes, l’immobilisme, les inepties et les dérives affichée par le  Président de la République , nous nous sommes adressés à lui. Nous n’avons pas encore reçu de réponse, ce qui laisse supposer qu’il a sans doute des dossiers plus urgents à résoudre, mais aussi que le remède est difficile à trouver, tant le mal a des racines profondes et difficiles à extirper.
 
Ce qui est certain et rassurant, c’est que ni le chef de l’État, ni les membres du gouvernement n’ont cautionné de leur présence la pseudo-inauguration du 10 octobre portant outrage à la mémoire de Lyautey, chassé des lieux, ainsi qu’à la mémoire coloniale piétinée.
 
Il n’y avait d’ailleurs pas besoin de cérémonie d’inauguration pour que se crée tout naturellement un lieu de rendez-vous, utilisé le jour-même, pour manifestations hostiles à la maîtrise de l’immigration, donc hostiles à l’action du gouvernement. Mais c’est bon, c’est même tout bon ! puisque c’était prévu ainsi par ceux qui veulent “retourner les symboles”, soutenus par le précédent ministre de la culture (non réélu député). En effet, il a laissé la “Cité de l’immigration” mettre en ligne sur son site  internet ces propos :
«Il s’agit donc avec ce projet et ce lieu, de déconstruire l’imagerie héritée de la colonisation, de retourner les symboles. De dire et de montrer que la page de la colonisation est définitivement tournée et détourner le bâtiment de sa vocation première.»

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“L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme”
 
Au moment où je terminais cette chronique mon attention a été attirée par la nouvelle d’un discours du Président de la République Nicolas Sarkozy prononcé au Palais Royal Marshan à Tanger le 23 octobre 2007, sur le thème de l’Union de la Méditerranée, dans lequel il citait Lyautey et son rôle de visionnaire.
 
N’ayant trouvé aucun écho de cette citation dans les médias, ni de la part de ceux qui habituellement dénigrent tout ce qu’il y a de positif, ni de ceux qui ont traité de raciste le discours de Dakar, j’ai fait appel à internet ce qui me permet de reproduire l’extrait suivant de ce discours.
 
- «Comment venir au Maroc pour un chef de l’État français sans évoquer la grande figure de Lyautey, ce grand soldat placé par le hasard des circonstances à la tête d’un protectorat et qui n’eut jamais d’autre objectif, à rebours des préjugés et de l’idéologie qui dominaient alors les esprits, que de protéger le peuple marocain, parce qu’il l’aimait et parce qu’il le respectait, de valoriser la richesse de votre patrimoine et la grandeur de votre civilisation, et d’apprendre aux Marocains et aux Français à s’aimer et à se respecter.
 
Lyautey avait compris avant tout le monde que nul ne pourrait s’opposer à l’aspiration des peuples à disposer d’eux-mêmes et il s’était fait un devoir de les accompagner sur le chemin de cette liberté.
 
Il fut l’un de ceux qui ont préparé l’avènement du Maroc moderne.
 
Il fut l’un de ceux grâce auxquels un sentiment de fraternité a pu s’établir entre le Maroc et la France, malgré les fautes et parfois les crimes que le protectorat avait engendrés.
 
Cette fraternité, elle sera scellée par le sang versé des vingt-cinq mille soldats marocains morts pour la France et pour sa liberté.
 
C’est sur cette fraternité que la France veut fonder sa relation avec le Maroc.
 
Cette fraternité, c’est celle qui unit deux peuples que leur histoire a portés à l’ouverture aux autres, à la tolérance, au respect de la dignité de la personne humaine, à des formes d’humanisme beaucoup plus proches l’une de l’autre que les apparences pourraient le laisser croire

On peut parler d’une rupture du Président avec la pensée unique. On peut attendre une cohérence entre parler et agir, Il y aurait incohérence à rendre au Maroc un hommage appuyé et justifié à Lyautey  et, dans le même temps en France, à  laisser financer ce qui contribue à effacer sa mémoire et celle de l’action coloniale, tout en favorisant l’anti-colonialisme et le communautarisme. Il y a là aussi matière à rupture avec l’incohérence politique souvent dénoncée.

Colonel (er) Pierre GEOFFROY
Président de l'Association Nationale Maréchal Lyautey

- http://www.lyautey.fr

courriel : chateau-lyautey@wanadoo.fr

 

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2 décembre 2007

D'Algérie (bande dessinée de Morvandiau)

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D'Algérie...

une bande dessinée de Morvandiau (novembre 2007)

 

 

Luc Cotinat, alias Morvandiau, alias Christine de Saint-Simon, alias Luc Lémans, est dessinateur.

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extrait d'un reportage sur Morvandiau

 

 

 

(...) Puis son visage s’assombrit avant d’évoquer un projet plus intime, qui lui tient à cœur depuis 1994, depuis l’assassinat de son oncle par le GIA à Tizi-Ouzou. “Ma famille paternelle est pied-noir. Mon père a grandi à Alger avant de venir faire ses études à Rennes, où il est resté. Mon oncle, lui, était moine là-bas.” Il aimerait remonter les fils de l’histoire familiale, avec des interviews filmées, pour comprendre cette autre guerre sans nom dans une Algérie qu’il connaît peu. Pas drôle, même si “on peut rire de tout”.

source

 

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- Le site de Morvandiau, consacré à D'Algérie

L'idée du livre D'Algérie est née en 2003. Il m'a fallu du temps pour, conjointement, préciser mon projet, sa tonalité, et digérer puis synthétiser les documents glanés, lus ou vus ici et là.

Comme pour mes livres précédents, bien qu'il soit très différent de ceux-ci, j'ai dû m'efforcer d'avoir en tête une voix et un ton particuliers qui me permettraient de borner son écriture.

Bref, de trouver la distance nécessaire.

L'expérience de chercheurs en sciences humaines me fut, de ce point de vue, d'un grand secours. Comme Pierre Bourdieu , d'autres - Germaine Tillion, Romain Bertrand ou Clarisse Buono - m'ont donc mâché le boulot !

Les plus curieux d'entre vous auront déjà visionné ici un documentaire sur l'ethnologue Germaine Tilliono (dont il semble difficile de ne pas être admiratif).

Par ailleurs, le fort intéressant site Études Coloniales m'a permis de découvrir le travail de Romain Bertrand.

 extrait de ce site : 28 novembre 2007

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- commander : D'Algérie, Morvandiau, éditions Maison Rouge, novembre 2007.

 

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10 mai 2007

Nicolas Sarkozy se dément (Claude Liauzu)

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"En commémorant l'abolition de l'esclavage,

Nicolas Sarkozy se dément"

Claude LIAUZU

historien et directeur du Dictionnaire de la colonisation française

(éditions Larousse)

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Nicolas Sarkozy a assisté avec Jacques Chirac à la journée de commémoration de l'abolition de l'esclavage. N'est-ce pas un signe de continuité du travail de mémoire dans la politique française ?

12059193Claude Liauzu - Cela peut être vu comme cela. Je pense que Nicolas Sarkozy avait intérêt à s'afficher aujourd'hui aux côtés de Jacques Chirac, parce que ce dernier a eu un certain nombre de gestes qui ont fait avancer dans ces questions de mémoire. C'est vrai pour Vichy, en particulier. C'est vrai aussi de Madagascar, mais aussi de certains aspects de la guerre d'Algérie.

