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études-coloniales
5 décembre 2007

une certaine rhétorique algérienne "anticoloniale" (Michel Renard)

Diapositive1

 

les points aveugles d'une certaine

rhétorique algérienne "anticoloniale"

Michel RENARD

 

La logomachie des propos officiels ou semi-officiels en Algérie devient insupportable. De ce qui était un stock d'arguments que le F.L.N. a utilisé dès 1962 pour capitaliser à son profit le "prestige" politique de la victoire dans la "guerre d'indépendance", le régime algérien a fait une véritable démagogie historique par laquelle il manipule les ressentiments et frustrations de la population et escompte mettre en difficulté son partenaire français.

Cette démagogie repose sur la mise en ignorance du passé et la mise en slogans du revendicationnisme mémoriel.

Ignorance du passé ? Pour la vox dominationis en Algérie, l'histoire coloniale se réduit au face à face permanent d'un monstre exploiteur, oppresseur et aliénateur et d'un peuple, victime souffrante, résistante et glorieuse. Il n'en a pas été ainsi. L'ambivalence des interrelations coloniales est mise en évidence par l'investigation historique qu'elle soit française ou, souvent, algérienne. Quant à la guerre d'Algérie (1954-1962), elle fut autant une guerre civile qu'une guerre contre la puissance française.

Mise en slogans ? Le recours aux notions de "crimes contre l'humanité" et de "génocide" se veut une force de frappe visant à anéantir sans réplique l'adversaire. Mais ces formules ne correspondent pas à la réalité historique. La France coloniale n'a jamais cherché à exterminer les populations algériennes. Et les affrontements pour la conquête coloniale n'ont pas été menés au nom du racisme ni du mépris. Une réponse à ces allégations a été présentée par les historiens Gilbert Meynier et Pierre Vidal-Naquet - ce dernier aujourd'hui disparu - dans leur analyse du livre Coloniser, exterminer, qualifié par eux "d'entreprise idéologique frauduleuse" (lire leur texte ici).

L'article critiqué ci-dessous est un véritable condensé de cette démagogie historique et politique qui a cours à Alger sans guère rencontrer de répartie...

Michel Renard

 

_____________________________________

 

article paru le 5 décembre 2007 dans le journal algérien El Watan
et sa critique en paragraphes insérés, de cette couleur

 

Il a refusé de présenter les excuses officielles

de la France à l’Algérie

La dérobade de Sarkozy

 

«Oui, le système colonial a été profondément injuste, contraire aux trois mots fondateurs de notre République : liberté, égalité, fraternité.»

En prononçant solennellement cette petite phrase, tant attendue, à Alger comme à Paris, Nicolas Sarkozy, qui a dû manifestement consentir un trésor d’efforts sur lui-même, a, en fait, lu un verdict injuste devant de très larges secteurs de l’opinion algérienne. C’est une qualification des faits qui nous renvoie tout droit vers les atrocités des années 1950. Et là, il faut bien reconnaître qu’il n’y a vraiment pas photo entre ce que fut la longue nuit coloniale et l’expression discursive du président français. En cela, tous les Algériens ont dû être déçus, voire choqués par le propos douillettement sympathique et faussement indigné de Nicolas Sarkozy à l’égard de la colonisation.

- "Atrocités des années 1950", "longue nuit coloniale"... le vocabulaire de l'outrance et de l'unilatéralité. Si on appelle "atrocités" les souffrances barbares qui ont conduit à la mort de nombreuses personnes pendant la guerre d'Algérie, il faut évoquer la torture pratiquée par l'armée française mais aussi les mutilations pratiquées par le F.L.N. sur les prisonniers français (émasculations...) et sur des populations civiles algériennes résistantes à l'embrigadement du F.L.N. (massacre de Melouza...) ou encore lors des massacres massifs de harkis à l'été 1962 et après. On ne peut concentrer la critique sur la première et délaisser les secondes. Elles s'équivalent.
Pendre Larbi ben M'Hidi comme l'a fait le commandant Aussarresses en février 1957 ou étrangler Abbane Ramdane à l'aide d'une cordellette comme l'a fait le "colonel" Boussouf en décembre 1957..., je ne vois pas la différence. Ce sont les mêmes ignominies.

