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études-coloniales
7 avril 2013

Biskra (Algérie) à l'époque coloniale

Biskra 5

 

 

images de Biskra à l'époque

de l'Algérie coloniale

recherche : Michel RENARD

 

En réponse (incomplète) au message suivant, nous publions ces photos issues de cartes postales anciennes de la ville de Biskra, en Algérie, durant l'époque coloniale.

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En interrogeant les bases de données archives images du CAOM sur "la Commune indigène, commune mixte puis sous-préfecture de Biskra" (1878/1959) je ne trouve pas trace de la vie coloniale entre Biskra et Touggourt dans les années 1896 à 1898.
http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/ark:/61561/lj270g68i

En effet, j'ai retrouvé un récit détaillé de mon aïeul qui relate son séjour avec ses parents à Biskra , de leurs expéditions dans le désert avec des Anglais,du Casino de Biskra et des palmiers Parc du Comte de Landon et des Bat d'Af chargés de l'entretien des routes.
http://maximenemo.over-blog.fr

Je souhaiterais pouvoir corroborer ces informations et les recouper avec d'autres témoignages personnels ou romanesques de cette époque (Gide).

Je n'ai à cette heure retrouvé que le Blog suivant, consacré à Biskra
http://azititou.wordpress.com/2013/03/23/ils-ont-parler-de-lalgerie-bergot-raoul/

J'ai vu qu'André Brochier avait aussi écrit un article sur le traitement des Archives d'érudits ce qui est le cas de mon aïeul.

Je vous remercie de m'indiquer si je pourrais trouver trace du passage de mes ancêtres en Algérie, qui ne figurent pas dans la base patronymique du CAOM : Georges Albert BAUGEY (1865-1908) et Maxime NEMO (1888-1975).

NB: J'ai consulté les ouvrages de Jeanine Verdès-Leroux
Archives de l'Algérie de Jacques Borgé et Nicolas Viasnoff
Archives d'Algérie (1830-1960), Françoise Durand-Evard et Lucienne Martini (CAOM)
France et Algérie. Journal d'une passion, Dir. Jacques Marseille.

Bien sincèrement
Patrick Y. CHEVREL (Montpellier)

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hôtel Transatlantique

 

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établissement thermal de Fontaine Chaude

 

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le marché à l'orge

 

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statue du cardinal Lavigerie

 

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hôtel Transatlantique, vu du parc

 

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vue aérienne sur les écoles, 1962

 

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restaurant des Dunes de sable à Biskra

 

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les balcons de la rue Arcelin

 

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On peut ajouter :

- l'article de Henri Busson, "Les vallées de l'Aurès", Annales de géographie, 1900, volume 9, n° 43, p. 43-55
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1900_num_9_43_6180

- le site "Ils ont écrit sur Biskra"
http://ecrivainsbiskra.blogspot.fr/2010/04/largeau-victor-1842-1896.html

- le site "Ils ont photographié Biskra"
http://photographesdebiskra.blogspot.fr/2012/01/largeau-victor-1842-1896.html

- voir le site du CDHA et lancer une recherche avec la requête "Biskra" : http://www.cdha.fr/catalogue-en-ligne

 

Aperçu de « 1896 A Travers l’Algérie d’Aujourd’hui Oran Constantine

 

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19 mars 2013

19 mars 1962 : quelle signification ?

50e-anniversaire-du-Cessez-le-feu-en-Algerie

 

 

19 mars 1962 : fin de la guerre d'Algérie ?

une blague...!

 

La France a reconnu le 19 mars 1962 comme "Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc". Comme si la guerre d'Algérie s'était arrêtée à partir du moment où les autorités françaises décidaient de ne plus intervenir militairement sur le territoire algérien...!

Ainsi, la France qui ne commémore pas l'armistice du 28 janvier 1871 (et ses suites... le traité de paix, etc...) dépouillant la nation d'une partie de son territoire (Alsace et Moselle) et l'humiliant par les exigences prussiennes... la France qui ne commémore pas l'armistice du 22 juin 1940 entérinant les conditions d'occupation par l'armée allemande... cette même France commémore le "cessez-le-feu" signé le 18 mars 1962 entre les représentants du gouvernement français et le G.P.R.A. (gouvernement provisoire de la République algérienne), selon la version algérienne publiée le 19 mars.

Un "cessez-le-feu" qui n'a pas été respecté du côté algérien, qui a humilié une armée française ayant pourtant vaincu son adversaire sur le "terrain", qui a été violé par le FLN pendant des mois jusqu'à juillet 1962 et encore après avec les massacres de harkis par les vainqueurs de la 25e heure...

Tout le monde sait que la guerre n'a pas pris fin le 19 mars 1962.

Études Coloniales

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et le souvenir des victimes d'après le 19 mars 1962...?

Pierre RUBIRA

Le  mardi 19 mars, sera célébrée la "journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie". C'est la date d'un cessez-le-feu ordonné à une armée qui avait vaincu sur le terrain. Est-ce vraiment la fin d'un conflit quand seul l'un des protagonistes baisse les armes et que l'adversaire n'en continue pas moins, et de plus belle, ses exactions sur des populations civiles désarmées ?
Nous allons donc nous souvenir des victimes d'avant le 19 mars 1962, pas des 150 000 autres victimes d'après. Que cette date ait été choisie par des partisans de l'idéologie qui a fait périr 100 millions de personnes au XXe, voilà qui ne semble pas non plus perturber le Français moyen ou la ménagère de moins de cinquante ans.

Alors pourquoi ressasser ces querelles dites "mémorielles", ces batailles de chiffres, ces doléances fatigantes, ces cris de rage ? Parce que ceux qui ont vécu cette époque sont encore vivants et je refuse de croire que ceux des générations suivantes sont déjà morts. Les premiers ont vécu le temps du mépris, du mensonge et de la honte. Aux seconds de ne pas faire fructifier un tel héritage.

Pierre RUBIRA
professeur de Lettres

19620705oran

  

 

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3 mars 2013

Hocine Aït Ahmed (Lounis Aggoun)

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Hocine Aït-Ahmed
, l’albatros déplumé

Lounis AGGOUN

 

Aït Ahmed ? «Nous sommes très proches l’un de l’autre, même si parfois il y eut des différends assez graves qui nous ont éloignés l’un de l’autre. Nous avons vécu de grands moments ensemble, des moments souvent tragiques mais parfois cocasses. Personne ne peut nous séparer. Hocine et moi, on s’aime (n’thabou) comme des frères. C’est sur mon conseil qu’Abdelaziz Bouteflika a fait envoyer un mot gentil et un bouquet de fleurs à Hocine lors de sa convalescence en Suisse à la suite de son surmenage de la campagne présidentielle. J’ai dit à Abdelaziz que s’il y a un seul homme politique à honorer dans notre pays, c’est bien Hocine Aït-Ahmed. C’est un historique. Si quelqu’un doit jouer un rôle majeur dans les institutions de l’État algérien, c’est Hocine Aït-Ahmed. Je lui ai demandé de lui donner un poste très important. Si on doit impliquer un parti politique dans les affaires de l’État, c’est au FFS qu’il faut faire appel, et non au RCD, qui n’est pas représentatif. […] Je suis désolé de vous le dire, mais le RCD a été concocté dans une officine et créé par le biais d’Aboubakr Belkaïd et Larbi Belkheir».

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Ahmed Ben Bella

 Ce témoignage de fraternité d’Ahmed Ben Bella pour Aït-Ahmed peut paraître au premier abord surfait, sachant que celui-ci a mené une révolte armée contre son pouvoir en 1963 et 1964. Pourtant, cet hommage résume à lui seul les pantalonnades qui sont la règle dans cette petite cohorte fermée qui conduit le pays vers le chaos depuis un demi-siècle.

Chacun y a trouvé un rôle à sa mesure, qui au plus haut sommet de l’État, comme parlementaire, comme «opposant irréductible», comme «journaliste», comme personnalité de la société civile, comme affairiste ou comme diplomate. Discrets ou en vue, ils ont en commun de partager le magot intarissable que procure un sous-sol riche à milliards et de redouter l’avènement d’une démocratie qui remettrait en cause l’ascendant usurpé qu’ils ont gagné sur leurs concitoyens. Pouvoir de l’ombre et façade civile, représentation parlementaire, armée, police, institutions, diplomatie, système bancaire, justice, administration, opposition, presse, tout cela forme un anti-État qui fait litière de la souveraineté des Algériens.
En attendant Godot…

 

L’Algérie aujourd’hui est un pays colonisé

L’État algérien, si jamais il a existé, a fait long feu. Il n’y a pas même de nation algérienne. Il y a une juxtaposition anarchique de fragments de peuple, qui pourraient entreprendre de définir les assises d’une nation à construire. Pour cela, il faut savoir d’où l’on va. On ne peut pas construire sur des sables mouvants. L’Algérie aujourd’hui est un pays colonisé. C’est un constat préalable sans lequel tout ce qui sera entrepris est vain. Cela admis, le projet à imaginer est celui de lutter pour l’indépendance.

Il y a près de 60 ans, des hommes ont nourri et entrepris ce projet colossal. Ils y sont presque arrivés. Une poignée d’individus ont contrarié ce dessein grandiose à l’instant même où il allait réussir. Ahmed Ben Bella, Mohammed Boukharouba (dit Houari Boumediene), Abdelaziz Bouteflika, entourés d’une bande d’opportunistes sans foi ni loi, ont profité de la crédulité de quelques hommes honnêtes, Ferhat Abbas, Mohamed Khider, Mohammed Chaabani pour mettre fin au rêve. L’histoire pourrait s’arrêter là, mais elle serait un peu courte. Un demi-siècle après ce jour où les Algériens, tous les Algériens, auraient dû ouvrir une nouvelle page de leur histoire, ils sont devenus parias sur leurs propres terres.

Les Harkis, les Pieds-noirs, les Européens d’Algérie, chassés de leur patrie, les «musulmans d’Algérie», réduits en servitude, clochardisés. Et la légende se poursuit… Tous les Algériens sont persuadés qu’un jour ou l’autre la démocratie leur tombera dessus, comme tombe la pluie, sous l’effet mystérieux des lois de la physique. Ils oublient que ceux qui leur contestent la liberté ne comptent pas sur les lois naturelles. Ils ont des armes pour tuer, des richesses pour corrompre, et le temps pour voir venir les opposants…

En attendant, il y a une tradition à laquelle les Algériens acceptent tous de souscrire : célébrer des anniversaires d’événements plus déplorables les uns que les autres. Massacre de Sétif en 1945, déclenchement de la révolution en 1954, Indépendance confisquée de 1962, Printemps berbère de 1980, massacres d’Octobre 1988, coup d’État de janvier 1992, etc.

Et nous sommes, apprend-on incidemment, à l’aube du 50e anniversaire de la naissance du FFS. Le personnage central de ce mouvement est, tout le monde le sait, Hocine Aït-Ahmed. Un homme couvert par une sorte d’onction unanime d’honorabilité. Et gare à ceux qui voudraient écorner cette image, sur laquelle veillent d’invisibles et tatillons gardiens. Pourtant, sortis des propos convenus, et hors du cercle étroit des apparatchiks du FFS, des affairistes véreux et des agents du DRS patentés qui gravitent autour de ce parti, il n’y a à son encontre que critiques acerbes et reproches contenus.

 

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Hocine Aït-Ahmed

Aït-Ahmed, activiste, et père des services de renseignements

Qui est Aït-Ahmed ? Sa légende esquisse une trajectoire rectiligne, l’unité d’un homme. Il est à peine sorti de l’adolescence quand il rejoint le mouvement national, aux côté de Hadj Messali. Instruit, cultivé, laïque quoiqu’issu d’une famille maraboutique aisée, il exerce des fonctions de premier rang au sein du PPA.

La «crise berbériste» qui survient en 1963 ne l’épargne pas, bien qu’il se soit astreint à une attitude de neutralité, ne cautionnant pas les dérives autoritaires du parti, mais condamnant l’initiative du groupe de militants qui soutenaient une motion prônant une «Algérie algérienne» contre l’option messaliste d’une «Algérie arabo-musulmane». La neutralité dans de tels combats conduit à la marginalisation quel que soit le vainqueur. C’est mathématique.

Écarté de la direction de l’OS, le déclenchement des hostilités par le FLN le prend de court. Il est alors envoyé au Caire en compagnie de Mohammed Khider et Ahmed Ben Bella, tous trois chargés d’assurer la logistique des maquis en formation. Mission qu’Aït-Ahmed abandonne littéralement à Ben Bella, préférant se consacrer à la diplomatie. La diplomatie aura un impact nul sur le devenir de l’Algérie. En compagnie de M’Hamed Yazid, il se rend à la Conférence Bandoeng, en avril 1955. «Mais le FLN, agrégé et pratiquement noyé dans les deux autres délégations maghrébines, ne fit guère plus que de la figuration.»

Alors qu’il côtoie Ben Bella des années durant, il ne perçoit rien de ses complots contre la révolution. Une visite de quelques jours au Caire suffit à Larbi Ben M’Hidi, venu d’Alger, pour se rendre compte du jeu malsain auquel Ben Bella s’adonne et pour le dénoncer ouvertement. L’explication se termine par une empoignade musclée. Mais lorsque les plaintes se multiplient à l’encontre de Ben Bella, c’est Aït-Ahmed qui prend sa défense : «On a dit été écrit que Ben Bella était un agent égyptien. Ce n’est pas sérieux.» Nous connaissons la suite.

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22 octobre 1956, Khider, Lacheraf, Aït Ahmed, Boudiaf, Ben Bella

L’épisode suivant intervient en prison, après l’arraisonnement de l’avion qui transporte «Ben Bella et ses compagnons» du Maroc en Tunisie au-dessus de l’espace aérien algérien. De l’amateurisme consommé, venant d’hommes (Aït-Ahmed, Khider, Ben Bella) qui revendiquent, au travers de l’OS, d’avoir formé les cadres de l’ALN-FLN.

Il reste tout à découvrir sur les circonstances de cet événement. Une chose est certaine : il permet à la propagande française et égyptienne d’auréoler un Ben Bella sur la sellette d’une casquette de «chef de la révolution algérienne». Irrémédiablement.

Approché en prison par les services français, Aït-Ahmed les éconduit sèchement. Ben Bella lui n’en demande pas tant ; il sera l’homme lige du général de Gaulle au sein de l’Algérie indépendante mais garante des intérêts vitaux de la France. Compagnon de détention de Ben Bella pendant plus de 4 ans, Aït-Ahmed ne perçoit aucunement les magouilles cousues de fil blanc que celui-ci fomente pour circonvenir la révolution à ses intérêts occultes.

 

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de gauche à droite : Ahmed Ben Bella, Hocine Ait Ahmed, Rabah Bitat et Mohamed Boudiaf, à Oujda (Maroc)

Aït-Ahmed complice à son corps défendant de la dictature

Libéré après la signature des accords d’Évian, Aït-Ahmed ne joue aucun rôle positif au cours de ce funeste été 1962. Au contraire, il fera par ses maladresses le lit de la dictature militaire. L’historien Mohammed Harbi délivre à son encontre un jugement sans appel. Il relate une succession d’erreurs de stratégie, de myopies, de fautes tactiques qui ont conduit, bon an mal an, à ouvrir la voie royale à Ben Bella et Boumediene : «La contribution d’Aït-Ahmed et Boudiaf à l’hégémonie de l’armée sur l’État, avant comme après 1962, n’est pas mince», grommelle l’historien.

Une fois le pouvoir Ben Bella-Boumediene installé à Alger, Aït-Ahmed torpille – en tout bien tout honneur, bien sûr – toutes les initiatives visant à les renverser. Il contrecarre les initiatives du «groupe de Tizi-Ouzou» qui tente d’agréger au sein d’une même coalition les forces opposées à la dictature. Une action conduite, écrit Aït Ahmed, par «des notables de la révolution».

S’agirait-il d’obscurs agents de nul ne sait quelles forces ? Non, Krim Belkacem et Mohamed Boudiaf, les principaux artisans de la révolution, soucieux de mettre en place des structures civiles et démocratiques. Pourquoi agit-il de la sorte ? Il préfère dit-il «la voie pacifique». Jusqu’à ce que celle-ci le conduise l’année suivante à prendre les armes, au sein du FFS.

 

Aït-Ahmed, chef du FFS

Comment Aït-Ahmed devient-il le leader de ce mouvement ? Ayant été aux premières loges pour assister à l’ascension de Ben Bella, désire-t-il réitérer à Tizi-Ouzou ce que son frère siamois a réalisé à Tlemcen ? Il en épouse en tout cas les méthodes en parasitant une initiative à laquelle il est initialement étranger, visant à créer un parti d’opposition pour mener une résistance armée contre les putschistes d’Oujda. Artisans de ce projet, le colonel Mohand Oulhadj, Abdenour Ali-Yahia, le colonel Saddok (Slimane Dehiles) et d’autres.

Une fois dans le groupe, il en élimine Krim Belkacem, exclut toute perspective de s’allier avec Ferhat Abbas, rejette Mohamed Boudiaf, prend par le mépris les approches du colonel Chaabani, accuse un descendant de l’émir Abdelkader venu lui offrir son soutien de provocation policière, avant de découvrir, lorsque celui-ci est arrêté, que son initiative, pour échevelée qu’elle pouvait être, était sincère et honnête.

De la prison de Boufarik où il choisit d’être emprisonné, Aït-Ahmed apprend que Mohand-Arab Bessaoud, un de ses lieutenants, entreprend des démarches pour regrouper «tous les opposants au régime, parmi lesquels figuraient Khider, Krim, Boudiaf […]. Il écrivit [alors à] Saddok pour l’inviter à "discuter de la fin des combats avec le régime" ajoutant "qu’il faut se méfier de la fange des faux amis", et insistant sur le fait qu’"il faut savoir reconnaître sa défaite"».

«Lui arrêté, disait Abbane Ramdane s’agissant d’Ahmed Ben Bella, il ne devait rien subsister» de l’OS en 1950. Aït-Ahmed arrêté, il est exclu de laisser la «fange» réussir là où lui a piteusement échoué. La «fange» en l’occurrence, c’est Krim Belkacem, Mohamed Khider, Mohamed Boudiaf, Mohand-Arab Bessaoudd, etc.

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Mohand-Arab Bessaoudd, fondateur de l'Académie berbère
à Paris en 1966, décédé en 2002

D’après Me Mourad Oussedik, la «trahison» de Mohand Oulhadj qui affaiblira l’action armée du FFS n’a strictement rien à voir avec le désir d’union avec Ben Bella contre l’ennemi extérieur (le Maroc) ; elle était simplement motivée par le dégoût que lui inspiraient les méthodes dictatoriales d’Aït-Ahmed, la «guerre des sables» lui offrant une occasion honorable de s’extraire de ses griffes.

En 1963, hors du clan étroit autour de Boumediene et Bouteflika, tout ce qui compte comme personnel politique et militaire en Algérie est désireux de s’unir pour mettre un terme à l’État policier qui s’installait. Vu à tort comme celui qui pourrait unir ces forces louables, Aït-Ahmed a réussi à anéantir toutes les bonnes volontés en quelques mois.