Sur la mémoire, Jacques Chirac a réalisé des avancées importantes, alors que dans son discours de campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy s'est opposé à toute repentance. Il a même affirmé que la France n'avait commis aucun crime contre l'humanité. Or, si l'on en croit la loi Taubira, et les Nations unies, l'esclavage est un crime contre l'humanité.
Nicolas Sarkozy joue sur l'équivoque du mot "repentance". C'est un mot désormais à la mode, qui a du succès, notamment à cause de certains livres, dont celui de Pascal Bruckner [La Tyrannie de la pénitence]. Si la repentance signifie la "haine de soi", pour reprendre une expression de Nicolas Sarkozy, bien sûr qu'il faut la rejeter. Mais ceux qui se jettent des seaux d'ordure ou de sang sur la tête, les masochistes, sont une petite minorité.

Pouvez-vous donner des exemples ?

Claude Liauzu - Il y a des excès, y compris chez certains historiens, qui veulent faire porter à la République le crime de la colonisation. Par exemple Olivier Le Cour Grandmaison, auteur de Coloniser, exterminer. Assimiler la colonisation à l'extermination, c'est absurde. La colonisation, c'est d'abord exploiter des territoires et non pas les détruire pour le plaisir.
Nicolas Sarkozy joue sur les mots : s'il veut dire que la France est au-dessus de toute critique, on ne peut pas le suivre. La preuve, c'est qu'il est allé se recueillir ce matin devant un monument en mémoire de l'esclavage.

 

Vous estimez que Nicolas Sarkozy se dédit en commémorant l'abolition de l'esclavage ?

Claude Liauzu - Il se dément lui-même, car il a dit que la France n'avait jamais commis de crime contre l'humanité... Mais le plus important, plus que l'esclavage, c'est l'Algérie. La guerre d'Algérie fait problème.
Sur ce point, Nicolas Sarkozy a fait beaucoup trop de promesses aux associations qui se réclament deisly_03 l'Algérie française. Par exemple dans le cas des morts de la rue d'Isly : il y a eu en mars 1962 une fusillade qui a fait une quarantaine de morts dans la population française d'Algérie, due à l'armée française. L'Organisation de l'armée secrète (OAS), opposée aux tout récents accords d'Evian et enfermée dans un quartier pied-noir d'Alger, Bab-el-Oued, avait appelé la population d'Alger à venir briser l'encerclement de l'armée française. La population s'est déplacée, s'est heurtée à un barrage de l'armée et a été victime de tirs, dans des conditions que l'on connaît mal. On pense qu'il y a dû avoir une provocation qui a déclenché les tirs de l'armée.

Ces morts sont regrettables, évidemment, mais Nicolas Sarkozy a promis de faire de ces victimes des "morts pour la France". Or la même demande de reconnaissance de "morts pour la France" a été formulée par les familles de six instituteurs assassinés la semaine précédente par l'OAS. Le gouvernement auquel participait Nicolas Sarkozy a refusé de les reconnaître.
Si l'on suit cette logique, on continue la guerre d'Algérie pendant encore cent ans. On ira vers plus de surenchère, de mécontentement, de demandes... C'est à cela qu'il faut mettre fin.

 

Le refus de la repentance n'était-il pas pour Nicolas Sarkozy un simple discours de campagne, qui sera suivi de peu d'effets ?

Claude Liauzu - On peut le penser, ne serait-ce que parce que les relations France-Algérie sontimg_energie nécessaires. C'est un pays riche en gaz et en pétrole, et nous en avons besoin. On peut penser que le discours de M. Sarkozy sur la repentance était destiné à s'attirer des voix du Front national.

Mais ce type de discours est dangereux car il peut favoriser des phénomènes de xénophobie, même s'il n'est pas suivi d'une politique. C'est exactement la même chose quand on parle des "quartiers" où l'on égorge des moutons, l'on excise des filles, etc. Tout cela est très dangereux.

 

Si vous étiez président de la République, que feriez-vous pour améliorer la politique de la France en matière de mémoire ?

Claude Liauzu - ll faudrait faire ce qu'on a fait pour la Shoah. Il ne s'agit pas de dire que la France est une puissance criminelle mais de reconnaître la réalité de crimes commis pendant la guerre d'Algérie en particulier. C'est nécessaire. Et pour le reste, qu'on laisse les historiens travailler pour établir la vérité et que les politiques fassent moins d'histoire.

 

Concrètement, une telle reconnaissance doit-elle passer par une loi ?

Claude Liauzu - Pas forcément. Je ne suis pas spécialement pour. Une déclaration publique forte, de la part d'un président, comme le geste de François Mitterrand tenant la main du chancelier allemand Helmut Kohl, peut avoir une très très grande portée.

 

Propos recueillis par Alexandre Picard
lemonde.fr, 10 mai 2007

 

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massacre de la rue d'Isly à Alger, 26 mars 1962



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29 juin 2007

Sommaire de : personnages et institutions

 

 

catégorie : 17 - Personnages

et institutions



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Groupe de sous officiers et brigadiers français de spahis (source)

 

 

liste des articles de la catégorie : Personnages et institutions

 

- Sultans (souverains) du Maroc - dynastie alaouite (4 mai 2007)

- voir aussi la rubrique : Historiens et anthropologes du temps colonial

 

Alger_GGA_1948
Alger, GGA (Gouvernement Général d'Algérie), 1948

 

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Colomb-Béchar, Bureau des Affaires Indigènes

 

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- Répertoire des historien(ne)s du temps colonial

19 avril 2007

l'insurrection malgache de 1947 (Jean Frémigacci)

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Madagascar, insurrection de 1947

 Ce que révèlent

les reconstitutions historiques

un entretien avec Jean FRÉMIGACCI

 

- Les Nouvelles - En quoi les recherches récentes menées par votre équipe apportent-elles une nouvelle vision des "Evènements de 1947" ?

Jean Frémigacci
- Vaste question... Je dirai que jusqu'ici, nous n'avions aucune étude d'ensemble de ce qui s'est passé sur le terrain, mais seulement des travaux très généraux sur les origines de l'insurrection, vue comme découlant de la situation coloniale générale ; ou sur le face-à-face entre le pouvoir et les nationalistes malgaches, conclu par le célèbre "Procès des parlementaires". Quant à ce qui s'est passé sur le terrain, on s'est contenté de parler de répression "féroce" en se retranchant derrière "la chape de silence" que les Français auraient imposé sur ce qui se passait. Ce qui est une première affirmation fausse : car l'insurrection malgache de 1947 a été la première révolte coloniale à connaître une médiatisation intense dès mai 1947, organisée par le parti communiste qui vient juste, le 5 mai, de quitter le gouvernement pour entrer dans l'opposition. 1947 est aussi, ne l'oubliez pas, la première année de la guerre froide.

Tout d'abord, je préciserai que si nous avons pu progresser considérablement dans la connaissance de 1947, c'est parce que de vastes fonds d'archives ont été ouverts depuis une dizaine d'années en France : les archives militaires de Vincennes livrent le détail de la chronologie et de la géographie de l'insurrection, jusqu'au niveau du village. Les archives d'Aix-en-Provence complètent celles d'Antananarivo ouvertes depuis près de 20 ans en donnant tous les acteurs des "Evènements de 1947" dans le sens le plus large. Il est absurde, soit dit en passant, de se plaindre de la "fermeture" des archives, même si toutes ne sont pas encore accessibles.