Et c’est très chèrement payé puisque le chef de l’Elysée repartira demain avec 5 milliards d’euros de contrats dans l’escarcelle en contrepartie d’une énième provocation !

- Les "5 milliards d'euros" ne sont pas un cadeau algérien sans contrepartie économique...! Il s'agit de contrats négociés. Et si les entreprises françaises font des affaires, les dirigeants algériens aussi (qui dira les "commissions" détournées qui permettent à la nomenklatura algérienne d'acheter de l'immobilier à Paris et d'inscrire ses enfants dans les lycées de la capitale française...?).

En matière d'économie, il faudrait poser la question du bilan de 45 années d'indépendance : une économie qui doit importer l'essentiel de ses biens de consommation alors que l'État algérien a placé depuis l'année 2000, 43 milliards de dollars, soit la moitié des réserves de change, dans le système bancaire américain (cf. Peterson Institute for International Economics). Un système scolaire déficient, un système de santé sinistré, une agriculture dévastée, une administration sclérosée et corrompue, un système bancaire asphyxié... Un Algérien sur cinq au-dessous du seuil de pauvreté selon les normes officielles à Alger...

L'ancien ministre du Commerce Smaïl Goumeziane expliquait en avril 2000 : «De l’aveu même du président de la République, le commerce extérieur du pays serait entre les mains de dix à quinze personnes. […] Par ce biais, on estime qu’un milliard et demi à deux milliards de dollars fuient le pays chaque année. En trente ans, ce sont ainsi quelque 30 à 40 milliards de dollars de richesse nationale qui s’en sont allés se loger offshore dans les comptes numérotés de quelques banques internationales vertueuses, ou s’investir hors du pays dans l’hôtellerie, dans l’immobilier ou dans le négoce international.»

Le nouveau locataire de l’Elysée nous apprend en 2007 – nous les indigènes –

- Il n'y a plus "d'indigènes" aujourd'hui. Sauf peut-être dans l'esprit de certains dirigeants algériens qui appauvrissent leur peuple depuis un demi-siècle.

que le système colonial a été profondément injuste ! Quelle belle trouvaille sémantique ! Et quel bel euphémisme… ! Le président français dont on attendait un peu de courage politique pour quelqu’un qui a promis la rupture a donc préféré surfer sur le changement dans la continuité. Incassable, Sarkozy s’est donc laissé enfermé dans cet ego patriotique, typique aux militants de l’extrême droite française qui rechignent de nos jours à regarder leur passé aussi terrifiant qu’abominable en Algérie. Un passé fait de sang et de larmes.

- Ce genre de propos n'aura, à mes yeux, de valeur morale et intellectuelle qu'après une reconnaissance des vérités de cet autre "passé terrifiant" :

atrocit_s_FLN
enfants "européens" victimes du F.L.N. à El-Halia/Philipeville le 20 août 1955

Il n'est pas possible d'exhiber les atrocités "du colonialisme" et d'en taire de semblables parce qu'elles ont eu pour auteurs des militants nationalistes algériens. Sauf à penser que la vertu ne doit pas être partagée, et qu'on peut condamner son absence chez son adversaire mais ignorer son défaut dans "son camp". On est alors privé de toute légitimité morale à exiger la moindre "excuse".

On attendait un peu cet épilogue provocateur aux entournures d’un homme qui a cru nécessaire de se faire accompagner par son secrétaire d’Etat aux anciens combattants, Alain Marleix, pendant que le ministre algérien des Moudjahidine a été sciemment «zappé» de la liste du comité algérien d’accueil.