Cette politique à courte-vue est-elle une nouveauté dans le comportement de cet homme ? Est-ce un retournement de conduite fruit d’une expérience riche de son passage au Caire et en prison ? Quinze ans plus tôt déjà, «Lamine Debaghine […] propose à Aït-Ahmed, vers mars 1949, de faire bloc avec lui et de lui apporter le soutien de l’OS.»

On peut fantasmer sur ce que serait devenu l’Algérie si le PPA-MTLD était ainsi tombé dans l’escarcelle des «algérianistes», avec une base militante majoritairement kabyle encline à soutenir la fondation d’un État de droit. Mais on ne refait pas l’histoire et l’histoire a voulu qu’Aït-Ahmed rejette l’offre, laissant le champ libre aux «arrivistes», aux «médiocres», et à un «Comité central d’ignares et d’idiots».
Isolé, «trahi», arrêté en 1964, emprisonné, «évadé» en 1966, exilé, Aït-Ahmed s’installe en Suisse où il mène depuis une vie mi-marginale mi-active.

 

Aït-Ahmed et les services de renseignements

Opposant acharné à tout État policier, telle est l’image que s’est forgée Aït-Ahmed. Remontons à la source des services secrets algériens. Voici ce qu’en dit l’intéressé : «Déjà en 1947, la création d’un service de renseignement était si impérative pour la plupart des membres du Bureau politique du PPA – auquel j’appartenais – qu’elle fit l’objet d’un débat spécial. Le docteur Lamine [Debaghine], l’un des principaux dirigeants du parti, s’empressa de prévenir avec fermeté les dérives inévitables d’un instrument de ce genre. Son objection eut valeur de veto et on ne souleva plus ce problème dans les instances du mouvement.»

Difficile de deviner dans cette déclaration ce que pouvait être la position personnelle d’Aït-Ahmed. On pourrait même supposer que «les dérives inévitables d’un instrument de ce genre» ne pouvaient pas lui échapper, lui adepte qu’il était de L’Art de la guerre de Clausewitz. Mais les faits ainsi présentés ne correspondent pas du tout à la réalité.

Car Aït-Ahmed est en vérité l’inventeur des services secrets algériens, alors qu’il se trouve à la tête de l’OS. «À la lumière des études entreprises, Aït-Ahmed décide le redécoupage des circonscriptions de l’OS […] et la création d’un service de télécommunications et du génie et d’un service de renseignement. Si les deux premières mesures dépendaient de l’état-major de l’OS, la création d’un service de renseignement engage le parti tout entier et relève du Bureau Politique.

Aït-Ahmed soumet la question au Bureau Politique : "Le rôle du service serait de pénétrer les rouages les plus vitaux de l’appareil colonial, gouvernement, général, régions militaires, polices […] faire l’inventaire des hommes clés du corps politique et de la haute administration avec leur CV respectifs. Comment pénétrer les rouages décisifs sinon en y plaçant des hommes de confiance bien entraînés pour ce genre d’activités ou en les plaçant de telle manière qu’ils puissent exploiter les complicités. […] Il nous faut des renseignements […] aujourd’hui afin de déjouer les mauvaise surprises, les projets de répression individuelle et collective et de situer les sources d’information dont disposeraient Costes et Havard, de la police des RG et le colonel Schoen, en notre sein. Pour demain, et c’est plus essentiel qu’on ne le pense, pour être en mesure de détecter les intentions stratégiques, politico-militaires des services adverses."»

On sait à quel point les préventions de Debaghine étaient fondées au regard de ce qu’est devenu l’État algérien après 1962. C’est ce service, appelé MALG, confié à Abdelhafid Boussouf durant la guerre, qui enfanta la SM. Ce sont les Boussouf boys, renforcés par des agents formés par le KGB, entraînés par la DST, les services égyptiens, allemands et soviétiques qui constituèrent l’ossature de l’État algérien, un régime policier, de torture, de crime, de terrorisme et de spoliation.

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Abdelhafid Boussouf

Durant tout le règne de Boumediene, Aït-Ahmed, réfugié en Suisse, n’a pas arrêté de rencontrer les émissaires algériens de la SM, et de parlementer avec eux. Certains lui firent croire qu’ils étaient des opposants au système dont ils étaient les émissaires et attendaient simplement la bonne heure pour redonner à la démocratie ses lettres de noblesses.

Le moment venu, ils feraient appel à lui pour conduire les affaires du pays. «Ils lui donneraient un poste important», dirait Ahmed Ben Bella. La plupart des militants proches d’Aït-Ahmed, opposants en Algérie ou en France, se révéleront au cours des événements de 1980 et aujourd’hui encore comme des agents des services de renseignements. Lorsque le pouvoir annonce la dissolution de la SM, c’est Aït-Ahmed qui est sollicité pour donner son onction à la démarche, saluant une avancée historique. On sait tout ce que cette avancée a apporté aux Algériens : le DRS, le putsch, la décennie noire, la mafia au sommet de l’État.

 

Aït-Ahmed anti-berbériste

La meilleure preuve sur cette faillite d’une vie, c’est Aït-Ahmed en personne qui nous le fournit, notamment dans L’Affaire Mécili où son défunt ami lui permet d’exprimer par procuration les idées qu’il répugne à assumer lui-même. Un livre où s’entrechoquent anachronismes, omissions, petites ingénuités et mensonges éhontés. On y découvre ligne après ligne un anti-berbérisme viscéral. «Ali partageait aussi d’emblée mon souci d’échapper aux accusations de "berbérisme" et de "régionalisme".

Il m’épargna les interrogations habituelles qui, aussi normales et fondées soient-elles, ne tiennent pas compte des réalités têtues. Il ne me proposa donc pas de pourfendre "l’arabisme despotique et sectaire" ; [...] "Derrière l’assassinat d’un Kabyle, il y a toujours un Kabyle. Une vraie malédiction" lançait [Mécili] ensuite en guise de conclusion. Il y avait une étrange pudeur dans son silence embarrassé. Comme si, ayant osé lever le voile sur la tare congénitale d’une communauté, il se souvenait tout à coup que cette famille était aussi la sienne. […] "Cette hargne impitoyable, ces inextinguibles jalousies nous viennent de loin. Le zèle anti-kabyle des kabyles m’a toujours sidéré", remarquait Ali.»

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Ali Mécili

Mécili a-t-il pu exprimer des pensées aussi crétines ? Si tel en fut le cas, on peut trouver cavalière cette façon de disposer de la mémoire d’un homme disparu, de donner à des propos sortis de leur contexte une dimension testamentaire irrémédiable.

Ainsi, au gré des années, développe-t-il une forme de paranoïa sévère qui lui fera entrevoir tous ceux qui se présentent à lui en toute bonne foi pour partager son chemin comme des agents de la SM (puis du DRS) chargés de l’éliminer. Dans ces conditions, ceux qui auront l’heur de lui plaire et d’obtenir sa confiance sont des individus intéressés, serviles, qui lui disent ce qu’il veut entendre, en d’autres mots en grande partie des agents des services algériens.

Sa hantise, être considéré comme un Kabyle, ce qui l’amène à entrevoir les Kabyles comme souffrant d’une «tare congénitale» qui les conduit à éliminer tout autre Kabyle qui émerge. Sentiment qu’il a dû concilier avec les nécessités primaires : La Kabylie a été son fief militaire en 1963, et son fief politique durant la décennie 1990. Il en va ainsi lors de la défection du colonel Mohand Ouelhadj, chef militaire de la Wilaya III parti rejoindre Ben Bella. «Mais que pesait [la] loyauté [d’Ali Mécili] face aux compromissions des uns et des autres ? Elle n’avait pu empêcher ce que nous redoutions le plus : la division de la Kabylie» se plaint-il, ignorant l’aveuglante contradiction à considérer la Kabylie une et indivisible tout en proclamant un «souci d’échapper aux accusations de "berbérisme" et de "régionalisme».

 

Qu’est-ce donc que le berbérisme ?

Essayons de le définir non pas de façon arbitraire, mais par les ambitions politiques, sociales et culturelles proclamées par ses militants les plus connus. Deux épisodes ont marqué leur combat : Le premier, nous l’avons vu, a eu lieu en 1949 et a été porté par la volonté de donner des assises civiles et démocratiques à l’Algérie engagée sur les voies de l’indépendance. Cette volonté a été brisée par les forces conservatrices, lesquelles considéraient que les Algériens ne devaient pas s’interroger sur leur identité puisqu’ils étaient «arabes et musulmans» ; il n’y avait pas de nécessité de fonder les structures politiques civiles et démocratiques puisque le parti unique était la seule perspective envisageable, autour d’une figure emblématique, Messali Hadj.

La crise qui s’ensuivit, baptisée «berbériste», explique Mohammed Harbi, «annihile les espoirs de voir le nationalisme radical se développer indépendamment de la foi religieuse. L’aventure de Benaï Ouali, de Rachid Ali Yahia, a engagé la lutte pour la démocratisation du PPA-MTLD dans une impasse.

La saisie rationaliste et laïque du problème politique s’efface dorénavant au profit de l’approche mystique. L’épuration du mouvement berbériste a abouti a l’élimination des cadres de valeur pour faciliter la promotion de médiocres liés à l’appareil et redoutant par-dessus tout d’être taxés de matérialistes et de marxistes.» «L’aventure» aurait pu ne pas mener «dans un impasse» s’il y avait assez de démocrates pour épauler ses promoteurs…

19-04-2010
manifestation lors du "printemps berbère"

Le second épisode a lieu en 1980. Connu comme le «printemps berbère», il a vu la population de Kabylie se soulever contre le pouvoir policier, derrière les slogans : «démocratie, justice sociale, langues et cultures algériennes». Ce mouvement a brisé la chape de peur qui régnait à l’époque et conduit toutes les régions du pays à lancer leur propre révolte, avec les mêmes slogans, assortis d’un autre : «Les Kabyles avaient raison !», pour montrer à la face du régime que le discours séparatiste, régionalisme, populiste, sur lequel il prospérait n’abusait plus personne. Voilà ce que le berbérisme a concrètement revendiqué, la volonté de donner au peuple algérien les instruments de sa souveraineté, de vivre dans la dignité, dans sa culture, dans la diversité et, surtout, dans la liberté retrouvée.

C’est ce berbérisme-là qu’Aït Ahmed considère comme une de ces «tares congénitales» contre lesquelles il faut se battre, quitte pour cela à oublier incidemment que l’ennemi en face tue, torture, vole, viole, détourne, corrompt, déstructure, engendre l’obscurantisme, la pauvreté, la maladie, la peur, la pollution, selon un programme qui dessine des desseins génocidaires. Avec l’eau du bain du berbérisme, Aït-Ahmed n’hésite pas à jeter le bébé de la démocratie. Et honni soit qui mal y pense !

Arrivé en 1990 en Algérie où il n’a plus aucun repère, il toise de haut tous les militants kabyles de valeur qui se sont aguerris dans le mouvement culturel berbère. «Ces hommes-là, ils te feront un parti dans ton parti», le prévient un de ses collaborateurs si proche qu’il deviendra plus tard Secrétaire général du FFS. Lorsqu’Aït-Ahmed le soupçonna enfin d’être une taupe des services algériens, il le marginalisa. Celui-ci s’empressa de rallier le RCD, dont il devint député, puis ministre de Bouteflika. Il refusa de quitter le gouvernement lorsque Saïd Sadi, poussé par sa base, exhortera ses ministres à remettre leur démission après le printemps noir en 2002 où la police a tiré sur les jeunes Kabyles comme on fait des lapins de garenne dans une chasse à cour. Cette taupe au sein du FFS, les militants du mouvement culturel berbère l’avaient identifiée comme telle 8 ans plus tôt, en 1986.

En tout état de cause, il est devenu rapidement clair que pour se promouvoir au sein du FFS, durant les années 1990, il valait mieux montrer patte blanche. Qui est prêt à cela, sinon des «médiocres liés à l’appareil et redoutant par-dessus tout d’être taxés de» berbéristes ?

 

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Aït-Ahmed et les nouvelles générations

Les événements d’avril 1980 surprennent Aït-Ahmed. Menés par la Kabylie, notamment au nom de la culture berbère, la révolte le laisse pour ainsi dire... désarmé. Encore des «berbéristes»! Huit ans plus tard, et après que toutes les régions d’Algérie ont suivi le sillon tracé par le «printemps berbère», éclatent les événements d’octobre 1988. Il est encore une fois pris au dépourvu. Depuis 1980, la seule initiative notable à mettre à son actif a été la déclaration commune faite en 1986 avec Ahmed Ben Bella, celui qui jeta les jalons de la dictature, qui se découvre soudain des vertus insoupçonnées de «démocrate». Une initiative absurde.

Dans le sillage de «l’ouverture politique» esquissée par les événements d’octobre 1988, Aït-Ahmed entre en Algérie en 1990, donnant, sans exiger le moindre gage, sa caution aux processus meurtriers en gestation. Survient le coup d’État de janvier 1992.

À cette occasion, il participe en décembre 1991 à une mascarade électorale au cours de laquelle le pouvoir organise littéralement la victoire des islamistes, dans le dessein programmé d’imposer le retour à la dictature militaire «seule capable de sauver le pays de la talibanisation». C’est ensuite lui qui offre aux militaires le moyen de manipuler l’opinion mondiale. Le général Khaled Nezzar n’a aucun mal à truquer la marche organisée par le FFS en appel à l’armée en vue de suspendre le processus électoral. L’appel au putsch, avec Aït-Ahmed à l’image, dans les haut-parleurs le son enregistré dans les laboratoires déjà opérationnels du DRS, et les télévisions du monde entier pour porter le message.

Depuis le début de la décennie 1990, Aït-Ahmed n’a eu de rôle que de contrepoids pour le RCD de Saïd Sadi. «Un Kabyle pour en neutraliser un autre», pourrait-on faire dire à Ali Mécili. On peut citer à son actif d’avoir participé, avec bon nombre de personnalité politiques à la représentativité plus ou moins équivoque, aux réunions de la communauté chrétienne de St-Égidio visant à sortir l’Algérie de la spirale meurtrière. Une initiative qui a eu un impact nul sur le devenir des Algériens et que le FFS brandit depuis comme l’expression d’une victoire historique. Un échec patent en guise de catalogue politique.

La toute dernière bévue d’Aït-Ahmed intervient en 2012. Alors que tous ceux qui tentent laborieusement de s’opposer à ce régime appellent au boycott de l’élection législative, afin que, faute de mieux, l’on puisse au moins prouver à la face du monde l’absence totale de représentativité de ce régime, Aït-Ahmed surprend en décidant de lui offrir une nouvelle fois sa caution.

Voilà : 65 ans d’une vie politique au service de l’Algérie à l’impact positif négligeable. Des tribulations qui ont au contraire permis à la dictature d’éclore dans les structures du PPA-MTLD, de prendre ses vigueurs au cours de la guerre de libération, de prospérer et de se renforcer pendant trois décennies, et de s’envoler au point de prendre des proportions meurtrières inégalées durant la décennie 1990, avant de se muer en mafia militaro-affairo-terroriste aujourd’hui qui transforme le pays en une pagaille irréparable. Voilà en quelques mots l’histoire d’Aït Ahmed.

Un de ses anciens camarades de combat, Mohand-Arab Bessaoud, s’est fondu d’un ouvrage dont le titre, FFS, espoir et trahison, traduit à lui seul tout le ressentiment qu’il a nourri à l’égard de cet homme. Un autre, Me Mourad Oussedik, tout aussi ulcéré, a fini sa carrière en défendant dans les prétoires les dirigeants du FLN qu’il a combattus sur les terrains politique et militaire. On peut citer des dizaines d’hommes qui ont voulu se joindre à Aït-Ahmed pour tenter de renverser le régime militaire de Ben Bella puis de Boumediene, et plus tard de Larbi Belkheir. Dégoûtés, abandonnés, ils ont tous été arrêtés, éliminés physiquement ou retournés pour devenir les petits soldats de la SM puis du DRS

 

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Ses thuriféraires invoquent un homme d’une probité intellectuelle et morale infaillible et invoquent comme une sorte d’étendard que lui, au moins, n’a «pas de sang sur les mains». Ce serait faire peu de cas des centaines d’hommes qui l’ont suivi au sein du FFS et qui ont trouvé la mort, des milliers d’autres arrêtés durant les années 1960 par la SM et torturés jusqu’à en perdre leur équilibre mental ; d’autres encore, plus récemment, ont connu d’immenses avanies sans jamais obtenir le soutien du parti au sein duquel ils ont activé.
Des hommes qui ne méritent pas même quelque hommage de la part d’Aït-Ahmed. La mémoire de son plus proche compagnon de route, Ali-André Mécili, assassiné en 1987 par la SM à Paris, ne sert que de célébration annuelle du culte d’Aït-Ahmed.

 

quitter le FFS

Aït-Ahmed vient d’annoncer son intention de quitter le FFS au cours du printemps prochain. Ils sont nombreux à attendre son retrait prochain de la vie politique pour faire du FFS le tremplin qui les propulserait enfin dans le cercle étroit des «affaires». Une mystification de plus à laquelle un régime aux abois ne manquera pas de recourir pour gagner cinq, dix ans. Aït-Ahmed aura ainsi légué aux générations futures l’instrument de leur aliénation.

On peut se demander cependant s’il n’y a pas mieux à faire que de consacrer un portrait à un homme fini. Et l’on pourra arguer qu’il ne mérite pas ces critiques, sachant qu’il y a bien pire. En fait, Aït-Ahmed est, de cette génération, celui qui se rapproche le plus d’un «démocrate». Il y a en effet bien pire. Mais ceux qui prétendent qu’il ne faut rien dire sur les «moins pires» car il y a «plus pire», ce sont les mêmes qui ne disent rien ni sur les uns ni sur les autres. Nous avions commencé par cela, cet échange de bons procédés qui a conduit Ben Bella à envoyer des fleurs par procuration à Aït-Ahmed.

Ben Bella a jeté les jalons de la dictature, Aït-Ahmed est incontestablement comptable de complicité. Il se targue d’avoir inspiré le programme du FLN de Ben Bella, le parti unique, le socialisme, la gestion socialiste des entreprises, la gestion des biens vacants. Il est militariste quand ça l’arrange, et adepte de la «non-violence» quand il le préfère. Il est membre à part entière de la Kabylie quand celle-ci doit abriter ses menées politiques et armées, et anti-berbériste la plupart du temps. Il est démocrate quand ça le sert et adepte de la dictature le reste du temps. Il est l’ennemi d’un État policier et religieux, à condition qu’il soit seul à incarner l’alternative à ces deux faces du régime algérien.

 

Aït-Ahmed se considère-t-il comme un Kabyle ?

Il reste au final une question à élucider. Aït-Ahmed se considère-t-il comme un Kabyle, lui, le descendant d’une famille maraboutique qui a eu plusieurs siècles pour s’intégrer à la société qui l’a accueillie ? Il n’a jamais esquissé la moindre réponse à cette question. L’interrogation n’est pas anodine, car de sa réponse dépend le classement de ce présent portrait, qui peut être considéré comme l’alignement de faits historiques irrécusables, ou alors l’expression de cet atavisme anti-kabyle qu’Aït-Ahmed prête aux Kabyles.