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carte postale ancienne
ayant voyagé en 1903

 

Que nous apprend donc le terrain ? D'abord, qu'il faut revoir complètement les cadres chronologique et spatial d'un mouvement qui a été bien plus qu'une insurrection localisée sur 1/6ème de l'île. Le 29 mars 1947 a été tout autant un point d'aboutissement qu'un point de départ. A partir de mai 1946, un mouvement de désobéissance civile, de véritable dissidence des populations se développe dans certaines régions de l'île, et pas seulement dans celles qui se révoltent. Le MDRM (ndlr : Mouvement démocratique de la rénovation malgache) chevauche ce mouvement de fond bien plus qu'il ne le provoque ou le stimule. Et tout cela débouche sur un climat pré-insurrectionnel dès novembre 1946 qui a d'importantes conséquences : la répression administrative et policière qui s'ensuit a eu pour résultat que certaines régions très dynamiques, comme l'extrême Sud ou le Nord-Est n'ont pu se joindre, plus tard, à l'insurrection... car leurs cadres étaient déjà emprisonnés. C'est le cas par exemple de Monja Jaona dans l'Androy, arrêté dès le 10 novembre 1946 et qui ne sortira de prison que quatre ans plus tard. Contrairement à ce que suggère son intervention dans le film de Danièle Rousselier, ou Philippe Leymarie dans Le Monde Diplomatique, Monja Jaona n'a joué aucun rôle en 1947-1948.

L'autre conséquence à souligner : ce climat quasi-insurrectionnel a joué un rôle pédagogique essentiel en accréditant l'idée ou plutôt l'illusion lyrique que le Fanjakana frantsay était à l'agonie. Un dernier coup d'épaule, et il s'effondrerait. D'où, le 29 mars, le thème de "trois jours" : trois jours de révolte suffiront, et ensuite, les Américains et les Anglais imposeront aux Français affaiblis la reconnaissance de l'indépendance de Madagascar. C'est à la lumière de ce thème qu'il faut comprendre l'impréparation extraordinaire de la révolte. Personne n'imaginait qu'on en avait pour 1 an, 1 an et demi... Pour compléter ce renouvellement des perspectives, je dirai que ce qui s'est passé alors à Majunga, Antalaha ou Fort-Dauphin est aussi important que l'insurrection proprement dite à Moramanga ou Sahasinaka, si l'on veut comprendre l'évolution ultérieure de Madagascar. C'est là un axe de recherche essentiel, qui a exigé énormément de tempo et de travail de ma collègue, Lucile Rabearimanana.

Les Nouvelles - Avez-vous découvert du nouveau en ce qui concerne les origines, les responsables du déclenchement de l'insurrection, et le cheminement de celle-ci ?

Jean Frémigacci - L'enquête menée dans les archives et sur le terrain devrait nous permettre de rejeter définitivement la thèse, très défendue en France surtout, suivant laquelle 1947 aurait résulté d'un complot de la sûreté coloniale pour abattre le MDRM. Or notre recherche collective fait émerger des réseaux de militants qui se préparent à l'insurrection en débordant le MDRM légaliste et dont la police ignore tout : c'est par exemple ce qu'a découvert Célestin Razafimbelo dans la région de Moramanga.

Ce que l'on appelle le complot policier est postérieur au 29 mars. Il s'agit de l'utilisation de la violence pour obtenir des «aveux» permettant d'accuser Ravoahangy, qui en fait n'était pour rien dans l'affaire. Ce qui n'est pas le cas de Raseta qui lui, semble bien avoir été le chef occulte de la Jina, la société secrète qui a joué le rôle d'allumette déclenchant l'explosion. Mais pour les Français, l'homme à abattre, c'était Ravoahangy. C'était une très grosse erreur de leur part, car Ravoahangy était leur meilleur interlocuteur possible.

Les réseaux qui ont déclenché l'insurrection étaient essentiellement composés par ce qu'on peut appeler la petite bourgeoisie merina provinciale. Pourtant, il serait très réducteur de ramener le mouvement à un complot des Merina ! Car le fait essentiel, ici, c'est que, entre avril et juillet 1947, à la faveur de la disparition de toute autorité coloniale en brousse, on voit se développer une immense jacquerie paysanne, constituée de foyers très largement autonomes, à fondement le plus souvent ethnique, chez les Antemoro (qui créent une "République autonome de Namorona"), les Tanala, les Betsimisaraka, suivant des modalités tellement variées qu'il serait plus juste de parler des insurrections malgache de 1947...

Dans tout cela le MDRM passe rapidement à l'arrière plan, un chef historique comme Radaoroson dit même qu'il faut l'oublier. Et sauf dans la région de Moramanga, le réseau de militants merina doit laisser le pouvoir aux chefs de guerre locaux. Si certaines sociétés, comme les Antemoro et les Tanala, préservent leur cohésion, d'autres comme les Bezanozano ou les Betsimisaraka sont déchirées par des luttes sociales, ou également par un banditisme social qui terrorise les populations encore plus que le Sénégalais : Tovo Rakotondrabe a été frappé par son ampleur dans la région de Brickaville.

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Tabataba, film de Raymond Rajaonarivelo (Madagascar, 1993) - source

En bref, en 1947, à Madagascar, on a l'éventail complet des types de résistance à un pouvoir colonial : un mouvement nationaliste moderne, des révoltes primaires exprimant des fureurs paysannes, et même un mouvement religieux qui mêle croyances ancestrales (comme la croyance dans Tokanono) et messianisme protestant... Et il vaut mieux ne pas adhérer à la légende rose qui voit dans chaque révolté de 1947 un citoyen politiquement formé, conscient et organisé, prêt à donner sa vie pour sa patrie... Car alors, cela voudrait dire que, depuis, les Malgaches ont énormément régressé, ce qui est une idée absurde. De même qu'il ne faut pas voir le MDRM comme un modèle idéal de parti national jamais égalé depuis. Dans un travail remarquable, Denis Alexandre Lahiniriko a parfaitement pointé ses faiblesses. Ses 300.000 membres affichés étaient beaucoup plus fictifs que réels. Car les adhésions s'étaient faites collectivement, par villages entiers, souvent sous l'impulsion des fonctionnaires locaux, chefs de canton, médecins de l'Ami (ndlr : Assistance médicale indigène)... En fait, il n'y avait pas de place pour l'individualisme, pour le choix individuel à l'époque... Et les insurgés de la côte Est se sont battus pour leur indépendance dans un cadre local beaucoup plus que pour une République démocratique de Madagascar. À l'époque, ils prenaient encore le mot de tanindrazana dans son sens étroit et concret, non dans son sens général et abstrait comme nous le faisons aujourd'hui. D'où, d'ailleurs, un effet pervers qui est le réveil des ethnies.

Les Nouvelles - Nous en arrivons maintenant à la question la plus sensible, celle de la répression coloniale et du bilan des pertes de l'insurrection. Quelle est votre opinion là dessus ?

Jean Frémigacci - La réponse est difficile. Qu'est-ce qu'une répression «féroce», qu'est-ce qu'une répression «modérée» ? C'est largement une affaire d'opinion subjective. Dans ce domaine, à mon sens, on ne peut que prononcer un jugement relatif, en procédant par comparaison, dans le temps et dans l'espace. Je suis parfaitement conscient du risque de causer un scandale en émettant l'opinion que la répression militaire, après une série de crimes de guerre commis dans les 6 premières semaines, a été relativement mesurée ensuite.