- Le ministre algérien des Moudjahidines, Mohamed Cherif Abbès, "zappé", a tenu des propos antisémites.112924 Un ministre raciste est-il soutenu en Algérie... et par qui...? Il faut en finir avec la langue de bois sur ce point. L'antisémitisme, la haine des juifs (et pas seulement des sionistes) sont largement répandus dans les milieux officiels en Algérie. C'est une pathologie politique dans de nombreux pays arabes et musulmans. On ne peut, sans incohérence mentale, prétendre condamner le "racisme de l'État colonial français" et se complaire dans cet antisémitisme généralisé. Sauf à prouver que l'argument du "racisme français" est complètement instrumentalisé.

Deux mots pour 5 milliards d’euros...

«Voilà le travail de mémoire que je suis venu proposer au peuple algérien», a dit Sarkozy du haut de sa tribune devant les hommes d’affaires nationaux et, bien sûr, devant des millions d’Algériens «scotchés» devant le petit écran épiant la phrase – sentence –, qui allait sceller, croyaient-ils, définitivement les retrouvailles entre nos deux pays. Et, la déception fut à la mesure de l’attente. Pour la reconnaissance des crimes et la condamnation de la colonisation française, il va falloir repasser… Sarkozy ne sera pas – du moins pour l’instant –, l’homme qui allait réconcilier les deux peuples.

- On ne peut "réconcilier" les peuples sur la base de mensonges. En France, les approches du passé colonial en Algérie et de la guerre de 1954-1962 sont pluralistes. Il n'y a pas d'histoire officielle. Ce n'est pas le cas en Algérie. Les moyens de pression du pouvoir sur la production historienne sont ceux d'un État despotique qui enrégimente les intelligences et manipule les esprits.

La revendication d'excuses pour les "crimes de la colonisation" n'est qu'une pièce dans un dispositif maqam_ash_shahid_Alger_2_f_idéologique basé sur le mythe d'une nation et d'un État algérien déjà constitués en 1830, d'une résistance générale et héroïsée face à la conquête et à la domination coloniale, d'une "guerre d'indépendance" consensuelle et d'un peuple dressé dès novembre 1954... Un mythe qui développe une vision unanimiste du nationalisme alors que plusieurs courants l'ont traversé. Un mythe qui veut cacher les effets ambivalents du colonialsme et notamment les apports d'une modernité qui a interrogé les archaïsmes et les oppressions de la société traditionnelle...

Comme en juillet dernier, lorsqu’il avait abusé des usages diplomatiques en déclarant qu’il n’était pas «venu s’excuser», devant son homologue algérien, le patron de l’Elysée a encore enfoncé le clou et remué le couteau dans la plaie, ce lundi au Palais du peuple. A croire qu’il n’est capable que du pire… Et, suprême injure, le président français s’est permis l’incroyable cynisme de mettre le bourreau et la victime dans le même sac. «Oui, des crimes terribles ont été commis tout au long de la guerre d’indépendance, qui a fait d’innombrables victimes des deux côtés (…), ce sont toutes les victimes que je veux honorer.» Il faut reconnaître qu’avec une aussi grossière confusion des genres, Nicolas Sarkozy a dû faire baver de jalousie Le Pen et les tortionnaires de tout acabit qui reprennent du poil de la bête en France. Il est resté indéniablement en phase avec la scandaleuse rhétorique développée par son «UMP» en 2005. Pour un président qui veut «bâtir un partenariat d’exception» avec l’Algérie, il a fait preuve d’une maladresse verbale tout aussi exceptionnelle.

- Le "bourreau" et sa "victime"... Les rôles sont facilement distribués... Le dualisme de cette configuration ne permet pas d'appréhender la complexité des relations dans la société coloniale. Bien sûr, le militant F.L.N. torturé pendant la "bataille d'Alger" est une victime et son bourreau est facilement identifiable.