Car tout compte fait, tout ce qu’on peut dire sur l’Algérie et les Algériens, dans ce pays colonisé, ce pays que la génération 1954 a arraché à la France pour le jeter dans les griffes de criminels accomplis, c’est autant qu’en emporte le vent…


Lounis Aggoun

 

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25 février 2013

les femmes algériennes dans la guerre d'Algérie

Mémoires de femmes couv

 

Les femmes, vaincues de la Guerre d’Algérie

général Maurice FAIVRE

 

Je vous recommande ce DVD. 

Feraru Marcela. Guerre d'Algérie. Mémoires de femmes. DVD de 90 minutes, producteur Secours de France. 17 euros.

L'association Secours de France, créée en 1961 par Clara Lanzi pour aider les officiers perdus et les harkis, a demandé à Marcela Feraru (1) de réaliser un DVD sur les femmes dans la guerre d'Algérie, avec le conseil des historiens Daniel Lefeuvre et Diane Sambron. Ce DVD a été présenté le 20 février par la mairie de Charenton.
Ce DVD émouvant est fondé sur le témoignage de femmes de toutes origines : Françaises et Juives d'Algérie, Algériennes nationalistes, filles de harkis, membres des équipes médico-sociales. Toutes ces femmes ont subi, dans leur chair et dans leur cœur, les souffrances d'une guerre meurtrière. Dans leur diversité, ces témoignages illustrent la complexité de cette guerre.

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Diane Sambron montre que le statut islamique et patriarcal condamnait les musulmanes au mariage forcé (parfois à 9 ans), à la répudiation et à la polygamie. Émancipées par l'ordonnance de 1959, elles ont retrouvé leur condition inférieure dans le Code de la famille de 1984.
Les nationalistes expliquent les raisons de leur choix : la spoliation des terres, l'injustice de la colonisation et la pauvreté des indigènes, le refus de nationalité française, assimilée à une apostasie, le retard dans l'éducation des filles.
11.000 femmes se sont engagées dans la lutte pour l'indépendance, dont 18% ont supporté (difficilement) la promiscuité des maquis. Les autres ont accueilli et nourri les insurgés, et recueilli les cotisations. Quelques-unes ont déposé des bombes (Zora Driff ne le regrette pas), elles ont été arrêtées et certaines brutalisées. Toutes ont célébré l'indépendance dans la liesse. «Sortir les colons» fut un objectif réussi, mais certaines l'ont regretté : pourquoi tu pars, disent-elles à leur amie française ?
Les Européennes estiment en effet que les relations entre communautés étaient conviviales, dénuées de racisme, malgré l'inégalité des conditions matérielles. Elles aimaient leurs camarades d'école, et la fatma de la famille.
Les guerres de 1914 et 1940 les ont montrées capables de diriger les employés arabes de leurs exploitations. Après avoir subi le terrorisme meurtrier de 1957, elles ont cru à la fraternisation de mai 1958,. Elles n'ont pas compris la politique d'abandon du général de Gaulle, et ont approuvé malgré ses excès la révolte de l'OAS. Les enlèvements de 1962 les ont contraintes de quitter dans le douleur un pays qu'elles adoraient.
Les représentantes de l'armée et des harkis évoquent le courage des femmes, la politique de contact et d'éducation des militaires, le dévouement des équipes médico-sociales itinérantes, la séparation des familles. On notera que la fille du général Salan révèle que son père s'est révolté en sachant qu'il n'avait pas de chances de gagner.
La fin de la guerre fut ainsi «un désastre pour tous». Toutes ont perdu quelque chose. La nostalgérie des Pieds Noirs est bien connue ; ils n'ont plus de racines. Mais les nationalistes qui ont célébré «la naissance d'un pays» constatent que ce fut «une indépendance sans la liberté», consacrant la «domination des hommes». Les femmes sont les vaincues de cette guerre.

Maurice Faivre
le 25 février 2013

1 - Réalisatrice de Face à la Mort, les prisonniers de Ho Chi Minh et Histoire d'un abandon (des harkis).

- Secours de France

- Secours de France : Femmes dans la guerre d'Algérie

- vidéo : générique de début

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- vidéo générique de fin

- vidéo : un témoignage

- blog de Marcela Feraru

 

autres références

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source

 

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14 février 2013

réponse à une critique sur le film 3D "Je vous ai compris"

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 réponse de Georges Fleury au général Faivre

 

Chers amis,

J'ai pris connaissance de la critique du général Faivre concernant Je vous ai compris le film que j'ai co-écrit et co-dialogué avec Frank Chiche (et non Jean, comme l'a écrit le général). Je tiens à préciser que ce film d'animation, qu'il est tout à fait en droit de ne pas apprécier, est une fiction.

Il faut la prendre comme telle et non comme une leçon d'Histoire ou un film de plus sur la guerre d'Algérie. Lorsque le général Faivre se déclare surpris que j'ai pu cautionner cette oeuvre, il n'aurait pas dû ajouter que je ne serais qu'un "mémorialiste très bavard et non un historien rigoureux" puisque j'ai eu l'honneur de recevoir le Prix Maréchal Foch de l'Académie française.

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"anachronismes"

Lorsqu'il se met en peine de relever des anachronismes dans mon travail, il rappelle que les poseuses de bombes ont sévi en 1957 et pas en 1961 et que l'intervention des parachutistes (Résurrection) se situe en 1958.
Pour le premier "anachronisme"  qu'il souligne, il apparaît clairement dès le début du film que la soeur de Jacquot a posé une bombe en 1957 ! Pour ce qui est des paras sautant sur la métropole, si le plan Résurrection, dont il n'est nulle part fait référence dans le film, a bien existé en 1958, à moins que je vive un mauvais rêve ! il n'en est pas question dans Je vous ai compris.
Je suis assez bien placé pour savoir ce qui s'est passé à Paris après l'appel va-t'en-guerre que Michel Debré a adressé à la population métropolitaine d'aller barrer les pistes des aérodromes situés en Île-de-France. J'étais cette nuit là, chef de la garde de la base aéronavale de Dugny-Le Bourget et c'est moi qui ai empêché une trentaine d'individus en armes venant de la mairie de Dugny au "nom du gouvernment" dans l'intention d'empêcher l'intrusion des paras venant  du sud-ouest ou d'Algérie.

"la valise ou le cercueil"
En poursuivant la lecture éreintante de la critique du général Faivre je relève que l'OAS n'était pas ostentatoirement représentée à Alger durant le putsch. Il y avait pourtant un calicot qui barrait l'entrée d'un immeuble où se tenait un "bureau d'engagement ".
Les brassards OAS ont bien entendu disparu sitôt le putsch terminé.
Si l'un des protagonistes use du slogan "La valise ou  le cercueil " c'est en réponse aux  nationalistes qui l'avaient utilisé avant 1954.
Le "général-critique" n'a pas le droit de refuser que dans une oeuvre de fiction, une jeune militante du FLN se serve du mot fasciste pour désigner les manifestants qu'elle voit passer dans une rue.
Lorsqu'il ajoute que ni Challe ni Salan n'étaient pas des fascistes, sous-entendrait-il ce faisant que Jouhaud et Zeller, eux, en étaient ?
Il rappelle aussi que tous les colons ne faisaient pas "suer le burnous"... Mais le seul colon qui apparaît dans notre film est justement le meilleur ami de son régisseur Karim, le père de Malika, une étudiante militante du FLN !

Puisque d'après le général Faivre je serais un "mémorialiste très bavard ", je pourrais écrire des heures durant une plaidoirie dont notre Je vous ai compris n'a nul besoin pour exister. D'ailleurs, il sera bientôt accesible aux lecteurs de tablettes en trois volets de 30' dont le premier est déjà téléchargeable gratuitement et les deux autres le seront très bientôt au prix de 3,99 €.
Si ces trois volets existent c'est justement  pour que grâce à des illustrations dessinées et mes textes historiques le public puisse aller plus loin que dans notre fiction qui est en fait une véritable tragédie grecque dont le putsch ne sert que de décor. En dire plus ici, ce serait dévoiler son intrigue.
Croyez en mon amitié sincère...
Georges Fleury,
Chevalier de la Légion d'Honneur, Médaille militaire,
Croix de la Valeur militaire avec palme et étoile de bronze,
55 livres au compteur et chevalier des Arts et des Lettres. 

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25 janvier 2013

les éditions Atlantis

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un éditeur franco-allemand

dédié au travail historique et mémoriel sur

l'Algérie coloniale

 

Bienvenue sur le site Internet des éditions Atlantis.

Herzlich willkommen auf der Homepage der Edition Atlantis !

- les éditions Atlantis

 

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... et d'autres ouvrages encore...!

- les éditions Atlantis

 

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29 janvier 2013

mobilisation de l'Algérie, 1942-1945

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à Maximiliansau, un tirailleur de la 3e section de la 3e compagnie du 1er bataillon de la 3e RTA
(Régiment de Tirailleurs Algériens) à son poste de guet devant les blockhaus allemands de la ligne Siegfried

source

 

la mobilisation de l'Algérie pour la Libération

(1942-1945)

Julie LE GAC

 

La prochaine séance du séminaire "Pour une histoire sociale de l'Algérie colonisée", aura lieu le mercredi 6 février, à 17h30, (Paris, 9 rue Malher, 6 étage).
 
Julie Le Gac (ISP-ENS Cachan), prononcera une intervention intitulée : «Fissures d'Empire : la mobilisation de l'Algérie pour la Libération (1942-1945)».


- Julie LE GAC : bio-biblio

 

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29 novembre 2012

les leaders algériens durant la présence française en Algérie

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Abd-el-Kader

 

Les leaders algériens, leurs relations

avec la France et le monde

Oudainia KHALIL

 

Essai dans lequel j'aborde le sujet critique en Algérie des DAF, déserteurs de l'armée française, notamment aux dernières phases de la guerre de libération et ce en projetant le reflet historique.

Partie 1 :

Les leaders algériens durant la présence française en Algérie.

Les leaders algériens ont été bien vénérés longtemps pour ce qu'ils méritent en tant que résistants mais également comme il se doit dans la coutume de culte de la personnalité dans notre population. C'est vrai que par rapport à d'autres leaders dans d'autres civilisations ils sont beaucoup plus respectueux et n'avaient pas des comportements personnels blâmables comme Napoléon, Bismarck ou Simon de Bolivar. Peut-être à cause du conservatisme de la population et son attachement à l'aspect moral.

Est-ce cela suffit pour ne pas évoquer tout leur itinéraire, et le positionner dans son contexte historique, et surtout le mettre à la connaissance des partisans de l'idée des infiltrations menées, ou prétendues, des militaires indigènes de l'armée française, reconvertis à l'approche de l'indépendance à l'ALN?

L'Émir Abdelkader, vu en Algérie comme le fondateur de l'État algérien moderne avait une relation pour le moins étroite avec l'Administration française.

Nous citons ci-dessous, un fragment d'une lettre prétendue envoyée par l'Émir Abdelkader au consul français à Damas (empire Ottoman) 

الحمد لله سعادة الأخ برتان الأكرم أدام بقاءكم في النعيم أمين، أما بعد فإنه وصل البارحة رجل من الجزائر كان سافر إليها من مدة ستة أشهر فأخبرت أن عدو الله وعدوي وعدو نفسه المجنون محي الدين وصل إلى الحدود بين حكومة تونس وحكومة الجزائر فحصل عندي من الغم والهم من هذا الخبر السوء ما لا أقدر أصفه لكم وتحيرت وما عرفت ما أصنع. ولو جاءني خبر موته كان أحب وأشهى إلي من أسمع أن يسعى في الفساد وحيث أعرف أن كثيرا من الناس البعيدين عنا يتوهمون أن هذا الفعل القبيح بإرادتي وإذني وجدت الطريق التي تحصل به براءتي من هذا الولد المجنون و من فعله القبيح فإذا استحسنتم جنابكم تتخابرون مع الوزير فإذا أحسن عنك مساعدتك أكتب مكاتيب خصوصية لكل قبيلة من القبائل الذين مع المفسد بعد أن يعرفوني أين هو وأسماء القبائل هم عندهم ليتحقق الناس أني برئ منه ومن عمله.

منتصف محرم 1288

المخلص عبد القادر.

Dans cette lettre il renie son fils qui revient en Algérie pour participer à la grande insurrection de 1871. Nous trouvons la confirmation de l'existence de cette lettre, dans laquelle il réfute l'action de son fils, combattant la France, dans le livre de l'Emir Abdelkader écrit par Bruno Étienne (page 491 de la version traduite en Arabe par Michel Khoury, Editions Attia) sans pouvoir confirmer son contenu exact.

Après la fin de sa résistance, il a passé 5 ans d'emprisonnement. Son intervention dans les évènements Musulmans-Chrétiens (1860) lui a valu la décoration par la légion d'honneur de la France.

L'Émir Abdelkader, dit le père fondateur de la nation moderne, a combattu l'armée de la colonisation de 1832 à 1947. Mais est-ce seulement la guerre qui les reliait? Et quelle explication peut-on donner à sa relation avec l'Empire après sa capitulation? Et surtout pourquoi ces faits ne sont pas mis à la disposition des écoliers algériens, à qui on ne présente que les phases de la résistance et une courte présentation de sa vie à Damas?

Est-ce que sa proposition à l'Angleterre et aux États-Unis d'exploiter des ports en Algérie, en contrepartie d'un soutien pour chasser les Français, peut, selon le raisonnement de nos jours, nous faire dire qu'il est Pro-américain!?

C'est clair que ce qui est écrit ci-dessus est une analyse abstraite, partielle et incomplète, afin qu'on n'aille pas très vite à remettre en cause la lutte héroïque du premier leader algérien d'Al-Djazaïr (Algérie) Moderne.

 

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Mokrani fidèle à l'Empereur de la France

Mokrani, un des prestigieux leaders algériens, suscite toujours une polémique à propos de son parcours en tant que chef rebelle.

On est arrivé même à dire que la guerre est déclenchée (1871) à cause de la privation de ses privilèges. Ce qui explique en partie peut-être, la répression féroce qui a suivi, de crainte d'un leader si Charismatique. Nous ne soutenons pas cette hypothèse à laquelle nous n'avons trouvé aucune source la confirmant.

Ce qui est connu en tout état de cause, c'est la forte possibilité qu'avait Cheikh Mokrani dans le projet du Royaume Arabe de l'Empire, pour accéder à la place du Sultan ou Kalif ; Mokrani, qui voulait confirmer son attachement, a proposé à l'Empereur une légion dans la guerre contre la Prusse; mais l'empereur a refusé! Ce refus, ajouté à la dette non-remboursée que les Autorités ont emprunté de Mokrani et les nouvelles méthodes de traitement parues avec l'instauration de la troisième République restent pour beaucoup de spécialistes les causes principales de la plus grande Insurrection qu'a connue l'Algérie durant l'occupation avant 1954, plus grande même que la Résistance de l'Emir.

Bien sûr il faut prendre en considération la coïncidence des faits avec l'avènement de la Commune de Paris.

Comme détail aussi, doit-on mentionner, avant cela une raison de la participation faible de l'Ouest très démuni, en cette guerre, selon certaines sources : la famine de 1866-1867 qui a frappé le pays, notamment en la partie Ouest, a vu la mort d'environ le tiers de la population algérienne (1), élément crucial en cette guerre.

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L'Émir Khaled, le premier Nationaliste Algérien(2):

L'Émir Khaled pour beaucoup d'historiens est le père du nationalisme algérien, et la figure de proue du mouvement jeunes-algériens.

Evoquons donc certains épisodes de l'itinéraire, seules nécessaires à notre analyse, de ce fameux Leader algérien.

L'Émir Khaled a étudié à l'Ecole des officiers militaires Saint-Cyr, sur insistance de son père l'Emir Hachemi. Par la suite, il a refusé de se naturaliser français, ce qui montre une opposition certaine au système coloniale. Un des évènements de son parcours est la participation avec son régiment, aux évènements du Maroc 1907. En 1914 l'Émir Khaled s'engage de sa propre initiative dans l'armée française pour défendre la Nation durant la guerre.

Action de courage, bien qu'il soit fonctionnaire à l'armée française, il envoie une lettre au président Willson pour demander que l'Algérie soit représentée à la ligue des nations indépendamment de la France. (3) (il s'adapte aux circonstances dans sa lutte, le fait de s'engager à l'armée française n'est nullement équivalent de quelconque alignement, bien qu'elle soit une position non-confortable).

L'Emir Khaled avait devant lui une réalité et une administration à confronter et certainement il ne pouvait faire plus dans ces circonstances.

Cela peut être également projeté, d'une manière ou d'une autre, sur les officiers indigènes, et même naturalisés français, ralliés à l'Armée de Libération Nationale, avant le cessez-le feu.

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La lutte de Ferhat Abbas peut aussi susciter des débats surtout avant 1945, où ses idées étaient nuancées par rapport au nationalisme, notamment si on se rappelle son fameux article, dans la Défense, "La France c'est moi!". (Article controversé).

À tort ou à raison, nous, nouvelles générations, du fait d'un héritage réflexif de nos pères surtout, accusions les hommes du pouvoir, militaires notamment, d'être des serviteurs de la France, Hizb Farança (Parti de France) comme on les appelle.

De ma part, je considère que nous pouvons être politiquement opposés à ces officiers qui ont pris le pouvoir d'une manière apparente depuis 1992, et les accuser également de corruption, mais le fait de remonter leurs itinéraires à la période 1954-1962, qui me paraît partial au regard de ce qui vient d'être relaté, cause, principalement deux répercussions, pour le moins dangereuses :

1 - ce fait de qualification d'agents français, d'une classe bien large, qui, à certains moments, détenait la direction de la presque totalité de l'armée, et par conséquent de l'état algérien, à cause de la nature même du système algérien post-indépendance, remet en cause la légitimité même de l'état, et plus grave encore, de la nation.

2 - Vivions-nous dans un état de trahison ? Et si oui est la réponse, à quel niveau peut-on évaluer notre rôle, à cause de la non-action face à ce fait grave, à moins que les traîtres, outre à la force mise à leur disposition, sont si nombreux plus même que les "nationalistes" et par conséquent, s'appuyant sur la démocratie ils constituent la majorité qui a le droit de choisir, même que l'état soit assujetti! Certainement, c'est absurde.

Nous devons être plus conscients de nos analyses et hypothèses

_____________________

À la lumière de ce qui vient d'être relaté nous pouvons pour le moins avoir un constat :

- Il est évident que ces militaires n'ont pas de repères idéologiques, des intellectuels qui les conseillent, pour exploiter ou plus même ces fragments, je dis bien fragments, de l'histoire des ces grands messieurs de l'histoire algérienne, pour dire ainsi nous ne sommes pas différents de ces héros historiques. Heureusement que cela n'a pas était exploité ainsi, sinon l'histoire de l'Algérie aurait été souillée une fois de plus.

Nous entendons par Intellectuels au Service de la promotion idéologique des régimes, des personnalités come : HASSANIN HAYKAL et TOUFIK EL-HAKIM en Egypte, Michel Aflak, un des fondateurs de l'idéologie du Baath en Irak et en Syrie, ou Bernard Henri Levy (BHL) en France, d'une manière relative bien sûr.

Les pays qui ont entamé une compagne de vengeance après une guerre, l'ont payé, et assument les mauvaises répercussions à nos jours ; la France avec le gouvernement Maréchal Pétain, les printemps arabes et la Libye constituent des bons exemples.