Pour être bref, je dirai que dès juin-juillet 1947, des instructions formelles de modération dans la répression sont données aux troupes, et les données d'archives comme les enquêtes de terrain auxquelles j'ai procédé en pays Tanala, Antemoro et Betsimisaraka montrent que ces instructions ont été largement suivies. Cette modération n'a pas de quoi étonner, c'était la seule politique possible : le problème, pour les Français, c'était de regagner la confiance des populations en fuite, et de les faire rentrer dans leurs villages. On ne pouvait y arriver par la violence. Quant aux insurgés, trop mal armés pour représenter un danger réel pour les soldats coloniaux, ils n'ont pas suscité la haine de ces derniers, comme le «Viet» en Indochine ou le Fellagha en Algérie.

Les Nouvelles, du 30 mars 2005
 jeudi 31 mars 2005,
napetrak'i / mis en ligne par Nary

 

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24 octobre 2006

le n°6 de la revue Afrique & Histoire est paru

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le n°6 de la revue

Afrique & Histoire est paru



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Dossier : Chamanisme et art rupestre

 

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"Chamane en transe, Mongolie, 1934" (source de cette image)
D'après Roberte Hamayon, les comportements ritualisés des chamanes de Sibérie
ont souvent été abusivement qualifiés de "transe"



Présentation du dossier :

chamanisme et art rupestre

Jean-Loïc Le Quellec

 

Depuis plusieurs années, l'intérêt croissant du grand public pour la question des origines de l'homme se double d'une attention marquée pour celle des origines de l'art et pour les théories du type "out of Africa". Comme souvent lorsqu'il s'agit de questions aussi difficiles, les informations diffusées dans les médias ne rendent que très rarement compte de la complexité des discussions qui agitent le monde savant à leur propos. Surgissent alors des "vulgates" généralisantes qui monopolisent les débats au point de se réifier enChamanes_pr_histoire_couv dogmes. Concernant plus précisément les arts rupestres, l'interprétation dite "chamanique" fait grand bruit depuis la parution, il y a dix ans, d'un livre de Jean Clottes et David Lewis-Williams intitulé Les chamanes de la préhistoire. Des traductions en anglais, allemand, espagnol, ont largement diffusé les hypothèses défendues dans cet ouvrage, et elles ont été reprises par une kyrielle d'auteurs qui ne s'embarrassent pas toujours de nuances. Il est ainsi devenu fréquent de lire que les mains négatives témoignent d'une volonté de traverser le "voile" tendu par la paroi entre notre monde sub-lunaire et un monde autre… sans que le moindre argument soit avancé pour défendre cette idée. Plus fréquemment encore, on lit, à propos de peintures de tous les continents que les images de "théranthropes" (figures mi-humaines, mi-animales) représenteraient des chamanes en transe… ceci sans davantage de preuve. Enfin, sous la plume d'auteurs très nombreux, toute image géométrique simple (cercles concentriques, nuages de points, digitations, etc.) est devenue susceptible d'une interprétation comme "signe entoptique", c'est-à-dire comme reflet graphique d'un type d'hallucination dont les chamanes auraient communément l'expérience au cours de la transe.

Or il ne s'agit pas là d'idées nouvelles, puisque l'interprétation des arts rupestres par la pratique d'un comparatisme ethnographique lorgnant du côté des chamanes sibériens et nord-amérindiens est au contraire la plus ancienne : elle était déjà pratiquée, il y a exactement un siècle, par Émile Cartailhac et Henri Breuil [photo ci-dessous, avec Teilhard de Chardin] dans leur analyse de l'iconographie d'Altamira. Ce qui est nouveau ici, c'est la volonté affichée a_ratedd'une approche plus scientifique que celle pratiquée par les auteurs du passé, en faisant appel aux neurosciences. Cette démarche, née en Afrique du Sud à l'initiative de David Lewis-Williams [photo ci-contre] et de Thomas Dowson, fut par la suite étendue à l'Afrique australe, puis à d'autres régions du continent africain (notamment le Sahara), avant d'être élargie davantage encore, surtout vers l'art des grottes paléolithiques européennes.

 

 

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Henri Breuil (1877-1961), au centre,
avec Teilhard de Chardin, à gauche

 

Afrique & Histoire se devait donc de faire un point sur cette question, et d'en ébaucher l'histoire. En premier lieu, il importait de se défier d'un risque de réductionnisme touchant directement la notion même de "chamanisme" et de son rapport à la transe. En effet, il est plus correct de parler "des" chamanismes, et siberienon pas d'un chamanisme en général, et l'on s'aperçoit alors que dans la zone du chamanisme sibérien et mongol, généralement prise comme exemple d'aire chamanique par excellence, l'existence de la transe est fort sujette à caution. Pour l'élaboration de ce dossier, nulle mieux que Roberte Hamayon ne pouvait nous expliquer comment, pour contacter les "esprits", certains chamanes adoptent un comportement ritualisé dont la nature et la fonction furent souvent incomprises par des observateurs qui, en fonction de leurs propres croyances, l'ont abusivement qualifié de "transes".

Notre dossier se poursuit par une mise en perspective historique des présupposés méthodologiques de l'interprétation chamanique, des origines à celle qui est actuellement diffusée. À cet effet, Jean-Loïc Le Quellec dresse une rapide histoire des lectures chamaniques de l'art rupestre, examine la question d'un hypothétique chamanisme africain, met en cause le type de comparatisme ethnographique pratiqué par Lewis-Williams. Il apparaît alors que la réception des théories de cet auteur a certainement bénéficié du terreau néo-chamanique contemporain, qui lui a permis de sortir du cercle restreint des spécialistes pour faire florès dans les médias.

Tout historien sait qu'il est toujours utile de retourner aux sources, et c'est ce que nous propose ensuite Anna Solomon, en considérant les positions et méthodes de travail de George Stow, le pionnier des études rupestres en Afrique du Sud au XIXe siècle. Stow était de son temps, bien sûr, et il en avait certains des défauts, mais les pistes de recherches qu'il a tracées sont toujours valables de nos jours. Anne Solomon conclut qu'il conviendrait de réhabiliter son œuvre face aux attaques qu'elle subit de la part des tenants de l'hypothèse chamanique.

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George William Stow (1822-1882)

Du reste, ladite hypothèse a trop souvent été acceptée dans examen, parce qu'une véritable expertise nécessitait la mise en œuvre d'une double compétence, à la fois en art préhistorique et en neuropsychologie. C'est pourquoi Patricia Helvenston, neuropsychologue, et Paul Bahn, auteur, entre autres volumes de références, de la Cambridge Illustrated History of Prehistoric Art, se sont associés pour74423438_0_m examiner la validité de la thèse soutenue par Lewis-Williams et son école. Il nous est alors démontré que ses fondations empiriques sont extrêmement fragiles, quand elles ne sont pas fausses. De l'analyse présentée par Helvenston et Bahn il ressort qu'il s'agissait davantage, à l'origine (en 1988) d'une intuition défendue par des lectures neuropsychologiques insuffisantes, et que ses auteurs tendent maintenant désespérément de "sauver", à mesure que se multiplient les contradictions, selon un schéma courant dans l'histoire des sciences.