Mais qui osera qualifier de "bourreaux" les jeunes militaires du contingent, débarqués en Algérie depuis une semaine, qui tombent le 18 mai 1956 à Palestro dans une embuscade et dont les corps sont retrouvés atrocement torturés...? Témoignage du lieutenant Poinsignon : "On s'était acharné avec une incroyable sauvagerie. Ce que nous avons vu était tel que j'ai demandé par écrit un examen médico-légal pour déterminer les causes de la mort et si les mutilations avaient précédé ou suivi celle-ci. Je n'en ai jamais connu les résultats ; je n'ai même jamais su si cette autopsie avait bien été faite…. Torturés à mort, les jeunes soldats ont eu les yeux crevés… Les corps ont été vidés de leurs entrailles et bourrés de cailloux. Le FLN leur ont zébré les pieds à coups de couteau et leur ont coupé les testicules…."

palestro
Maurice Feignon, jeune médecin auxiliaire, torturé au fer rouge et à
l'eau bouillante avant d'être égorgé par des maquisards du F.L.N.

Qui osera qualifier de "victimes" (et de héros...?) les 220 hommes de l'A.L.N. qui le matin du 27 mai 1957 encerclent le village de Melouza - dont le tort serait de soutenir les Algériens messalistes et non le F.L.N. - et qui assassinent 303 personnes parmi lesquelles des femmes et des enfants, tous mutilés...?

melouza
Melouza : des civils algériens massacrés par le F.L.N. en 1957

 

Et comme pour tirer une dernière salve avant son retour sans doute triomphant à Paris, l’invité du président Bouteflika fait un clin d’œil attendrissant à ses concitoyens qui ont quitté l’Algérie en 1962. Une façon bien subtile de tordre le cou aux autorités algériennes coupables, d’après lui, d’avoir renvoyé les colons chez eux et d’avoir fait preuve d’inhospitalité… «Mais il est aussi juste de dire qu’à l’intérieur de ce système, il y avait beaucoup d’hommes et de femmes qui ont aimé l’Algérie, avant de devoir la quitter.» Ainsi, aussi «profondément injuste» qu’il fut, le système colonial, suggère-t-il, était animé et encadré par des hommes et des femmes qui aimaient l’Algérie ! Et voilà qu’on est en plein dans l’article 04 de la scélérate loi du 23 février 2005 énonçant le rôle positif de la France coloniale !

Hassan Moali

- On peut considérer "juste" la lutte pour l'indépendance menée par une partie du peuple algérien. Mais on ne doit pas oublier que ce combat a aussi charrié des crimes et des abominations. Et que l'histoire ne s'écrit pas avec les catégories d'un simplisme opposant un bourreau et une victime.

Dans Apologie pour l'histoire, le grand médiéviste Marc Bloch écrivait en 1941 : "Longtemps, l'historien a passé pour une manière de juge des Enfers, chargé de distribuer aux héros morts l'éloge ou le blâme. Il faut croire que cette attitude répond à un instinct puissamment enraciné." Et en forme de rejet de cette histoire/juge, il exhortait à la production du seul savoir : "Robespierristes, antirobespierristes, nous vous crions grâce, par pitié, dites-nous simplement quel fut Robespierre".

Les faits rappelés ci-dessus - et les photos montrées - sont largement connus. Même si on hésite encore à les intégrer dans l'écriture universitaire de l'histoire. À Alger, on taxera peut-être ceux qui les mentionnent de "révisionnistes", d'extrême-droitisme ou de je ne sais quoi d'autre... On aura ainsi une preuve supplémentaire que l'exigence d'une condamnation et d'excuses pour la période coloniale relève d'une controverse politique et idéologique qui manipule l'histoire. Rien de plus.