Je suis favorable à la justice mais avec des preuves, d'ailleurs nous nous accusons dans nos débats de traîtres. C'est parce que nous n'avons pas atteint un niveau d'acceptation mutuelle; cela nécessitera un peu plus de temps comme c'était le cas des pays européens si nous les prenons comme exemple, la gauche et la droite en France, révolutionnaires et Monarchistes, qui s'entretuaient même, à un certain moment, ont compris que personne ne pourra anéantir l'autre.

C'est pour dire, si on juge ces officiers de cette manière, il n'y a pas lieu à procéder à deux poids de mesure, cela doit tomber sur l'ensemble des leaders; ou bien exclu pour les uns comme pour les autres

Il faut accepter l'autre. Certains pensent que l'Algérie est un pays Amazigh-Arabe musulman, pourquoi faire des concessions!

Les partisans de l'autre vision, disent : ces réactionnaires ne s'attachent pas à l'esprit de la religion mais plutôt à la forme. Ils ne méritent même pas d'être entendus!

Certainement nous n'avons pas atteint le niveau de la guerre civile libanaise, tueries et intervenants qui sont arrivés à s'allier à Israël et leurs opposants, ils ont fini par s'assoir sur une table, ni même la situation de l'Irlande. Donc nous avons bien des chances à redresser la situation.

En Algérie, après 1988-1992, et même après, c'est surtout à cause de l'anarchie qui régnait au pays, qu'on ne peut chercher des intellectuels parrains, à l'exception de certains Laïcards.

Mais peut-être les choses se préparent doucement, dans ce but, sans qu'on s'aperçoive.

Dans la deuxième partie nous évoquerons l'histoire des DAF (déserteurs de l'armée française) avec plus de précision, dans une approche historique-comparative, surlignant la culture d'Instrumentalisation de la religion après l'indépendance.

Oudainia Khalil (20-08-2012)
traducteur et Historien

 

Notes :

(1) : Djilali Sari – Algérie pérennités et résistances (OPU 2002).

(2) : le sous-titre est tiré d'un article de Robert Ageron, in Revue de l'Occident musulman

(3) : Mahfoud Keddache, L'Emir Khaled. (OPU 2009).

 

émir Khaled Meynier

 

- suite de ce article (28 décembre 2012)

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29 décembre 2012

accords d'Évian, très vite démantelés...

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des accords qui ne firent pas une réconciliation

Guy PERVILLÉ

 

Guy Pervillé, Les accords d’Évian (1962). Succès ou échec de la réconciliation franco-algérienne (1954-2012), Paris, Armand Colin, Collection U, Histoire, "Les événements fondateurs", septembre 2012, 288 p.

Ce livre reprend, complète et surtout met à jour le livret illustré d’extraits de presse que son auteur avait publié il y a vingt ans dans la collection de la Documentation française intitulée "Les médias et l’événement", aujourd’hui disparue. Partant de l’événement du 18 mars 1962 (signature des accords d’Évian destinés à mettre fin à la guerre d’Algérie), il remonte davantage vers les origines de la négociation entre la France et les chefs du nationalisme algérien, et montre même pourquoi ces négociations étaient impensables, dans l’esprit des dirigeants français, avant 1955.

Mais aussi et surtout il s’intéresse aux suites et aux conséquences de cet événement en allant jusqu’à une histoire immédiate ou presque immédiate (premier semestre 2012). Ainsi ce livre nous présente une première esquisse de l’histoire des relations toujours difficiles entre ces deux partenaires, la France et l’Algérie.

Entre 1954 et 1962, la politique algérienne de la France évolua très rapidement, du principe de l’intégration croissante de l’Algérie dans la métropole à la recherche d’une négociation sur l’autodétermination de ses habitants et la définition de nouveaux rapports entre deux États indépendants.

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négociations franco-algériennes

désillusions

Les négociations entreprises en 1961 entre le gouvernement français et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) représentant le Front de Libération Nationale (FLN) aboutirent aux accords d’Évian du 18 mars 1962. Mais leur application tourna très vite au démantèlement de ces accords, et dans le demi-siècle qui suivit toutes les tentatives de relance de relations exemplaires entre l’Algérie et la France ont abouti à des désillusions. Pourquoi ? C’est ce que ce livre se propose de rechercher et d’expliquer.

Les accords d’Évian, qui mirent fin officiellement au mythe de "l’Algérie française" et aboutirent en de longs mois chaotiques à la séparation de deux États, font bien partie des événements fondateurs de notre temps. Un demi-siècle après leur signature, il appartient à l’histoire de relayer des mémoires trop sélectives.

Guy Pervillé

 

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Guy Pervillé, professeur émérite d’histoire contemporaine, travaille sur la politique algérienne de la France, la guerre d’Algérie, et les relations franco-algériennes, depuis plus de quarante ans.

 

- lire tout le débat entre Jean-François Paya et Guy Pervillé, puis avec Lounis Aggoun, sur le site Le coin du Popodoran.

 

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28 décembre 2012

officiers algériens passés par l'armée française, alias "DAF"

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les leaders algériens, leur relation

avec la France et le monde (2)

   Oudainia KHALIL

 

Partie 1 : http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2012/11/29/25710509.html

Partie 2 : au sujet des officiers algériens qui sont passés par l'armée française, alias "DAF" (déserteurs de l'armée française).

 

la lutte des clans exploite politiquement des références  historiques

Je pense que le fait de surligner une partie non-connue sur une grande échelle, de la relation des nationalistes algériens avec l'Administration coloniale aidera bien à donner une autre dimension à l'analyse du problème des officiers indigènes de l'armée française ralliés à l'ALN durant les dernières phases de la révolution algérienne.

Ils sont qualifiés d'espions, mais personne ne le prouve, une thèse pour moi fausse, jusqu'à la preuve du contraire. J'aimerais bien que les services français nous montrent s'il y avait des espions et qui étaient-ils, puisque 50 ans se sont écoulés, et normalement l'archive est déclassée!

Probablement la France les a poussés indirectement à la désertion pour :

- se débarrasser d'officiers douteux de son armée.

- préparer son influence sur le jeune pays indépendant, privé de cadres, et par conséquent, leur positionnement est presque certain dans la haute hiérarchie du pouvoir.

C'est compréhensible, et peut-être naturel même dans les rapports de forces entre les pays, mais nous ne pouvons pas d'une facilité déconcertante les traiter tous d'agents français sans s'appuyer sur des preuves tangibles ; en notre temps l'empire des États-Unis prépare son influence en offrant des formations aux jeunes étudiants, futurs cadres, afin qu'ils privilégient des relations économiques et partenariats avec les États-Unis d'Amérique, d'Ailleurs des leaders dans le monde ont bénéficié de stages offerts par les ambassades des États-Unis ; leur politique concorde généralement avec les politique des USA.

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futurs officiers de la marine nationale algérienne en URSS (source)

Aussi en Algérie indépendante, il y avait beaucoup de cadres qui ont suivi des formations et préféraient des relations étroites avec l'URSS, nous ne pouvons dire qu'ils sont des agents de l'URSS ; ils étaient des communistes ou des socialistes et voyaient que ce pays peut apporter le mieux à leur patrie, l'Algérie.

Certes l'URSS n'occupait pas l'Algérie, et c'est une différence majeure, mais l'analyse des relations internationales nous donne une vision assez proche.

On ne nie pas qu'il puisse y avoir des agents parmi les déserteurs algériens, mais ils ne sont pas si nombreux comme on tente de prétendre à chaque crise de pouvoir.

Deux frères algériens étaient incorporés en l'armée française durant la guerre de libération, l'un d'eux a déserté, et est devenu à un certain moment un haut responsable, sinon le plus haut responsable, au pouvoir algérien, l'autre a préféré partir avec l'armée française qui quittait le pays et a devenu, des années plus tard, un officier supérieur de l'armée française !!!

Cela montre la relation complexe entre ces deux pays, vous êtes d'accord avec moi, au moins sur ce point.

Ça montre aussi que ces deux pays sont vraiment liés par l'histoire et il n'est pas facile de les dissocier, contrairement aux cas de la Tunisie et du Maroc qui étaient des Protectorats.

 

loin de la naïveté de débat : bons contre méchants, irraisonnable

En Algérie, ce constat est presque le seul qui règne. Je tire des débats algériens un exemple significatif ci-dessous, sur la polarisation qui frappe le pays et politise l'histoire et la religion :

السلام عليكم أولا أنا لم أقرء الكتاب لأنني أدرك ما سيقوله ولن يفاجئني بأي جديد. أيها القراء نحن الجزائريين شئنا أم أبينا وسواء اعترفنا أو أنكرنا شعب انقسم إلى قسمين :

الأول ... ويضم أنصار الجبهة الإسلامية و بعض الحقوقيين والوطنيين الشرفاء الذين حتى وان اختلفوا مع الفيس فلهم غيرة الرجل الشهم على وطنه وشعبه واتفقوا على الهدف.

الثاني ... ويضم كل الوصوليين اللصوص المرتزقة ومن من لا شرف ولا عزة نفس له ولا ذمة وهؤلاء هم العبيد أما أسيادهم فهم حلف غريب بين أبناء الحركى ممن يدعون الوطنية والفرنكوشيوعيين مع وهنا الكارثة مع الإسلامويين الذين قتلتهم الغيرة والحقد.

وعليه أقول الجزء الأول من الشعب ليسوا ملائكة لهم بعض الأخطاء لكنهم ليسوا سيئين
أما الفئة الثانية فو الله الذي لا اله إلا هو كل فرد فيهم يعرف الحق و يعلم حقيقة ما حدث لكن حب الوطن عفوااااااااا حب البطن أعمى قلوبهم فهم كالكفار تحسبهم متحدون لكنهم متفرقون يجمعهم حب المال والسلطة وحقدهم وغلهم على هدا الشعب.

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Ce commentaire tiré au hasard, explique et prétend que les Algériens sont divisés en deux parties :

1 - les partisans de l'Ex-FIS (Front Islamique du Salut) et leurs alliés (les bons).

2 - les ennemis de la Patrie (Harkis) selon le terme utilisé et leurs alliés "serviteurs de la France surtout", désireux d'enrichissement, qui sont des traîtres (les mauvais).

Donc à la fin, le débat conduit à jeter des avis élaborés précédemment, et à affirmer que le partisan de l'autre avis est un traître !!

Cependant l'analyse des faits sus-relatés (partie 1), sur une base de comparaison abstraite concernant les déserteurs de l'armée française et les nationalistes algériens durant l'occupation française nous conduira à des constats évidents qu'on refuse de dire, ou nous pouvons les dire, au risque de sembler appartenir à des groupements idéologiques en Algérie, selon les désirs des arbitres de conscience !

Cette analyse est farouchement attaquée d'une manière dogmatique et non raisonnable ; je présente ci-dessous deux modèles semblables illustratifs dans le monde des médias :

1 - La critique d'Israël dans les médias occidentaux, dans leur majorité, est un élément qui vous rend certainement infréquentable.

2 - En Afrique du Nord ou au Moyen-Orient, le fait de dire de l'État d'Israël est un état moins oppressant que les dictatures arabes elles le sont, et il procure un niveau de démocratie, disons-le, acceptable, est équivalent, selon certains chauvins, qui ne manquent pas dans cette région du monde, à une admiration ou à un soutien à cet état

Cet état trouve la légitimité sous le pseudo étiquette "l'oasis de la démocratie au Moyen-Orient". Cette argumentation ne signifie nullement un soutien à cet état raciste, mais comme même tout de suite vous êtes taxés de "pro-israélien" !

 

Hizb França

le dogme prévaut la raison surtout si l'avis vient d'un adversaire politique qu'on veut anéantir et non pas vaincre

C'est le même cas en Algérie, quand certains intellectuels expliquent que ce débat n'est pas la meilleure façon pour traiter la réalité algérienne, on les qualifie sans s'attarder, de serviteurs de ce qu'on nomme en Algérie "Hizb Farança" (le parti de la France) et à sa tête ces déserteurs et anciens de l'armée française.

Les choses peuvent encore être rattrapées en Algérie, bien que la situation s'aggrave de jour en jour, à cause notamment des disparités sociales entre les pauvres et les riches (parmi eux ces déserteurs et leurs cercles élargis), qu'on pose des questions légitimes sur la provenance de leurs fortunes.

Le fait de les voir comme agents et par conséquent, des ennemies à la nation, rend l'opposition à ce régime plus radical. D'autre part, à cause de certains comportements d'individus, ou de leur entourage, appartenant à cette oligarchie, et aussi à cause des sermons de leaders se prétendant représenter le courant islamiste, l'opposition s'effectuera désormais sous le titre : musulmans contre impies!

On peut relever deux points dans cette évolution d'attitude :

1 - ces mêmes comportements (déviation morale), reprochés aux détenteurs du pouvoir, sont visibles dans la société algérienne qui, contrairement à l'image diffusée en les médias occidentaux, n'est pas si réservée et conservatrice.

Outre à l'accusation d'être des agents français, les reproches sont faites surtout aux dirigeants, et non pas aux personnes venant des classes modestes, devant les mêmes accusations. C'est de l'Instrumentalisation de la Religion I.

 2 - ce fait se confronte à l'instrumentalisation de la mosquée, par l'État qui fait des compagnes dedans même lors des élections par exemple. Tandis que le ministère des affaires religieuses prône au même temps l'exclusion de cet espace des débats politiques. Instrumentalisation de la Religion II.

 

Cette exploitation de la religion par les opposants et les partisans n'a aucune base réelle dans la Religion telle que trouvée dans les sources principales (Coran et Sunna).

C'est une Instrumentalisation politique de la religion, comme c'était le cas pour l'histoire de la guerre de libération, clairement visible dans la course au pouvoir.

La critique de cette oligarchie militaire a bien des motifs et d'arguments devant elle, et n'a pas besoin de s'engouffrer dans cet itinéraire. Sa restriction en ces points, pousse l'affrontement vers un combat violent voire armé.

Beaucoup de dirigeants algériens tombent dans la paranoïa ridicule de nationalisme avéré anti-français seulement, d'une manière déconcertante, qui signifie au final de dire le gouvernement trahit la nation, et ne parvient que d'une classe francisée coupée des masses, qui a des origines provenant des serviteurs de la colonisation durant la période de l'occupation, pourtant certainement beaucoup de ces mêmes critiqueurs ne rateraient pas l'occasion d'entretenir des bonnes relations avec le pouvoir français s'ils auraient l'occasion ! De plus la masse algérienne et française n'a rien à voir avec ces querelles politisées, à l'exclusion de peu de gens comblés de préjugés de part et d'autre.

Oui cette classe francisée existe, et nous l'avons longtemps critiquée pour ces opinions, qui sont, je dirais bien, considérablement différentes des aspirations de la population, et même de la tradition de l'Algérie ; cependant si des points de vue concordent, cela ne signifie ni une convergence d'appartenance culturelle, ni même qu'il faut prendre les avis de cette partie du peuple à chaque fois comme inacceptables, car simplement, tout d'abord, ils ont droit de s'exprimer, et deuxièmement, il ne convient pas de prendre tout ce qu'elle dise comme douteux. Là où on est d'accord, on approuve ; là où n'est pas d'accord on désapprouve. Ça paraît assez simple.

L'entretien de cette vision idéologique qui s'attaque au préalable à la personne, et non à l'opinion exprimée, causera des clivages de plus en cette société qui nécessite plus que jamais l'unité de volonté de construire la nation, quelle que soit l'appartenance idéologique.

Je comprends qu'on soit une nation en cours d'établir et à jamais des repères idéologiques signifiants et adaptables au progrès que connaît le monde. D'ailleurs ces clivages qui persistent toujours : musulman-anti-musulman, arabisant, berbériste, francophile, etc.  proviennent surtout d'une exploitation malsaine de l'histoire, notamment durant l'occupation française, l'histoire qui reste une vision relative et ne peut être traitée comme une science exacte.

Dans la troisième partie, nous nous penchons sur la fameuse promotion dite Lacoste, tout en se référant au livre de l'ancien Premier ministre algérien Abdelhamid Ibrahimi Témoignage sur Hizb França (Le parti de la France).

                                                                                  Oudainia Khalil (20-08-2012)
traducteur et historien

 

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27 décembre 2012

«19 mars 1962 ? Waterloo !», un livre de Michel Delenclos

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le livre de Michel Delenclos :

"Une véritable mine d'or pour les chercheurs"

Maurice Faivre

 

19 mars 1962 ? Waterloo !, de Michel Delenclos
éd. L'Harmattan
Conséquences et interprétations des accords d'Évian
Préface du général Maurice Faivre

Le livre - L'auteur revient ici sur les "Déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 relatives à l'Algérie", au sujet desquelles certains entretiennent encore la confusion. L'emploi fréquent des référendums, le scrutin d'autodétermination, les disparitions, les enlèvements, les prisonniers et les massacres collectifs de civils et de militaires... tous les évènements qui ont précédé cet accord en expliquent le dénouement tragique. "Une véritable mine d'or pour les chercheurs", selon l'historien Maurice Faivre.

 

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Le mot de l’auteur

Ce livre ouvert à «Monsieur le président de la République, Mmes, MM. les Députés et Sénateurs, Maires et Citoyens de France.», redonne toute sa place à l'Histoire car, comme le soulignait l'ancien président de la République, Jacques Chirac : «...le moment est venu pour nous tous, Français, de porter un regard de vérité sur une histoire méconnue, une histoire déformée, une histoire effacée...».

«L'accord de cessez-le-feu» devait mettre fin aux opérations militaires et à toute action armée sur l'ensemble du territoire en Algérie le 19 mars 1962 à 12h00.». Il n'en fut rien. Le FLN poursuivit sa guerre révolutionnaire : les disparitions, enlèvements et les assassinats collectifs programmés vont se multiplier chez les civils comme chez les militaires jusqu'en juillet 1964. Au point même que l'ancien négociateur, Robert Buron, face à cette folie meurtrière, laissera tomber : «Le passage des Huns!». (L'Aurore du 17.05.1962).

L'emploi fréquent du référendum pour l'Algérie est avéré anticonstitutionnel par les juristes comme par les parlementaires, comme le clame le député du Nord, Paul Reynaud, le 26 avril 1962 : «Toutes les grandes questions sont réglées en passant par-dessus la tête des représentants du peuple. On soumet à ce dernier, par la voie référendaire, des matières qu'on enlève au Parlement... Là où la Constitution n'est plus respectée, il n'y a plus de République.».

L'après 19 mars 1962 deviendra champ de bataille du présent et objet de marchandage : à l'Assemblée nationale, au Sénat, au sein des mouvements et associations pour ou contre la célébration du 19 mars. Mais les discours et les communiqués politiques comme la propagande n'occulteront pas les données historiques.

Cet ouvrage donne la parole aux Algériens comme aux Français qui se sont affrontés durant plus de sept ans. Le lecteur découvrira, au fil des chapitres : l'origine historique de l'Accord du 1er novembre 1954, la crise du FLN depuis 1961 et après le cessez-le-feu, les analyses et commentaires des journalistes, observateurs et juristes, les promesses et discours de tous bords, la chronologie des faits, l'utilisation des référendums et de l'autodétermination, les travaux et analyses des historiens pour comprendre la finalité des accords, les effectifs et pertes militaires et des harkis, les civils disparus, les actions en faveur des prisonniers français, le devenir des sépultures françaises, les gouvernements successifs durant la guerre de 1954 à 1962, etc.