L'ensemble de ces contributions ne peut qu'inciter les lecteurs à la prudence et elles montrent en tout cas que la thèse chamanique est très loin de constituer la "pierre de Rosette" des arts rupestres sud-africains, ainsi que l'a souvent présentée Lewis-Williams lui-même. Si elle est impuissante à expliquer l'ensemble des arts rupestres d'Afrique australe, son extension à d'autres domaines temporels et géographiques est donc sans aucun doute prématurée. Mais son succès médiatique est toujours tel qu'il éclipse d'autres voies d'interprétation, tout aussi hypothétiques, certes, mais plus intéressantes. Au titre d'exemples peu connus du monde francophone, nous présentons, pour clore ce dossier, les travaux de Francis Thackeray – qui réhabilite avec courage, et de façon convaincante, la vieille hypothèse de la "magie cynégétique" rejetée comme obsolète par les tenants de la thèse chamanique.

Jean-Loïc Le Quellec

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- site de Jean-Loïc Le Quellec

 

 

 
 
Jean-Loïc Le Quellec

 

- le dernier livre de Jean-Loïc Le Quellec : Art rupestre en Afrique, Flammarion, 2004

Présentation de l'éditeur
Les voyageurs qui découvrent les peintures et gravures rupestres africaines sont fascinés par leur esthétique et ne peuvent manquer de s'interroger sur leur signification. Arts rupestres et mythologies en Afrique offre un panorama des grands ensembles pariétaux de tout le continent, répartis en quatre grandes zones géographiques : le Sahara, l'ouest et le centre, la Corne et l'Afrique de l'est, l'Afrique australe. Ils se caractérisent par des choix stylistiques variés, allant d'un réalisme accentué à une symbolisation presque abstraite. Photographies, relevés et dessins viennent témoigner dejllq3 leur originalité. Après avoir replacé ces œuvres dans le contexte de leur découverte par les grands explorateurs, l'auteur s'attache à en décrypter la signification cachée, écartant des lectures erronées trop facilement reçues par la tradition et proposant des interprétations nouvelles. Il évoque des récits légendaires qui permettent d'élucider en partie ces images et de reconstituer la mythologie d'un passé plus ou moins lointain ; il analyse aussi les mythes que ces œuvres ont à leur tour suscités au sein de la culture occidentale, proposant ainsi une étude exhaustive de cet art ancestral et de ses influences.

Biographie de l'auteur
Chercheur rattaché au CNRS, Jean-Loïc Le Quellec est ethnologue, anthropologue, spécialiste de la préhistoire et de l'art rupestre saharien. Il a publié une dizaine d'ouvrages, notamment Symbolisme et art rupestre au Sahara (l'Harmattan, 1993), Préhistoire et art rupestre au Sahara (Payot, 1998) et Tableaux du Sahara (Arthaud, 2000).

 

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- n° 5 de la revue Afrique & Histoire, sur ce site

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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10 novembre 2006

Réponse à la lecture de Benjamin Stora (Daniel Lefeuvre)

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je ne crois malheureusement pas

qu’on puisse combler cette demande
de reconnaissance de la souffrance par des faits
et des chiffres
(Benjamin Stora)

 

Réponse à la lecture de Benjamin Stora

Daniel LEFEUVRE

couv_Daniel_newLa lecture que Benjamin Stora propose de Pour en finir avec la repentance coloniale, dans le numéro 493 (du 30 septembre au 6 octobre 2006, p. 69) de Marianne me semble ouvrir un débat sur trois points.

Le premier point touche à la question, toujours pendante, du rapport entre l’historien et ses sources. Quelle critique Benjamin Stora m’adresse-t-il sur ce plan ? De travailler à partir des archives de l’État et donc, inéluctablement, de restituer la parole de celui-ci. Travail certes utile mais unilatéral puisque écrivant l’histoire d’un seul versant et qui ignore la “parole des colonisés”, contrairement à la démarche originale mise en oeuvre naguère par Charles-Robert Ageron, Annie Rey-Goldzeiguer et, actuellement, par B. Stora lui-même.

Ce postulat de Benjamin Stora selon lequel les archives ne permettent de restituer que la parole de celui qui les a constituées n’est guère soutenable. Les exemples qu’il donne contredisent d’ailleurs cette affirmation. Sur quoi, en effet, repose l’œuvre magistrale de Ch.-R. Ageron, Les Algériens musulmans et la France, 1871-1919 (PUF, 1968, 2 vol.) sinon, pour l’essentiel, sur les archives publiques françaises ! Il en va de même pour Le Royaume arabe. La politique algérienne de Napoléon IIII, 1861-1870, (SNED, Alger, 1977) d’Annie Rey-Goldzeiger. Et c’est en puisant dans ces mêmes fonds, qu’André Nouschi a pu mener à bien son Enquête sur le niveau de vie des populations rurales constantinoises, de la conquête jusqu’en 1919 (PUF, 1961).

Plus près de nous, Raphaëlle Branche reconnaît (p. 441 de son livre) “la prépondérance des archives militaires” consultées au Service historique de l’Armée de Terre (SHAT) dans l’élaboration de sa thèse publiée sous le titre La torture et l’armée française pendant la guerre d’Algérie (Gallimard, 2001) qui, c’est le moins qu’on puisse dire, ne restitue pas le point de vue de l’armée.

Enfin, comment Gilbert Meynier aurait-il pu écrire sa monumentale Histoire intérieure du FLN, 1954-1962 (Fayard, 2002) sans disposer, lui-aussi des fonds du SHAT, auquel il paie sa dette (p. 26), à la fois parce que “les services français étaient souvent remarquablement informés” sur les activités et les militants du FLN/ANL, mais aussi parce qu’on trouve à Vincennes “des centaines de cartons renfermant des documents du FLN/ALN” dont la consultation est, aujourd’hui, toujours impossible en Algérie.

D’autres exemples venus d’autres “territoires” de l’historien pourraient, presque à l’infini, être convoqués pour prouver que le travail à partir des archives publiques ne conduit pas nécessairement à se faire le porte-parole de l’Etat, ce qu’au demeurant je n’ai pas le sentiment d’avoir fait.

Le second point porte sur l’affirmation selon laquelle je m’inscrirais dans “une querelle plus idéologique qu’historique”.

Certes, la “querelle” sur le passé colonial de la France et sur les prolongements contemporains de celui-ci est bien d’ordre idéologique et politique. Mais l’objet de mon livre est justement de rappeler que l’historien est dans son rôle lorsqu’il dénonce, avec les outils qui sont les siens, les falsifications qui se présentent comme étant des ouvrages d’histoire. Il faut bien alors, pour appuyer sa démonstration, en passer par les chiffres, les dates, les données économiques, militaires, sociales,… les plus précis possibles sans lesquels aucune interprétation scientifique, aucune compréhension ne sont possibles. Il est également dans son rôle lorsque, soixante ans après Lucien Febvre, il rappelle que l’historien n’est ni le juge, “pas même un juge d’instruction”, ni le procureur des acteurs ou des comparses du passé.

Le troisième point de désaccord avec Benjamin Stora, peut-être le plus important, touche à la fonction même de notre discipline. “Contrairement à Daniel Lefeuvre, je ne crois malheureusement pas, écrit B. Stora,  qu’on puisse combler cette demande de reconnaissance de la souffrance par des faits et des chiffres. Les arguments rationnels ne viennent pas à bout de l’affect. Du moins cette réponse rationnelle, si elle est indispensable, n’est pas suffisante.”