Michel Renard

 

344310581
Algérien assassiné par le F.L.N. :
où est le bourreau, où est la victime...?

 

 

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Commentaires
B
Parole aux survivants :<br /> <br /> Selon les témoignages recueillis par El Watan, ils avaient de longues barbes et portaient une tenue afghane surmontée d'un gilet. Un témoin a reconnu parmi eux trois natifs du quartier. Selon La Tribune, un témoin a reconnu « des enfants du village » parmi les terroristes ; « Des femmes et des enfants accompagnaient les agresseurs ». Selon Al Khabbar et La Tribune (presse indépendante), les assaillants étaient habillés à l’afghane, avec des pantalons bouffants et des kachabia, des cheveux hirsutes, de longues barbes et un aspect sale. Certains d’entre eux portent jeans et baskets. Selon certains témoignages, les terroristes avaient des listes avec des noms de familles entières ou des personnes bien précises. Des hommes « encagoulés » identifiaient les villas avant de décider de l'attaque.<br /> <br /> « Pendant que les étendards de la morts happaient les âmes des innocents, nourrissons, enfants et femmes au milieu de flots de sang, les voisins attendaient leur tour dans un état d’hystérie et d’épouvante poussés à l’extrême. » (Al Khabar, 24 septembre 1997) [Tous les témoignages sont cités d’après Anissa Barak, « Les faits à travers la presse algérienne », in Confluences n° 25, La parole aux Algériens : Violence et politique en Algérie, Printemps 1998.]<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Dans le numéro 13 du bulletin Al Djamâa, daté du mois d’août 1997, Abou Al Moundhir, de son vrai nom Mahfoud Assouli, écrit :<br /> <br /> « Nous répondons à ceux qui nous accusent de tuer aveuglément que nous combattons ceux qui ont trahi et se sont rendus au Tyran. En ce sens, nous ne faisons ici rien d’autre qu’appliquer les préceptes de Dieu et de son Prophète. […] Quand vous entendez parler de tueries et d’égorgements dans une ville ou un village, sachez qu’il s’agit des partisans du Tyran, ou alors de l’application de communiqués qui ordonnent de faire le bien et de combattre le mal ». Il faut exterminer « ceux qui ne font pas la prière, consomment l’alcool et la drogue, les homosexuels et les femmes libertines et débauchées […] Du plus jeune des enfants au plus âgés des vieillards, les ennemis de l’islam doivent tous être égorgés » (Cité d’après Zerrouky, pp. 273-274)<br /> <br /> <br /> <br /> Antar Zouabri, émir du GIA de l’époque, écrit :<br /> <br /> « Le monde doit savoir que toutes les tueries, les massacres, les incendies, les déplacements de population, les enlèvements de femmes, sont une offrande à Dieu » (communiqué cité par l’AFP, 29 août 1997, authentifié par les Services secrets français car comportant des menaces contre la France, cité d’après Zerrouky, p. 274)
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B
07 octobre 2009<br /> <br /> Algérie : les massacres collectifs de civils (1996-1998)<br /> <br /> <br /> <br /> Algérie : les massacres collectifs de civils<br /> <br /> <br /> <br /> (1996-1998)<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Oum_Saad___dite_La_madone_de_Bentalha « Pendant que les étendards de la mort happaient les âmes des innocents, nourrissons, enfants et femmes au milieu de flots de sang, les voisins attendaient leur tour [pour être égorgés] dans un état d’hystérie et d’épouvante poussés à l’extrême. » (Al Khabar, 24 septembre 1997)<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> La guérilla des islamistes algériens contre leur gouvernement et leur population commence le 13 février 1992. Petit à petit s’instaure dans les villes et les hameaux d’Algérie une terreur au nom de l’islam. Assassinats incessants de policiers, d’agents de l’ordre, de jeunes appelés au service national; attentats à la bombe dans les lieux publics les plus fréquentés ; liquidation physique des opposants à l’islamisme (intellectuels, démocrates, féministes) ; exécution de simples citoyens pour des motifs fallacieux ; etc.