Delenclos Michel Henri
Chercheur en Histoire

19-MARS-1962

 

un autre ouvrage de Michel Delenclos

 

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26 décembre 2012

lectures sur l'Afrique (Marc Michel)

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quelques ouvrages sur l'Afrique :

lectures critiques

Marc MICHEL

 

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Monsieur X/ Patrick PESNOT, Les dessous de la Françafrique, Les dossiers secrets de Monsieur X, Nouveau Monde éditions, 2008, 396 pages

Il y a des livres qu’il vaut mieux ignorer. Celui-ci en est un. Ramassis de ragots et de soi-disant «révélations» de se conde main, cet ouvrage est du plus mauvais journalisme.

 

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Achille MBEMBE, Sortir de la Grande Nuit, Essai sur l’Afrique décolonisée, La Découverte, 2010, 246 pages,

Ce livre ne s’adresse sans doute pas à un public qui voudrait avoir une information générale et pratique sur l’Afrique. On doit à l’auteur, actuellement professeur d’Université en Afrique du Sud, des travaux remarquables sur le «maquis» au Cameroun pendant la décolonisation de ce pays.
Cet ouvrage, écrit dans une langue souvent d’accès difficile, n’est ni un ouvrage d’histoire, ni un ouvrage de géopolitique, ni un ouvrage d’anthropologie, mais une réflexion où se mêlent des considérations, parfois assez obscures, sur les mondes noirs contemporains, sous des rubriques où les néologismes audacieux (la «déclosion» du monde) voisinent avec des images qui désarçonnent le lecteur. Au total, on ne voit pas très bien, en définitive, à qui s’adresse et essai, en tout cas, pas à l’historien, ni au géographe.

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Tidiane N’DIAYE, Par-delà les ténèbres blanches, enquête historique, Continents noirs/NRF/Gallimard, 2010, 157 pages

Second livre du même auteur après le Génocide voilé, dénonçant les traites arabes à travers le Sahara, à être diffusé par l’excellente collection des "Continents noirs",  ce dernier ouvrage est un acte de foi dans l’avenir d’une Afrique du Sud débarrassée de son démon racial. Il constitue aussi une bonne mise au point sur les problèmes majeurs de l’histoire de cette partie du continent africain. : la nature de l’immigration européenne, l’antériorité de l’occupation noire du pays, la résistance bantoue, l’apartheid évidemment, l’espérance enfin.
On pourra discuter, ne pas être toujours convaincu : parler de projet d’extermination des populations noires est contradictoire avec celui d’exploitation de leur force de travail ; faire des Anglais les ancêtres de l’apartheid est, pour le moins, paradoxal. Mais les  points de vue sont étayés, intelligents et méritent considération. Accompagné d’un lexique, d’une chronologie et d’une bibliographie (malheureusement essentiellement francophone) l’ouvrage n’est pas inutile. Il ne remplace pas cependant la remarquable et érudite Histoire de l’Afrique du Sud de François-Xavier FAUVELLE (Le Seuil, 2006).

 

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Roger BOTTE, Esclavages et abolitions en terres d’islam, André Versaille éditeur, 2010, 388 pages, index.

Voilà un livre dont il est difficile de faire le compte-rendu tant il est riche, dense, érudit et passionnant. Dans son avant-propos, l’auteur, anthropologue et historien arabisant, affirme trop modestement s’en tenir à cinq études de cas pour aborder le sujet. Mais son premier chapitre est d’une toute autre ampleur puisqu’il traite de l’abolition de l’esclavage au regard de la shari’ia.
D’emblée, il pose la question : pourquoi les abolitions de l’esclavage ont-elles été si tardives, parfois très récentes, répétées, en vain, voire inexistantes. Une réponse facile est que le Coran n’a pas clairement interdit l’esclavage et ce qui n’est pas interdit  peut-être licite. Pourtant, la question est d’autant plus importante qu’elle n’a cessé de se poser aux théologiens de l’islam eux-mêmes et que l’esclavage a été – et reste souvent - une institution fondamentale des sociétés musulmanes.

Ces esclaves ont été très longtemps identifiés aux Noirs (aujourd’hui, les travailleurs blancs ou asiatiques des pays du Golfe sont dans une situation comparable) et que le nombre des déportés noirs varie, «selon les auteurs» de 11.500.000 personnes à 17.00.000 plus vraisemblablement et que les sociétés musulmanes n’ont jamais aboli l’esclavage de leur plein gré, sans «fermes pressions extérieures» (p. 15) assimilées d’ailleurs à d’intolérables ingérences extérieures.

l'esclavage, une place formidable dans les société musulmanes

Aussi, l’esclavage a-t-il occupé une place formidable dans les sociétés musulmanes, la condition servile elle-même a été extrêmement variable, des esclaves ont pu se trouver partout dans le champ économique comme dans le champ politique et presque à tous les niveaux. Le droit musulman sollicité, en s’appuyant sur trois inégalités fondamentales posées en principes, l’inégalité entre musulman et non-musulman, entre l’homme et la femme, entre libres et non-libres, a pu voler au secours de l’institution (p. 23).

L’affranchissement est une pratique hautement recommandable, comme l’a montré par son propre exemple le Prophète lui-même, mais il relève d’une démarche personnelle du maître. La comparaison entre islam et christianisme, devenue une tarte à la crème, n’en connut pas moins à la fin du XIXe siècle, un moment précurseur de ce qui fut ressenti comme un premier «choc de civilisation», mais relança aussi les plus grandes controverses à l’intérieur de l’islam lui-même.

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convoi d'esclaves noirs conduits par des Arabes

À ce sujet, Roger Botte constate que si aucune justification de l’esclavage, religieuse ou raciale (du mythe de la malédiction de Cham) ne peut être trouvée dans le Coran, la plupart des auteurs musulmans s’accordèrent sur une théorie de la servitude fondée sur l’accumulation des préjugés infériorisant les Noirs (p. 44) et que le djihad était possible à leur encontre. Plus encore, par une subtile dialectique, certains docteurs peuvent conclure encore en 1940 que «puisqu’il n’y a plus de guerre sainte, autant dire que l’esclavage n’existe plus ou qu’il aura bientôt disparu» (p. 56). Or, le fait est, il a disparu très lentement mais il n’a pas disparu comme le montre l’histoire des abolitions dans les cinq cas examinés.

Premier cas, la Tunisie, État musulman précurseur même par rapport aux États européens chrétiens, l’abolition datant de 1846, sous forme d’une série de mesures visant «l’émancipation» des esclaves noirs qui représentaient 6 à 8% de la population totale. Mais l’esclavage domestique, surtout de femmes, demeurant coutumier, il fallut une «seconde abolition» en 1890. Constat pessimiste : en définitive, l’abolition créa des catégories de sous-prolétaires urbains et ruraux marqués la marque infamante de la servitude et la misère de leur conditions de vie (p.90-92).

Second cas, l’Arabie Saoudite. Inutile de rappeler que l’abolition n’y date officiellement que de 1962. Mais les statuts et les conditions des esclaves étaient si variées, si contrastées qu’il est impossible de fournir des chiffres fiables sur leur nombre : 15.000, 30.000, 40.000 dans les années 50, et un nombre très important d’affranchis ? Leur point commun était leur origine africaine, les hommes se trouvant à tous les niveaux de la société, les femmes, par contre, domestiques ou concubines, sort exclusif des Abyssines.

De même dans les émirats voisons. Ce qui est le plus frappant, est d’abord la fonction de grands marchés d’esclaves des villes saintes, alimentés par un flux perpétuel d’arrivées sous le contrôle d’intermédiaires sénégalais, nigérians et maliens (p. 125) ; également, la sensibilité de ces marchés aux fluctuations de l’économie mondiale, décrue pendant la crise des années 1930, reprise de la demande pendant la Seconde Guerre mondiale (début de l’exploitation pétrolière), arrêt après la crise de 1956. Paradoxalement, dans la péninsule arabique, islam et servitude ne peuvent aisément être connectés.

Troisième cas, le Maroc. Des isolés se prononcèrent tôt contre l’esclavage, mais le sultan considéra  que la traite et l’esclavage étaient si fondamentalement ancrés dans les traditions et dans la société (on se rappellera la garde noir du sultan et le rôle des favorites) qu’il s’obstina à ne pas les sanctionner, malgré les pressions extérieures de la Grande-Bretagne.

Marrakech restait un très grand marché de traite (dont le fonctionnement est remarquablement décrit par l’auteur) au début du XXe siècle. Le Protectorat français, lui, ferma les yeux longtemps sur la traite devenue clandestine dans les années 1930. Le fameux dahir berbère de 1930, en dressant les nationalistes contre le Protectorat fossilisa la question, l’esclavage ne disparaissant finalement qu’avec l’indépendance ; il n’en reste pas moins que la marque servile subsiste comme ailleurs, associée à l’origine noire.

La Mauritanie et l’insurmontable contradiction entre les termes «République» et «islamique»  (p. 189), quatrième cas étudié est symbolique. Ce pays que connait particulièrement bien l’auteur par ses enquêtes de terrain illustre parfaitement les contradictions entre un État, champion du monde des abolitions (quatre : 1905, 1961, 1980, 2007) et une société dominée par des groupes «blancs», rétive à les admettre et régie par des relations interraciales conflictuelles et dominées par l’esclavage.

Le changement est lent, malgré une tendance ancienne des harâtin à «déguerpir» vers le sud dès les années 1930 ; l’indépendance marqua même un recul de l’émancipation et un renforcement des différences avec l’arabisation ; le phénomène nouveau, contemporain, paradoxal et inquiétant, y est peut-être l’apparition d’un islam radical, sans distinction de race ou de classe, s’opposant à un islam conservateur et justificateur d’une institution d’un autre âge.

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bateau arabe remplis d'esclaves noirs, 1868

Enfin, le Soudan, le cas le plus complexe tant ce pays est vaste (le plus grand d’Afrique) et que les divisions ne peuvent se résumer en une simple opposition Nord-Sud, Dans cet énorme pays, que la partition a aujourd’hui divisé en deux, que l’esclavage est historiquement enraciné dans le passé au point de représenter 20 à 30 % de la population totale au XIXe siècle, qu’il a engendré une traite meurtrière et qu’un siècle plus tard, dans les années 1990, celle-ci a connu une résurgence contemporaine dramatique dans le nord du Bahr el Ghazal au profit de tribus «arabes» bagara.

La guerre qui a ravagé le pays depuis son indépendance, en 1956 (onze ans de «paix», trente-neuf ans de conflits sanglants, deux millions de morts !), en est évidemment la cause. Mais ce qui rend singulier, et déroutant, le «cas» soudanais est l’imbrication de l’esclavage et de l’ethnicité, et l’instrumentalisation politico-religieuse de la question par le pouvoir central, mais aussi par les forces extérieures, dans un contexte marqué par  la montée en puissance de la «menace terroriste» depuis la dernière décennie du XXe siècle.

À cet égard, le détour par Roger Botte de l’analyse minutieuse de la politique américaine et des stratégies humanitaires est passionnant ; de véritables mises en scène de fausses libérations d’esclaves par rachat ont été organisées à destination de médias internationaux par l’association chrétienne évangélique "Christian Solidarity International". Comme au XIXe siècle, lorsque les Pères Blancs rachetaient les esclaves, une complicité objective s’établit entre «acheteurs» et «vendeurs» ayant pour objet la valeur, qu’on ne devrait jamais mesurer, de l’être humain et comme enjeu de la victoire dans une «croisade» de civilisation.

Ajoutons que le livre est accompagné d’un lexique de l’esclavage dans le monde musulman de langue arabe qui est lui-même une mine d’informations.

Roger Bote n’a pas épuisé un sujet. Peut-être. Mais il nous donne tellement à réfléchir avant de juger qu’en même temps, il nous plonge dans des abîmes de perplexité. On est tenté de lui poser la question : que faire ? Qu’enseigner ? Ce livre est un monument d’érudition et une mise en garde pour ne pas nous céder aux instrumentalisations.

Marc MICHEL
professeur émérite à l'université de Provence

 

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traite arabe d'esclaves noirs

 

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25 décembre 2012

une pétition "mémorialiste" mais non historique

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source ANOM, Aix-en-Provence

 

la réalité coloniale en question

à propos d'une pétition

général Maurice FAIVRE, Daniel LEFEUVRE et Michel RENARD

 

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- réponse de Maurice Faive à propos d'une solliciation à signer une pétition :

Je ne suis pas d'accord avec cette pétition qui date de 2007.

Je me méfie de Manceron et de la LDH.
 
On ne fait pas la vérité historique à la façon d'un référendum, pour ne pas dire un plébiscite.
Cette motion est davantage mémorielle qu'historique.
 
L'histoire du peuple algérien doit être considérée dans la durée : colonisations successives, conquête musulmane et ottomane, traite orientale, piraterie barbaresque, terrorisme et mutilations, massacres islamiques de 1990. Regarder l'histoire en face, c'est tout cela.
 
Pour moi, la colonisation est une idéologie républicaine :

La réalité coloniale

À l'époque moderne, Henri Brunschwig note que le terme de colonialisme a été inventé au XXe siècle. On parlait auparavant de colonisation, laquelle s'inscrit dans le vaste mouvement d'occidentalisation du globe qui depuis le XVe siècle pousse les peuples européens, maîtres de techniques de plus en plus perfectionnées, à modeler le monde à leur image. La colonisation est donc un phénomène mondial, qui relève du mouvement des peuples dynamiques, à l'exemple des empires romain, ottoman et soviétique. Comme toute entreprise humaine, elle a ses bons et ses mauvais côtés, que l'historien sérieux s'efforce de prendre en considération sans prononcer de jugement de valeur.

Quant à la colonisation française du XIXe siècle, elle relevait de l'idéologie des Lumières, illustrée par Victor Hugo (un peuple éclairé va trouver un peuple dans la nuit) et revendiquée par Jules Ferry, Léon Blum et Pierre Messmer.

"Inexpiable", écrit l'historien Daniel Rivet, "la guerre l'est immédiatement. Dès l'été 1830 les collaborateurs de l'État français sont brûlés vifs... La sauvagerie des indigènes rejaillit sur l'occupant par effet de contagion mimétique". Des excès sont donc commis par les deux camps.
Historien du FLN, Mohammed Harbi estime que "les crimes de guerre dont est jalonné le chemin vers l'indépendance ne sont pas le résultat d'une idéologie visant à l'extinction totale d'un peuple". Selon Stéphane Courtois, le "comptage des victimes est un des éléments importants de l'appréciation historique, or aucun colonialisme n'a coûté autant de morts que le communisme".

Yves Yacono, Jacques Frémeaux, Daniel Lefeuvre et Yves Lacoste ont évalué les pertes importantes de la population musulmane au XIXe siècle, attribuées en partie à la guerre, mais amplifiées par les épidémies et les famines des années 1860. Le Service de Santé militaire vient alors en aide à la population, ses chercheurs éradiquent les épidémies de paludisme, de fièvre récurrente et du typhus, et permettent l'extraordinaire croissance de la démographie.

L'esclavage est aussi un phénomène mondial dont les responsabilités sont partagées entre les négriers africains, musulmans et occidentaux. Mais la colonisation française y a mis fin, alors qu'elle se poursuit dans certains pays d'Afrique (O. Pétré-Grenouilleau).

Dans une lettre de 1848, l'émir Abd el-Kader écrit : j'ai résisté aux Français... Mais quand j'ai reconnu que Dieu les avait rendus forts et qu'il leur avait donné l'empire, je leur ai abandonné le pays pour toujours. 

 
général Maurice Faivre
 

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France-Algérie : l’impossible travail historique

par Daniel Lefeuvre, professeur d’histoire contemporaine,
Université Paris VIII/Saint-Denis et
Michel Renard, professeur d’histoire au lycée de Saint-Chamond, chercheur

«Dépasser le contentieux historique»qui oppose la France et l’Algérie, tel et le vœu d’un appel lancé par des universitaires et diverses personnalités françaises et algériennes. 

Au-delà de la démarche généreuse dont il témoigne, et à laquelle nous sommes sensibles, ce texte suscite bien des réserves qui justifient que nous ne pouvons nous y associer. 

Ses auteurs appuient leur démarche sur l’idée que le passé colonial ferait «obstacle à des relations apaisées entre la France et les pays qu’elle a autrefois colonisés», en particulier avec l’Algérie. Dès lors, ils pressent «les plus hautes autorités de la République française de reconnaître publiquement l’implication première et essentielle de la France dans les traumatismes engendrés par la colonisation».

 
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source : ANOM, Aix-en-Provence
 

Comment ne pas s’étonner du recours à une conception aussi simpliste de la causalité en histoire qui ressemble plus à la théorie du «premier moteur» d’Aristote qu’aux structures de longue durée de Fernand Braudel ou aux temporalités plurielles et fragmentées de l’historiographie des mémoires. S’il fallait penser les relations entre la France et le Maghreb en terme de traumatismes, pourquoi alors ne pas revisiter une histoire longue, également «traumatique», intégrant les conquêtes arabes, la piraterie «barbaresque» et la mise en esclavage des chrétiens faits captifs ? 



rhétorique et démagogie historiques algériennes

En réalité, les auteurs du texte semblent avoir été piégés par la rhétorique des dirigeants algériens qui, pendant la guerre d’Algérie et depuis l’indépendance du pays, utilisent une histoire mythifiée et diabolisée de la colonisation pour justifier leur dictature sur le peuple algérien, l’incurie de leur gestion, la prévarication des richesses nationales, en particulier des hydrocarbures, leur incapacité à assurer sécurité et progrès social à leurs concitoyens.

Ce n’est pas le passé colonial, en lui-même, qui fait obstacle à des relations franco-algériennes apaisées, mais bien plutôt l’usage politique et diplomatique qu’en font, selon les circonstances, les dirigeants algériens.

La démagogie historique qu’ils déploient vise surtout à manipuler les ressentiments et les frustrations de la population ainsi qu’à mettre en difficulté le partenaire français. Quel autre sens accorder à cette mise en accusation des faits du passé ? Et quel sens aujourd’hui à vouloir les juger ? Le colonialisme serait-il d’actualité ? La re-colonisation de l’Algérie serait-elle planifiée ?

Quand l’Algérie était sous domination française, les contemporains ont eu à réagir, et nombre d’entre eux l’ont fait. Mais, comme Marc Bloch le soulignait, «Le passé est, par définition, un donné que rien ne modifiera plus» et l’historien ne peut que l’étudier et s’attacher à le comprendre. Tout le reste n’est que littérature ou posture d’un anticolonialisme anachronique. 

L’appel parle de «la guerre d’indépendance algérienne». Cette formulation qui se substitue à celle, communément admise de «guerre d’Algérie», conduit, en premier lieu, à caractériser un événement par sa fin : l’indépendance de l’Algérie.

 
 
pas d'affrontement binaire

Rien ne permettait, ni en 1954 ni dans les années qui suivirent, de prévoir cette issue qui ne se dessine véritablement qu’à partir de septembre 1959. Selon cette conception, la Révolution française de 1789 devrait désormais être appelée «L’avènement de Napoléon Ier», tandis que la Première Guerre mondiale serait rebaptisée «L’effondrement des Empires centraux». Il y a déjà plus de deux siècles que Voltaire, critiquant Bossuet, avait raillé cette conception finaliste de l’histoire.