La question qui est ici posée est celle de la fonction de l’histoire. Certes, B. Stora admet la nécessité des “arguments rationnels” et il ne nie pas totalement la fonction de connaissance du passé. Mais cette fonction semble secondaire dans ce qu’elle ne permettrait pas “de reconnaître la souffrance” des victimes de l’histoire et donc de panser les plaies encore ouvertes.

J’avoue ne pas suivre B. Stora dans cette voie qui tend à construire une histoire compassionnelle. Connaître, comprendre, expliquer le passé pour permettre aux hommes de mieux se situer dans le présent, voilà l’objet et l’ambition de notre discipline, ce qui n’est pas peu. La souffrance des victimes n’est pas de son ressort, sauf à en faire un objet d’histoire.

Reste, et bien des drames collectifs du vingtième siècle le montrent,  la vérité est bien souvent la première exigence des victimes - ou de leurs proches - qui veulent savoir et comprendre. C’est donc en faisant leur métier que les historiens peuvent contribuer aux apaisements nécessaires, et non en se donnant comme mission d’apporter du réconfort.

Daniel Lefeuvre

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Charles-Robert Ageron, Annie Rey-Goldzeiguer, André Nouschi,

Gilbert Meynier... les grandes thèses d'histoire algérienne

ont été faites à partir des archives d'État françaises, Daniel Lefeuvre

 

 

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- Répertoire des historien(ne)s du temps colonial

2 novembre 2006

Se repentir de la repentance (Jean Dubois, Les Échos)

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Pour en finir avec la repentance coloniale

Se repentir de la repentance

Jean DUBOIS (Les Échos)

 

Les appels à la repentance se multiplient aujourd'hui au point que l'on finit par ne plus savoir à quoi ils riment. On vient ainsi de demander à la SNCF de se repentir d'avoir laissé rouler les trains qui, lors de la dernière guerre, emportaient les résistants vers les camps de concentration. Il faudra bientôt que tous les parents dont les enfants n'auront pas réussi dans la vie fassent acte de repentance pour ne pas leur avoir donné l'éducation adéquate. On comprend qu'un Pascal Bruckner ou un Daniel Lefeuvre puissent être exaspérés par cette tyrannie de la pénitence», mais cela justifie-t-il, pour autant, qu'il faille se repentir de la repentance ?

En prenant pour cible les militants de la repentance coloniale, l'historien Daniel Lefeuvre avait beau jeu de montrer à quel point ceux-ci, pour nourrir nos sentiments de culpabilité, ont pu travestir sans scrupules l'histoire de la colonisation. Accumulant chiffres, documents et témoignages, il s'attaque à quelques idées reçues. Non, les conquérants de l'Algérie n'ont pas commis de génocide et n'ont jamais cherché à exterminer la population indigène. Non, la métropole ne s'est pas honteusement enrichie en exploitant les colonies jusqu'à les rendre exsangues. Elle n'a pas davantage réussi sa reconstruction après-guerre grâce à l'apport d'une main-d'oeuvre qu'elle serait allée chercher en Afrique pour la rejeter ensuite. Sur tous ces points, l'historien constitue des dossiers suffisamment solides pour nous convaincre. Mais, aussi utile qu'il soit d'avoir corrigé les exagérations et restitué la complexité de l'histoire, cela permet-il d'«en finir avec la repentance coloniale» et d'absoudre définitivement les colonisateurs ?

Masochisme permanent
La visée de Pascal Bruckner est beaucoup plus radicale. Il s'intéresse moins à rétablir la vérité historique qu'à analyser et dénoncer ce qu'il considère comme une déviation majeure de l'Occident : un masochisme permanent qui l'amène à se vouloir coupable de tous les malheurs du monde. Avec une verve cruelle, il nous livre un tableau impitoyable de l'Occidental torturé par le remords des atrocités commises par ses pères ou par lui-même. Il nous le montre comme impuissant à condamner les fanatiques qui ne feraient que retourner contre lui les armes qu'il a été le premier à utiliser, paralysé par sa mauvaise conscience pour réprimer des comportements qu'il pense avoir lui-même provoqués par les humiliations infligées aux autres, etc. Le résultat dramatique de cette auto-flagellation est que les Occidentaux en viennent à renoncer à toute action qui ne pourrait être que la réplique de leurs crimes antérieurs. «La pénitence est en définitive un choix politique : celui de l'abdication.» Seule l'Amérique trouve grâce à ses yeux dans la mesure où, ne se laissant pas entamer par le doute, elle continue à avoir foi dans sa mission universelle et ne craint pas d'affronter les ambiguités de l'action : «L'Amérique est un projet, l'Europe est un chagrin.»

Même si les critiques de Pascal Bruckner tombent souvent juste, on ne peut manquer de trouver excessive - et même, à son tour, masochiste - sa peinture d'une Europe vautrée dans l'autodénigrement. Reste qu'il oblige le lecteur à affronter une question difficile : jusqu'où être fidèle au devoir de mémoire ? La crainte de l'auteur est que se complaire dans la mémoire du passé ne soit qu'«une macération narcissique» et que «déterrer tous les cadavres, c'est déterrer toutes les haines». Il préférerait que l'on s'inspire de la formule de Renan : «Celui qui doit faire l'histoire doit oublier l'histoire.» Cela ne l'empêche pourtant pas de reconnaître que le génie propre de l'Europe est cette capacité d'autoréflexion qui lui permet de « n'être pas dupe de ses zones d'ombre » et de percevoir «la fragilité des barrières qui la séparent de ses propres ignominies». Pratiquer devoir de mémoire et repentance, c'est finalement rappeler au monde qu'«aucun peuple ne peut échapper au devoir de penser contre soi».

Jean Dubois, Les Échos, 2 novembre 2006

 

"Quand j'ai pénétré dans ce pays nos couleurs étaient connues. On savait qu'elles étaient celles de la liberté. Les premiers habitants de Franceville ont été des esclaves libérés. La question de l'esclavage est une question complexe… Au début j'ai dû acheter des hommes à prix d'argent et fort cher, selon le cours, trois ou quatre cents francs. Je leur disais quand ils étaient à moi, bûche aux pieds et fourche au cou : "Toi, de quel pays es-tu? -Je suis de l'intérieur.- Veux-tu rester avec moi ou retourner dans ton pays?" Je leur faisais toucher le drapeau français que j'avais hissé. Je leur disais : "Va ; maintenant tu es libre." … L'Afrique rend la guerre à qui sème la guerre ; mais comme tous les autres pays, elle rend la paix à qui sème la paix. Ma réputation allait devant moi, m'ouvrant les routes et les cœurs. On me donnait, à mon insu, le beau nom de Père des Esclaves." (Brazza) - source

 

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25 octobre 2006

les chemins de fer à Madagascar (1901-1936), une modernisation manquée (article de Jean Frémigacci, revue Afrique & Histoire)

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les chemins de fer de Madagascar

(1901-1936) :

une modernisation manquée

un article de Jean FRÉMIGACCI

dans le n° 6 de la revue Afrique & Histoire

 

L'âge des chemins de fer à Madagascar risque d'avoir été bref. De 1901, qui vit l'ouverture du premier chantier, à 1936, un embryon de réseau de quelque 860 kilomètres fut constitué. Mais, en 2001 sur les 4 lignes qui le composaient, seul le FCE (Fianarantsoa-Côte-Est, 163 km) était encore animé par un modeste convoi quotidien, alors même que le problème des transports était plus aigu que jamais. Depuis, le TCE (Tananarive-Côte-Est, 369 km) a repris du service pour l'acheminement de pondéreux, les hydrocarburesanivorano_chemin_de_fer principalement. Mais la tentative de remise en service du TA (Tananarive-Antsirabé, 158 km) s'est soldée par un déraillement de bien mauvais augure. Dans le contexte politique et idéologique actuel qui privilégie la privatisation de toutes les activités économiques, l'avenir dees chemins de fer malgaches est plus qu'incertain.