<br /> <br /> <br /> <br /> Une nouvelle phase de l’histoire de cette guérilla commence en novembre 1995, quand le général Zeroual, président désigné, décide d’organiser des élections présidentielles pluralistes. Malgré les menaces des islamistes contre quiconque se rendrait au bureau de vote, la population crée la surprise en y participant massivement. Elle choisit le général Zeroual comme président de la république, seul capable à ses yeux de la sauver des griffes des islamistes armés.<br /> <br /> <br /> <br /> C’est un coup de marteau sur le moral des maquisards. « La population n’est donc plus avec nous » se disent les islamistes. Elle nous a « trahi » et a rejoint le Taghout (Tyran). Le GIA (Groupe Islamique Armé), la plus fondamentaliste des organisations du djihad, se sent en perte de vitesse. Il est en proie à des dissidences internes. D’autres groupes du djihad (Armée Islamique du Salut notamment) tentent de négocier un compromis avec l’armée pour déposer les armes. Le GIA, sous la conduite d’Antar Zouabri, se lance alors dans une fuite en avant désespérée et nihiliste : il organise en représailles, à partir de décembre 1996, des massacres de civils d’une horreur jusque là inégalée.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> 1997 fut pour l’Algérie l’apothéose du sang et de l’horreur. En tout, près de 4000 personnes (chiffre approximatif) furent massacrées à coups de haches, de couteaux et d’explosifs. Parmi elles, se trouvaient près de 100 nourrissons et des centaines d’enfants. Les bébés ont été parfois brûlés, cuits dans des fours, écartelés et coupés en deux, ou encore éclatés sur les murs, leurs tête explosée dessinant une énorme tâche de sang et de cervelle. Des femmes enceintes ont été éventrées, leurs foetus extraits et mutilés. Certaines victimes sont brûlées vives à l’essence. Des têtes détachées sont mises dans des ventres de femmes tuées. Certaines têtes sont cousues sur des corps qui n’étaient pas les leurs. Certains cadavres sont piégés, à l’intention des services de sécurité.<br /> <br /> <br /> <br /> De vieux hommes ont été égorgés au poignard, la tête arrachée et séparée du corps. Sur les terrasses de Bentalha, alors que les voisins hurlaient d’épouvante en attendant leur tour, les habitants furent tranchés par des haches, sectionnés par des couteaux et jetés, une fois la gorge coupée, pardessus les jardins et les rues. Une femme terroriste coupait les oreilles et les poings des cadavres pour récupérer les bijoux qu’ils portaient encore. A Relizane, les caméras avaient pris des morceaux de chair humaine et des lambeaux ensanglantés d’enfants, arrachés à leur corps et jetés sur les toits des habitations pauvres des paysans attaqués [cf. Fekhari]. Dans la même localité, des villages entiers, surpris dans leur extrême misère, ont été exterminés à l’arme blanche. Après le passage des hordes islamistes, il restait une forte odeur de carnage, faite de chair humaine brûlée et de cadavres calcinés, des habitations détruites, incendiées ou vandalisées, des tas de corps démembrés et méconnaissables et de grosses mares de sang à moitié sec. <br /> <br /> <br /> <br /> Le scénario semble à chaque fois être le même : un groupe de terroristes investit une localité ou un village de nuit, il prend les précautions nécessaires pour ne pas être attaqué : en minant les accès principaux qui mènent vers le lieu ciblé, en plaçant des combattants armés sur les chemins qui y conduisent, en sabotant pistes et routes, etc. Ils coupent ensuite l’électricité et plongent les habitants dans le noir. Et puis, l’égorgement commence à l’arme blanche et à la hache, aux cris de Allahou Akbar, en insultant les victimes.