En outre cette formule masque les réalités d’un conflit qui ne s’est jamais résumé à un affrontement binaire entre «indépendantistes» algériens et forces coloniales, mais qui a aussi été une guerre civile déchirant le peuple algérien. Elle dissimule la terreur à laquelle le FLN a systématiquement eu recours pour s’imposer au peuple algérien jamais spontanément ni massivement rangé derrière lui. Elle ignore que, jusqu’aux derniers mois de la guerre, un nombre considérable d’Algériens espérait le maintien, sous une forme ou une autre, de la présence française.

Elle tait l’affrontement meurtrier entre le FLN et le MNA (cette «guerre dans la guerre», selon l’expression de l'historien Mohammed Harbi) dont le bilan se chiffre à plusieurs dizaines de milliers de victimes : militants assassinés en Algérie mais aussi en France, travailleurs immigrés et populations de douars, refusant de payer l’impôt révolutionnaires ou coupables de sentiments messalistes, communistes ou pro-français, massacrés tels les 301 habitants de la mechta Kasba, le 29 mai 1957. 

À l’instar des dirigeants algériens, le texte fait ensuite une présentation partiale et réductrice des réalités coloniales, restrictivement évoquées dans leur dimension tragique et qu’ils qualifient de «système», ce qui supposerait une homogénéité de la colonisation dans l’espace et le temps alors que toutes les études historiques en ont établi, au contraire, la grande diversité et les évolutions.

 

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source ANOM, Aix-en-Provence

Sont alors dénoncés les «massacres de centaines de milliers d’Algériens», leur dépossession, leur «clochardisation», leur soumission au Code de l’indigénat, etc. Autant d’affirmations qui méritent un examen plus attentif. 

Massacre de centaines de milliers d’Algériens ? Les pétitionnaires auraient pu être plus rigoureux. Pourquoi se contenter d’une telle approximation sur le bilan humain de la colonisation et de la guerre d’Algérie qui laisse la porte ouverte à toutes les interprétations possibles ?

 
 
bilan humain

Pourquoi ne pas préciser que la conquête a tué environ 250 000 Algériens et la guerre d’Algérie moins de 250 000, selon Ch.-R. Ageron, dont une cinquantaine de milliers tombés sous les coups du FLN ?

Est-ce pour ne pas contredire ouvertement les mythes propagés par le pouvoir algérien, en particulier celui du million, voire du million et demi, de victimes de la guerre d’Algérie ? Mais alors, comment concilier cette concession au mensonge avec l’exigence de «voir en face le passé» proclamée quelques lignes plus haut, sauf à estimer que cette exigence ne s’impose qu’à la France - le pouvoir et de nombreux intellectuels algériens en étant, pour leur part, exonérés ? 

Tous les morts ont-ils été massacrés, c’est-à-dire tués dans des conditions odieuses ? Évidemment non : beaucoup sont morts au combat, les armes à la main. Certes il y eut des massacres, comme les quatre (voire cinq) terribles «enfumades» de la conquête (1844-1845). Mais au total, ceux-ci ont été peu nombreux et ne constituent en rien l’ordinaire des combats.

Les populations civiles algériennes ont également payé un lourd tribut à la conquête et à la guerre d’Algérie, mais jamais – exceptées lors des enfumades et des représailles aveugles qui suivirent les soulèvements du Constantinois de mai 1945 et celles engagées après la tuerie des civils européens de la mine d’El-Halia du 20 août 1955 – elles ne subirent de massacres en nombre. 

«Dépossession» des Algériens. De tous ? Certes, la colonisation a bien été une entreprise de spoliation massive des terres. Au total, la propriété européenne qui a couvert un peu plus de deux millions d’hectares, en est en bonne part le produit. Mais, dès 1830, elle s’est également développée par le fait d’acquisitions commerciales.

Quant à la propriété «indigène», représentant plus de sept millions d’hectares (il est vrai souvent de qualité moindre), elle est loin d’avoir totalement disparu. Et, comme l’a montré l’historien économiste Ahmed Henni, une «classe moyenne» de paysans algériens s’est développée, dès les lendemains de la Première Guerre, en s’intégrant à l’agriculture coloniale, notamment à la viticulture. Ainsi, loin d’avoir été tous victimes de la colonisation, de nombreux Algériens, et pas seulement dans la paysannerie, en ont-ils aussi tiré profit.

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clochardisation

«Clochardisation à grande échelle». Les auteurs s’appuient, pour justifier cette affirmation sur Germaine Tillion qui utilise effectivement ce terme, page 27 de son livre L’Algérie en 1957 (Édition de Minuit, Paris, 1957). Mais la célèbre ethnologue ne donne pas à ce phénomène la même explication que les auteurs de la pétition.

C’est même tout le contraire. Il aurait été honnête de le signaler. Germaine Tillion relève qu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, au moment où elle les quitte, les Algériens des Aurès, parmi lesquels elle vécut de longues années, ils[«étaient tous très pauvres […] Mais normalement ils avaient – tout juste – le nécessaire pour manger.»]. Elle les retrouve, en décembre 1954, clochardisés. Ainsi, première rectification, la «clochardisation», dénoncée par la pétition, apparaît-elle tardivement dans l’histoire de l’Algérie coloniale, plus de cent ans après la prise d’Alger.

Comment l’expliquer ? Est-ce le fait du colonialisme ? Laissons la parole à G. Tillion : «seconde série d’explications, également classique : le Colonialisme, vieux Croquemitaine». Or, relève l’ethnologue, «il n’y a jamais eu de colon, ni hier ni aujourd’hui, à moins de cent kilomètres à la ronde et seuls le vent de sable et les chèvres peuvent à la rigueur être accusés d’une diminution des terres cultivables (mais ce n’est pas le «colonialisme» qui a inventé les chèvres et le vent).» [op. cit., p. 28].

En réalité, rectifie G. Tillion, «la présence française», pour être invisible, était «omniprésente» et distribuait «à pleines mains le Bien et le Mal» : grâce à l’action menée contre le paludisme, le typhus exanthématique et la typhoïde, ces maladies [«qui dévastaient encore la région il y a quinze ans ont à peu près disparu. […] Dans la période antérieure, c’était [sic !] la peste et le choléra qui, par les soins invisibles de nos médecins, avaient opéré la même sortie discrète. À peu près dans le même temps, les famines mortelles et les guerres de tribu, surveillées, de loin, par les Services Préfectoraux, allaient rejoindre les vieilles légendes du passé.»]i [idem, p. 29] 

Autrement dit, s’il faut chercher une explication à la clochardisation, c’est, selon G. Tillion, dans le fait que la colonisation a créé les conditions d’une explosion démographique qui épuise les sols, réduit les rendements et les productions, sans avoir, parallèlement, développé d’autres sources d’emplois et de richesses, en particulier l’industrialisation de la colonie. Dans sa conclusion, d’ailleurs, Germaine Tillion ne condamne pas la colonisation, mais au contraire réclame de la France un surcroît d’investissements économiques, sociaux, éducatifs en Algérie, afin de ne pas laisser les Algériens «au milieu du gué.» 

 
 
"victimes expiatoires" ?

Dans une volonté d’équilibre, le texte rappelle, mais cette fois-ci uniquement sur un mode allusif, les «multiples souffrances de Français», parmi lesquels «les déportés en Algérie pour raisons politiques». Faut-il le préciser, la plupart de ces «déportés» politiques ont été expédiés dans la colonie pour avoir participé aux journées révolutionnaires de juin 1848 ou s’être opposés au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Ils ne sont donc en rien des victimes de la colonisation. La plupart, d’ailleurs regagnent la France sitôt amnistiés. Restent ceux qualifiés de «victimes expiatoires» du système colonial lors de son effondrement. Pourquoi ne pas les nommer ? Pourquoi ne pas parler explicitement du sort des Français d’Algérie ?

Pourquoi ne pas rappeler la spoliation massive de leurs biens par l’État algérien et au profit, pour l’essentiel, des nouveaux dignitaires du régime ? Pourquoi ne pas évoquer leurs morts et leurs disparus, notamment ceux qui, plus de 3 000, ont été enlevés par le FLN et, pour la plupart d’entre eux, massacrés même après les accords d’Évian (18 mars 1962).

Seraient-elles des victimes historiquement incorrectes pour l’instauration de relations apaisées avec l’Algérie ? Pourquoi, enfin, alors les auteurs, qui récusent l’idée de repentance pour son caractère «religieux», recourent-ils à la parabole biblique de la victime «expiatoire» pour expliquer les malheurs de ceux qu’on appelle désormais les «pieds-noirs»?

Comment des historiens, des politistes, des sociologues peuvent-ils se contenter d’une telle explication, qui fait de la colonisation un péché, sinon parce qu’autrement il faudrait envisager sérieusement l’hypothèse que pour le FLN, ou du moins pour les fractions triomphantes du FLN, la guerre d’Algérie a été, aussi, une guerre d’épuration ethnique et que l’expulsion des Français était partie intégrante de leur projet politique ? 

 

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unité de harkis

«Enrôlés dans un guêpier qu’ils ne maîtrisaient pas» les harkis ? Cessons, d’abord, de tous les considérer comme les objets passifs d’une histoire qui les aurait dépassés. Beaucoup se sont engagés par conviction, par fidélité à la France pour laquelle ils avaient combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, d’autres pour se venger d’exactions commises par le FLN à l’encontre d’un proche, d’autres encore, et en toute connaissance de cause, pour percevoir le salaire nécessaire à leur famille, etc. Victimes «expiatoires» eux-aussi ? Ou plutôt victimes d’une double raison d’État ? Celle de l’État-FLN qui fonde dans le sang le mythe du peuple algérien uni contre le colonialisme. Et celle de l’État français qui instaure, alors, un déni rétrospectif de ce qu’a été la rencontre «franco-musulmane» durant la période coloniale, tout en semblant craindre une immigration algérienne massive vers la métropole. 

Enfin, quel pays, aujourd’hui, «utilise les mémoires meurtries à des fins politiques», sinon l’Algérie ? Qui instrumentalise un passé réécrit pour la circonstance ? Qui évoque les soi-disant «génocides» perpétrés par la France en Algérie ? Qui, sinon les responsables algériens ? 

Il est bien inutile de s’indigner contre les «entreprises mémorielles unilatérales» parce que, par définition, la mémoire est toujours spécifique à un individu ou à un groupe. Comme telle, elle est nécessairement unilatérale et ne saurait être partagée avec d’autres individus ou d’autres groupes n’ayant pas vécu les mêmes événements. Seul, et nous rejoignons sur ce point les auteurs de l’appel, «un travail historique rigoureux» est possible.

Mais comment pourrait-il se faire, aujourd’hui, dans ce «partenariat franco-algérien» que le texte réclame, dès lors qu’en Algérie, une histoire officielle corsète la recherche et sa diffusion ? que la plupart des archives, notamment celle du FLN, restent pour l’essentiel fermées aux chercheurs ?
Dès lors, au fond, que l’histoire, qui reste un élément central de justification du pouvoir pour des caciques qui n’ont plus guère d’autre source de légitimité, ne dispose d’aucune véritable liberté ? À moins, et le contenu du texte est hélas ! sur ce point particulièrement ambigu, d’entrer dans le jeu des autorités algériennes.

 
Daniel Lefeuvre, Michel Renard
février 2008

 

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18 décembre 2012

les enjeux historiens du voyage de Fr. Hollande en Algérie

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la réconciliation au prix de la falsification ?

à propos du voyage de Fr. Hollande en Algérie

Daniel LEFEUVRE

 

Si le président algérien s’est, jusqu’à maintenant, gardé de demander à la France de faire acte de «repentance» pour les crimes qu’elle aurait commis en Algérie durant la période coloniale, en revanche, d’autres dirigeants algériens exigent un tel acte de contrition.

Ainsi, mardi dernier, le ministre des Mouhdjahidins, Mohamed-Cherif Abbas, réclamait-il «une reconnaissance franche des crimes perpétrés» à l’encontre du peuple algérien. De son côté, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, Farouk Ksentini avait déclaré, la veille, que «La colonisation a été un crime massif dont la France doit se repentir si elle envisage d'établir avec l’Algérie […] de véritables relations délivrées d'un passé tragique, dans lequel le peuple algérien a souffert l'indicible, dont il n'est pas sorti indemne et qu'il ne peut effacer de sa mémoire.»

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Mohamed-Cherif Abbas

Quand on connaît un tant soit peu le fonctionnement du pouvoir algérien, on ne peut pas imaginer que de tels propos aient été tenus sans l’aval du président Bouteflika. Cela révèle une forme de partage des rôles au sommet de l’État algérien entre, d’une part, un président qui souhaite l’essor de la coopération – notamment économique – avec la France, dont son pays a besoin et, d’autre part, le ministre des Moudjahidins et les représentants des associations mémorielles (en particulier la Fondation du 8 mai 1945), dont les discours sont surtout à destination intérieure.

Ces demandes réitérées de repentance ont, en effet, pour fonction première de tenter de détourner le peuple algérien des difficultés qui l’accablent depuis des décennies : chômage massif, touchant en particulier la jeunesse ; crise du logement ; délabrement des services publics scolaires et universitaires, de santé, de transport, etc. Difficultés qui témoignent de l’incurie et de la corruption du parti au pouvoir depuis 1962.

Cette exigence de repentance repose sur une histoire falsifiée de la colonisation française et du nationalisme algérien. Le but : légitimer le pouvoir accaparé par une fraction du FLN lors de l’indépendance de l’Algérie et jalousement conservé depuis.

Falsification de l’histoire coloniale présentée comme une entreprise génocidaire.

Certes, la conquête (1830-1849, 1857) puis la guerre d’Algérie (1954-1962) ont été des conflits meurtriers. Mais en aucun cas génocidaires, ni dans les intentions, ni dans les actes. Le simple constat que la population algérienne a triplé entre 1830 et 1954 (hors populations d’origine européenne et juive) en est la démonstration la plus indiscutable. Faut-il, par ailleurs rappeler, que lors des années de conquêtes, l’émir Abd-el-Kader s’est montré impitoyable à l’égard des tribus qui lui refusaient allégeance ou qui s’étaient rangées aux côtés de la France, n’hésitant pas à les combattre et à en exterminer les hommes – y compris les prisonniers !

Quant au bilan des pertes algériennes, lors de la guerre d’Algérie, il ne s’élève pas à un million, voire à un million et demi de «martyrs», comme l’histoire officielle algérienne s’évertue à en convaincre les Algériens, mais à 250 000 morts au maximum, parmi lesquels au moins 50 000  sont à mettre au compte du FLN : assassinats, en Algérie et en France, de militants nationalistes d’obédience messaliste ou supposés tels, assassinats d’Algériens refusant d’obéir aux ordres du FLN et de ceux favorables à la France, massacres de milliers de harkis, perpétrés pour la plupart au lendemain de l’indépendance, dans des conditions d’indicible horreur.

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harki massacré

L’évocation par certains de «génocides culturels» relève, elle-aussi, de la propagande la plus grossière et non du constat historique. Jamais la France n’a tenté ni voulu empêcher la liberté du culte musulman et sa pratique. N’est-ce pas, au contraire, le seul pays à avoir acquis deux hôtels, l’un à Médine, l’autre à La Mecque, destinés aux pèlerins musulmans venus de son empire colonial ? Sous la colonisation, les Algériens n’ont pas cessé d’être des musulmans et ils ont pu, librement, s’adonner à leur culte et en observer les prescriptions – y compris lorsqu’ils ont été mobilisés dans l’armée française. Une telle tolérance religieuse existe-t-elle dans l’Algérie actuelle ?

Elle n’a pas, non plus, cherché à éradiquer la langue arabe, ni le tamazight, qui jusqu’à la fin de la période coloniale ont été les langues vernaculaires des populations locales. En revanche, c’est l’affirmation de l’arabité de l’Algérie, par le FLN – on se souvient de la déclaration de Ben Bella à l'aéroport de Tunis, le 14 avril 1962 : «Nous sommes arabes. Nous sommes arabes. Nous sommes arabes!» – qui a mis en péril la langue et la culture berbères.

Mais admettre ces réalités est impossible pour les dirigeants algériens, sauf à reconnaître qu’ils n’ont cessé de mentir et que le FLN a dû imposer son autorité – sa dictature - en usant aussi de la terreur contre le peuple dont il s’est proclamé l’unique représentant.

Daniel Lefeuvre
professeur à l'université Paris VIII - Saint-Denis

article publié le 19 décembre sur atlantico.fr

 

 

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à propos du 17 octobre 1961

 

La manifestation organisée par le FLN à Paris, le 17 octobre 1961, donne lieu, depuis quelques années, en France et en Algérie, à un déferlement de contrevérités, sur ses causes, sur son déroulement et sur son bilan.

Sur ses causes, l’appel à manifester aurait été lancé par la fédération de France du FLN pour protester contre le couvre-feu imposé par le préfet de police Papon aux Algériens du département de la Seine – couvre-feu qui fait suite à  l’assassinat par les commandos FLN d’au moins 41 policiers parisiens et de dizaines d’Algériens du département de la Seine, pro-messalistes ou refusant d’acquitter «l’impôt révolutionnaire» et d’obéir aux interdits imposés par le FLN.

En réalité, le couvre-feu n’est qu’un prétexte. Instrumentalisant le mécontentement des Algériens parisiens contre une mesure discriminatoire et qui leur rendait la vie plus difficile encore, les dirigeants de la fédération de France – ou certains d’entre eux - ont voulu faire la démonstration de sa puissance, pour s’imposer à la table des vainqueurs, au moment où la question n’est plus de savoir si l’Algérie sera indépendante dans un avenir proche – le général De Gaulle ayant levé le dernier obstacle à la reprise des négociation lors de sa conférence de presse du 5 septembre 1961 – mais comment se fera la répartition des pouvoirs entre les différentes factions frontistes.

Pacifique la manifestation ? Comment expliquer alors que des coups de feu ont été échangés, notamment au pont de Neuilly, entre militants FLN et policiers ? (Cf. Brunet Jean-Paul, Police contre FLN, Flammarion, 1999, pages 183 et suivantes).

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Quant au bilan, loin des deux cents – voire quatre cents – morts algériens, tués par balle ou des coups reçus, jetés dans la Seine, avancés en Algérie et en France par des auteurs plus idéologues qu’historiens, la seule étude sérieuse et honnête, celle de Jean-Paul Brunet citée précédemment, l’établit en totalisant les morts du 17 octobre et ceux du 18, ainsi que les blessés ultérieurement décédés et les victimes supposées d'éléments incontrôlés de la police en dehors de la manifestation,  à 14 certains, 8 vraisemblables, 4 probables et 6 possibles, soit un total de 32, en comptant large.

Une nouvelle fois, il s’agit de construire un martyrologe artificiel pour dénoncer l’horreur du colonialisme, tout en dédouanant de toute responsabilité les organisateurs de cette manifestation qui ne pouvaient pas ignorer  que la répression serait violente, compte tenu du nombre des policiers victimes les mois, les semaines et les jours précédents, de la guerre que le FLN a menée contre la police parisienne.

Comment, par ailleurs, ne pas s’étonner de voir François Hollande rendre hommage aux victimes algériennes, sans un mot pour les policiers victimes du devoir. Comment justifier que le maire de Paris ait fait apposer une plaque au pont Saint-Michel rappelant la mémoire des victimes de la répression policière, mais qu’il n’a pas jugé bon d’en faire poser dans les rues où des policiers ont été assassinés ?