Or, incriminer la mauvaise gestion des Républiques successives depuis 1960 n'est pas une explication suffisante. Car une analyse remontant aux origines de ces voies ferrées fait apparaître clairement que l'entreprise a été dès l'origine mal pensée et encore plus mal exécutée. Le calcul économique resta déficient, ce qui rendait illusoires les espérances de développement, elles-mêmes obérées par de sévères contraintes, qu'il s'agisse des conditions de financement, du parasitisme d'intérêts particuliers ou d'effets pervers source de blocage économique. Et surtout, la réalisation fut menée au prix d'un coût social et humain très élevé, qui éclaire notamment les origines de l'insurrection de 1947 dont les chemins de fer furent les axes et la cible, et au-delà, l'hostilité des populations à une modernité toujours perçue comme oppressive.

Jean Frémigacci, Afrique & Histoire, n° 6, p.163

 

* la suite dans le n° 6 de la revue Afrique & Histoire, novembre 2006

 

FCE_1936
le FCE est la ligne de chemin de fer Fianarantsoa-Côte-Est

 

- Jean Frémigacci, maître de conférence à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne

 

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source

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29 juin 2008

Figures coloniales et anti-coloniales - sommaire

20 octobre 2006

Séminaire Omar Carlier

Diapositive1


Séminaire

La «guerre d'Algérie»,

histoire et historiographie

Omar CARLIER



Master 2.  Spécialité : Sociétés du Sud
Sém de M2 -  43 HI 5263  La «guerre d’Algérie», histoire et Historiographie (Le séminaire commencera au premier semestre et se prolongera au second. Il se tiendra un mardi sur deux, de 9  à 11h,  à compter du 10 octobre 2006 , sur le site de Tolbiac,  salle 184 (par le deuxième étage).


I - Présentation : objet, approches, sources, méthodes, enjeux.   

- 10 octobre : Omar Carlier  (Paris VII)
    1 : La guerre, les guerres. Histoire et sciences sociales
    2 : Une «guerre sans nom» ? Amnésie, hypermnésie, censure.
    3 : Sources et méthodes. Questions, objets, terrains,
   4 : Une épreuve majeure pour la France. Une geste fondatrice pour l’Algérie. Une référence pour les sociétés du Sud 

- 24 Octobre : Les archives par les archivistes
     Rémy Porte, officier historien, directeur de la recherche terre, SHD (ex SHAT),
    André Brochier, conservateur au CAOM, Aix en Provence

- 7 novembre : Nouvelles sources, nouveaux objets : iconographie, littérature
     a/ Iconographie : Marie Chominot, (doctorante) : la photo. Caroline Blache : le cinéma
     b/ Zineb Benali : la littérature

- 21 novembre : Synthèses historiques récentes.  Jacques Frémeaux (Paris IV)
     lectures croisées : Benjamin Stora, Annie Rey-Goldzeiger. Guy Pervillé, Sylvie Thénault

- 5 décembre : L’oeuvre de Mohamed Harbi. (Omar Carlier)
     Débat avec l’auteur

- 19 décembre : La «somme» de Gilbert Meynier. Sylvie Thénault (CHS-Paris I/CNRS)
    Débats avec l’auteur

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II - Renouvellements et remaniements historiographiques anciens et nouveaux

- 16 janvier 2007 : Histoires et mémoires. Benjamin Stora (Inalco)

- 13 février : Temporalité, timing, logiques d’action
Omar Carlier : printemps 1956 : la «levée en masse» ?
Fouad Soufi ( Alger) : L’événement : le 5 juillet à Oran

- 27 février : Minorités  (Berbères, Juifs, Ibadites/ femmes, jeunes/ libéraux, chrétiens, communistes, trostskystes/ harkis, MNA, etc). René Galissot, …
  (sous réserves) Débats avec F. Colonna, M. Hamoumou, R. Ayoun, B. Stora, A. Guenoun

- 13 mars : Lecture historiographique de la guerre. Raphaëlle Branche (Paris I)

- 27 mars : Économies de guerre, sociétés en guerre
    Daniel Lefeuvre (Paris VIII). L’enjeu économique
    Et retour sur la thèse de Hartmut Elsenhans

- 24 avril : Terrains. Acteurs. Echelles
    a/ La guerre au village, les femmes dans la guerre. Soraya Guiddir (doctorante)
    b/ Territoires, régions et Wilayas. Warda Tengour (CRASC), Aurès et Wilaya I
    c/ Les bases arrières de l’ALN : Maroc, Tunisie, Libye. Daho Djerbal (Alger),

- 3 mai : Histoire et imaginaire
    a/ Omar Carlier, la figure du moudjahid
    b/ Nedjma Abdelfattah (Alger), le musée du jihad


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Ryad el-Feth, Alger (musée du jihad)


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13 septembre 2006

Sites ou blogs traitant de l'histoire coloniale

15 septembre 2006

bilan du Colloque international d’histoire franco-algérien (Lyon, juin 2006)


ENS_Lyon
l’École Normale supérieure Lettres et Sciences humaines, à Lyon


Bilan du

Colloque international d’histoire

franco-algérien,

Lyon, 20, 21, 22 juin 2006



coll_Meynier_vue_de_la_salle


Le colloque international d’histoire franco-algérien, organisé à Lyon par l’École Normale supérieure Lettres et Sciences humaines, sous la direction d’une équipe scientifique conduite par Frédéric Abécassis et Gilbert Meynier, s’est tenu les 20, 21 et 22 juin 2006. Il a entendu les communications de 80 chercheurs et il accueilli un public de près de 300 personnes au total. Pourquoi avoir organisé un tel colloque ?   

Dans un contexte où s’affrontent, sur le sujet sensible de l’histoire franco-algérienne, les porte-parole de groupes de mémoire adverses, et où se font jour des pressions ou injonctions d’histoires officielles des deux côtés de la Méditerranée, le colloque se proposait, pour assainir et apaiser le débat, de rendre la parole à l’histoire – une histoire critique et indépendante - c’est là un pléonasme.

Ont donc été invités surtout des historiens, français, ou autres (anglais, allemands, italiens, un hongrois, un palestinien), et algériens. En effet, seule une histoire élaborée en partenariat, et fondée sur l’échange et le dialogue international, est susceptible de fortifier sainement les relations internationales, en particulier entre l’Algérie et la France.