<br /> <br /> Le groupe a ses professionnels en la matière, les égorgeurs, qu’il met en avant, tandis que les autres tiennent en respect les habitants avec des armes à feu. Dans certains massacres, un choix est effectué entre familles à massacrer et familles qui sont probablement restées fidèles aux GIA ou protégées par de quelconques accointances au sein du groupe islamiste. Il est arrivé que, pendant le massacre, le moment de la prière sonne : les extrémistes islamistes ont alors abandonné l’égorgement et se sont mis à prier (Cf. les témoignages recueillis par Véronique Taveau). Aucune distinction n’est faite entre les victimes. Les enfants, comme les bébés, les vieillards et les femmes, sont passés pareillement au fil de la lame. Insensibles aux imprécations des futurs égorgés, les assassins se livrent à des actes d’une rare cruauté, destinés à frapper les esprits.<br /> <br /> <br /> <br /> Les massacres, surtout pour les plus importants, sont des opérations minutieusement organisées, souvent avec des complicités locales. A Bentalha et Béni Messous (**), les assaillants sont venus avec des listes et des « Antar_Zouabriguides » (des enfants et des adultes), qui montrent aux égorgeurs quelle maison appartient à qui. Certains terroristes sont largement connus dans les localités qu’ils ont massacrées. Les rescapés interrogés le lendemain par les journalistes de la presse indépendante algérienne tiennent généralement le même discours : ils commencent par accuser l’état de ne les avoir pas protégé, parlent ensuite des complicités à l’échelle locale et finissent parfois par avouer leurs « propres erreurs » passées, en laissant dans certains cas circuler parmi eux les terroristes islamistes. Ils citent des noms de gens qu’ils connaissent et qui étaient parmi les assaillants.<br /> <br /> Les massacres sont souvent revendiqués par le plus radical des groupes islamistes, le GIA. C’est sous l’émirat d’Antar Zouabri (juin 1996 – février 2002) qu’ils ont été planifiés et exécutés.<br /> <br /> <br /> <br /> Pourquoi toute cette horreur ? A quelle logique obéissait l’action armée du GIA (Groupe Islamique Armé) ? Mais surtout, que faisait l’armée algérienne pendant que ses citoyens, qu’elle avait la mission de protéger, se faisaient massacrer ?
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P
Les Algériens vont se faire soigner en France c’est comme les 5000 Françaises qui vont se faire avorter à l’étranger. C’est à cause de la mondialisation. Voir ce lien http://www.marieclaire.fr/,avortement-j-ai-ete-obligee-d-avorter-en-hollande,20213,42829.asp
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B
roxana<br /> <br /> <br /> <br /> avatar roxana<br /> <br /> voir profil<br /> <br /> le : 21/12/2012 à 13h23 résultat des votes:<br /> <br /> <br /> <br /> 1<br /> <br /> 2<br /> <br /> 3<br /> <br /> 4<br /> <br /> 5<br /> <br /> <br /> <br /> Cette biographie du premier Polytechnicien musulman né en Algérie, officier français<br /> <br /> dont les talents n'ont sans doute pas été reconnus à leur juste valeur, devrait être<br /> <br /> lue par ceux qui doutent de la possibilité d'une cohabitation de l'Islam et de la religion<br /> <br /> catholique et d'une compatibilité de l'Islam avec la République laïque.<br /> <br /> <br /> <br /> . Le colonel Cherif Cadi a été le premier instigateur d'un pèlerinage militaire français à<br /> <br /> la Mecque, à la fin de la 1° guerre mondiale, ce qui peut paraître relever aujourd'hui de<br /> <br /> la provocation. Mais cet homme a vécu en un temps où la République avait su obtenir<br /> <br /> que les religions s'effacent devant l'intérêt général des peuples et ne poussent pas aux<br /> <br /> extrêmes ceux qui avaient la foi.<br /> <br /> .<br /> <br /> On lira avec intérêt la tentative faite et avortée de faire du colonel Chérif Cadi l'alter ego<br /> <br /> de Lawrence d'Arabie; on se souviendra que ce musulman pratiquant avait épousé en<br /> <br /> première noce l'une des filles d'une bonne famille pied-noire et qu'il se fera enterrer avec<br /> <br /> l'image de la Vierge.