Pourquoi ce silence officiel sur les centaines de Français enlevés et disparus, en Algérie, après le 19 mars 1962, date d’un cessez-le-feu qui n’a pas été respecté ? 

La France ne doit-elle honorer que ceux qui l’ont combattue ?

Daniel Lefeuvre
source première

diplome medecin colonial

la colonisation n'a-t-elle eu que des effets négatifs ?

 

Le «système colonial» injuste ? Mais alors il faut aller jusqu’au bout et dire que la colonisation arabe de l’Afrique du Nord était injuste ainsi que la colonisation ottomane. Il faut dire que la Régence d’Alger était une société discriminatoire qui imposait aux Juifs l’infâme statut du dhimmi ; une société qui pratiquait l’esclavage,  des captifs européens et des Noirs acheminés d’Afrique. Il faut dire que la masse des paysans et éleveurs de la Régence était impitoyablement exploitée et pressurée par un pouvoir parasitaire. C’est la France coloniale qui a interdit l’esclavage et qui a libéré les Juifs pour en faire des citoyens.

Certes, au temps de l’Algérie française, des inégalités politiques et sociales ont subsisté et même, dans certains domaines, se sont creusées, des injustices ont été commises dont les Algériens musulmans ont été les premières victimes. Mais la présence française en Algérie ne se réduit pas à cela. Et plutôt que de jeter des anathèmes, mieux vaut en faire l’inventaire.

Pour dresser cet état des lieux, c’est d’abord vers le grand historien algérien Mohammed Harbi que je me tourne : «La colonisation a été ambivalente dans ses effets. D'un côté, elle a détruit le vieux monde, au détriment de l'équilibre social et culturel et de la dignité des populations. D'un autre coté, elle a été à l'origine des acquis qui ont créé la modernité algérienne [...] On peut même dire, sans risque de se tromper, que la colonisation a été le cadre d'une initiation à ce qui est une société civile, même si cet apprentissage s'est fait malgré elle et s'est heurté à une culture coloniale, d'essence raciste.»

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Mohammed Harbi


C’est au cours de la période coloniale que les Algériens se sont accoutumés aux libertés de la presse, d’association et de réunion, au pluralisme politique et aux droits de vote, même limités. Le FLN au pouvoir ne les a-t-il pas, longtemps frustrés de ces libertés ? C’est également l’administration coloniale qui a élargit, progressivement et peut-être trop tardivement, les droits des femmes, contre le FLN qui s’est attaché, après l’indépendance, à les ré-enfermer dans les contraintes du cadre islamo-patriarcal.

Quant à l’infrastructure économique, sociale, culturelle, édifiée au temps de la colonisation et laissée en héritage à l’Algérie indépendante, elle faisait de ce pays, non pas un pays sous-développé, mais un pays en voie de développement. Sans doute le mieux équipé, matériellement et intellectuellement, de tous les pays africains.

Aussi, les difficultés que connaît l’Algérie actuelle ne relèvent-t-elles pas de ce legs colonial,  mais des politiques menées depuis l’indépendance et du pillage des ressources de ce pays riche – mais dont le peuple est pauvre – par les caciques du régime.

Daniel Lefeuvre
source première

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débouchés économiques contre reconnaissance

de culpabilité ?

On ne peut que se réjouir de l’approfondissement des relations économiques, mais aussi culturelles, humaines, entre nos deux pays. L’un et l’autre ont tout à y gagner.

Mais quant à l’idée de reconnaître une «culpabilité passée», cela n’aurait de sens que si l’on acceptait la vision erronée d’un passé uniment fautif, conception étrangère à l’analyse historique. La France a été une puissance coloniale, comme l’Angleterre, les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et l’Allemagne. Comme le Japon, la Russie, les États-Unis et l’Empire ottoman.

La colonisation fut un phénomène complexe, mondial  et l’historien n’est pas un juge, pas même un juge d’instruction, comme se plaisait à le rappeler Lucien Febvre. Son travail, c’est  d’étudier le passé sans a priori – et beaucoup reste à faire dans ce domaine – et l’enseigner. Pas de le juger et encore moins d’en accepter la falsification, fut-ce pour gagner ou conserver quelques marchés à l’exportation.

Un pays qui accepte de s’abaisser, de salir son passé, se priverait de la cohésion et de la force morale nécessaires pour affronter les contraintes de la mondialisation. Les quelques bénéfices immédiats qu’il pourrait, éventuellement, en tirer se paieraient au prix d’une désagrégation du lien social et d’un déclassement définitif sur la scène internationale.

Ce serait, en outre, un mauvais service rendu au peuple algérien. En donnant caution au mensonge historique sur lequel repose encore, en bonne part, son pouvoir, une telle lâcheté conforterait la nomenklatura algérienne.

Daniel Lefeuvre
source première

 

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3 décembre 2012

la "bataille du rhum", 1674

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la "bataille du rhum" en Martinique

Français contre Hollandais, 1674

 

1674, en Martinique fit rage la "Bataille du Rhum" : où comment quelques Français vinrent à bout de la puissante
flotte hollandaise... Avec des images animées à partir d'une carte de la bataille conservée aux Archives nationales d'outre-mer,
l'équipe aixoise nous conte cette incroyable histoire . Celle d'une bataille mémorable qui a traversé les temps
sous le nom de "Bataille du Rhum"....
http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/anom/fr/Action-culturelle/Dossiers-du-mois.html

 

Rhum ANOM
une magnifique animation...!

 

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rhum recadré
journal La Provence, 26 août 2012

 

Martinique carte

 

 

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2 octobre 2012

séminaire histoire sociale de l'Algérie colonisée, Blanchard et Thénault

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Pour une histoire sociale de l'Algérie colonisée

Programme 2012-1013

 

Séminaire organisé par Emmanuel Blanchard et Sylvie Thénault

avec le soutien du CESDIP (UMR 8183) et du CHS (UMR 8158)

Les séances ont lieu dans la bibliothèque du Centre d’histoire sociale, 9 rue Malher, 6e étage (Métro Saint Paul), généralement le 1er mercredi du mois (sauf en octobre, mercredi 10 octobre. Pas de séminaire en mars et mai), de 17h30 à 19h30.

Pour cette cinquième année de séminaire, nous continuerons notamment le double-projet de revisiter l'analyse des relations sociales entre populations dans l'Algérie colonisée et de mettre au jour la fabrique des groupes sociaux en situation coloniale.

café maure

Ce programme reste d’actualité car, en raison de la place de la guerre d'indépendance dans l’historiographie de l’Algérie, une forme d’histoire contrefactuelle  a irrigué de nombreux travaux : que serait-il advenu si les «occasions manquée» avaient été saisies ?

Les violences des années de guerre occultent-elles la quotidienneté de rapports sociaux pacifiés, balayés par cette période finale ? Ainsi l'historiographie de l'Algérie a-t-elle suivi une trajectoire spécifique. Cette dernière sera l’un des objets du séminaire, avec une interrogation : en quoi est-elle, en effet, le reflet d'une spécificité de la situation coloniale algérienne en elle-même ?

Loin des questionnements spécifiques à l'Algérie, il s’agira aussi de rendre compte d’historicités multiples, à travers des études de cas renouvelant l'historiographie. L'objectif est de s'écarter de l'histoire politique qui a dominé ces dernières décennies. Il bénéficie d'une convergence de facteurs favorables : le passé de l'histoire sociale de l'Algérie colonisée, riche de références et d'auteurs, mais aussi le foisonnement et l’internationalisation historiographique actuels.

Arabe dans son intérieur

 

10 octobre : Hélène Blais (U. Paris Ouest Nanterre - IUF) : «L'Algérie mise en cartes : inventions géographiques en situation coloniale»

7 novembre : M'hamed Oualdi (INALCO), «Alger à la marge ? Institutions coloniales et intermédiaires sociaux dans un conflit de succession entre Tunis et Florence à la fin du XIXe siècle»

5 décembre : Valérie Assan (Université Paris 1) : «Les élites juives dans l'Algérie coloniale du XIXe siècle»

9 janvier : Amar Mohand-Amer (CRASC Oran) : «1962 : le retour à la vie quotidienne des moudjahidines du FLN»

6 février : Julie Le Gac (ISP-ENS Cachan) : «Fissures d'Empire : la mobilisation de l'Algérie pour la Libération (1942-1945)»

3 avril : Andrea Brazzoduro (Università di Roma «La Sapienza») : «Soldats sans cause. Mémoires d'appelés»

5 juin : Pierre-Jean Le Foll-Luciani (Université Rennes 2) : «Les Juifs d'Algérie en 1956»

26 juin (sous réserve) : Joshua Cole (Université du Michigan) : «Les avenirs abandonnés : les destins perdus des projets de réforme politique en Algérie entre-deux guerres»

Algérie fantasia

 

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17 septembre 2012

Pacifique sud : séminaire d'Alban Bensa et de Virginie Riou

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histoire et anthropologie du Pacifique sud

séminaire d'Alban BENSA et de Virgine RIOU

 

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er vendredi du mois de 11 h à 13 h (salle 5, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 2 novembre 2012 au 7 juin 2013

Dans ce séminaire seront présentés des travaux aboutis ou des recherches en cours d'histoire, d'anthropologie historique et d'archéologie du Pacifique sud ancien et contemporain.

Les transformations des mondes océaniens, les peuplements du Pacifique avant et après la colonisation européenne, les retours sur le passé dans les jeux politiques actuels seront abordés à travers des études d'ensemble ou de cas.

Une attention partriculière sera accordée à la Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu.

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Mots-clés : Anthropologie, Histoire,

Aires culturelles : Océanie,

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (12 h = 3 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie

Intitulés généraux :

  • Alban Bensa- Sociétés océaniennes et questionnement du politique

Direction de travaux d'étudiants : contacter Alban Bensa.

Réception : sur rendez-vous.

Adresse(s) électronique(s) de contact : bensa(at)ehess.fr, virginie.riou(at)ehess.fr

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carte postale ancienne, 1903 : ancien petit quai à Nouméa

 

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carte postale ancienne : condamnés, travaux de chemin de fer

 

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carte postale ancienne : jeune indigène

 

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carte postale ancienne

 

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carte postale ancienne : indigènes de Maré, îles Royalty

 

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carte postale ancienne : la rivière Le Thio, pont submersible

 

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carte postale ancienne : terrassements , entreprise de Hauts-Fourneaux

 

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carte postale ancienne

 

 

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26 novembre 2012

un film sur l'exode des Pieds-Noirs

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diffusion du film : reportage

 

Nous nous sommes rendus  à Alicante, pour la diffusion du film La valise ou le cercueil et par la même occasion nous vous offrons un petit reportage sur ces 3 journées de rencontres.

À voir absolument en cliquant sur ce lien : FAIRE CIRCULER SANS MODÉRATION.

Merci.

REPORTAGE34 SARL

11, route des Jardins de Maguelone
MAURIN - 34970 LATTES
Tél : 04.67.27.87.26

Commandez votre coffret DVD par internet : AMAZON.FR

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- Il y a quelques critiques historiques à adresser à ce film (imprécisions chronologiques et autres), mais il fait écho à une "mémoire" douloureuse qui n'a pas assez trouvé les vecteurs pour s'exprimer. Il faut le soutenir.


Études Coloniales

 

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21 novembre 2012

Joseph Sanchez, goumier au Maroc, mort en 1955

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Joseph Sanchez, légionnaire, tirailleur

et Goumier marocain (1915-1955)

 dossier historique et mémoriel, par son petit-fils

 

- "Je suis le petit-fils de Joseph Sanchez, adjudant dans les goums Marocains, chevalier de la Légion d'honneur, mort pour la France le 9 novembre 1955 à l'âge de 40 ans. J'ai voulu ici rendre hommage au soldat, au grand-père que je n'ai jamais connu, à ma grande mère pour son dévouement et les épreuves qu'elle a subies suite à cette disparition tragique.

Par les documents et les photos en ma possession je vous propose de vivre la carrière d'un soldat exceptionnel qui a passé plus de 20 années au sein de l'armée et notament aux Goums Marocains, participant à près d'une vingtaine de campagnes, à de nombreux conflits, en Italie, France, Indochine, Vietnam, Tunisie, Algérie, Maroc, Cochinchine, Laos etc...

L'adjudant Sanchez Joseph du 66eme Goums des Tabors Marocain perdit la vie à seulement soixante kilomètres de chez lui. Sur la terre Marocaine au sud-est de TIZI OUSLI quelque part dans le Rif."

- se rendre sur le site

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quelques cartes postales anciennes sur les goumiers

 

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Goumier 2

 

Goumier 3

 

Goumier 4

 

Goumier 5

 

Goumier 6

 

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présentation iconographie : Études Coloniales

 

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4 novembre 2012

Tu l’as bien cherché Longuet

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Oui, nous devons demander pardon...

Daniel LEFEUVRE

 

Quelle honte ! Tu l’as bien cherché Longuet, ce seau de déjections qui tombe sur ta tête.

Quoi ! Un bras d’honneur pour toute réponse à cette légitime revendication de repentance, exigée de la France par le ministre algérien des moudjahidin !

Parce qu’enfin, il faut bien que la France s’agenouille, n’a-t-elle pas d’ailleurs commencé à le faire, pour tous les malheurs dont elle fut la cause.

Oui, nous devons demander pardon pour ces génocides, perpétrés pendant cent trente années de colonisation, qui ont conduit à un triplement de la population indigène.

Oui, nous devons demander pardon au FLN pour l’avoir contraint, pendant la guerre d’Algérie, à massacrer des dizaines de milliers d’Algériens — hommes, femmes et enfants — qui refusaient de se plier à sa loi et à ses exigences.

Pardon d’avoir forcé cette grande organisation démocratique à mener à coups d’enlèvements, d’attentats, de tortures et d’assassinats, une guerre d’épuration ethnique. Il fallait bien contraindre les Européens à fuir l’Algérie, pour que le colonisé puisse coucher dans le lit du colonisateur.

D’ailleurs, ces pieds-noirs n’étaient-ils pas des occupants ? Bon, d’accord, la plupart étaient nés en Algérie, de parents et, souvent, de grands-parents eux-mêmes nés sur place. Mais Gérard, quand comprendras-tu que la nationalité de la «troisième génération» ne vaut que pour les descendants d’immigrés installés en France ?

 

Pardon d’avoir laissé sur place

Pardon d’avoir laissé sur place, en 1962, une infrastructure routière, ferroviaire, aéroportuaire, scolaire, agricole et industrielle à nulle autre pareille en Afrique.

Pardon d’avoir ouvert notre marché aux produits algériens et pardon de les avoir payés à des prix beaucoup plus élevés que les cours mondiaux, pétrole et gaz compris des années durant.

Pardon aussi, pour avoir accueilli entre 1962 et 1967, à la demande de Bouteflika, 300 000 Algériens — dont de nombreux anciens dirigeants nationalistes — venus travailler et résider, ou se réfugier, dans une France coloniale et raciste.

Pardon, encore, et jamais assez, pour avoir délivré aux apparatchiks du régime, le premier d’entre eux en tête, des permis de séjour pour se soigner dans les hôpitaux parisiens.

Pardon d’avoir introduit le poison de la démocratie et de la liberté de la presse en Algérie, dont le FLN a eu tant de mal à se débarrasser.

Pardon pour être de toute façon, toujours et pour toujours, responsable de cinquante ans de gabegie, de détournement de fonds, de mépris du peuple, de répression contre les opposants, d’asservissement de la femme aux contraintes patriarcales et islamiques. Tout cela, comme le chômage qui frappe 40 % des jeunes, le manque de logements et d’eau courante, ne saurait connaître d’autre explication que l’héritage colonial.

La meute a donc raison, Gérard, de te clouer au pilori médiatique. Ce bras d’honneur est inexcusable. Surtout pour ceux qui ont perdu le sens de l’honneur et de la France.

Daniel Lefeuvre
professeur d'histoire contemporaine
à l'université Saint-Denis/Paris VIII
texte envoyé à Robert Ménard pour le site
boulevard Voltaire

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On s'acharne sur Gérard Longuet qui dit aux autorités algériennes : cessez de nous prendre pour des imbéciles, de travestir l'histoire, de faire d'un prétendu "génocide" une rente de situation pour camoufler votre impéritie depuis 50 ans ; mais on a laissé passer le "Nique la France" de la dirigeante des prétendus "Indigènes de la République", salariée de l'Institut du Monde Arabe qui vit des subventions étatiques de la République. Cela suffit !

Michel Renard

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21 octobre 2012

l'usage politique du 17 octobre 1961

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un militant sectaire et non un président

Bernard LUGAN

 

En reconnaissant la responsabilité de l’État et en rendant hommage aux «victimes» de la manifestation interdite du 17 octobre 1961 [1], François Hollande s’est comporté en militant sectaire, non en président de tous les Français.
D’autant plus que, pour les historiens de métier, les prétendus «massacres» du 17 octobre 1961 constituent un tel exemple de manipulation qu’ils sont étudiés comme un cas exemplaire de fabrication d’un mythe ; comme Timisoara en Roumanie, comme les «couveuses» au Koweit ou encore comme les «armes de destruction massive» en Irak !!!

Tout repose en effet sur des chiffres gonflés ou manipulés et sur des cadavres inventés. Dans une inflation du nombre des morts, les amis du FLN algérien et les porteurs de valises communistes ont ainsi joué sur les dates, additionnant aux 3 morts avérés du 17 octobre ceux des jours précédents ainsi que les décès postérieurs. Pour eux, tout Nord-Africain mort de mort violente durant le mois d’octobre 1961 est forcément une victime de la répression policière… même les victimes des accidents de la circulation.

Il est possible d’affirmer cela sans crainte d’être démenti car :

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D. Mandelkern

- En 1998, le Premier ministre de l’époque, le socialiste Lionel Jospin, constitua une commission présidée par le conseiller d’État Dieudonné Mandelkern qu’il chargea de faire la lumière sur ces évènements. Fondé sur l’ouverture d’archives jusque là fermées, le rapport remis par cette commission fit litière des accusations portées contre la police française [2]. Or, ce rapport consultable sur le net n’a visiblement pas été lu par François Hollande.

- En 1999, Jean-Paul Brunet, universitaire spécialiste de la période, publia un livre extrêmement documenté qui démontait la thèse du «massacre» du 17 octobre (Brunet, J-P., Police contre FLN. Le drame d’octobre 1961.Paris).

- En 2003, le même Jean-Paul Brunet publia un nouveau livre (Charonne, lumière sur une tragédie.Paris) dans lequel il démontrait que le prétendu «rapport de police» faisant état de 140 morts le 17 octobre, document qui sert de point de départ à J.-L. Einaudi, auteur du livre sur lequel repose toute la manipulation (Octobre 1961, un massacre à Paris), n’a jamais existé.

Reprenant la liste des morts donnée par Einaudi, il montre également que la majorité des décès remonte à des dates antérieures au 17 octobre et il prouve que ce dernier a manipulé les chiffres, additionnant les cadavres non identifiés reçus à l’Institut Médico Légal au nombre des disparus et même (!!!) à celui des Algériens transférés administrativement en Algérie après qu’ils eurent été arrêtés le 17 octobre. Il montre enfin qu’Einaudi a compté plusieurs fois les mêmes individus dont il orthographie différemment les noms…

Monsieur Hollande pouvait-il ignorer tout cela ? Si oui, la nullité ou l’aveuglement militant de ses conseillers laisse pantois.