Le colloque a donc été conçu pour aborder la moyenne et la courte durée. Il ne s’est pas limité aux aspects politiques : il a embrassé aussi bien l’économie que les migrations, le poids des structures sociales et des mentalités, sans négliger la longue durée. Mais il a aussi parlé algerie_carte1d’histoire politique, d’histoire militaire, de la colonisation, des résistances à la colonisation, et du nationalisme algérien ; sans compter encore la culture, la littérature et l’art.

Au-delà de ce colloque, notre initiative ambitionne sur le court terme l’intensification des relations inter-méditerranéennes et, à plus long terme, d’autres objectifs concrets comme, par exemple, la conception d’ouvrages historiques, de vulgarisation et/ou de recherche conçus en partenariat franco-algérien, ou encore la constitution d’une commission mixte d’historiens algériens et français en vue de la réécriture concertée des manuels d’histoire de part et d’autre de la Méditerranée. Et, pourquoi pas, une fondation franco-algérienne pour l’histoire conçu en partenariat entre les deux pays.

Ce colloque a donc eu une double ambition de valorisation et d’impulsion de recherches. Il a entendu dresser un état du savoir sur l’histoire franco-algérienne, participer à la diffusion de connaissances avérées, et permettre l’émergence de nouvelles pistes de recherche. L’histoire franco-algérienne fait partie intégrante en France des programmes de l’enseignement secondaire. C’est la raison pour laquelle l’INRP et l’IUFM de Lyon ont été des partenaires associés à son organisation. Et parce qu’il entend laisser la démarche historienne prendre résolument le pas sur les enjeux mémoriels, il s’est aussi fait en partenariat avec le LARHRA (Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes), et avec le GREMMO de Lyon (Groupe de Recherche et d’Études sur le Maghreb et le Moyen-Orient), sans compter bien sûr le rôle moteur et déterminant de l’École normale supérieure Lettres et Sciences humaines.

Il s’est adressé au premier chef à un public d’étudiants, d’enseignants, et d’enseignants-chercheurs conviés à se retrouver dans une démarche d’ordre scientifique. Mais dans la démarche civique qui était aussi la sienne, il a concerné également le milieu associatif régional impliqué dans les questions d’immigration et d’intégration citoyenne. Outre l’implication d’organismes publics comme la Région Rhône-Alpes et, secondairement la mairie de Lyon, le colloque n’aurait pas pu avoir lieu sans le partenariat – financier ou autre - avec des associations : le CIMADE, le CARA (Cercle des Algériens en Rhône-Alpes), France-Algérie, Coup de Soleil… Une séance entière a été consacrée, le 21 juin, à une table ronde d’échanges entre les associations partenaires, le public et les historiens présents.

Le colloque, se tenant à Lyon, à l’École Normale Supérieure – Lettres et Sciences Humaines, est de nature à confirmer le rôle de Lyon comme pôle de débat, de recherche et d’enseignement, en l’occurrence dans le domaine de l’histoire franco-algérienne. Sur son site  web

http://ens-web3.ens-lsh.fr/colloques/france-algerie/

ont déjà été publiés les résumés des communications et vont être publiés les actes du colloque, en attendant la publication d’un livre. Plusieurs journaux et radios ont couvert l’événement, ainsi que FR3 et France Culture, qui lui consacre son émission du vendredi 30 juin matin, animée par Emmanuel Laurentin, «La nouvelle fabrique de l’histoire».
Nous espérons enfin que le projet de traité d’amitié franco-algérien se concrétise et que ce colloque constitue une pierre scientifique à l’édifice de réconciliation.

Gilbert Meynier

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Gilbert Meynier


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7 septembre 2006

Histoire de l'islam et des musulmans en France du Moyen Âge à nos jours (Albin Michel)

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Histoire de l'islam

et des musulmans en France

du Moyen Âge à nos jours

(éditions Albin Michel)

 

 

 

 

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Mosquée de Paris, mai 2004

 

- à paraître le 4 octobre 2006

Histoire de l'islam et des musulmans

en France du Moyen Âge à nos jours

ouvrage collectif dirigé par Mohammed Arkoun

 

- liste complète des auteurs

1216 pages, 75 auteurs, 50 illustrations noir et blanc, 2 cahiers couleurs de 16 pages
prix de lancement : 49 euros jusqu'au 31 janvier 2007

contact presse : Frédérique Pons : frederique.pons@albin-michel.fr

éditions Albin Michel : 22, rue Huyghens - 75017 Paris - tél. 01 42 79 10 00

- commander l'Histoire de l'islam et des musulmans en France...

- présentation du livre

 

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Si Kaddour ben Ghabrit, président de la Société des Habous et Lieux Saints de l'Islam
(Mosquée de Paris), de 1917 à 1954

 

 

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5 septembre 2006

blog "islam en France, 1830-1962"

* bannière new, mai 2019, noir - copie



le blog "islam en France, 1830-1962"

 

adresse : islamenfrance.canalblog.com

 

A_d_msq_Paris_1927
immolation d'un mouton à la Mosquée de Paris,
aïd el-kebir, 1927


La présence musulmane en France est l'enfant de la conquête coloniale de l'Algérie. Des prisonniers de l'île Sainte-Marguerite, entre 1841 et 1884, aux premiers émigrés kabyles d'avant 1914 et jusqu'aux contingents de Nord-Africains des années 1950 et 60, les Algériens représentent l'élément humain le plus nombreux qui reproduit en exil les pratiques religieuses musulmanes.

Sans ostentation et sans le secours de ses clercs savants, l'islam des ouvriers et petits marchands d'Algérie en France s'est exprimé par la prière et les fêtes rituelles, par le jeûne du mois de Ramadan, par la solidarité communautaire, par l'exaltation d'une identité perçue comme momentanément dominée mais riche de son passé idéalisé. Jusqu'au début des années 1970, il est resté massivement un islam du rite et de la foi, plutôt extérieur aux formulations politiques qui étaient accaparées par l'organisation nationaliste (Étoile Nord-Africaine, puis PPA et MTLD, avant le FLN). L'expérience du mouvement des Oulémas en métropole (1936-1938) est ainsi restée sans beaucoup d'impact.

Mais l'islam de métropole ne doit pas qu'à l'Algérie. Ses manifestations architecturales, qu'elles soient funéraires ou sanctuarisées avec quelques édifices du culte, relèvent d'initiatives institutionnelles : après l'ambassade ottomane à Paris qui obtient l'enclos musulman et la "mosquée" dans le cimetière du Père-Lachaise (1857), l'armée française est à l'origine d'une attention généralisée aux rituels d'inhumation musulmans à partir de l'automne 1914, et ensuite par la réalisation mémorialo-commémorative des nécropoles militaires et des carrés musulmans dans les cimetières.

La Mosquée de Paris, élément phare de l'islamophilie française, trouve ses origines dans le croisement des intérêts diplomatiques de la France en tant que "grande puissance" arabo-musulmane, et des projets de milieux indigénophiles attachés au respect des croyances religieuses des Arabes musulmans qu'ils soient sujets ou protégés du domaine colonial. L'Institut musulman de la Mosquée de Paris (1926) s'est incarné, jusqu'en 1954, dans la figure emblématique de Si Kaddour ben Ghabrit, né algérien, entré dans la carrière diplomatique comme agent du quai d'Orsay dès 1892, directeur du protocole du Sultan du Maroc et président de la Société des Habous des Lieux saints de l'Islam, première personnalité musulmane de métropole.

Michel Renard

 

islamenfrance.canalblog.com



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