<br /> <br /> Un livre à méditer. Un bel hommage rendu par l'un de ses petits fils, Jean-Yves Bertrand-Cadi,<br /> <br /> à un homme qui s'est enorgueilli d'être tout à la fois « serviteur de l'Islam et de la République<br /> <br /> française ».<br /> <br /> ...Lire la suitePar : hautlandais le : 21/12/2012 à 13h05<br /> <br /> bien plus que sa détermination religieuse , de la personne avec qui il s'est marié et qu'il ait été enterré avec une représentation de la Vierge<br /> <br /> c'est cela qui est interessant:<br /> <br /> les Barbaresques ne formaient pas une nation, mais vivaient en clans primitifs, ennemis les uns des autres et se razziant sans cesse.( Pas d'Algérie donc )<br /> <br /> notre rentrée dans la vie civilisée que nous avions abandonnée pendant les siècles d'anarchie et de misère de la domination des Turcs.<br /> <br /> Les Français peuvent être fiers de l'oeuvre accomplie en un siècle : avant 1830, l'Algérie, autrefois le grenier de Rome, était devenue terre stérile et ne nourrissait qu'un petit nombre d'hommes. Les vallons et les plaines étaient devenus le théâtre des exploits des pillards. Point de sécurité, point de routes, les relations entre les hommes ne pouvaient se faire que par caravanes armées en guerre. Après un siècle de travail et de sécurité, nous voyons un grand changement : un puissant réseau de voies de communication assure partout les échanges entre les habitants dont le nombre a plus que doublé, d'abondantes récoltes assurent partout la vie."<br /> <br /> .<br /> <br /> Mais bien entendu vous faites toujours votre négationnisme par omission , vous bottez en touche et tentez de cacher la foret à l'aide d'un buisson
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B
signaler au modérateur<br /> <br /> Voter:<br /> <br /> <br /> <br /> 1<br /> <br /> 2<br /> <br /> 3<br /> <br /> 4<br /> <br /> 5<br /> <br /> <br /> <br /> hautlandais<br /> <br /> <br /> <br /> avatar hautlandais<br /> <br /> voir profil<br /> <br /> le : 21/12/2012 à 13h05 résultat des votes:<br /> <br /> <br /> <br /> 1<br /> <br /> 2<br /> <br /> 3<br /> <br /> 4<br /> <br /> 5<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.amazon.fr/Colonel-Ch%C3%A9rif-Cadi-Serviteur-R%C3%A9publique/dp/2706818514<br /> <br /> Par : hautlandais le : 21/12/2012 à 13h02<br /> <br /> Cette biographie du premier Polytechnicien musulman né en Algérie, officier français<br /> <br /> dont les talents n'ont sans doute pas été reconnus à leur juste valeur, devrait être<br /> <br /> lue par ceux qui doutent de la possibilité d'une cohabitation de l'Islam et de la religion<br /> <br /> catholique et d'une compatibilité de l'Islam avec la République laïque.<br /> <br /> <br /> <br /> . Le colonel Cherif Cadi a été le premier instigateur d'un pèlerinage militaire français à<br /> <br /> la Mecque, à la fin de la 1° guerre mondiale, ce qui peut paraître relever aujourd'hui de<br /> <br /> la provocation. Mais cet homme a vécu en un temps où la République avait su obtenir<br /> <br /> que les religions s'effacent devant l'intérêt général des peuples et ne poussent pas aux<br /> <br /> extrêmes ceux qui avaient la foi.<br /> <br /> .<br /> <br /> On lira avec intérêt la tentative faite et avortée de faire du colonel Chérif Cadi l'alter ego<br /> <br /> de Lawrence d'Arabie; on se souviendra que ce musulman pratiquant avait épousé en<br /> <br /> première noce l'une des filles d'une bonne famille pied-noire et qu'il se fera enterrer avec<br /> <br /> l'image de la Vierge.<br /> <br /> Un livre à méditer. Un bel hommage rendu par l'un de ses petits fils, Jean-Yves Bertrand-Cadi,<br /> <br /> à un homme qui s'est enorgueilli d'être tout à la fois « serviteur de l'Islam et de la République<br /> <br /> française ».
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