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Quel est donc le vrai bilan de cette manifestation ?

- Le 17 octobre 1961, alors que se déroulait dans Paris un soi-disant massacre, l’Institut Médico Légal (la Morgue), n’a enregistré aucune entrée de corps de «N.-A.» (N.-A.= Nord-Africain dans la terminologie de l’époque).

- Le 17 octobre 1961, de 19h30 à 23 heures, il n’y eut qu’une seule victime dans le périmètre de la manifestation et ce ne fut pas un Algérien, mais un Français nommé Guy Chevallier, tué vers 21h devant le cinéma REX, crâne fracassé. Par qui ?

- En dehors du périmètre de la manifestation, «seuls» 2 morts furent à déplorer, Abdelkader Déroues tué par balle et retrouvé à Puteaux et Lamara Achenoune tué par balle et étranglé, gisant dans une camionnette, également à Puteaux. Rien ne permet de dire qu’ils furent tués par les forces de l’ordre.

Le 18 octobre, à 4 heures du matin, le bilan qui parvint à Maurice Legay le directeur général de la police parisienne fut donc de 3 morts. Nous sommes donc loin des dizaines de morts et de «noyés» auxquels l’actuel occupant de l’Elysée a rendu hommage !!!

Certes, nous dit-on, mais les cadavres ont été déposés à la morgue les jours suivants. Faux, car ce n’est pas ce qu’indiquent les archives de l’Institut Médico Légal de Paris puisque, entre le 18 et le 21 octobre, «seuls» 4 cadavres de «N.-A.» furent admis à la Morgue :

- Le 18 octobre, Achour Belkacem tué par un policier invoquant la légitime défense et Abdelkader Benhamar mort dans un accident de la circulation à Colombes.

- Le 20 octobre, Amar Malek tué par balles par un gendarme.

- Le 21 octobre Ramdane Mehani, mort dans des circonstances inconnues.

Nous voilà donc bien loin des 100, 200 ou même 300 morts «victimes de la répression» avancés par certains et pour lesquels M. François Hollande a reconnu la responsabilité de la France !!!

D’autant plus que le «Graphique des entrées de corps «N.-A.» (Nord-africains) par jour. Octobre 1961» [3], nous apprend que du 1er au 30 octobre 1961, sur les 90 corps de «N.-A.» entrés à l’Institut Médico Légal, la plupart étaient des victimes du FLN.

Plus encore, pour toute l’année 1961, 308 cadavres de «N.-A.» entrèrent à l’IML, la plupart ayant péri dans la guerre inexpiable que le FLN menait contre ses opposants partisans de l’Algérie française ou du MNA de Messali Hadj.
Ainsi, au mois d’octobre 1961, sur les 34 cadavres de «N.-A.» retirés de la Seine ou de la Marne, notamment aux barrages de Suresnes et de Bezons puis conduits à l’IML, la quasi totalité étaient des harkis, des partisans de la France ou des membres du MNA, une des méthodes d’assassinat du FLN consistant à noyer ses opposants. La police française n’est pour rien dans ces noyades.

François Hollande devra donc rendre compte au tribunal de l’Histoire car il a couvert de son autorité un mensonge, une manipulation, un montage grossier qui va être utilisé contre la France par ceux que son ministre de l’Intérieur a qualifiés d’«ennemis de l’intérieur ».

 

Pour en savoir plus :

- Brunet, J-P., (2002) «Enquête sur la nuit du 17 octobre 1961», Les Collections de l’Histoire, hors série n°15, mars 2002.

- Brunet, J-P., (2008) «Sur la méthodologie et la déontologie de l’historien. Retour sur le 17 octobre 1961». Commentaire, vol 31, n°122, été 2008.

- Brunet, J-P., (2011) «Combien y a-t-il eu de morts lors du drame du 17 octobre 1961 ?» Atlantico, 17 octobre 2011.

Bernard Lugan
17 octobre 2012

_______________________

[1] Voir à ce sujet le dossier spécial de l’Afrique réelle, novembre 2011 intitulé Pour en finir avec le mythe du «massacre» des Algériens à Paris le 17 octobre 1961.

[2] «Rapport sur les archives de la Préfecture de police relatives à la manifestation organisée par le FLN le 17 octobre 1961». Rapport établi à la demande du Premier ministre, M. Lionel Jospin et remis au mois de janvier 1998 par M. Dieudonné Mandelkern président de section au Conseil d’État, président ; M. André Wiehn, Inspecteur général de l’administration ; Mme Mireille Jean, Conservateur aux Archives nationales ; M. Werner Gagneron, Inspecteur de l’administration. En ligne.

[3] Voir l’Afrique réelle, novembre 2011.

 

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12 août 2012

une exposition idéologique, au détriment de la réalité historique

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une exposition iconoclaste

le général de Corps d'Armée FOURNIER

 

Si j’avais été un ancien «fell», j’aurais particulièrement apprécié l’exposition intitulée «Algérie 1830–1962» que le Musée de l’Armée a offert au public du 16 mai au 29 juillet, au cœur de l’Hôtel des Invalides.

Car c’est dans ce haut-lieu de la mémoire des soldats de France, où l’on ne pénètre jamais sans émotion, que l’on a osé présenter, sous couvert d’objectivité, une rétrospective de la guerre d’Algérie, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle est conforme à la «bien-pensance» intellectuelle et médiatique. Les organisateurs ont voulu, disent-ils, faire œuvre de pédagogie en s’inscrivant dans le «temps long» de l’histoire pour éclairer ce drame de l’histoire de notre pays.

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S’appuyant sur les réflexions d’un comité scientifique qualifié, et on le regrette, d’informel par les organisateurs eux-mêmes, cette exposition s’appuie notamment, dans ce temple de l’histoire militaire, sur une bande dessinée qui est loin d’être une œuvre d’historien, mais qui, au siècle de l’image, incruste dans la mémoire du visiteur et notamment des plus jeunes, auxquels elle est visiblement destinée, des idées fausses ou pour le moins sommaires.

Le spectateur averti découvre, quant à lui, de nombreuses contre-vérités, accentuées par des jugements exprimés sans aucune modération ni respect pour la mémoire des victimes de cette époque. Car si les organisateurs affichent le souci de ne pas prendre parti, ils en arrivent pour cela à présenter l’histoire de la guerre d’Algérie en plaçant l’armée française sur un même plan que l’armée de libération nationale algérienne.

Dès les premières salles, consacrées à la période antérieure à 1954, le visiteur est pris en main : l’Algérie était, avant le débarquement français de 1830, un pays, avec ses traditions et ses chefs, tels qu’Abd-el-Kader, qui ne pouvait que se rebeller contre cette invasion. Il est même précisé que celui-ci disposait d’une armée régulière et qu’il avait jeté les bases d’un État moderne. Sans doute les organisateurs ont-ils puisé leurs informations auprès du gouvernement algérien qui martèle ce message depuis cinquante ans.

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Abd el-Kader (1807-1883)
par Godefroid Marie Eleonore (1778-1849),
peint vers 1830-1844 à Paris

On va même jusqu’à transformer en «victoire» remportée par Abd-el-Kader le combat de Sidi-Brahim, à 1 contre 20. Les mânes du capitaine Dutertre, du 8ème bataillon de Chasseurs, qui eut la tête tranchée après avoir été fait prisonnier, apprécieront, tandis que, dans le lointain, on entend désespérément résonner la charge du clairon Rolland.

Pour confirmer ce point de vue de l’existence d’un État, on insiste lourdement sur le «royaume arabe» imaginé par Napoléon III, mais qui n’a jamais connu la moindre réalité… puisqu’il n’existait pas !

Mais ceci n’est encore qu’anecdotique et seuls les historiens y verront malice. Le plus grave est ailleurs.

Car dans la volonté de démontrer le bien-fondé de l’insurrection conduite par le F.L.N., on n’hésite pas à employer, sans l’habituelle objectivité des historiens, des termes qui ne peuvent que choquer lorsque l’on connaît la réalité des faits.

Ainsi parle-t-on de «sanglante» répression lors des événements de Sétif, qui entraîne un «bain de sang», en mai 1945. Ainsi baptise-t-on d’emblée de «début de la guerre d’indépendance» la date du 1er novembre 1954, plus connue, côté français, sous le nom de «Toussaint rouge».

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Ainsi évoque-t-on à nouveau une «contre-terreur sanglante» à la suite des massacres de Philippeville en août 1955.

Ainsi chiffre-t-on à 200 les victimes du fameux 17 octobre 1961 à Paris.

Le souci de placer l’ALN sur le même plan que l’armée française conduit également à quelques raccourcis d’autant plus surprenants qu’ils figurent sur l’un des panneaux destinés aux enfants, qui jalonnent le parcours de l’exposition : l’armée française torture et exécute, le FLN, lui, ne commet que des attentats et des assassinats d’opposants.

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armée française en Algérie

On ne renonce pas non plus à quelques approximations purement militaires : ainsi, l’attaque dite des «1000 djounouds» qui tentèrent, à une seule reprise, un franchissement de force du barrage tunisien devient-elle, cinquante ans après, «des percées en masse du barrage par l’ALN». Sans oublier quelques images complaisantes d’unités de l’A.L.N., défilant ou s’entraînant, à l’abri de la frontière tunisienne, loin des combats, sous les objectifs de quelques photographes étrangers.

Toujours pour donner une allure de troupe «régulière» aux bandes de fellaghas, on présente une note de service du F.L.N. précisant la (bonne) conduite à tenir vis-à-vis des «prisonniers de guerre» français capturés par l’A.LN. Les fantômes des 600 disparus de l’armée française en Algérie apprécieront.

Certes, par souci de paraître objectif, on présente aussi une note du chef rebelle Amirouche ordonnant de torturer systématiquement les captifs avant de les abattre : enfin une vérité !

Vérité aussitôt atténuée par divers commentaires d’une vaste salle consacrée à la torture (par l’armée française) où l’on explique savamment, en se référant à la conquête, que «la violence exacerbée du F.L.N. répond à la violence coloniale initiale» (sic), que «les mutilations spectaculaires renvoient le pouvoir colonial à ses propres violences» (re-sic).

On y présente d’ailleurs des photographies d’un Jean-Philippe Charbonnier, publiées sous le titre de «torture ordinaire», en précisant quand même, par un scrupule tardif, que l’on ne connaît pas l’origine ni les circonstances de ces photos !

Le tout conforté par une interview télévisée, tournant en boucle, de Mme Raphaëlle Branche, qui répète à l’infini ses thèses sur la torture et ses accusations, pourtant déniées par des décisions de justice.

Enfin, insiste-t-on sur le rôle des médias officiels de l’époque, qui «donnent une image négative et caricaturale du F.L.N.».

D’autant plus que les malheureux combattants du F.L.N. sont dix fois moins nombreux que l’armée française, qu’ils vont pourtant tenir en échec, malgré les impressionnants moyens de celle-ci.

charnier
armée française en Algérie

Le terme de «rebelle» est d’ailleurs relativisé par les guillemets dont il est systématiquement accompagné, puisqu’il s’agit, dans l’esprit des organisateurs, de véritables résistants. De même, la «pacification» est également encadrée de guillemets, puisqu’elle n’est en fait que le fruit de la propagande déployée par l’armée française.

En revanche, l’utilisation par le F.L.N. de véritables films de montages (tel que celui de la Fox Movietone, par exemple, où l’on voit un gendarme français abattre tranquillement un algérien, tel un perdreau) relève des opérations d’information réalisées par le F.L.N. pour défendre sa cause.

D’ailleurs, comme il convient d’accréditer l’idée d’un soulèvement général, bénéficiant du soutien massif de la population algérienne, on explique aux visiteurs que seuls 180 000 français de souche nord-africaine ont servi dans les rangs de l’armée française, en omettant soigneusement de comparer ce chiffre aux effectifs des combattants ralliés, de gré ou de force, à l’A.L.N.

Il est douteux que, en dehors de quelques images éparses, les anciens d’Algérie se retrouvent dans cette exposition. Mais il est certain que les jeunes maghrébins du «9-3» pourront y trouver une raison supplémentaire d’en vouloir à la France, car ils trouveront reconnue, dans le sanctuaire historique de l’armée française, la preuve que le combat de leurs pères était juste, qu’il répondait à une aspiration de leur peuple à l’indépendance et qu’il répondait à un nationalisme constamment exprimé depuis le débarquement de Sidi-Ferruch et accru par le manque de reconnaissance de la France, notamment à l’issue de la Première Guerre mondiale, où les soldats de souche nord-africaine ont été abondamment mis à contribution.

Ces jeunes du 9-3 (et d’ailleurs…) trouveront enfin une légitime fierté à voir des termes arabes passés dans la langue française et que l’on invite les jeunes visiteurs à identifier en… écriture arabe, histoire de leur montrer que si la France n’a pas réussi à faire de l’Algérie une province française, l’inverse est en train de se produire !

Voilà où mène la volonté iconoclaste de mélanger imagination et histoire, de confondre histoire des faits et histoire des représentations de ces faits.

Voilà où mène le souci de privilégier l’image au détriment du texte historique : le fil directeur de l’exposition est en effet fourni par la BD de Jacques Ferrandez (qui est par ailleurs d’une excellente qualité graphique) ou par le film «Les Chevaux du soleil» d’après l’œuvre romanesque de Jules ROY, au risque de laisser dans les esprits des «images» fruits de l’imagination artistique mais pas de l’histoire.

jacques-ferrandez
le dessinateur Jacques Ferrandez

Ce qui est quand même le comble pour un établissement baignant dans l’Histoire de France…

On laissera cependant le dernier commentaire à un personnage de la BD, harki s’adressant à son officier en train de lire, avec admiration, une vie d’Abd-el-Kader : «Je ne comprends pas, mon Lieutenant. C’est vous, les Français, qui donnez à vos ennemis l’importance qu’ils ont… Vous aimez vos ennemis plus que vous-mêmes !»

Oui, si j’étais fils ou petit-fils de «fell», j’aurais apprécié cette exposition.

Général (2S) Henry-Jean Fournier

 

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25 novembre 2012

les Archives d'outre-mer (Aix-en-Provence) : un site en anglais

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une version en langue anglaise du site des

Archives nationales d'outre-mer

 

- Pour accroître leur rayonnement qui est d'ores et déjà international, les Archives nationales d'outre-mer, installées à Aix-en-Provence, mettent désormais à disposition leur site en anglais. En effet, une part non négligeable de leurs lecteurs vient de l'étranger, au premier rang desquels les chercheurs américains.


- site en langue française

- site en langue anglaise

 

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édifice et parking des Archives nationales d'outre-mer

 

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salle de lecture des Archives nationales d'outre-mer

 

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17 août 2012

Algérie, référendum 1er juillet 1962 : gigantesque fraude électorale

bulletin-referendum-algerien-big

 

 1962, arithmétique électorale algérienne

général Maurice FAIVRE


Lors des élections de 1951 à l'Assemblée nationale (ou algérienne?), les candidats du docteur Bendjelloul, partisan de l'intégration, l'avaient emporté. Les nationalistes algériens, et leurs amis, avaient alors parlé de fraude électorale, dont le journal Le Monde du 3 avril 1952 donna l'explication suivante :
"Le choix n'était pas entre des élections libres et des élections fabriquées. Il était entre des élections fabriquées par des meneurs messalistes, et des élections fabriquées par le Gouvernement Général. nous avons choisi les secondes ".
Cette tradition ne s'est pas perdue, et l'on sait qu'en novembre 1995, les islamistes modérés, et les autres, ont porté plainte pour le même motif.

images
référendum du 1er juillet 1962

Mais le record en matière de trucage des urnes s'est produit le 1er juillet 1962. "Il est évident, écrit l'historien Xavier Yacono dans un article de 1982, que les résultats de ce référendum sont erronés ". Comme il n'en précise pas l'importance, nous avons repris les calculs.

Monsieur Kaddour Sator, Président de la Commission de contrôle du référendum, a proclamé les résultats suivants :

Inscrits       6.549.736 Nuls             25.565
Votants      6.017.800 Oui          5.975.581
Exprimés   5.992.115 Non              16.534

Il convient de retirer du total des inscrits les électeurs européens, environ 600.000, dont la plupart n'ont d'ailleurs pas participé au vote. Il reste alors 5.950.000 inscrits musulmans.
Or la population musulmane résidant en Algérie, qui était de 8,47 millions au recensement de 1954, et 12,017 millions au recensement de 1966, a progressé d'environ 3% par an pendant la guerre d'Algérie, malgré les pertes dues au combat, aux attentats, aux disparitions et à l'émigration. Elle est estimée en juillet 1962 à 10,6 millions par l'Union médicale algérienne (chiffre repris per El Moudjahid du 1-2 mai 1981).
Sachant qu'environ 55% de cette population avait moins de 21 ans et ne pouvait donc voter, le nombre des inscrits aurait dû être :

10,6 x 45/100 = 4,77 millions, et le bourrage des urnes est égal à :
5,99 - 4,77 =  1,18 million, soit 24,7% du nombre des électeurs réels.

 Un record inégalé !
On pourra contester la précision de ces chiffres, dont il faut retenir l'ordre de grandeur, et reconnaître que  "L'Algérie, ajoute Yacono, a pris un mauvais départ dans le domaine de la régularité électorale ".
Maurice Faivre
décembre 1995

 

referendum-01juillet62

Il faut rappeler que le délégué du FLN Mostefai avait imposé à l'Exécutif provisoire, contre l'avis de B. Tricot, une question unique au référendum, et avait souligné : "le résultat est connu d'avance". On peut penser qu'une 2ème question sur le maintien de la coopération aurait été majoritaire et aurait imposé au FLN le respect des accords d'Évian. Mais ceci est de l'uchronie.
Maurice Faivre
août 2012

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9 août 2012

d'Acadie au Massachusetts au XVIIIe siècle, Adeline Vasquez-Parra

grand_derangement

 

 

l’accueil des exilés acadiens

suite au Grand-Dérangement dans la colonie

du Massachusetts de 1755 à 1775

Adeline VASQUEZ-PARRA

 

résumé

Cet article se concentre sur l’exil forcé des Acadiens dans la colonie du Massachusetts suite au Grand-Dérangement en 1755 et plus particulièrement sur leur accueil par les autorités et la population. Il fait ainsi état de la vision de la société puritaine au travers de la presse et des dénominations linguistiques utilisées à leur encontre : cet exode nous apporte-t-il une première approche de la perception des Anglo-américains vis-à-vis de l’immigration ?

L’article s’attardera également sur le discours juridico-politique et aussi sur l’intégration des Acadiens à la société coloniale anglaise afin d’y singulariser les attitudes et le langage utilisé dans la désignation du groupe. L’insertion de ces centaines de réfugiés acadiens dans les relations de travail et familiales sera aussi abordée. Au final, peut-on déceler une évolution dans l’accueil de la population acadienne au sein de la colonie du Massachusetts de 1755 à 1775 ?

- lire l'article

235px-Deportation_of_Acadians_order,_painting_by_Jefferys
lecture de l'ordre de déportation
tableau de Charles William Jefferys

 

acadie_large

 

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